Le monde est petit
Dans mon roman « Théâtre d’Ombres » (contraction de : « Le « dalang », maître du théâtre d’ombres »), le « dalang » est cet homme invisible, ce conteur merveilleux, qui, derrière son écran de drap blanc, manipule, seul, les marionnettes de cuir, de carton ou de bois. Il tire les ficelles et joue avec le destin de tous les personnages dont il raconte l’épopée, tantôt de façon traditionnelle et connue d’avance par son public, tantôt de façon facétieuse et complètement improvisée pour surprendre les spectateurs. Pour moi, le « dalang », c’est le destin qui agit dans l’ombre.
La foi, c’est comme les contes ou les récits des « dalangs », qui hypnotisent les gens simples des campagnes et les enfants pendant des nuits entières.
Y croire ou non qu’importe ! On aura toujours besoin d’histoires, de légendes, de contes, de merveilleux, ou de religion… C’est dans le cœur de l’homme.
Alors laissez-moi vous raconter une histoire – vraie – qui tient presque du récit du « dalang ».
Sur Facebook, il m’arrivait d’être contactée par des inconnus un peu partout dans le monde, pour des conversations spontanées et les questions tournaient souvent autour de la Thaïlande, par des personnes ayant lu mon blog.
Je passais la nuit d’hier dans le train, ce fameux train d’une autre époque, qui met 16 heures pour faire les quelques 700 kilomètres qui séparent Bangkok de Chiang Mai, laissant ainsi aux voyageurs, le temps de faire connaissance et d’admirer le paysage au petit matin.
Et…au petit matin justement, je montrais quelques photos sur l’écran de mon ordinateur à mon « khon rou jai », (mon compagnon thaï)… Un grand escogriffe passe et me dit : « Hello » ! Je réponds à son salut en anglais. « Hello » ! Il repasse quelques minutes plus tard et me dit « Bonjour » ! Je réponds, de façon très originale : « Ah vous êtes français » ! « Non. Je suis canadien ». Et moi d’ajouter : « J’ai de la chance, j’ai croisé quelques canadiens français ces derniers temps, tous très sympathiques ». Mon interlocuteur sourit et dit : « Je crois que je vous connais ». J’éclate de rire. « C’est une plaisanterie » ! « Non, vous vous appelez Michèle Jullian ». Je confirme, mais je dois faire une drôle de tête. Alors, il se présente : « Pee ray ». Je me souviens effectivement avoir eu quelques échanges avec lui sur Facebook , il y a quelques mois, lorsque j’étais encore à Paris.
Oh ! L’éclat de rire ! Oh ! L’embrassade à la française ou a la canadienne ! Au grand étonnement des autres voyageurs thaïlandais !
Pendant quelques secondes je ne suis trouvée catapultée dans l’univers d’un feuilleton canadien dont TV5 nous abreuve en ce moment. Ils doivent être moins chers que les français, ou meilleurs, ou moins pires, je ne sais pas, en tout cas, les sous titres sont nécessaires. (Je signale cependant un excellent feuilleton « René » qui raconte une partie de la vie de René Levesque, leader du Parti Québécois).
Pee Ray va rejoindre une de mes amies FB qui vit à Chiang Rai, afin de parrainer un des enfants de l’ethnie Lahu dont Sophie s’occupe depuis quelques années.
Le monde est vraiment petit !
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