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IDEOZ Guide voyage sur l’Europe : organisez un séjour qui vous ressemble Forums CROATIE Très déçus par la Croatie et les Croates : nous ne conseillons pas des vacances en Croatie Reply To: Très déçus par la Croatie et les Croates : nous ne conseillons pas des vacances en Croatie

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Bonjour,
Personnellement, je reviens d’Espagne (Castille, Aragon) où je n’étais pas allée pour des vacances depuis longtemps car c’est le pays d’une partie de mes origines et y étant allée souvent en vacances pendant mon enfance, mon adolescence afin de mieux la découvrir dans ses différences culturelles et identitaires, je m’en étais détournée pour appréhender de nouveaux territoires, plutôt vers l’Europe de l’Est.

Finalement, je suis ravie d’avoir redécouvert l’Espagne et je vais me risquer, ce que je fais peu souvent, à quelques comparaisons, même si sur le plan de l’histoire, de l’ère culturelle, les deux pays n’ont pas de rapport. Je suis allée assez en Croatie depuis 1995 pour me permettre de jauger mes impressions par rapport aux Croates. Je dirais que l’accueil, la convivialité des espagnols a de mon point de vue peu d’équivalents et ce n’est pas lié qu’au goût de la fête que les espagnols peuvent avoir avec leur mode de vie tardif et leur attrait pour les tapas ou encore avec le temps assez chaud qui favorise une vie à l’extérieur.

Il y a dans chaque pays des perceptions du tourisme, un maturité différente face au tourisme, également une culture à l’égard des étrangers. La Croatie a eu sous Tito une politique touristique forte donc la Croatie ne s’est pas découverte comme pays touristique du jour au lendemain, mais ce Les croates sont emprunts encore aujourd’hui d’un fort sentiment nationaliste compte tenu de la jeunesse de leur état indépendant. Ils sont aussi pris entre des influences centrales, slaves, italiennes, liées aussi à des invasions ou occupations qui ont laissé des traces pendant des siècles et expliquent pourquoi parfois, ils ont des affinités avec des peuples (allemands, autrichiens) plutôt qu’avec d’autres et pourquoi à l’intérieur même du pays, il y a des différences entre affinités puisque l’Istrie n’aura pas la même identité et ses habitants n’auront pas le même caractère qu’en Dalmatie, en Lika dans les montagnes près de Plitvice ou dans la plaine du Danube à l’est.

En réalité, en ex Yougoslavie, il y a une mosaïque de peuples, de cultures et une histoire très complexe qui a généré des types de comportements plus ou moins ouverts. Je me souviens avoir discuté avec une amie slovène (la soixaintaine) mariée à un croate qui a fait sa vie en France et elle m’avait expliqué pourquoi en Slovénie et globalement en Croatie, les serveurs dans les restaurants étaient froids et distants, car cela tenait à l’éducation qui avait été donnée pendant la longue période communiste et la perception que l’on avait du restaurant comme lieu de « luxe » où l’on ne va pas pour manger en réalité mais pour montrer que l’on a les moyens d’être servis. C’est donc resté comme une forme de déformation éducationnelle.

Pour avoir été plusieurs fois dans chacun des pays d’ancienne Yougoslavie, j’ai toujours trouvé que la Serbie, y compris après la guerre de Bosnie ou la guerre du Kosovo, était un pays où les serbes sont avenants, hospitaliers, sauf peut-être un peu moins (sans que ce soit aussi patent qu’en Croatie) dans les restaurants, les hôtels, ces lieux de service formatés où la distance correspond finalement à la même éducation que ce dont me parlait mon amie slovène. Mes amis serbes m’ont confirmé la même chose. L’accueil en Serbie est en général assez extraordinaire et la plupart des touristes qui peuvent y aller avec une certaine appréhension à cause de l’image héritée des guerres durant les années 90 devraient le confirmer. Je ne pense pas avoir eu le moindre déboire dans ce pays, alors que plusieurs de mes voyages en Croatie ont été ponctués de rencontres déplaisantes, de personnes distantes, froides, souvent très peu respectueuses qui ne répondent même pas quand on leur demande le prix d’un produit…

Bien sûr, il y a eu aussi de très jolies rencontres, mais les croates avec qui j ‘ai sympathisé et avec qui j’ai gardé contact et avec qui j’ai pu discuter à propos du comportement à l’égard des touristes m’ont dit qu’en effet les croates ont beaucoup de mal à accepter parfois que la Croatie devenienne à nouveau un pays très touristique à l’échelle désormais de l’Europe et du monde (Russes, Canadiens…) avec 10 millions de touristes en 2013 et des destinations de tourisme de masse telles que Dubrovnik, ce qui est renforcé par le tourisme de croisières.

Il y a une ambivalence liée au fait que brutalement, la Croatie a explosé grâce aux coups promotionnels réalisés par les agences de voyage qui ont fait du pays une destination à prix attractifs il y a 10 ans avant qu’elle devienne de plus en plus chère (surtout depuis les printemps arabes qui ont éliminé des destinations traditionnelles comme la Tunisie, l’Egypte. La Croatie a effectué un rattrapage rapide, dont la conséquence est la hausse du coût de la vie en Croatie sans que les salaires suivent toujours et moins encore la considération portée aux travailleurs qui exercent dans le tourisme sur place. Beaucoup de croates sur le littoral d’Istrie, de Dalmatie et du Kvarner, ou autour de Plitvice, dépendent du tourisme sans en assumer les conséquences, par exemple. D’où une ambivalence entre l’envie de profiter du touriste et de gagner plus d’argent en moins de temps et un sentiment de vendre une partie de son âme, de son héritage, de son patrimoine aux touristes étrangers qui assurent 20% des entrées dans l’économie croate. Du coup, dans des villes comme Dubrovnik, déjà indépendantes de la Croatie par leur statut et très fières, les habitants ont conscience que les touristes apportent de l’argent, mais ils considèrent encore plus qu’ils nuisent à la ville par leurs comportements, certaines marques d’irrespect etc. Il est difficile de croiser un « vrai » habitant de Dubrovnik et plus encore un habitant ouvert qui ait envie de partager beaucoup avec des touristes. Mais serait-ce différent au Mont Saint Michel par exemple?

De plus comme en Grèce, il y a une forte crise économique et des difficultés sociales en Croatie : de nombreuses îles ou îlots sont vendues, des terrains achetés par des promoteurs pour bétonner le littoral et le transformer dans le seul but de satisfaire aux exigences des touristes à bon pouvoir d’achat.

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