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L’Atlantide, de la réalité au rêve

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Culturellement et politiquement désabusés sur fond télévisé de planète purulente et cahotante, nous nous éloignons chaque année davantage de la pensée antique où la poésie et le rêve conduisaient bien souvent la marche du monde.

En écrivant son célèbre roman « L’Atlantide » qu’il situait dans le désert du Sahara, Pierre Benoit restait encore dans l’imaginaire poétique. Il n’en est plus de même aujourd’hui. Ou bien, on veut retrouver la trace matérielle du cataclysme dans lequel, il y a plus de onze mille ans, le « continent » décrit par Platon aurait disparu, ou bien on classe l’affaire dans le tiroir des mythes et on n’en parle plus.

Platon était un philosophe, certes, mais il vivait avec son temps ; et son temps était celui des poètes. En ces temps lointains, lorsqu’un auteur engagé avait quelque chose d’important à proposer – un nouveau projet de société par exemple – personne ne s’étonnait qu’il le fasse annoncer par un ange descendu du ciel, dans le tonnerre et les éclairs ; voyez l’apocalypse de Jean… ou bien, comme Platon l’a fait, entre deux déluges. Deux déluges qui ne sont que des figures allégoriques pour encadrer l’histoire classique d’une cité ou d’une civilisation qui naît, qui domine et puis, qui disparaît, ou qui semble disparaître. Tout laisse à penser que c’est l’image de la cité arverne qui a été rapportée à Platon. Comme je l’ai expliqué dans un autre article, le témoignage de l’historien grec Denys d’Hallicarnasse va dans ce sens. J’en déduis que c’est bien cette image que le philosophe/poète a magnifiée jusqu’à en faire une image idéale, selon lui, de la cité à construire.

Dans l’illustration ci-dessous, j’ai représenté la cité des Arvernes après la fondation de la ville de Clermont. On y trouve les éléments constituants d’une grande cité gauloise : la ville/capitale/acropole, Gergovie, que je situe au Crest, avec son lieu sacré à Corent, la ville/entrepôt et port, Clermont-Ferrand, et la plaine agricole de la Limagne. De fondation relativement récente, Clermont a supplanté l’antique village de Tallende dans le rôle de ville basse, on comprend facilement pourquoi.

Pour en revenir à Platon, l’erreur qu’il ne faut pas commettre est de confondre dans son texte la ville/acropole et la cité. Il s’agit de deux choses tout à fait différentes. C’est à cause de cette confusion que nous avons du mal à comprendre ce qu’il nous décrit pourtant avec beaucoup de minutie.

Dans l’illustration qui suit, j’ai reconstitué la cité théorique idéale, province d’Atlas, telle que Platon en a donné la description géométrique en prenant soin de nous donner toutes les dimensions nécessaires et suffisantes.

Pour convertir les distances que donne le philosophe, j’ai choisi les mesures qui étaient en vigueur à Athènes, soit 184 mètres environ pour un stade grec. J’ai procédé à une vérification en divisant la surface rectangulaire de la cité cadastrée par la surface d’un district. J’arrive à un total de 60 164 districts ce qui correspond à peu près aux 60 000 qu’indique Platon, si l’on tient compte de la surface qu’occupent la ville et les canaux.

Il me semble que les deux croquis parlent d’eux-mêmes et que la transposition poétique est évidente.

Et voici maintenant la ville de la cité dont j’ai reconstitué l’image, toujours en suivant le texte de Platon. Comparée au dessin que Guillaume Revel a fait du Crest (voir mes articles précédents), il me semble, là aussi, que la transposition poétique est évidente.

En donnant au temple de Poséidon, à la largeur et à la profondeur des fossés et canaux, des dimensions bien supérieures à tous les monuments ou ouvrages de son époque, Platon nous confirme sa vision titanesque de la cité future… vision réaliste ou vision poétique ?

Il s’agit maintenant de savoir si ce modèle de cité idéale était viable. Cette Atlantide géométrique où Platon entasse dans l’anneau extérieur de la ville une population extrêmement importante, autour d’une autorité absolue qui trône dans un temple, au sommet de l’île centrale, n’est-elle pas l’exemple-type d’un système totalitaire, même si cette autorité des plus sages gouverne, en principe, au nom de l’intérêt public et de la raison ?

En revanche, la cité arverne, telle que l’historien la redécouvre, n’est pas le fruit d’une idéologie ; elle n’est pas tracée au compas ; elle s’est adaptée dans l’espace et dans le temps aux conditions du milieu : voilà son génie ! Elle a tenu compte du relief du terrain et de la disposition des cours d’eau. Elle s’est protégée et gardée tout en restant accueillante envers le marchand étranger. Elle s’est organisée au mieux pour vivre et croître.

L’intelligence humaine, complexe, riche, vivante, multiple, ne se trouve pas dans l’Atlantide de Platon, mais dans la cité réelle de Gergovie.

Cet article est à la fois un extrait de mon « Histoire de Gergovie  » et une réécriture.

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