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Peuples du monde – Au pays des joueurs de lusheng en Chine

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A la découverte des peuples du monde et de leurs traditions, destination la Chine… Au pays des joueurs de lusheng, un instrument de musique traditionnel entièrement en bambou   !


Blog - Sur la route de Suoga

Blog - - Preparation coiffe Miao

Peuples du monde – Vivre en Chine : les joueurs de Lujeng

 

Ces Miaos ont toujours été considérés comme des rebelles, et à ce titre chassés, bannis de leurs terres depuis des siècles.
Dans les années 1850/1860,  ils participent activement à la révolte des Taïpings,  héritiers d’anciennes sociétés secrètes,  tout comme la « Triade » d’ailleurs. Ces Taïping veulent libérer la Chine de la dynastie Mandchoue qui  brime les Chinois contraints, par exemple,  de porter la natte en signe de soumission. Le chef des Taïping, « Hong Xiiuquan »,  se prétendait le deuxième frère de Jésus-christ et cherchait à fonder une société plus juste, basée sur le partage des biens et l’égalité entre les hommes et les femmes.  Après des années
de guerre civile, la rébellion est matée grâce à l’aide des occidentaux …Des milliers de Miaos sont massacrés, beaucoup s’enfuient au
Vietnam et au Laos (où ils ne sont pas mieux traités aujourd’hui). Avec l’arrivée de Mao et du communisme,   la chasse aux traditions pousse à nouveau les Miaos sur les chemins de l’exode.  Ils seraient deux cents mille  au Vietnam,  cent mille  au Laos et cinquante
mille en Thaïlande. Si petit frère Miao ne connait pas la topographie du terrain, il connait bien son histoire, sa mère est professeur d’histoire
à Chengdu.

Blog - Miao a corne
Blog - Preparaation coiffure Miao_3

Ils sont donc bien « crus » ces Miaos joueurs de « lusheng »     (sorte d’orgue en bambou),  dont les femmes portent des coiffes époustouflantes et des costumes  joliment brodés ? En tous cas, ils sont reconnus comme un des groupes les plus durs  à assimiler en raison de leur forte identité.

Blog Sur la route

La route est grasse, glissante et le ciel définitivement morose.  Un brouillard glacé fige le paysage. Mais dans la voiture, le climat est
au beau fixe.  Xiao Chen continue de fanfaronner avec les filles qu’il croise sur la route, leur lance de grosses vannes, puis content de lui, remonte la vitre à toute vitesse en éclatant de rire. Son humour ne doit pas être des plus délicats vu la réaction  de Miao lorsque Chen le regarde en soulevant le menton, comme une provocation : « T’en ferais pas autant hein ! » Miao fait des petits pfff pfff avec sa bouche : Il ne faut pas contrarier un chauffeur heureux !

Blog - Femme Miao a la flute


Après des heures de route et des dizaines d’arrêts pour demander notre chemin, on parvient enfin à Suoga mais pas encore au village Miao : les derniers kilomètres serpentent à travers  rizières,  plantations de sorgho   et maïs.  Des femmes en jupes brodées nous indiquent leur maison où elles souhaitent nous accueillir, ravies de nous faire la démonstration de leur coiffe si particulière.  Il faut encore grimper, à pied,  un petit chemin glissant. Miao me prend la main, il n’a pas envie de me voir tomber avec mes appareils. Au bout d’un moment, il me dit, gêné :

 

« A part ma petite amie, c’est la première fois que je tiens la main d’une femme » !
Trop mignon.

 

Du coup, il me demande timidement s’il peut m’appeler « Jullian mum »… 

«  Parce que tu as  des enfants de mon âge … »

Au pays des joueurs de lusheng en Chine

« Yes Little Miao, je suis ta mère à la façon chinoise, mais là, c’est toi qui prends soin de moi ».

 

Au village,  nous sommes accueillis par trois sœurs Miao qui nous font les honneurs de leur maison au sol de terre battue.  Une gigantesque perruque de laine est suspendue à l’entrée.  Avec une prestesse étonnante,  chacune de son côté,  accroche une énorme paire de corne en bois à ses cheveux en chignon autour de laquelle elle enroule l’impressionnant écheveau de laine. Les trois sœurs se laissent photographier avec beaucoup de patience. Bien sûr, elles ne portent pas ces lourdes coiffes en temps ordinaire, mais seulement les jours de fêtes et lors de cérémonies de village. Et elles sont nombreuses, principalement lors du Nouvel An en février et des fêtes de printemps en avril.  Pas de chance, je me trouve juste entre les deux. Dommage j’aurais bien aimé assister à la fête du « lucheng » au cours de laquelle, les jeunes filles  se choisissent un mari.  Autrefois, bien jouer de cet instrument était une des conditions importantes pour sélectionner un partenaire. Certaines danses ont un caractère presque érotique : le joueur danse en imitant le hochement de tête des oiseaux afin d’obtenir un ruban coloré de la fille qu’il aime secrètement.  Si elle est amoureuse,
elle nouera ce ruban, tissé par elle, autour du lucheng du garçon. 


 

La plus âgée des trois sœurs s’empare d’une flûte en bambou et se met à jouer un air aigrelet. D’autres filles en costume se joignent à nous  pour encore plus de photos. Que font-elles ces femmes dans ces montagnes  escarpées   si difficilement atteignables ?  Sur leurs vêtements, elles brodent les légendes  de leurs ancêtres avec d’infinis petits points de croix. Et puis elles cultivent le riz et les
céréales sur les terrasses en escaliers de la montagne. Miao en chinois combine d’ailleurs deux  radicaux : « pousse » et « champ »… ce qui pourrait signifier « ensemencement de céréales ». A regret, nous laissons derrière nous des enfants et surtout  trois femmes,
trois sœurs aux noms inconnus. Peut-être avaient-elles, elles aussi, des noms de lune.

 

 

« Réveillée avec
amertume,

 

« Debout, guettant la
rosée d’une branche de pin

 

« Avec un sac de
paille à la main,

 

« Attendant à côté
d’une route nue,

 

« Perdue dans le
brouillard touffu,

 

« Oubliée, ombre
brune

 

« D’une femme au nom
de lune…

 

(Poème  Hmong de Kao Ly Yang)
Blog IMG_1832
Découvertes de villages aux noms imprononçables. Qu’importe,  ce ne sont que des  petits points  invisibles sur ma carte de Chine du Sud : marchés où l’on vient faire réparer ses chaussures, arracher une dent ou poser un dentier,  se faire soigner par l’acupuncture, se faire raser par un barbier public.   Des lieux de rencontres, de foires et d’échanges. 

 

Depuis que j’ai pris la décision de ne pas continuer le voyage sur Guiyang et Kaili, mes deux compagnons sont tout excités à l’idée de retrouver  Dali au Yunnan et peut être les contreforts de l’Himalaya. Petit Chen y aurait rencontré une de ses petites copines,   et les filles de l’ethnie Baïe ont la réputation d’être plutôt jolies. Il n’en faut pas davantage pour que Petit Miao se mette à fumer régulièrement et Petit Chen à chanter encore plus joyeusement. Si je n’avais pas d’impératif d’avion de retour, je prolongerais bien cette randonnée rocambolesque jusqu’au Tibet avec eux. 


 

Un proverbe chinois dit « qu’il n’y a que les fous et les européens qui voyagent »… mais pas seulement, mes compagnons commencent eux aussi à éprouver un réel plaisir à parcourir les routes du Guizhou, et l’aventure est  autant à l’intérieur de la voiture qu’à l’extérieur.

 

« Je voudrais intituler ce « tour » le « Jullian mum tour » lance sérieusement Xiao Miao.  

 

Ce voyage, envisagé comme simple expérience au départ est en train  de se transformer  en projet d’avenir. A la prochaine expédition, le sage Miao n’hésitera plus à lancer des  espiègleries aux  villageoises  accortes. Il pioche maintenant régulièrement dans la réserve de
cigarettes de Xiao Chen et fredonne avec moi des airs de techno tibétaine.

Complices et sur des rythmes de chevauchées asiatiques, on avale des  kilomètres et des heures de route. Depuis que nous avons repris la direction de l’ouest, Xiao Chen mène sa Cheerokee  comme on cravache une monture, dérangé de temps en temps par mes
demandes d’arrêts intempestives… pour faire un brin de conversation avec un vieux Buyi qui veut nous inviter chez lui et nous réclame une photo pour le jour de sa mort… pour photographier des couleurs plaquées sur la nature comme celles d’un Vlaminick écrasées sur une toile…  pour saluer une des nombreuses femmes habillées de couleur orange,  éponge à la main,  lavant consciencieusement et inlassablement des kilomètres de rails d’autoroute, aussitôt empoussiérées par le passage de voitures… Ça me donne envie de rire et de pleurer en même temps de voir ces hommes et ces femmes, largués depuis  un camion, tôt le matin, pour balayer l’autoroute – oui, avec un ramasse-poussière à long manche et un balai aux fibres de plastique vert –   ou pour savonner les rambardes d’autoroute.  Leur salaire, me dit Miao, est si ridicule qu’il me permettrait à moi de faire tout juste un petit gueuleton chez Mama Fu’s !  Mama Fu a Kunming, croisée des chemins de la Chine du Sud-Ouest.


Blog - Adieu Miao

Blog - petite filleMiao

 

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