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Les Adieux à la reine de Benoit Jacquot : un film assez bancal

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Inspiré du livre du même nom de Chantal Thomas, Les Adieux à la reine raconte en détail les quatre journées qui ont suivi la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, à travers le regard de Sidonie Laborde, lectrice attitrée de la Reine et fortement éprise de cette dernière. Alors que les nouvelles de la révolution parviennent peu à peu à atteindre Versailles, la panique s’empare du château. Les nobles s’enfuient, alors que le roi (et son entourage) font le choix de rester.

La Critique de L.N

Ou comment traiter un événement historique majeur par l’anecdotique

affiche les adieux à la reine de benoit jacquot

Le parti pris du film était de montrer l’Histoire au présent, à travers le regard d’une humble qui va suivre les événements sans les analyser et en étant emportée par eux. Parmi les choix du réalisateur, on peut citer également son souci de montrer Versailles sous un jour moins fastueux, de décrire la Reine comme une star versatile, la prise de la Bastille comme le 11 septembre 2001, la fuite de Versailles comme celle du Titanic et enfin de présenter Sidonie comme une groupie avant l’heure. Voilà les intentions, mais qu’en est-il réellement du film?

Certes on apprécie particulièrement les plans dans Versailles, et l’atmosphère qui y règne. La grande Histoire se déroule bien sous nos yeux, dans un temps présent et au milieu des domestiques mais on ne peut pas en conclure que cela apporte quoi que ce soit au film. L’anecdotique ici verse rapidement dans l’ennuyeux.

Il est certes intéressant de plonger le spectateur au beau milieu d’un événement sans forcément lui en donner les clefs (selon l’adage de Bertrand Tavernier, un personnage historique ne va pas commenter ce qu’il vit), mais ici 1) certains personnages finissent par nous expliquer ce qui se passe (comme lorsque le Roi quitte son cabinet par exemple et que l’archiviste détaille les noms et les titres de ceux qui le composent) et 2) contrairement à Tavernier, Jacquot n’arrive pas à rendre compte de l’époque.

Peut-être qu’à force de comparer ces quatre jours à des évènements contemporains, il en a oublié l’essentiel: décrire la nature et la portée de ces événements pour/par ceux qui les ont vécus. J’ai eu sans cesse l’impression que tout était faux. Diane Kruger n’est pas convaincante en Marie-Antoinette. Xavier Beauvois est ridicule en Louis XVI. L’histoire d’amour entre la reine et Gabrielle de Polignac (interprétée par Virginie Ledoyen) sonne creux.

J’ai donc pris peu de plaisir à voir ce film. Le Marie-Antoinette de Sofia Coppola était certes a-historique, mais au moins on prenait plaisir à suivre les déambulations de cette reine facétieuse. Seul point positif du film de Jacquot, et pas des moindres, j’ai été extrêmement touchée par la présence à l’écran de Michel Robin, que je n’avais pas vu depuis si longtemps. Rien que pour ses scènes, cela vaut le coût.

— LN

Les Adieux à la reine : quand les rats quittent le navire

La critique de Mathieu

Pas mieux que H. Un fim bancal et au final raté. Il y a un côté happening (dans le sens on réunit trois grandes stars féminines du cinéma français, c’est-à-dire Diane Kruger (une Marie-Antoinette capricieuse), Virigine Ledoyen (Gabrielle de Polignac, inexistante) et Léa Seydoux (Sidonie, plus crédible)) un peu irritant car, en fin de compte, l’apport de ces actrices au propos reste très faible.

les adieux à la reine louis xvi et marie antoinette

De manière plus générale, les acteurs « prestigieux » sont mauvais, montrant qu’ils savent qu’ils jouent ou jouant qu’ils jouent, comme s’ils voulaient absolument se démarquer de la sincérité de leurs personnages dans leur expérience des évènements qui les touchent. Ainsi, Marie-Antoinette nous livre un discours sur l’amour lesbien mais très peu en prise avec qui il est; Louis XVI s’étonne de ce que « le peuple ne veut pas seulement du pain, mais le pouvoir, alors que moi j’ai toujours pensé que c’était une malédiction dont on hérite », propos qui pourrait être très juste à propos du roi, mais qui là sonne faux, ce qui montre l’échec de l’entreprise. Mais de quelle entreprise s’agit-il d’ailleurs?

Car il faut se poser la question de l’argument du film et du regard porté sur la Révolution. Alors oui, on voit que Marie-Antoinette est capricieuse, mais à la limite je dirais que c’est bien mal comprendre le personnage bien plus complexe dans son refus d’une étiquette qui la corsette et dans sa volonté de jouer en même temps un rôle politique. Alors, effectivement, le regard porté sur le monde aristocratique n’est pas complaisant. Il n’empêche, une chose m’a frappé: les nobles quittent effectivement le royaume comme les rats quittent le navire (puisqu’il s’agit du Titanic apparemment). Or, on est qu’au tout début de ce qui n’apparaît pas forcément encore comme une révolution et qui manque encore singulièrement de révolutionnaires. Cet empressement à décamper interroge: étaient-ils donc aussi conscients d’avoir ainsi faillis à leur peuple qu’ils le redoutassent à ce point?

les adieux à la reine marie antoinette et sa confidente

Autre problème: le regard des domestiques sur ce milieu. Certes, il y a une distance entre les domestiques et les aristocrates, mais les domestiques, tels qu’ils nous sont montrés en tout cas, sont comme des lunes en orbite autour des soleils que sont les princes et les princesses. Et comme nous suivons Sidonie, transie d’amour pour la reine, on n’a que peu de contrepoint. Et il est intéressant de noter que rapidement, lorsque Sidonie sort de Versailles, le troisième membre du peuple qu’elle voit depuis son carrosse est un gueux qui lui fait signe de vouloir lui couper la tête. Regard déformé, bien sûr, regard d’une servante mais d’une servante de la Cour… Une réplique est à ce titre particulièrement parlante, à propos d’une servante qui va épouser un autre domestique: « c’est un bon mariage, le cousin de son futur époux est premier valet du roi ».

Du coup, cela devient sidérant à quel point la Révolution, encore une fois, est présentée sous l’angle du chant dy cygne d’un monde certes corrompu mais empli de grâce sans que l’on voit ce qu’elle a cherché à bâtir.

— Mathieu

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