Ne retenez pas de l’Afrique l’image présentée par France Inter le 22 juillet dernier. Dans le cadre de sa programmation estivale, la station de Radio France propose de se pencher tous les matins sur les codes amoureux de différents pays à travers le prisme de Lovely Planet . Une émission animée par Olivia Gesbert.Focus il y a donc quelques jours sur le Togo. Une allégorie de l’Afrique servie de main de maître par le talentueux conteur Koffi Fiangor . Un exotisme bon teint qui ferait presque oublier le drame qui se joue au Congo .
Le Congo actuel n’a rien à voir avec celui de Tintin. Ce pays maudit n’en finit pas de sombrer dans l’inhumanité la plus profonde et désespérante. Une situation décrite dans le rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW), rendu public le 16 juillet dernier.
Celui-ci s’attarde sur les violences sexuelles perpétrées par l’armée régulière, qualifiées de “généralisées”. Dans ce paysage de désolation, au cœur des ténèbres, les nombreux casques bleus présents hétéroclites et désorganisés réunis au sein de la MONUC , plus importante force de la paix dans le monde, apparaissent comme le témoignage d’une bonne conscience internationale vite et mal assumée .
En RDC , on ne conte pas fleurette . Le viol y est une arme de guerre largement utilisée pour terroriser, punir et contrôler les populations.
Pas de codes amoureux, pas de morale, pas de tabous. Les violences sexuelles qui “ont encore doublé, voire triplé”, selon HRW, touchent toutes les femmes. De 3 à 80 ans. Les victimes sont souvent des enfants (65 %), parfois âgés de moins de 10 ans (10 %).
Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a ainsi recensé, pour 2008, 15 996 nouveaux cas de violences sexuelles dans l’ensemble du pays. Au total, le chiffre de 500 000 viols est avancé. En 1998 Le Tribunal Pénal International de la Haye a qualifié le viol de masse de crime contre l’Humanité.
Lovely planet, effectivement.
Le conteur togolais Koffi Fiangor est un merveilleux conteur qui a su créer une ambiance Africaine d’enfer lors de la fête que nous avons donné avec mes élèves l’an passé au festival de l’Oh
Ne pas résumer l’Afrique au folklore, certes, mais l’aspect guerre, violences, famines… est tout aussi réducteur.
Étrangement les Européens savent très bien comment meurent les Africains, comment ils souffrent, de quoi ils sont malades… mais ils ne savent pas comment ils vivent. Ils ne connaissent pas non plus une culture orale vigoureuse transmise par les conteurs et griots, et ne soupçonnent même pas une littérature francophone qui devient très abondante sans parler des anglophones du Nigéria à l’Afrique du Sud
Arrêtons avec le misérabilisme!
Ce qui n’empêche pas de soutenir toutes les actions des ONG pour la paix, contre la faim, pour les Droits des Femmes, des enfants…