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Nationalisme serbe : Pourquoi la Serbie est-elle aussi attachée au Kosovo ?

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Pourquoi la Serbie est-elle aussi attachée au Kosovo? N’y a-t-il que des raisons politiques? De la défaite de Kosovo Polje, jusqu’au mythe nationaliste de la Grande Serbie de Milosevic, voici quelques éléments d’explications pour comprendre pourquoi la Serbie ne peut pas renoncer au Kosovo… D’où vient cet attachement de la Serbie au Kosovo incarné par le nationalisme serbe qui a connu son paroxysme dans les années 90 lors des guerres d’ex Yougoslavie? Et quelles leçons en tirer ?


La bataille de Kosovo Polje ; une défaite pour unir la Serbie?


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Aux origines du nationalisme serbe, il y aurait une bataille. Si l’on en croit beaucoup, cela viendrait de la fameuse bataille de Kosovo Polje, en 1389, considérée par les Serbes comme l’évènement fondateur de la Serbie. D’après eux, la défaite qu’ils auraient subie à ce moment là face aux Ottomans marquerait le début de l’asservissement de la Serbie, une Serbie cependant désormais unie.

Il s’agit déjà d’une drôle de conception de la nation, sachant que l’importance même de cette bataille est soumise à controverses, et qu’il n’en est pas sorti grand chose, si ce n’est que les deux chefs de la bataille, le sultan Murat pour les Ottomans et le tsar Lazar Hrebeljanović pour les Serbes y sont morts. À part cela, il y a eu peu de conséquences directes, étant donné que les Ottomans, bien qu’étant vainqueurs de la bataille, ont préféré ne pas s’avancer plus loin en territoire serbe, vu que le pouvoir politique de l’empire était affaibli par le décès de Murat. Ce n’est que quelques temps plus tard que l’annexion se fait réellement, mais de manière plus pacifique, avec une union scellée par le mariage entre la fille de Lazar, Olivera Despina, avec le nouveau sultan Ottoman Beyazıt.

Ainsi donc, selon la manière dont on voit les choses, on pourrait dire que les serbes considèrent comme événement fondateur de leur nation une bataille qui n’a pas servi à grand chose, alors que l’annexion à l’empire Ottoman de la Serbie n’est que le résultat d’un coït entre une princesse serbe et un sultan ! Le nationalisme serbe est né à cette période sans être théorisé comme il le sera au XXème siècle. Mais pourquoi donc y attachent-t-ils tant d’importance alors? Je crois qu’il s’agit là des mêmes raisons qui ont poussé les français à dire que leurs ancêtre étaient les gaulois ! Lorsque vous voulez justifier de la cohésion de votre pays, l’histoire est une chose facile à manipuler. Si vous arrivez à trouver un événement historique prouvant que cela fait déjà longtemps que le pays existe, bien qu’il ne soit pas uni, ou qu’il soit annexé, un événement de ce genre est l’idéal. Le mythe gaulois en France, ainsi, a commencé à être véhiculé dès la fin du Moyen-Âge, lorsque les capétiens cherchaient à agrandir leur territoire. De même, les serbes ont commencé à créer le mythe de la bataille de Kosovo Polje au début du XIXème siècle, afin de justifier leurs revendications indépendantistes face aux Ottomans. Il ne s’agit donc en fait que d’un pur opportunisme politique.


Milošević et le mouvement du nationalisme serbe


La raison politique du nationalisme serbe… je crois que c’est aussi ce qui a motivé plus de 150 ans plus tard Milošević lorsqu’il a accéder au pouvoir. Qu’il soit bien clair d’une chose, il n’était pas un nationaliste, juste un jeune loup aux dents qui rayaient le parquet. Il n’a jamais, au cours de sa jeunesse, été membre d’un quelconque mouvement nationaliste serbe. Au contraire, il a dès son plus jeune âge été cadre au sein du parti communiste yougoslave, à une époque où Tito, c’est-à-dire la tête du Parti, ne tolérait aucune forme de revendication nationale, particulièrement venant de la Serbie (nous y reviendrons plus bas.). Il a poursuivi sa carrière, jusqu’à devenir au milieu des années 80 président de la branche serbe du parti communiste yougoslave.

Mais ceci ne suffit pas au jeune Slobodan : il veut plus de pouvoir, particulièrement celui détenu par son grand ami de toujours, Ivan Stambolić, président de la république fédérée de Serbie. Pour s’en débarrasser, il va profiter de la situation économique désastreuse pour utiliser une méthode vieille comme le monde : agiter les nationalistes. Grâce à une campagne savamment menée avec
l’appui des médias, il se fait passer rapidement pour le sauveur de la Serbie en réveillant un nationalisme enfoui pas très profondément. Et de quoi va-t-il se servir ? Du Kosovo, évidemment ! Et cela va marcher, à tel point qu’il arrive rapidement à faire démissionner Stambolić pour lui prendre sa place à la tête de la Serbie.

C’est assez finement joué de sa part que d’utiliser cette province, vu que de ce fait, il met aussi un terme à un autre obstacle qui bloquait sa route. Milošević veut plus que la Serbie, il veut le contrôle de la totalité de la Yougoslavie. Le problème pour lui, c’est que ces aspirations s’opposent aux mécanismes qu’avait mis en place Tito. L’un des plus gros travaux politiques du maréchal à la fin de son règne a été de juguler le nationalisme serbe. Il s’agissait d’un problème important, dans la mesure où les serbes dominaient la Yougoslavie d’avant-guerre, et qu’ils voulaient absolument retrouver cette domination. Or, la République Fédérale de Yougoslavie était conçue de telle sorte qu’ils pouvaient presque obtenir cette domination dans les années 60. Il y avait en effet dans le pays deux camps, le pro-serbe, constitué de la Serbie et de ses « cousins » macédoniens et monténégrins, pays traditionnellement orthodoxes, et de l’autre un camp beaucoup plus opposé à la Serbie composé de la Slovénie, de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine. Chaque république fédérée ayant une voix, il y avait donc égalité, mais pas tout à fait, sachant que la Bosnie-Herzégovine était tellement multiethnique que son alliance avec les Croates et les Slovènes était sujette à revirement. Pour faire face à cela, Tito va utiliser deux
provinces serbes aux aspirations traditionnellement sécessionnistes : la Voïvodine et… le Kosovo ! C’est ainsi que furent crées en 1974 deux « provinces autonomes », disposant de presque tous les droits des républiques fédérées (sauf celui de demander l’indépendance), et possédant surtout un droit de véto sur les décisions prises par la République Fédérée de Serbie. Il s’agissait là d’une très bonne tactique, vu que désormais le camp « anti-serbe » était supérieur au camp pro-serbe, d’autant plus qu’il était certain que le Kosovo, déjà à majorité albanaise malgré les multiples tentatives de « reserbisation » que Belgrade avait entreprises au cours du début du XXème siècle, n’allait jamais se plier à ce que lui demandait la Serbie.

Ainsi donc, en utilisant le Kosovo pour raviver les flammes du nationalisme serbe, Milošević peut aussi inverser le mécanisme mis en place par Tito. Se servant de la foule serbe, il parvient à accéder au poste de président de la république fédérale de Yougoslavie, avant de réussir à supprimer l’autonomie accordée à la Voïvodine et au Kosovo. Le voici donc devenu maître d’une Yougoslavie dont il a pris la tête grâce à des manœuvres politiciennes dont la base est le Kosovo. La suite, on la connaît tous… l’histoire se finira en 1999 avec plusieurs centaines de milliers de morts au compteur. Et le pire là-dedans, c’est que le fiel qu’a répandu Milošević continue de couler en Serbie lorsque l’on voit l’attachement qu’ont une bonne partie des Serbes à cette terre qui pourtant n’est quasiment plus peuplée que par des Albanais… Il faudra d’ailleurs que je fasse un article sur l’indépendance du Kosovo, un de ces jours…

Pour résumer, l’attachement au Kosovo dont fait preuve la Serbie, particulièrement celui que nous connaissons actuellement, n’est que le résultats de manipulations politiciennes instrumentalisées par un homme avide dont la seule préoccupation était de conquérir le plus de pouvoir possible en s’appuyant sur le nationalisme serbe. Pour réussir dans son entreprise, il s’est appuyé sur le nationalisme de son peuple, en profitant du terreau de la crise économique. Le résultat en a été près de huit ans de guerre entre 1991 et 1999…

P.S. : sur la photo, le graffiti de papillon que l’on peut voir est en fait un SSSS, l’emblème du nationalisme serbe que quelqu’un a barbouillé afin de le transformer en un paisible papillon !

Pour aller plus loin sur le nationalisme serbe :

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