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1864 Amour et trahisons en temps de guerre ; une page fondatrice de l’histoire du Danemark

1864 Amour et trahisons en temps de guerre

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1864: BRØDRE I KRIGle Téléfilm 1864 Amour et trahisons en temps de guerre d’une durée de 2 heures est l’adaptation d’une mini-série historique éponyme en 8 épisodes de 56 minutes. Réalisé également par Ole Bornedal, le téléfilm 1864, de facture très classique sur le fond comme la forme, se regarde sans déplaisir, mais ne parvient pas à convaincre.

Un épisode fondateur de l’histoire du Danemark sur fond de guerre des Duchés entre Danemark, Prusse et Autriche


Au Danemark, au milieu du XIXème siècle. Deux frères Laust et Peter, inséparables depuis l’enfance, aiment leur amie Inge, fille de l’intendant du château où ils travaillent depuis la mort de leur père. Tous trois grandissent, se rapprochent toujours plus et se promettent de tout faire ensemble. Alors que leur père, cultivateur, était revenu blessé de la première guerre de Schleswig contre la Prusse et l’Autriche, plus de dix ans auparavant, Laust et Petar, décident de s’engager, la fleur au fusil, dans la seconde guerre contre la Prusse et l’Autriche.

Je me suis laissée embarquer rapidement par le triangle amical et amoureux et par les événements venus bousculer les rêves d’enfance et d’adolescence et je le reconnais sans ambages : sûrement, sans cette dimension sentimentale, n’aurais-je pas eu la même curiosité pour cette intrigue?! Bien qu’historiquement, ce téléfilm soit visiblement critiqué par les connaisseurs, pour son manque de rigueur, j’ai découvert un épisode qui m’était inconnu: la guerre des Duchés ; une guerre de succession, également appelée seconde guerre prusso-danoise ou guerre du Schleswig, qui se déroule de janvier à octobre 1864.

Je ne peux pas dire que le téléfilm ait contribué à m’instruire, vu que l’histoire y est abordée de façon parcellaire et insatisfaisante, mais ses lacunes m’ont obligée en définitive à mieux m’informer sur cette page d’histoire du Danemark dont je suis ignorante. Et en cela, je la remercie. Je ne peux que vous renvoyer à cette page sur 1864, l’indicible question des duchés danois, l’évolution des frontières du Schleswig au cours des siècles et cette synthèse à propos des guerres des duchés qui vous donneront quelques bases utiles.

1864 amour et trahisons en temps de guerre : départ des danois pour le terrain de bataille


1864 est une date cruciale dans l’histoire du Danemark, en dépit de la douleur et des pertes qui y sont associées pour les Danois. Au nom d’une grandeur fantasmée, qui mènera à la décadence et l’humiliante défaite, le Danemark condamnera à la mort une grande partie de ses forces vives. Forcément, l’effet de condensation en 2h fait perdre beaucoup de la dimension de fresque que revêt la série. Les relations du trio depuis l’enfance sont abordées dans un court préambule, alors que la série laisse une large place aux caractères et aux relations entre les personnages.

Le téléfilm 1864 Amour et trahisons en temps de guerre a beau nous plonger dans une partie de la seconde guerre du Schleswig ; plus précisément dans la bataille de Dybbøl, il échoue dans son objectif pédagogique. Il manque cruellement de didactisme et souffre d’une absence de contextualisation territoriale, idéologique et sociétale, qui empêche la compréhension des événements et des trajectoires. Il n’y a guère de repères sur ce qui constitue la mentalité du Danemark, sa relation vis-à-vis du Schleswig, ni de présentation des acteurs présidant à la destinée du pays et les forces arbitrant les conflits de voisinage. On cherche en vain les indications historiques préalables, indispensables pour permettre au spectateur non initié sur cette période de comprendre les enjeux, les forces en présence et leurs prétentions.

En 1864, le peuple du Danemark, pétri de nationalisme et animé par un esprit belliciste, se revendique à travers les ambitions de ses dirigeants comme un « peuple élu de Dieu ». Le Danemark ambitionne de conquérir de nouveaux territoires pour s’agrandir au détriment de la Confédération allemande et de la Prusse. Les Prussiens et les Autrichiens progressant dans le Schleswig-Holstein, ils poussent le Danemark à la guerre. 35 000 danois seront envoyés sur le front de cette campagne militaire et beaucoup périront face à quelques 90 000 Prussiens et autrichiens, beaucoup mieux dotés en armements. Mais on ne comprend pas comment ce Danemark de 1864, en quête identitaire sur le plan politique et idéologique, est poussé par une ferveur nationaliste et s’engage dans des conflits qui verront périr nombre de ses hommes.

Le téléfilm historique se penche en particulier sur l’épisode de la bataille décisive de Dybbøl entre le 2 et le 18 avril, qui aboutit à la victoire des Prussiens, alors que les Danois avaient misé pour leur défense sur le système de Danevirke, à savoir 30 km de fortifications héritées du temps des Vikings. Un conseil, néanmoins : pour bien le comprendre, imprégnez vous un peu de l’histoire des deux guerres du Schleswig, en lisant quelques sites ou livres, sous peine de passer au travers du sujet. Le téléfilm ne donne pas les indications suffisantes pour reconstituer, même modestement les événements préalables à la bataille de Dybbøl, ni un déroulé clair de celle-ci.

Visiblement, le réalisateur part du principe que le téléfilm 1864 : Amour et trahisons en temps de guerre sera regardé par des Danois qui ont appris cette page dans les livres d’histoire et il omet toute cette présentation élémentaire durant laquelle on peut appréhender un espace, un temps et une société. Il est frustrant de ne pas pouvoir saisir toutes les circonstances de ce conflit aux complexes ramifications pour justifier les tenants d’un pouvoir capable de sacrifier les forces vives de sa Nation, sur l’autel de la raison politique. Ces hommes semblent placés sur l’échiquier d’une guerre qu’ils ne comprennent pas forcément ; ils ne servent que de chair à canon.

1864 Amour et trahisons en temps de guerre scène de boucherie après la bataille

1864 Amour et trahisons en temps de guerre : deux frères embarqués dans une autre guerre

Si vous êtes sensible à la fibre romantique, le téléfilm 1864 Amour et trahisons en temps de guerre, s’avérera très décevant. La dimension mélodramatique est encore plus simpliste que le laissaient présager les 10 premières minutes du film.. L’histoire d’amour qui lie Laust, Peter et Inge se dissout vite sur le champ de bataille, alors qu’elle devait donner le souffle romanesque à l’intrigue. A partir du moment où Peter comprend la trahison de son frère, en découvrant que Laust et Inge n’entretenaient pas une relation platonique, la rupture s’opère brusquement, sans qu’on assiste par la suite à un affrontement, une confrontation, ni au moins à une exploration de l’intériorité des personnages.

La richesse sentimentale que recelait le sujet grâce au trio amoureux est réduite à peau de chagrin, en dépit de quelques poncifs. Les personnages archétypaux n’arrangent rien à l’affaire. La trahison et possible rivalité fraternelle n’est pas exploitée comme elle le mériterait, quitte à utiliser de grosses ficelles scénaristiques. Elle est même évacuée, probablement pour mieux rappeler que la boucherie que représente une bataille ne laisse pas le temps de s’appesantir sur ses drames intimes. Ceux-ci sont tellement survolés, que les trois héros deviennent insignifiants et creux. Comme des grains de poussière, sans dimension psychologique, ni intériorité. Leurs états d’âme, sentiments et rancoeurs échappent trop rapidement au spectateur, qui est ramené de force à la seule action sur le terrain et à l’apparente gratuité des combats, jusqu’à l’heure de la défaite, au détriment.

Les guerres sont rarement avares en horreurs, cruautés et actes de brutalité. 1864 Amour et trahisons en temps de guerre n’y déroge pas. Conforme aux attentes sur ce plan, le téléfilm ne parvient toutefois jamais à vraiment prendre aux tripes, alors que la série plus mélodramatique comporte une charge émotionnelle omniprésente. Réduire 8h de spectacle en 2h entraîne forcément des choix et des ellipses parfois importantes. Mais ici, elles sont bien trop nombreuses pour donner une vision satisfaisante des relations entre les personnages principaux.

Certes, les amateurs de films de guerre trouveront leur compte, dans la mesure où le téléfilm dépeint avec un souci du détail, la barbarie que vivent ces hommes inexpérimentés, obligés, dans chaque camp, d’obéir aux directives arbitraires de leurs supérieurs, en sachant qu’ils ne reviendront pas vivants et seront ainsi sacrifiés, sans y trouver de motif de fierté. La réalisation n’édulcore jamais les scènes représentatives de l’absurdité de cette boucherie, au profit des histoires des héros, mais j’ai trouvé regrettable le quasi effacement des destinées individuelles.

Comment la guerre a-t-elle impacté sur les personnages centraux ou annexes? On l’entrevoit à peine. Si les affres de la guerre soulignent en général les fragilités des hommes, les actes d’accomplissement qui font grandir Laust, Peter et Inge dans leurs épreuves, sont au mieux bâclés ; au pire éludés, au point qu’on en oublie que leur triangle amoureux était censé nous transporter dans la grande Histoire et nous la révéler aussi à travers leur expérience intime. Fiers de leur Patrie, galvanisée par les victoires danoises face à ses ambitieux voisins, Laust et Peter s’étaient engagés comme une évidence. Sans se poser de question. Mais quel dommage de ne pas mieux cerner ce qui alimente ce patriotisme et ce sens du sacrifice et comment cela contribue à façonner les hommes qu’ils deviendront sur le terrain. Les scènes de carnage l’emportent, balayant toute la candeur et la naïveté de ces jeunes hommes, pas encore tout à fait adultes, qui sont quasiment propulsés de l’enfance jusqu’à l’âge adulte en une poignée de minutes.

Les efforts visuels et les choix de mise en scène viennent heureusement compenser la faiblesse de la dramaturgie des destins. Les décors, les costumes et les scènes de bataille sont convaincants, tandis que la balance entre musiques, bruits, chants des oiseaux et silences crée une atmosphère à part entière et donne une autre perception de la guerre. Les acteurs livrent une prestation sérieuse, même si le téléfilm ne permet guère de s’attacher aux personnages, dont au final on sait peu de choses, si ce n’est rien pour tous les personnages secondaires.

Malgré des défauts saillants, une histoire d’amour prévisible et des personnages très normatifs à la personnalité tout juste effleurée qui n’émeuvent pas autant que je l’aurais souhaité, je n’ai pas vu pas passer les 2 heures. Elles sont rythmées par l’enchaînement des assauts des ennemis et les courts répits, qui éclairent trop partiellement sur les motivations aidant les hommes à résister dans l’enfer et tenir moralement, alors qu’ils sont confrontés à des atrocités et conscients pour beaucoup de la condamnation à une mort prochaine. Jamais ces combattants ne semblent vraiment savoir pour quelle cause ils sacrifient leur vie … La série 1864: BRØDRE I KRIG ne manque pas de défauts également, mais elle reste un meilleur investissement pour retrouver un peu de l’épaisseur manquant aux personnages et à l’intrigue dans le téléfilm.

Un très convaincant article pour vous donner envie de voir la mini série danoise 1864 amour et trahisons en temps de guerre

1864  Amour et trahisons en temps de guerre téléfilm affiche
Sandrine Monllor (Fuchinran)

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