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Le dico Flingueur des Tontons : Le dictionnaire des Tontons flingueurs

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Attention ! Ce livre est fortement déconseillé aux faiblards du palpitants et aux flageolants de la guibole, car, pour un dictionnaire, c’est du brutal ! En revanche, Le Dico flingueur des Tontons (Hugo et Cie, 86 pages, 12,95 €) ravira les admirateurs de Michel Audiard et les aficionados de son célébrissime film, dont il a déjà été question à plusieurs reprises dans ces colonnes.

« Film culte », Les Tontons flingueurs ? L’auteur, Stéphane Germain – un spécialiste du dialoguiste –, attribue, non sans raison, à cette expression les tristes vertus d’un « slogan marketing de supermarché ». Il préfère donc parler de « chef d’œuvre », ce qui fera sans doute grincer les dents des détracteurs d’Audiard, même si l’espèce se fait aujourd’hui de plus en plus rare.

Honnis par la critique lors de leur sortie, les longs métrages auxquels le dialoguiste participa, bien qu’inégaux, n’en ont pas moins connu un immense succès populaire. Le « style Audiard » n’y fut naturellement pas étranger, dont l’auteur livre l’un des secrets : « C’est ainsi qu’il peut mélanger régulièrement un langage châtié et un vocabulaire plus relâché, la détonation obtenue grâce à ce cocktail restant une de ses figures de style préférées. « L’homme de la Pampa, parfois rude reste toujours courtois, mais la vérité m’oblige à te le dire : ton Antoine commence à me les briser menu ». » » A cela, il convient d’ajouter une liberté de ton (bien trop absente des écrans lissés d’aujourd’hui) « qui permet de mesurer à distance l’emprise actuelle de ce que l’on nomme le politiquement correct, atours polis dont se pare l’ostracisme, lui-même cousin germain de la connerie. »

Ce dictionnaire n’étant pas tout à fait comme les autres, en début de volume, un « Tonton testeur » regroupe 35 questions (plus difficiles qu’on ne pourrait le penser) qui permettront aux fans du film de mesurer leurs connaissances. Il faut également signaler les belles illustrations de Géga, très en harmonie avec l’esprit du film. Car toute l’atmosphère des Tontons baigne ces pages, qui font la part belle à Monsieur Fernand, au Mexicain et n’hésitent pas à nous montrer « qui c’est Raoul. »

En 61 entrées, de « Audiard » à « Volfoni », Stéphane Germain  ne se limite pas à brosser les portraits (savoureux) des acteurs présents au générique, à évoquer la pyrotechnie verbale des dialogues hilarants que l’on connaît ou à livrer des anecdotes de tournage, souvent inédites. Il nous entraîne dans les coulisses, décortique les plans filmés par le menu et fournit des explications documentées sur les détails cryptés de certaines scènes et répliques.

On  y apprend ainsi où se trouve Biên Hoa, la petite ville où l’accorte Lulu la Nantaise tenait son établissement, Les Volets rouges, devant lequel Lucien le cheval s’était fait dessouder à la dynamite par Teddy de Montréal. Les fétichistes sauront où se rendre en pèlerinage pour voir la maison où le film fut tourné, le bowling où se déroule le début du film et l’église de la scène finale.

Le lecteur découvrira en outre dans ce dictionnaire que la sonate de Corelli ne fut (on s’en doutait un peu) qu’un habile pastiche de Michel Magne et qu’une rose fut créée outre-Quiévrain en l’honneur de Sabine Sinjen, l’actrice allemande qui joua le rôle de Patricia. Les vindicatifs et les malfaisants bénéficieront même de la recette de l’alcool frelaté de Jo le trembleur, qui lui permit de décimer toute une division de Panzers durant la dernière guerre, aux dires de Maître Folace (Francis Blanche).

D’autres entrées contrarieront enfin ceux qui ne voyaient en Audiard qu’une figure archétypale de la vulgarité et de l’inculture, car Stéphane Germain, qui a « le glaive vengeur et le bras séculier », ne manque pas d’aborder le sujet. La tirade déclamée en allemand par l’ami Fritz reprenait en effet un proverbe de Tchouang-Tseu, un des pères du taoïsme ; ailleurs, il est question du peintre Puvis de Chavanne, du compositeur Reynaldo Hahn et de l’horloger suisse Ferdinand Berthoud (1727-1807). Mais il faut surtout s’arrêter à l’entrée « Pampre » pour dénicher peut-être l’indication la plus intéressante et la plus insolite contenue dans ce livre : « Le genre réservé […] mousse et pampre », lance Bernard Blier à la fin de la mythique scène de la cuisine. Or, cette singulière expression, dont on devine facilement la signification, ne fut pas choisie au hasard par Michel Audiard ; il l’emprunta à Guignol’s band, le roman de Louis-Ferdinand Céline, dont le dialoguiste était un lecteur assidu. Yes, Sir ! Autant de preuves permettant de contredire, à titre anthume ou posthume, « certains salisseurs de mémoire… »

Illustrations : Michel Audiard, illustration de Géga – Bernard Blier (Raoul Volfoni), illustration de Géga.

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