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Le monastère Tvrdos : une étape incontournable sur la route des vins de Bosnie-Herzégovine

Tvrdos Monastère serbe orthodoxe en république serbe de Bosnie
Monastère Tvrdos

Le monastère Tvrdos  (en serbe cyrillique : Манастир Тврдош ; en serbe latin : Manastir Tvrdoš) est l’une de ces belles surprises qui a fait de la république serbe de Bosnie une destination émouvante et très ancrée dans ma mémoire de voyageuse.

Souvent un ensemble de petites choses façonne un souvenir. L’accueil d’un moine. Le cierge qu’il a fait brûler pour nous souhaiter un bon voyage. Le verre de vin partagé sans avoir l’impression d’être traité comme des touristes, alors que la cave du monastère de Tvrdos est considérée comme l’une des meilleures sur la route des vins de Bosnie-Herzégovine et figure donc parmi les attractions touristiques locales.


De mémoire, j’ai été dix fois en République serbe de Bosnie lors de mes voyages à travers les Balkans au cours des vingt dernières années. Toujours, j’ai attaqué cette région par un nouveau poste frontière. Autant de portes d’entrée qui m’ont semblé ni tout à fait similaires, ni vraiment différentes. Souvent j’ai été déconcertée ne comprenant pas toujours où j’étais ni quelles règles prévalaient dans cet espace entouré de frontières fantômes matérialisées hélas par des dizaines de milliers de mines antipersonnels?!

Depuis le Montenegro, je me suis engagée en direction de l’Herzégovine pour regagner Mostar, sa capitale, sans me poser de questions. C’est le genre de voyage que j’adore. Je n’ai aucun objectif, j’évolue totalement par hasard, et mes parents qui m’accompagnent me suivent dans mes intuitions pour se laisser surprendre.

De la Republika Srpska, région autonome à majorité serbe en Bosnie-Herzégovine à ne pas confondre avec la république de Serbie (Republika Srbija), je me souviens surtout d’expériences et de rencontres. Bien plus que de sites à découvrir, d’activités à ne pas manquer. Certes, les touristes recherchent souvent ce qu’il faut voir absolument et c’est même le principal déclencheur pour découvrir un pays ou une région. Mais en République serbe de Bosnie, l’approche est tout autre. Nous ne sommes ni en Serbie, ni en Bosnie, nous sommes dans un territoire qui se considère un peu comme un Etat dans l’Etat. Plus qu’une région ; pas encore un pays à part entière.

Tvrdos manastir Trebinje monastere

Dans cette région qui enserre la fédération croato-musulmane de Bosnie-Herzéogovine,  j’ai aimé l’accueil des serbes, fidèle à l’esprit d’hospitalité déjà observé à maintes reprises en Serbie. J’ai trouvé ces serbes méridionaux de Bosnie-Herzégovine légèrement différents des serbes de la république de Serbie. Plus volubiles,  plus expansifs en règle générale, plus gesticulateurs, dirait un ami, ce qui facilite considérablement la prise de contact. Plus curieux aussi des touristes étrangers, bien trop rares, même si cette région est très jolie et gagnerait à être plus fréquentée.  J’y ai croisé des gens très gentils, tournés vers l’échange et disposés à me faire apprécier leur région comme ces jeunes qui nous ont payé une bière au café, où nous nous étions arrêtés à l’entrée de Trebinje et qui étaient ravis d’échanger avec des touristes français ou les moines du monastère de Tvrdoš que je découvrais fortuitement sur ma route.


Le monastère Tvrdos  ; un centre spirituel majeur de l’orthodoxie serbe en Bosnie Herzégovine


Au monastère Tvrdos, à quelques kilomètres de Trebinje, la ville la plus méridionale de Bosnie-Herzégovine, se conjuguent justement tous les plaisirs du voyageur curieux. La visite culturelle de ce site religieux serbe orthodoxe, vieux de 6 siècles malgré l’ajout de bâtiments en apparence très récents se double d’une découverte oenologique et culinaire. Pourtant, on pourrait aisément passer à côté de ce petit monastère qu’un simple panneau à ses abords, indique depuis qu’on a quitté Trebinje.

Tvrdos Monastère serbe orthodoxe en république serbe de Bosnie
tvrdos manastir monastere trebinje

Tout ici paraît si calme. En cette après-midi de septembre, le parking est désert. Nous n’avons pas croisé une âme depuis que nous nous sommes engagés dans l’enceinte. Il faut tendre l’oreille avec attention pour deviner le bruissement de la Trebišnjica que surplombe le monastère. Nous longions la rivière depuis Trebinje, qui lui a inspiré son nom, et elle nous rappelle ainsi à son souvenir. Son cours presque indolent renforce cette impression de sérénité que rien ne saurait perturber si ce n’est le gazouillis des oiseaux.

Le monastère s’est lové tout près de l’eau et a laissé les arbres bien fournis en verdure lui assurer ombrages et protection naturelle. Il est assez surélevé pour ne pas risquer les éventuels caprices de la rivière, qui n’est peut-être pas toujours aussi tranquille. En contre-bas, les vignes faisant sa renommée n’apparaissent pas immédiatement aux visiteurs. Si de prime abord, il semble assez petit, il est en réalité composite dans sa structure et ses styles architecturaux et plus étendu que je l’imaginais. On devine aisément les divers remaniements au fil des siècles.

Monastère serbe orthodoxe Tvrdos près de Trebinje en republika srpska
Entrée du monastère Tvrdos près de Trebinje

En pénétrant dans la petite église du monastère Trvdos, un  moine en train de prier dont nous apprendrons ensuite qu’il est le Jeromonah (archimandrite) Sava, nous a accueillis avec cette hospitalité assez commune à presque tous les monastères orthodoxes, y compris quand il s’agit d’accepter des personnes ne partageant pas leur foi.

En voyant que nous étions des touristes étrangers et confirmant que nous sommes français et sensibles à l’orthodoxie, le moine Sava a offert de nous servir de guide. Ainsi, nous a-t-il expliqué en détails ce que signifiaient les scènes des fresques murales, montré un à un tous les objets, les icônes, les trésors que recèle cet édifice.  Comme pour beaucoup de monastères, Tvrdos fut plusieurs fois détruit et toujours reconstruit ; partiellement ou entièrement.

Eglise du monastère Tvrdos

Une histoire riche entre constructions et destructions depuis le 4ème siècle


Les origines du monastère Tvrdos restent assez mystérieuses, malgré de récentes recherches précisant l’existence d’une église romaine au IVème siècle sur le site et le rôle du premier empereur chrétien de l’empire romain dans son établissement. Certaines fondations de l’église originelle seraient encore visibles. La construction aurait été diccée par l’empereur Constantin Ier, (306-337); un empereur né en Mésie (dans l’actuelle Serbie à Nis) et connu pour avoir été un profond réformateur dans un empire romain très affaibli et divisé dans lequel il établit son autorité religieuse, en faisant appliquer la liberté de culte individuel et cesser les dissensions et répressions contre les chrétiens.

L’église sur le terrain de l’actuel Tvrdos serait peut-être un hommage ou une réponse à une demande de sa mère Hélène, qui elle aussi se serait convertie par le baptême. Ce qu’on appela le césaropopisme favorisa l’expansion du christianisme dans la péninsule des Balkans. Les historiens ne s’accordent pas tous sur la probable conversion tardive de Constantin, peut-être sur son lit de mort ; certains y voyant surtout un goût pour l’appât du gain puisqu’il aurait pillé les temples païens, tandis que d’autres préfèrent y voir une stratégie, un simple calcul politicien en vue de voir aboutir son effort d’unification de l’Empire après le délitement de la Tétrarchie entre 306 et 313.

L’archimandrite Sava poursuit ses explications passionnantes sur l’établissement du monastère orthodoxe serbe dès le XIIIème ou au début du XIVème siècle. Certains historiens attribuent l’ordre de construction au duc de l’Herzégovine Stjepan Vukčić Kosača (1435 – 1466), mais les sources officielles privilégient l’hypothèse d’un monastère en l’honneur de la Dormition de la Mère de Dieu, ordonné par Milutin, fameux pour avoir contribué à la construction de nombreux monastères orthodoxes en Serbie. Abandonné pendant plus d’un siècle, les trésors de Tvrdos furent transférés dans le monastère de Savina à Herceg Novi.


Haut lieu de résistance et défenseur de l’orthodoxie serbe en Bosnie-Herzégovine


Le début du XVIème siècle est une période d’entreprise de reconstruction pour le monastère de Tvrdos comme pour l’ensemble des monastères serbes qui ont connu des épisodes de déprédations répétés. Pendant les précédentes décennies, les vols et pillages s’accompagnaient de destructions systématiques dans les villes mais aussi dans les campagnes.

L’invasion ottomane a vu alterner conquêtes et insurrections des populations locales, qui refusaient la transformation de nombreux monastères et églises orthodoxes en mosquées, dans la mesure où les Musulmans qui dominaient de plus en plus dans les Balkans n’acceptaient pas que les chrétiens puissent bénéficier de lieux de culte plus beaux que les leurs.

A ces dévastations propres aux temps de guerres a succédé un temps de restauration de l’Eglise orthodoxe de Serbie à la faveur d’un accord entre les Ottomans et le patriarcat serbe. Certes, les populations continuaient à lutter durement pour leur survie malgré les conditions de désespoir et de dénuement, mais des monastères comme Tvrdos ont contribué à entretenir l’Espérance à travers leur travail intellectuel, leur effort d’instruction et le culte d’un certain patriotisme qui n’a cessé de prospérer jusqu’à nos jours. L’activité de centre spirituel n’a donc jamais cessé et s’est doublée d’une mission d’encouragement moral, à résister aux menaces d’islamisation ou d’uniatisme pour préserver notamment le culte de la dynastie sainte des Nemanjić qui a régné sur la Serbie au Moyen-Âge.

L’uniatisme désigne les « fractions de ces Églises orientales qui ont rompu avec leur Église « mère » orthodoxe et sont entrées en communion avec l’Église catholique. »

Si l’Histoire vous passionne, n’hésitez pas à acheter cet excellent ouvrage très complet, racontant l’histoire du peuple serbe de l’Antiquité jusqu’à nos jours avec beaucoup de didactisme.

Histoire du peuple serbe de Dusan T. Batakovic

Quand on observe les bâtiments d’habitations, la taille de l’église aujourd’hui même si on sait désormais que le monastère ne ressemblait pas vraiment à la configuration actuelle, il est difficile de supposer l’importance qu’a pu avoir le monastère Tvrdos sur son territoire et au-delà. Il constitua l’un des principaux « défenseurs de l’orthodoxie en Bosnie et en Herzégovine », tout comme les monastères de Fruska Gora sur le massif de la « Montagne Sainte », ont contribué à l’essor de la spiritualité orthodoxe en Voïvodine en Serbie.

Monastère Tvrdos croix et fresque du Seigneur

Une première reconstruction majeure de Tvrdos est attribuée au métropilite de Trebinje, Visiarion, en 1509. Néanmoins, il fut anéanti lors du tremblement de terre qui frappa Dubrovnik en 1667.

Puis, après des décennies durant lesquelles Tvrdos fut le siège des métropolites d’Herzégovine, il fut l’une des cibles lors de la guerre entre les Vénitiens et les Ottomans à la fin du XVIIème siècles. Persuadés que les ottomans pourraient s’en servir comme base pour leur défense, les Vénitiens le sacrifièrent et décidèrent en 1694 de le remplir d’explosifs. Vladimir Corovic, destructeur de nombreux monastères orthodoxes d’Herzégovine, ordonna leur déclenchement.

Moine Archimandrite Sava visite du monastère de Tvrdos

Peu après cette destruction symbolique, qui pourrait résumer le danger que constituait Tvrdos aux yeux des puissants convoitant le territoire, Nikola Runjevac, nouveau propriétaire du site, restaura le Konak et agrandit la surface pour y établir un monastère. Les restaurations n’ont jamais cessé depuis, mais elles se sont renforcées à partir de 1955 et expliquent le sentiment de modernité qui entoure les bâtiments où vivent la communauté de moines. L’actuel bâtiment principal aurait été entrepris en 1924 et serait une reproduction du projet et des modèles chers à Milutin, comme en témoigne le dôme en forme elliptique du monastère.

Konak : terme ottoman désignant une « résidence ou une grande demeure » appartenant à des aristocrates ou des personnes aisées et en Serbie, la partie des monastères réservées à l’accueil des visiteurs.

Monastère Tvrdos en Republique serbe de bosnie

Tant de vicissitudes pour un lieu à côté duquel nous aurions pu passer sans nous arrêter si nous n’avions pas été toujours curieux de visiter tous les monastères croisés sur notre route, comme lors de tous nos voyages!

Le seul récit des événements est trépident pour les touristes que nous sommes, toujours intéressés par l’Histoire. Nous avons beau être le plus attentifs possible aux explications de l’archimandrite, nous mesurons bien notre ignorance sur tout ce qui s’est joué pendant des siècles sur cette terre située sur une zone frontière entre deux énormes puissances ottomanes et vénitiennes dont les ambitions et convoitises paraissent insatiables.

Manastir Tvrdos a souvent été qualifié de monastère de Trebinje, bien que d’autres monastères l’environnent à l’instar des monastères dans la ville-elle-même et du monastère Duzi, à quelques kilomètres, où avaient déménagé les moines lors de l’une des destructions de Tvrdos. Duzi demeura le siège de l’éparchie d’Hum Herzégovine jusqu’en 1796. Le monastère dépend toujours de l’éparchie Zahumlje – Herzegovina. Il est aux yeux de certains experts le plus important des monastères serbes orthodoxes en Bosnie-Herzégovine.

L’un des événements récents les plus marquants remonte à 1992, quand une main d’un saint méconnu fut rapatriée à Tvrdos depuis Duzi. D’aucuns sont convaincus qu’il s’agit de l’une des mains d’Hélène d’Anjou, sainte et mère de Stefan Dragutin et de son frère Milutin.

Moine archimandrite Sava dans l'église de Tvrdos

Ces siècles d’histoire résumés avec une pédagogie admirable sont presque tangibles. Éprouvants. A la faveur de quelques minutes d’absence de Sava, je ferme les yeux, je me représente les scènes de combats, visualise les destructions qui n’ont jamais ébranlé la foi des moines et me projette dans les reconstructions successives. Il règne dans cette église un silence de cathédrale favorisant l’imprégnation des lieux. Ce silence est bienfaisant. Il me ramène à moi-même et à ma croyance, même si elle ne s’inscrit pas dans l’orthodoxie. Je ne me sens pas étrangère. Je suis accueillie avec bienveillance, accompagnée sur un chemin de savoir, sans que la question du non partage des rites soit un obstacle à la communication et à l’enseignement.

Monastère Tvrdos intérieur de l'église
Monastère Tvrdos fresques religieuses sur le plafond
Monastère serbe orthodoxe Tvrdos plafonds avec des fresques

Par rayons, la lumière naturelle filtre à travers les petits vitraux, sans que je m’en sois aperçue pendant nos échanges. En dehors des quelques cierges observés à l’entrée, j’avais trouvé l’église assez sombre à mon arrivée. Mais en réalité, elle est plutôt bien éclairée, malgré l’absence de cérémonies. Des éclairages artificiels pourvoient au reste si besoin. Soudain, je ressens timidement sur mon visage ces audaces du soleil qui viennent me tirer un peu de mes songes, au moment où je distingue les pas discrets de l’archimandrite revenu pour nous inviter à poursuivre la visite.  Il tient à la main un fin cierge jaune qu’il fait brûler en notre nom pour nous bénir et souhaiter la meilleure poursuite de notre voyage.

Le moine refuse toute offrande, en nous disant combien il était très heureux d’avoir rencontré des français qui s’intéressent ainsi à l’orthodoxie et à son pays. Un signe particulièrement touchant que l’on soit croyant ou pas. Ce cierge brûlera-t-il encore quand nous aurons rejoint notre maison d’ici quelques jours ou qu’en restera-t-il si ce n’est des coulures sèches sur le présentoir? Les traces de cire que j’imagine déjà couler le long du bâton amorcent le compte à rebours avant que ce moment ne devienne un souvenir.

Dans mon coeur comme dans ma mémoire, ces instants demeureront comme ceux d’une rencontre à cultiver, au gré des souvenirs, malgré l’écoulement du temps et la probabilité de ne jamais revenir.

Cierges dans le monastère Tvrdos
Monastère Tvrdos icones

Le moine Sava nous invite à poursuivre la visite par les vignobles et la cave, ce que nous acceptons volontiers, puisque nous découvrons à quel point les vins constituent un pan indissociable du monastère Tvrdos.  L’aspect historique contribue à son rayonnement spirituel, mais c’est surtout le travail de la vigne qui a donné une telle puissance à Tvrdos. Il rapporte aujourd’hui beaucoup d’argent, bien que la passion des moines pour leur vin persiste sans nul doute et fasse oublier quelque peu cette réalité des affaires, qui pourrait gêner certains.

Les questions d’argent s’avèrent tabou ; leur évocation est rare et même éludée pour mettre l’accent sur l’alchimie entre ces vignobles et ces hommes, qui offrent chaque année aux palais des amateurs, des vins d’emblée identifiables.

Tvrdos logements des moines du monastère serbe orthodoxe près de Trebinje
Tvrdos monastère serbe orthdoxoe fresque extérieure
Monastère Tvrdos croix orthodoxe
Monastère Tvrdos Ceramiques murales

Admirez au passage les vues aériennes du Manastir Tvrdos sur fond de chants religieux


Des vignobles à la cave ; dégustation des vins du monastère Tvrdos


Outre le joli petit  dont on admire les trésors dans l’église et les jardins, fresques et autres fontaines, on expérimente une étape œnologique qui nous confirme pourquoi Tvrdos est une référence nationale.

Les moines produisent l’un des meilleurs vins de Bosnie Herzégovine abrité dans des caves que l’on peut visiter, en dégustant un verre (ou plus), accompagné de morceaux de fromage (sec ou plus frais selon la période) arrosé d’huile d’olive et de tranches de jambon assez proche du prust (jambon sec fumé dalmate). De toutes nos visites de monastères, nous nous efforçons de ramener un souvenir et les bouteilles de vins ou de rakija, les pots de miel ont enrichi la collection à notre cave personnelle.

vignes au monastère Tvrdos près de Trebinje en republique serbe de Bosnie
Vignoble de Vukoje aux enivrons de Trebinje en Republika srpska

Après avoir foulé quelques arpents de vignes baignés de la lumière encore généreuse de la fin de l’été pour admirer les ceps et leurs raisins aux grains à la peau bleue foncée, nous comprendrons que le raisin produit ici tire aussi sa force de la pierre. D’un côté, le terrain rocailleux et abrupt, presque hostile par moment comme peut l’être le karst, contraste avec certaines de ces terres fertiles du vignoble de Vukoje.

Bientôt, se révèle à nous le lieu principal d’élaboration du précieux breuvage en cours d’élaboration dans des cuves étonnamment modernes et perfectionnées. Le savoir-faire des moines transparaît dans tous les gestes du Moine Porfirije dont la rencontre fut notre vrai coup de coeur.

Moine Porfirije au monastère serbe orthodoxe Tvrdos

Mirosolav, le maître de chai, nous raconte son itinéraire et nous explique que les vignes sont cultivées ici depuis 6 siècles. Il s’étend sur les contraintes climatiques et géologiques et tout le parti qui en est tiré pour produire des vins de caractère, charnus, denses et puissants en bouche.

Des vins rouges au goût plein et riche, à la robe rouge-foncé presque noire, qui développent des saveurs fruitées, à la fois légères et raffinées à l’instar du Vranac. Des vins blancs comme le Zilavka vif et frais, légèrement citronné, à la robe couleur dorée, dont les fruits gorgés de soleil laissent transparaître la nature du sol calcaire. Nous ne retrouvons pas dans nos coupes ces vins jeunes croisés ci et là et répondant aux habitudes locales.

Dans les Balkans, le vin n’est pas fait pour vieillir mais pour être bu le plus vite possible et pour un amateur de vin, même peu expert, il y a une impression de gâchis comme si l’on buvait de la « piquette ». Les vins de Tvrdos ont connu le repos dans les barriques et pour certains, le fût de chêne. On retrouve donc des vins mâtures, où rien n’est du au hasard et où chaque étape de la vinification depuis la fermentation jusqu’au vieillissement, à la clarification et à l’embouteillage résulte d’une science permettant d’obtenir un vin aussi sûr.

Cave de Tvrdos monastère caveau avec les tonneaux de vins


Nous avons la chance d’explorer la cave de Tvrdos, alors qu’il n’y a pas de visiteurs, mais la réputation justifie la venue de personnalités locales, de journalistes, de professionnels de l’œnologie ou de groupes de touristes principalement nationaux. Nous échappons donc à ce lieu qui pourrait être très différent et moins charmant quand les touristes amenés par des bus débarquent pour une dégustation payante durant laquelle le discours doit être plus formaté et moins constructif.

Nous ne sommes pas spécialistes en vins, bien que nous aimions en goûter et parfois en ramener dans nos bagages chaque fois que l’occasion se présente. Nous ne sommes pas en mesure d’évaluer si le vin est supérieur à ses voisins de la campagne du Konavle, l’arrière-pays de Dubrovnik en Croatie ou aux autres vins bosniens. Le Cabernet Sauvignon qui nous est servi pour débuter nous plaît. Le reste importe peu, dans la mesure où ces quelques gorgées ont déclenché l’envie d’en acheter un échantillon dans la boutique qui fourmilles de souvenirs, de bouteilles de vins et de liqueurs (rakija) et de produits alimentaires fabriqués par les moines.

Ici, nous avons été introduits par l’archimandrite Sava, l’un des dix moines vivant sur place et nous sommes accompagnés du moine initial qui nous a accueillis. Cela change tout au niveau de la transmission de la passion, alors que la renommée des vins de Tvrdos dans les Balkans pourrait les faire basculer dans les productions commerciales vu que 50% est exporté et qu’il est présent lors des principaux salons, événements en liens avec le vin dans les pays environnants.

Le caveau est impressionnant par l’atmosphère qui s’en dégage. Nous imaginons que ce que racontent les pierres de taille façonnant les murs et les voûtes, tandis que les éclairages soignés entre ombres et lumières renforcent cette impression de lieu privilégié. Presque béni des Dieux. Tout est fait pour que les tonneaux reposent dans les meilleures conditions.

Voir la vidéo : Vino i Vinogradarstvo – Podrumi Manastira Tvrdoš

Caveau du monastère serbe orthodoxe Tvrdos

Impossible de ne pas faire un détour par la boutique à la fin de la visite. Un des moines s’efforce dans un parfait anglais de donner des conseils pour bien choisir ses bouteilles et nous offre un cadeau, une icône, pour nous remémorer notre passage.

A moins de 40 min de Dubrovnik, cela constitue une agréable excursion hors des sentiers battus de Croatie.  

Pour ma part, j’ai approché la région de Trebinje, en optant pour une frontière presque perdue en suivant une déviation vers la BIH. C’est d’ailleurs cette frontière que je recommande aux voyageurs aventuriers souhaitant éviter la queue au seul poste frontière entre la Croatie et le Montenegro. Ces douanes nécessitent parfois plusieurs heures d’attente en haute saison, puisque de nombreux touristes en Croatie profitent de la proximité de Kotor pour y faire une excursion d’une journée et s’y agglutinent entre 10h et 18h, tandis que les postes intérieurs sont vides.

Monastère serbe orthodoxe de Tvrdos
carte itinéraire dubrovnik tvrdos
Carte Bosnie Herzégovine Trebinje

8 commentaires sur “Le monastère Tvrdos : une étape incontournable sur la route des vins de Bosnie-Herzégovine”

  1. Nous l’avons fait cet ete. C’etait sympa, le monastere est magnifique et j’encourage les personnes a y faire un arrêt ! 🙂 Juste même pour se laisser prendre par le lieu.
    Nous avons dormi a Trebinje 4 jours chez une gentil dame qui a eu la gentillesse de nous accueillir et avec qui nous avons partagé un excellent café turc. N’hésitez pas à goûter les figues séchées si vous en avez l’occasion sur votre chemin.. un pur délice !
    Merci Ideoz pour ce bon plan ! Nous avons apprécié notre visite. MERCI !!

  2. chose intéressante, ils sont serbes mais leur histoire est très différente de la Serbie, ils sont restés sous domination turque puis autrichienne plus longtemps. Les serbes de Serbie que les serbes de Bosnie parlent forts et sont agités, tout ça dans la plus grande gentillesse et la plus grande hospitalité.

  3. Pourtant la Republika Srpska est magnifique et les Serbes qui y habitent sont charmants et très authentiques !!!
    De plus rassurez vous, ils voient tellement peu de touristes qu’ils sont enchantés de rencontrer des étrangers, vous risquez juste de ne plus pouvoir reprendre le volant, si vous voulez je pourrai vous raconter beaucoup d’anecdotes sur la Republika Srpska.

    Allez voir le maire de Trbinje, c’est un grand francophone et francophile très distingué. Ca vous changera des usines à touristes de l’adriatique.

  4. Sandrine Monllor (Fuchinran)

    Je sais que ça n’intéresse pas grand monde mais mieux vaut un lecteur qui a appris que 1000 qui n’ont pas lu ! Merci pour la lecture et les commentaires!

  5. Un article comme j’aime. Bien écrit et documenté. Merci pour ce moment J’ai aimé suivre l’évolution du Monastère au travers des âges. J’ai aimé aussi particulièrement la rencontre avec ces hommes de foi qui s’occupent aussi de réjouir les papilles des visiteurs avec leur vin . Bravo Sandrine et merci d’avoir partage ce souvenir avec nous .

  6. Sandrine Monllor (Fuchinran)

    c’est sympa de donner le conseil pour la prononciation car c’est vrai que la langue n’est pas évidente même quand on fait des efforts. J’ai conseillé la visite à une voisine partie en Herzégovine pendant quelques jours.

  7. L’association de plusieurs consonnes présente de sérieuses difficultés de prononciation, notamment pour les français…ici T.V.R.D. signifie que les les quatre consonnes doivent s’entendre l’une après l’autre. Un exercice de style assez particulier que j’aimerais ouïr à l’oreille.

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