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Le cinéma roumain de plus en plus reconnu à l’international

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Cristian Mungiu

Le cinéma roumain est à l’honneur. En témoigne la multitude de distinctions internationales qu’il s’est vu attribuer, dont la Palme d’Or du Festival de Cannes 2007, décrochée par le film «4 mois, 3 semaines, 2 jours», du réalisateur Cristian Mungiu. Selon les journalistes de la publication américaine Variety, le cinéma roumain s’est avéré être «le plus fort aux festivals du genre ».

Après 45 ans de censure communiste, au cours desquels la métaphore fut un passage obligé et les réalisateurs rétifs subirent des interdictions en tout genre, voire même l’exil, les jeunes cinéastes roumains se proposent de jouer sur la seule carte de la réalité nue, de l’honnêteté. Le refus des clichés hollywoodiens, le choix d’histoires vraisemblables, puisées dans le quotidien, et du franc parler, voilà les lignes directrices de l’expression cinématographique dans la Roumanie de cette dernière décennie. Autant de qualités, aux yeux de certains cinéphiles roumains, tout autant de défauts au sens de la majeure partie. Silvia Todan, qui se dit « mordue de cinéma», avouait:
«Je ne saurais me déclarer totalement contre la vision des jeunes réalisateurs, qui aiment rendre des tranches de vie, avec leur cortège de misères et de banalités. Pourtant, en allant au cinéma, je ressens le besoin de voir autre chose, des choses qui manquent d’habitude, justement pour m’évader du quotidien. Des héros exceptionnels, des histoires hautes en couleurs, plus de brillance contrastant avec la grisaille de chaque jour, cela aussi fait du bien, je pense. Car finalement, à quoi l’art vise-t-il, sinon à nous faire rêver, retourner aux sources du beau? »

Selon Cristian Mungiu, des opinions comme celle que nous venons d’entendre sont partagées par les personnes peu avisées. Cela vaut aussi pour l’accueil différent réservé aux films de nos réalisateurs, un accueil bien plus enthousiaste à l’étranger qu’à l’intérieur du pays. A propos de son film « 4 mois, 3 semaines, 2 jours», Cristian Mungiu affirmait que nombre de spectateurs s’en étaient tenus à une réception basique de la trame. Or, précise le réalisateur, le film, dont le canevas se tisse autour d’une IVG illégale à l’époque communiste, est aussi et surtout « l’histoire des décisions difficiles à prendre, de l’amitié et des responsabilités assumées ». Enfin, la franchise et l’objectivité, deux attributs essentiels de la jeune cinématographie roumaine, feraient également la grande qualité de son film Palme d’or 2007.
«Dans un premier temps, on se laisse séduire par toutes sortes d’astuces cinématographiques et de trouvailles sophistiquées, et on s’efforce à démontrer son ingéniosité à tout prix. Ensuite, au fur et à mesure qu’on parvient à s’en détacher, on commence à privilégier la simplicité. Les films ont peu de coupures et en général tout ce que j’ai fait depuis le début du scénario jusqu’à la fin du tournage a été de supprimer tout ce qui aurait pu être considéré comme une intervention de l’auteur. J’ai essayé de laisser les personnages se manifester aussi librement que possible. Quant au dialogue, je leur ai fait dire ce que j’imaginais être un dialogue naturel. Bref, j’ai balayé tout ce qui aurait pu passer pour commentaire personnel ».

Parmi les spectateurs, il y en a aussi qui apprécient la fraîcheur ainsi que les sujets «extraits» de la réalité, abordés par les jeunes cinéastes. Dorina Crisan, spectatrice: «Je crois que ces jeunes là savent très bien ce qu’ils font ; leurs productions sont comme une bouffée d’air frais, après les décennies où l’on s’est vu carrément intoxiquer par les films qui n’avaient rien en commun avec la réalité. Souvenons-nous le grand nombre de films d’avant 1989 qui dénaturaient l’histoire, en nous faisant oublier ce que le vrai cinéma voulait dire. Les spectateurs qui savent quelque chose du néoréalisme italien apprécient les films des réalisateurs roumains de la nouvelle génération. »

N’empêche. «4 mois, 3 semaines et 2 jours » figure parmi les films roumains, peu nombreux, à avoir fait salles combles. La production de Mungiu est arrivée même dans les villes qui ne disposent pas d’une salle de cinéma, et ce grâce aux caravanes que le réalisateur a mises en place après avoir remporté la Palme d’or. Le tout pour que sa production puisse être visionnée par un nombre de spectateurs aussi grand que possible.

Les autres productions roumaines prisées à l’étranger n’ont malheureusement pas fait recette à la maison, la majeure partie des spectateurs ayant opté pour le film commercial américain, tout en attendant que les cinéastes roumains sortent eux-aussi des comédies ou des drames romantiques.

La plupart des réalisateurs autochtones affirmés ces dix dernières années s’obstinent cependant à créer des films issus de leur expérience personnelle. C’est ainsi que s’explique le refus de Cristian Mungiu de travailler à l’étranger et qui souhaite avant tout avoir le contrôle absolu de ses productions.

Auteur : Corina Sabau ; trad. : Mariana Tudose, Alexandra Pop

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