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Les Croates sont-ils homophobes? La Croatie et les homosexuels

La Croatie est-elle accueillante à l’égard des homosexuels ou les Croates sont-ils au contraire homophobes? Existe-t-il des destinations qui soient particulièrement gay friendly en Croatie?

La Croatie est une destination qui a le vent en poupe depuis quelques années… Sa situation privilégiée, son cadre de vie agréable, son climat clément et son littoral parsemé d’îles et de plages  expliquent en grande partie cet attrait. Mais comment les Croates perçoivent-ils l’homosexualité, les homosexuels hommes ou femmes ou les transgenres?

La Croatie a des progrès à faire dans l’acceptation des homosexuels


zagreb gay pride

Il est difficile de parler de la Croatie comme une destination gay friendly, mais il y a beaucoup de porgrès dans ce sens. S’il est impossible de catégoriser un peuple en répondant de manière péremptoire que les Croates sont homophobes ou plutôt homophiles, au risque de déplaire aux croates, qui se sentiraient visés par la généralité, force est de constater que bien des progrès sont encore à faire en matière de respect à l’égard des homosexuels croates ou étrangers, en Croatie. Comme c’est le cas dans tous les pays de Balkans, la Croatie a encore beaucoup d’efforts à réaliser pour lutter contre la discrimination faite aux homosexuels, y compris aux touristes. Toutefois, il n’est pas toujours évident de s’afficher ouvertement comme homosexuel en Croatie.

Certes, il existe des destinations festives comme Zrce Novalja à Pag considérée comme l’Ibiza croate, ou des campings, des plages clairement dédiés aux homosexuels y compris des plages naturistes pour les amateurs du genre, mais il est plutôt recommandé de ne pas être trop démonstratif dans ses gestes, ses paroles, ou son orientation sexuelle. L’adage selon lequel pour vivre heureux, mieux vaut vivre caché est donc de rigueur en Croatie quand on est homosexuel pour éviter toute manifestation homophobe qui gâcherait vos vacances.

Faut-il conclure que les croates seraient homophobes? S’il est absurde de généraliser sur ce type de question en parlant de tout le peuple croate, un affichage trop public de son homosexualité peut être rapidement perçu comme une provocation, y compris aux yeux des jeunes croates, et surtout des jeunes hommes, qui pourraient y voir une agression « symbolique » et avoir envie de prouver leur masculinité une violence verbale ou carrément physique. Amnesty international, qui a réalisé une enquête sur l’intolérance en Croatie à l’égard des LGTB (lesbiens, gays, transgenres et bi) confirme que les agressions désormais mieux répertoriées par la police croate, sont une réalité dans toute la Croatie. D’ailleurs, la seule gay pride de 2011 organisée à Split, capitale dalmate, a priori reconnue pour son art de vivre, a permis d’enregistrer plus de 45 crimes ou actes de violences à la faveur d’une contre-manifestation très dure et d’un niveau de violence important pour s’opposer à la Marche des fiertés et à la reconnaissance des homosexuels.

Toutes les gay prides organisées (la première à Zagreb datant de 2002) restent toujours sous haute tension, avant comme pendant les marches. A l’image de la première gay pride organisée à Belgrade et qui a subi les attaques de contre-manifestants totalement dégénérés, les gay prides incarnent les difficultés de la société croate à reconnaître les différences, ce qui est renforcé par l’aggravation de la discrimination entretenue par l’église catholique, encore influente dans un pays où 90% des habitants se reconnaissent catholiques. En tant que capitale, Zagreb reste l’une des villes où l’on peut trouver des lieux gay friendly pour sortir, même s’ils sont rares.

Etre homosexuel en Croatie : conseils de comportements en public


Est-il dangereux d’aller en vacances en Croatie quand on est homosexuel? Non ! Bien sûr. Des précautions sont néanmoins recommandées.

Globalement, s’il fallait ne donner qu’un conseil : évitez de vous embrasser ou de vous tenir la main publiquement, car certains croates pourraient mal percevoir et réagir de façon agressive à ce type d’attitude en apparence légitime pour toute personne qui aime une personne du même sexe et souhaite le faire savoir.

Evitez absolument toute manifestation très « maniérée » (à l’image de ce que le milieu qualifie de « folle ») qui serait choquante, même si en étant ainsi, vous estimeriez être vous-même.

N’évoquez pas ouvertement votre orientation sexuelle avec des inconnus ou des autochtones même s’ils vous semblent sympathiques et n’engagez pas de discussions politiques et sociétales sur ce sujet au risque de faire monter le ton très vite.

Si vous souhaitez draguer en Croatie, consultez les sites spécialisés sur le tourisme gay afin de repérer les destinations les plus appropriées en Croatie. Avant toute tentative de rencontres et de drague, observez bien les personnes qui vous entourent pour constater s’il y a ou non des gays et des lesbiens dans l’assistance.

Lutte politique contre la discrimination des homosexuels en Croatie


Sur le plan politique et historique, la lutte contre la discrimination des homosexuels est récente. Rappelons toutefois pour modérer la critique, que la Croatie est finalement un jeune pays, issu de l’explosion de la  Yougoslavie au début des années 90. Après une guerre qui l’a opposée à la Serbie, la Croatie a obtenu une indépendance âprement disputée en 1991. Le Le 19 mai 1991, un parlement aboutissait à 90% de votes en faveur de l’indépendance et

En Croatie, une loi sur l’union entre personnes de même sexe adoptée en juillet 2003 reconnaît uniquement le droit au « soutien mutuel » au sein du couple et le droit à la succession.

La Croatie s’affiche comme un pays qui évolue dans sa reconnaissance de l’homosexualité et les luttes contre la discrimination en dépit des incidents ou difficultés qui émaillent les manifestations comme la Gay Pride.

Bon séjour en Croatie!

6 commentaires sur “Les Croates sont-ils homophobes? La Croatie et les homosexuels”

  1. Bonjour,
    En Croatie la majorité est catholique à 90 % donc on ne peut pas être homosexuel ou soutenir l’homosexualité. C’est pourtant clair, contrairement en France ou les pratiquants catholiques sont en faveur des homosexuels. Pour moi, il faut choisir et vouloir soutenir le contraire signifie ne pas appliquer les textes donc être non chrétien. Utiliser les arguments comme « prôner l’amour de la famille… » ce n’est pas parce que l’on aime ses enfants que tout est autorisé comme en France. Pour certains la France représente le pays de tous les outrages et de toutes les offenses contre Dieu. Mais cette voix là personne ne veut l’entendre…….. donc pour certains ils vaudraient mieux qu’ils vivent en France où tout est permis et « interdit d’interdire » et d’autres en Croatie où la « VRAIE » religion existe encore (pour combien de temps ?) elle va sûrement disparaître sous la pression de l’Europe progressiste et laïque. La vraie question est « l’homme peut-il vivre sans Dieu ? » si oui alors tout est permis……………………………………………………………….

  2. Bonjour Sandrine Monllor

    Ecrivain, je recherche des Croates ou Bosniaques, qui peuvent me relater la guerre de 1992, annonce et recherche sérieuse, merci de me contacter à ce sujet.
    Cordialement
    Thierry Avez

    1. Bonjour,
      je vais relayer votre message sur le forum qui est fréquenté par des locaux et des passionnés, ils ne manqueront pas de réagir je pense. Je vous ai créé un compte pour que vous receviez les alertes si quelqu’un vous répond…

    2. Bonjour Thierry, mon compagnon est Croate et vivait encore en Croatie pendant la guerre, à Sisak, à côté de Zagreb. Maintenant je ne sais pas quel genre de témoignage vous souhaitez, dans la mesure où il n’était pas exactement en « première ligne », même si la guerre l’a marqué de toute façon !

      1. Bonjour Frédéric,
        Sisak c’est tout petit en effet, même si on est à 1h à peine de Zagreb, cela reste la Croatie « intérieure » et plutôt rurale où il ne doit pas être simple de faire des rencontres, ni même d’afficher son homosexualité sans aller éventuellement à Zagreb… Peux-tu nous en dire plus? ou ton ami peut-il nous apporter son témoignage?

        1. Pour le moment je peux déjà en dire plus sur le contexte général lié à l’article, à savoir l’ « homophobie ». Pour le sujet de la guerre, il sera plus apte a en parler que moi 😉 En fait je l’ai rencontré quand il a déménagé à Bruxelles pour travailler pour les institutions européennes. Forcément les débuts auront été un peu chaotique, puisque même s’il avait déjà 32 ans, il n’avait purement et simplement jamais rien connu au niveau relationnel. Il vivait encore chez ses parents, et déménager vers un autre pays aura quelque part été pour lui une façon de s’affranchir un peu du contexte pesant. Il est d’une famille très pratiquante, très impliquée dans la vie paroissiale, et le discours des églises croates est on ne peut plus clair (ce qu’on a vu très récemment lors du sondage sur le mariage, l’église de Sisak a publié des choses vraiment TRES extrêmes…). Bref, je passe le stade de la rencontre etc… Aujourd’hui on vit ensemble, mais ça plane toujours un peu au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès. Pour sa famille, je suis « le cohabitant », ils m’aiment bien, je les aime bien, mais de temps en temps j’ai quelques grincements de dents quand je me rappelle que si jamais ils devaient apprendre la vérité, ils le rejetteraient purement et simplement. C’est vrai que je ne les blâme pas, parce que dans le fond il s’agit d’un problème de fond culturel. Les gens en eux-mêmes sont le fruit de ce qu’on leur inculque, donc je pense qu’on ne peut pas trop leur en tenir rigueur… Même si les perspectives d’avenir ne sont pas toujours faciles à gérer. Il est clairement ce que les américains appellent mon « lifetime partner », je ne vois pas ma vie sans lui, ni lui sans moi, donc la question ne se pose même pas. Mais on en est au début seulement, 3 ans de relation à l’échelle d’une vie c’est peu ! On bâtit petit à petit notre vie, mais parfois quelques interrogations surviennent. Quid de l’achat d’une maison qu’on envisage sous peu ? Lui n’y pense pas trop, mais j’ai du mal à imaginer ce que ça va donner. Difficile de justifier qu’on achète une maison avec son cohabitant, après tout… Même chose si ses parents décident un jour de lui rendre visite, je ne vois pas trop comment on goupillerait tout ça. Par moment je me dis que sa mère se doute de quelque chose (mon compagnon est du genre ultra introverti, donc le fait qu’il habite avec une autre personne est totalement décalé par rapport à sa personnalité, ça a bien dû lui mettre la puce à l’oreille), de plus elle sait que je m’occupe du ménage, que je fais à manger, ce genre de choses… Donc c’est une situation un peu floue, mais je pense qu’elle situe bien le genre d’extrêmes qu’on peu atteindre dans un pays où l’ambiance générale n’est pas à la tolérance des homosexuels. Devoir cacher sa vraie vie à sa famille sous peine d’être rejeté, c’est extrêmement dur, surtout quand la raison principale est religieuse. Ma mère est protestante, très pieuse, va à l’église 4 fois par semaine, mais pourtant elle nous accepte à 200%, et l’appelle « mon fils » sans aucun problème. Elle m’a un jour dit que Dieu seul était apte à juger, et qu’elle ne voulait pas se substituer à son jugement, qu’elle verrait ça comme un blasphème. Elle a aussi ajouté que deux personnes qui s’aiment ne pourraient à ses yeux être exclues, quelle que soit leur orientation sexuelle. Et qu’elle trouvait aberrant que des gens puissent penser que deux hommes qui s’aiment seront jugés, mais qu’eux-mêmes ne le seraient pas pour avoir haï des gens qu’ils ne connaissent même pas. Bref je pense qu’on a là un exemple frappant de choc culturel, la Belgique étant un pays très libéral, ce côté à déteint sur la population, même celle qui a pourtant une fois inébranlable. En Croatie il reste du chemin à faire, les gens devraient se rendre compte de l’impact que de tels comportements peuvent avoir. Prôner l’amour de la famille, mais en même temps rejeter les enfants qui sont différents, ça me semble un non-sens.

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