C’est non sans curiosité et un certain appétit que l’on est partit à la rencontre de ce Soliste. Le film est le troisième long-métrage de Joe Wright, réalisateur doué auteur d’une énième adaptation (mais très réussie) d’Orgueil et préjugé en 2005 puis du bouleversant Reviens-moi en 2007. Le cinéaste britannique délaisse les costumes (et Kieira Knightley) pour s’aventurer à Los Angeles, en quête de gloire peut-être, de reconnaissance plus sûrement. Dans la ligne de mire, les Oscars, c’est une évidence…
Tous les ingrédients sont réunis : une histoire sensible (la rencontre entre un SDF violoniste et schizophrène et un journaliste plein d’empathie pour lui), deux acteurs à très fort potentiel (Robert Downey Jr et Jamie Foxx, déjà primé pour Ray), et un réalisateur identifié comme talentueux et prometteur…
Si le film est un échec, c’est parce que justement la démarche est bien trop voyante. Le Soliste est calibré pour rafler quelques statuettes, mais les intentions sont si peu discrètes qu’il est difficile de tomber dans le panneau. Le Soliste fonctionne selon une recette qui a fait ses preuves avec Rain Man, un duo de personnage, l’un handicapé et victime de la société mais qui possède un don incroyable, et l’autre, normal, compatissant et qui va recevoir une leçon de vie et d’amitié.
Le problème avec ce genre de film c’est que l’on se sent pris en otage, d’autant que Le Soliste est l’adaptation d’une histoire vraie… Les personnages sont non seulement archétypaux mais également bien trop lourdement affectés. Et le fait que les acteurs extériorisent outrancièrement chacune de leurs émotions ne fait qu’augmenter le caractère, bon peut-être pas nauséeux, mais quand même indécent.
La narration ne recule jamais devant le poids du pathos, elle y verse au contraire allégrement, sans aucune pudeur. On a comme l’impression récurrente, lorsque Hollywood choisit d’illustrer la misère, que l’hôpital se moque de la charité. Bien sûr, on peut être ému par la trajectoire de ce soliste malheureux. Le film est même clairement construit dans ce seul but. Mais on peut aussi être écoeuré par ce misérabilisme et le caractère faussement honnête de l’ouvrage.
Le Soliste n’est pourtant pas exempt de qualité. Joe Wright est clairement porteur d’un désir de cinéma, qui même si parfois il flirte avec l’esbroufe, n’est pas inintéressant. La mise en scène possède un certain cachet, certains mouvements de caméra viennent même nous raviver l’impressionnant plan-séquence sur la plage dans réussit par Joe Wright dans Reviens-moi. Le cinéaste sait manier la caméra, ca nous parait incontestable. Il lui reste maintenant à trouver des sujets peut-être un peu plus personnels, un peu plus ambitieux aussi.
Le Soliste n’est objectivement pas un mauvais film, il est juste un film maladroit, formaté pour faire pleurer dans les chaumières, et que l’on oubliera vite.
Benoît Thevenin
Filmographie de Joe Wright :
2005 : Orgueil et préjugés
2007 : Reviens-moi
2009 : Le Soliste
httpv://www.youtube.com/watch?v=YT177IBVme8
Le Soliste – Note pour ce film : 
