Je vais tenter aujourd’hui de m’éloigner de la politique. D’une certaine façon seulement… En tant qu’étrangère blanche, je bénéficie – à priori – du regard bienveillant de la part des thaïs, pauvres ou riches, parce que, en tant que touristes ou résidents-touristes, nous participons, à différents degrés, à l’économie thaïe (ou à l’effritement de sa culture… autre débat). Les thaïs n’ont pas de vieux compte à régler avec les colonisateurs que nous avons été par ailleurs, dans d’autres pays, ça doit sûrement compter, mais surtout, ils sont gentils, c’est dans leur nature et dans leur culture.
Les « académiques » (entendez par là intellectuels, majoritairement professeurs d’université), qu’ils soient thaïs ou étrangers, essayent d’expliquer les raisons profondes qui ont provoqué cette cassure dans la société thaïe et les luttes fratricides sanglantes qui ont suivi. Beaucoup refusent d’accepter ce que les occidentaux ont vu comme une lutte des classes : riches contre pauvres. « Ammat » (élite) contre Phraï (bas peuple), pour reprendre les termes utilisés par les protestataires eux-mêmes. Leur point de vue est le suivant – je cite – « Lutte entre deux factions, celle des « anciens riches » (la Thaïlande leur appartient depuis des générations) et des « nouveaux riches » qui ont profité des opportunités de la globalisation pour s’enrichir monstrueusement tel Thaksin Shinawattra. Pour illustrer ce propos, il suffit de remonter à la source du conflit « rouge »/ « jaune ». Une guerre qui a réellement démarré avec l’arrivée au pouvoir de Thaksin, qui, avec ses « façons » de nouveau riche justement, a fait trembler l’ordre ancien, guerre qui s’est terminée par son éviction du pouvoir par un coup militaire ».
Bref, je ne voulais pas parler politique, mais vous conter une anecdote, après ce détour apparemment sans importance. Retournons donc à mon propos initial : « les thaïs aiment bien les étrangers…..etc.… » J’ai, par le plus grand des hasards, rencontré, puis été accueillie par le monde des riches, la « jet set » très « bling bling » de Chiang Mai : bijoux, sacs, marques, griffes voitures, maisons avec cheminées ( !!) you name it ! La panoplie. Et le vocabulaire ad hoc. J’avais, jusqu’à cette époque, été surtout confrontée au monde des enseignants (des fonctionnaires : karadjaakarn) et à celui des ethnies de montagne, par choix et passion, avec un petit détour du côté des artistes fauchés de province. J’avais tous les atouts pour plaire et être accueillie a bras ouvert par cette classe montante. Tous sauf un !
Je parle beaucoup (hum.. j’écris beaucoup aussi), et comme je viens d’un univers télé, cinéma, politique, j’ai, lors de mes premières rencontres avec mes nouveaux amis, fait étalage de mon « background ». A bling-bling, bling-bling et demi ! Le mien ne manquait pas de panache : garden-party à l’Elysée sous Mitterrand, bises à Chichi aux expositions, rencontres radiophoniques avec tout ce que Paris comptait d’hommes politiques et d’artistes dans les années 80/90. Photos à l’appui. A Chiang Mai, je suis de tous les dîners. À la place d’honneur. Tourbillon chez designers, architectes, mannequins, avocats, propriétaires de Spa et boutiques-hôtels luxueux. Je n’étais dupe de rien (j’ai du vécu, en tant que ex casting director), et je voyais bien que plus je m’étalais, plus je flattais mes hôtes. Princesse j’étais donc. Mes photos, faisaient l’admiration de toute la bande, elles allaient être exposées chez le propriétaire de l’hôtel-spa de luxe, ne restait plus qu’a décider de la date…ET c’est là où je commets l’erreur de sortir la photo de mon « chéri », en uniforme de « teacher ». Je suis contente de parler de lui, et je ne vois pas encore les visages se figer.
Lorsque je me présente comme convenu au rendez-vous fixé par le propriétaire du SPA, que je ne nommerai pas, par charité ex chrétienne, l’hôtesse me répond : « il n’est pas là ».Bon, il ne va pas tarder, j’attends, avec mon carton a photos sous le bras. D’abord souriante et indulgente, puis au fur et à mesure que le temps passe, avec impatience, puis franchement agacée. Enfin, lorsque le doute n’est plus permis et qu’il s’est écoulée plus d’une heure, j’éclate d’un grand rire intérieur. Et je pars avec mes photos sous le bras… pour ne plus jamais entendre parler de mes amis bling-bling.
Femmes Isan en train de rire - Thailande
Les mondes ne se rencontrent pas en Thaïlande, on est tous frères, mais on ne mélange pas les genres, qu’aurait fait un vulgaire “karadjaakarn” dans cette société où les hommes avaient une culture de grandes écoles américaines et les femmes une culture de grands magasins avenue Montaigne. ? « Ohhh Chaneeeeel !!!! » me disaient-elles toutes les trois minutes pour me montrer qu’elles parlaient français !!!! Mon ami parle un anglais appris en Thaïlande, il prononce les finales “d” en “s”, et puis je l’ai bien emmené à Venise mais, réflexion faite, il a trouvé que ce n’était que « de vieilles maisons ». Eh oui, la culture mondiale est l’apanage des riches en Thaïlande.
J’ai depuis, choisi le camp des laissés-pour-compte, des Karen, des Isan, des Lissu ou des Palaung… au moins eux ne me crient-ils pas dans les oreilles toutes les trois minutes : « Chaneeeeel ! »
Thaïlande - femme Isan
Photos de Lissu, de Moussur, de Karen rouge
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Michèle Jullian
Partage ma vie entre Thaïlande et Paris ... Intérêts: les voyages, la photo, l’écriture, vient d’écrire un roman "théâtre d'ombres" qui a pour décor la Malaisie et la Thaïlande
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Le blog de Michèle, une femme à la croisée des cultures
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