Le hareng en fourrure ou un le hareng sous un manteau de fourrure est le plat typique du Nouvel An en Russie pour beaucoup de Russes. Mais quelle est l’origine de ce plat au drôle de nom ?
Olga Sutkine, historienne de la cuisine soviétique, nous livre l’histoire de ce plat si fameux pour les Russes : le hareng en fourrure : Selidi pod shuboi.
Ne pas trahir le goût lié à l’enfance, c’est la règle principale en matière culinaire russe. C’est la raison pour laquelle même la cuisine contemporaine reprend les goûts des plats traditionnels. La célèbre salade Olivier, incontournable des fêtes en Russie, en est la preuve.
Son concurrent, le plat répondant au nom étrange de « hareng sous son manteau de fourrure » est un autre exemple de cet amour à la limite de l’addiction. Même à l’époque soviétique, en période de pénurie alimentaire, les femmes russes savaient improviser cette salade de fêtes avec de banales pommes de terre, des betteraves et du hareng, qui eux étaient toujours disponibles sur les étalages.
Les origines du hareng en fourrure
Qui donc est l’auteur de cette spécialité culinaire ?
Personne ne le sait vraiment…
Aujourd’hui, les sites internet russes proposent une histoire amusante sur ce sujet. On écrit que juste après la révolution d’octobre, Anastase Bogomilov, propriétaire d’une auberge, a souhaité créer un nouveau plat qui serait à la fois bon, copieux et porteur de sens politique. Il a chargé son chef cuisinier de cette mission. Ce dernier s’est surpassé : le hareng dans sa nouvelle salade incarnait le prolétariat, et les légumes, les paysans. La couleur de la betterave évoquait le triomphe des « rouges » et la mayonnaise, en tant qu’invention française, devait attirer les contre-révolutionnaires qui restaient dans l’ombre.
Ce plat a été baptisé par l’acronyme des mots suivants « l’Anathème et le Boycott au Chauvinisme et à la Décadence », Шовинизму и Упадку Бойкот и Анафема, ce qui donne en russe, ШУБА et dont le nom signifie « manteau de fourrure ».
Bien sûr, après vérification dans les registres des commerçants avant la révolution, il n’y a jamais eu de Bogomilov.
De plus, il est difficile d’imaginer l’existence d’un restaurateur dans la période post-révolution. Cette interprétation n’est donc qu’une blague lancée par un journaliste il y a une dizaine d’années. On ne pouvait alors pas prévoir qu’elle serait prise au sérieux et diffusée et rediffusée sans cesse dans les médias.
En effet, la recette du hareng sous manteau de fourrure n’apparaît dans les livres culinaires soviétiques qu’à la fin des années 60 ou au début des années 70. Avant, il n’y avait rien de semblable à ces couches de pommes de terre, de betteraves, de harengs et de mayonnaise. Certains plats similaires existaient à la fin du XIXème siècle mais la ressemblance avec la recette soviétique est lointaine. Celle-ci est apparue par hasard dans la cuisine d’une femme russe qui l’a partagée avec ses invités, qui en ont fait de même avec tout le pays.
Il y a peu, lors d’une conférence, nous avons demandé au public ce qu’il comptait cuisiner pour le Nouvel An : la salade Olivier ou le hareng sous manteau de fourrure ? Les opinions ont divergé dans une proportion respective de 55% et 45%. Ces deux plats font la course côte à côte. En Russie, ils sont toujours les véritables symboles des fêtes de fin d’année.
Pour en savoir plus sur les secrets de sa recette du hareng sous son manteau de fourrure.
Voyager en Russie à sa table
Une variation du hareng en fourrure comme on le prépare en Biélorussie et certaines régions russes
Recette allégée du hareng sous la veste de fourrure
Olga Sutkine livre une version plus légère pour adapter ce plat de fête
Recette de la Salade russe Olivier
Un plat associé au Nouvel An en Russie mais popularisée ailleurs en Europe et même en Polynésie