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HIS le film : le difficile combat de l’homoparentalité au Japon

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Le film His est la suite de la série japonaise « BL » His I didn’t think I would fall in love. Nagisa Hibino et Shun Igawa se sont aimés dès le premier instant de leur rencontre lors de leur adolescence puis se sont séparés. Désormais papa, Nagisa se bat pour la garde de sa fille et renoue avec son grand amour. Un film attachant, tout en simplicité, sur la difficulté de l’homoparentalité au Japon, alors que la société aux penchants conservateurs continue à considérer qu’une mère est la seule capable d’élever un enfant et que l’homosexualité rime avec anormalité et vie dissolue.

His : Bien plus qu’une histoire de couple, une histoire d’amours douce amère

his film japonais lgbt

« Vis ta vérité ». Quelle belle leçon. S’il n’y avait qu’une phare à retenir de His ce serait bien celle-là. Si vous avez vu et aimé comme moi la série japonaise dans la catégorie Boys Love (BL) HIS I didn’t think I would fall in love, il existe une suite sous forme de film His réalisé par Imaizumi Rikiya en 2020 et sous-titré en français. La série en est donc le préquelle.

L’histoire se déroulait en 2007, quand Nagisa et Shun se rencontrent lors de vacances de printemps dans une petite ville en bord de mer et sont confrontés à leurs premiers émois. Dans le film, les adolescents sont devenus adultes et rien ne nous est dit de la façon dont ils ont vécu leur relation, ni pourquoi ils se sont séparés. Logiquement, les acteurs sont différents et le contexte est totalement nouveau donc on peut regarder le film sans avoir vu la série et inversement. Je ne saurais d’ailleurs dire dans quel sens il est préférable de les visionner.

Quand on fait le chemin par hasard comme moi en commençant par la série His, I didn’t think i would fall in loven, on a l’impression d’avoir suivi une mini série simple sur un carré amoureux d’adolescents, qui a éludé beaucoup jusqu’aux dernières minutes pour exploser en quelques instants, sans donner de place à ce couple et je me sens balancée dans leur vie comme s’ils étaient toujours des étrangers. Le film me les rend plus familiers et surtout plus attendrissants, au point d’avoir envie de revoir la série et d’apprécier les choix scénaristiques, qui à l’origine avaient été sources de frustrations. His s’avère être une pépite méconnue et sous-estimée par les amateurs du genre BL. Probablement parce que beaucoup ont besoin d’action, de fusion, de passion et d’aller droit au but, alors que le scénario s’évertue à nous amener au coeur des choses, sans mettre le couple d’amoureux au centre de l’histoire. Et c’est parfait.

Mon avis sur le film His en bref

Réalisation : Imaizumi Rikiya
Titre His ~恋するつもりなんてなかった~
Interprètes : Hio Miyazawa, Kisetsu Fujiwara, Wakana Matsumoto, Honoka Matsumoto
Origine : Japon
Langue : Japonais
Genre : Romance, Drame, Homoparentalité, Gay 
Durée : 2h05

his film japonais homoparentalité
Histoire
Intérêt des personnages
Acteurs
Réalisation
Décors
Musique
Expérience du spectateur et émotions

Un film positivant malgré ses accents mélancoliques

La relation de Nagisa et Shun qui se sont connus et aimés à l’adolescence puis séparés, s’épanouit enfin, quand ils se trouvent réunis par le divorce compliqué de Nagisa.

Où voir le film His ?

Sur VikiSur Asiandrama en vostfr

La série His – I Didn’t Intend to Fall in Love / His – Koi suru tsumori nante nakatta est disponible sur Viki en vostfr, Asiandrama en vostfr et des extraits sur la chaîne Youtube Gagaolala en anglais.



4.1

Vis ta vérité

film his shun sora et nagisa

Des années après leur rupture pendant leurs études, Nagisa (Kisetsu Fujiwara)  revient inopinément vers Shun (Hio Miyazawa) qui vit désormais à la campagne comme agriculteur et s’efforce d’oublier son grand amour. Il est accompagné de Sora, sa fille de 6 ans, et est en pleine tourmente en raison d’un divorce compliqué. Il lutte pour obtenir la garde en dépit du fait qu’il n’ait pas de logement, ni d’emploi pour subvenir à ses devoirs de père au foyer. Sous le choc, Shun accepte de les accueillir. Alors que les deux amants se sont séparés sans qu’on sache pourquoi il y a des années, Nagisa révèle n’avoir jamais pu oublier son amour pour Shun et leur destin les embarque dans la dure bataille de l’homoparentalité.

Certes, j’aurais apprécié que le film m’emporte un peu dans les souvenirs de l’histoire passée en tant que jeunes adultes au moment où Nagisa et Shun ont essayé d’être en couple et après tout, ce sera peut-être une matière pour une nouvelle suite du préquelle. Mais His fait le choix d’ignorer ce pan de l’itinéraire de ces personnages pour les confronter à des questionnements plus profonds sur le sens de ses engagements et sur les trahisons intimes de Nagisa.

his film japonais shun et nagisa

Le film His est très émouvant et peut-être plus réussi que la série à mon sens, bien que la romance ait aussi peu de place dans cette problématique d’homoparentalité qu’elle n’en avait eu dans la série, qui a choisi de ne rien en développer si ce n’est les prémisses d’une relation vécues dans le for intérieur. A vrai dire le film est très complémentaire et apporte de nouvelles pièces, si on voit l’ensemble de l’oeuvre comme un puzzle, où l’on ne s’intéresse pas juste à une histoire entre deux hommes qui s’aiment éperdument sans avoir à nous le montrer, mais si on le voit comme un portrait d’une société à travers l’itinéraire personnel de chaque personnage et les efforts qu’ils fournissent pour se conformer. A qui, à quoi précisément et à quel prix? Le prix de la patience pour atteindre sa vérité. Toute la puissance du sujet est ici. Ce n’est donc pas pour voir le déroulement d’une histoire d’amour « classique » typique des BL qu’il faut s’engager dans cette fiction, mais pour comprendre sûrement ce qu’est l’Amour tout court.

Les acteurs interprétant les protagonistes Kisetsu Fujiwara et Hio Miyazawa offrent une prestation fort crédible et même très authentique. Non pas qu’on puisse parler d’alchimie entre eux, mais il y a beaucoup de naturel et une forme d’évidence dans leur jeu, qui rend tout fluide et efficace. Les acteurs secondaires et la solaire et rafraîchissante Sakura Sotomura dans le rôle de Sora fournissent une bonne réplique et contribuent à gommer certaines limites de la réalisation.

his balade de shun nagisa et sora

Toujours dans la retenue, presque taiseux, le solitaire Shun utilise à merveille le silence pour communiquer et prouve son amour par des actes forts et une authenticité désarmante, là où Nagisa est confronté à la culpabilité et s’efforce de prendre ses responsabilités, alors que par beaucoup de ses agissements il semble avoir gardé un pied dans l’adolescence et toujours préféré la fuite et le mensonge. Il reste perdu entre son besoin de se conformer pour être « normal » et faire comme tout le monde en se mariant et ayant un enfant, et son besoin supposé égoïste de suivre ses désirs sexuels, qui renverrait à une vie dissolue. Certes, Nagisa a préféré, comme beaucoup, céder aux attentes parentales et aux exigences de la société normative plutôt que d’assumer une évidence dont il a conscience depuis toujours, mais c’est bien grâce à sa rencontre avec Shun et surtout à ses retrouvailles que le personnage gagne en épaisseur et mûrit.

film his shun enlace nagisa

Contrairement à la série dans laquelle les personnages restaient à distance et vivaient dans leur for intérieur leurs états d’âme et leurs sentiments, les fans de BL trouveront quelques contacts physiques et interactions parfois brusques et maladroites et en définitive très justes. L’explication légitime entre Nagisa et Shun se fait en toute simplicité et rend très vite les mots secondaires, tant l’instant présent l’emporte enfin sur les maux de l’âme et les aléas. Même si les héros se débarrassent peu à peu de leur réserve, chaque scène plus intime trahit bien la complexité qu’il y a à s’aimer, sans se sentir coupable, tant que les héros sont partagés entre la douleur de l’échec du passé, le rejet et le refus de renoncer à cet amour. Car on sait qu’intérieurement, on ne peut vivre sans cette personne. Leurs retrouvailles sont extrêmement attendrissantes et combinent des élans instinctifs et passionnés à des gestes tout en pudeur et rend le couple si évident qu’il n’est plus question de regretter que le scénario ne soit pas plus centré sur eux. Il est tellement puissant dans sa connexion qu’il permet de mieux creuser les autres axes de réflexion familiaux.

Il lui a fallu des années pour réaliser qu’il n’y a qu’un seul homme qui peut le rendre heureux…

his kiss baiser entre nagisa et shun

Dans une ambiance feutrée et dominée par un sentiment de nostalgie, les personnages en deviennent d’autant plus touchants qu’ils dévoilent leurs difficultés, leurs égoïsmes (surtout ceux de Nagisa), et leurs tentatives à réparer les erreurs et leurs lâchetés coupables qui ont pourtant permis à la petite Sora de voir le jour et de faire le bonheur de tous ceux qui la connaissent. Car la vraie héroïne est bien cette adorable fillette interprétée par Sakura Sotomura, dont l’innocence et l’amour pur contribuent à réconcilier sa famille bien malmenée à cause du poids des conditionnements qui empêchent de reconnaître la capacité d’être un bon parent uniquement à cause de l’orientation sexuelle. La complicité entre le père et sa fille est une bouffée de fraîcheur, surtout en comparaison avec les difficultés que la maman, Rena, rencontre pour devenir une mère impliquée capable de concilier carrière et maternité et d’échapper à ses propres contraintes et injonctions familiales si pesantes. Mais c’est aussi à cause de ces failles que le film s’enrichit d’autres thématiques autour de la parentalité qui identifient trop bien les

Un combat pour le droit d’être un bon père en tant que gay au Japon

His a le mérite d’aborder le sujet de l’acceptation de l’homosexualité à travers la problématique difficile de l’homoparentalité, ce qui n’est pas fréquent dans les fictions asiatiques. C’est l’occasion de faire un petit tour des mentalités et des discriminations à l’encontre des homosexuels dans ce Japon encore très conservateur. Cette approche sociétale plutôt qu’une orientation vers une banale histoire de couple convient très bien au film et en fait un témoignage à la fois rempli de douleurs, de sentiments d’échecs, de renoncement, mais aussi teinté d’une certaine positivité. On comprend à quel point chacun des héros a été mené vers ses choix, à cause de la peur d’oser vivre un mode de vie encore perçu avec autant de préjugés et quelles blessures ils tentent de panser.

L’éprouvante séparation entre Nagisa et sa femme qu’il aime pourtant malgré son orientation sexuelle met l’accent sur une part intime essentielle faite de trahisons et de mensonges, qui sont d’autant plus difficiles à vivre que les choix ont été faits en conscience. Telle qu’elle est abordée, la dynamique du couple hétérosexuel normatif formé par Nagisa et Rena est très intéressante. Chacun de ces parents est imparfait et a des reproches à se faire, mais finalement, tous sont exprimés avec finesse et respect, faisant de la thématique familiale le principal sujet du film. Une fois encore, His semble refuser de traiter le couple Nagisa et Shun que toute amatrice de BL attend et espère, mais il le fait subtilement, en filigrane, et cela rend le film encore plus opérant pour cerner la dimension du vrai amour.

En quelques saillies de l’avocat de la partie adverse et réactions du juge, le combat juridique pour la garde de Sora éclaire sur les perceptions de la société japonaise sur le mode de vie gay et la façon dont il est rapidement assimilé à la dépravation, la déviance au point d’induire un risque pour le développement de l’enfant, alors que toutes les preuves sont données de la relation magnifique entre Nagisa et Sora et le fait que les priver l’un de l’autre serait terrible. Ce n’est pas surprenant, mais ça n’en est pas moins violent. A mon sens, le scénariste aurait gagné à condenser davantage cette étape de l’histoire qui prend le tribunal comme théâtre. Sans être un plaidoyer assumé contre l’homophobie, His s’engage et parvient à pointer les absurdités de certains arguments classiques des homophobes, en conservant une forme de calme admirable et de sagesse. Ce n’est pas dans le tribunal qu’on saisit l’essentiel, mais bien grâce à ceux qui nous acceptent comme on est et essaient de nous aider à en prendre conscience. A l’instar de M. Ogata, un voisin de Shun qui est l’auteur de la meilleure phrase du film : Vis ta vérité!

« Laissez-les parler. Ne laissez pas cela vous atteindre. Ce n’est l’affaire de personne de savoir dont vous tombez amoureux. Vivez comme vous voulez vivre. »

his film shun et nagisa apres le proces pour la garde

Heureusement, la vie villageoise avec des anciens solidaires et bien plus compréhensifs qu’on aurait pu l’imaginer apporte un merveilleux contre-point humaniste aux diverses épreuves des héros et rappelle aussi à quel point chacun de nous est le seul décideur de son bonheur. Un bonheur qu’on ne peut atteindre que si on ne ment pas dans ses relations sociales, familiales et personnelles et surtout si on ne se ment pas à soi-même.

Un film positivant malgré ses accents mélancoliques

Au final, His est un très beau film sensible et sans prétention sur la plan de la réalisation, et réussi en terme de rendu émotionnel et de perspectives de réflexion. Porteur de messages d’espoir et de tolérance, il mêle un profond sentiment de mélancolie, de la force et de vulnérabilité que Nagisa et Shun incarnent chacun à leur façon et une vision optimiste résolue, qui prend forme aussi bien à travers les solidarités, l’entraide et la bienveillance des villageois que dans la capacité de deux parents aimants à trouver le plus juste équilibre pour le bien de leur enfant.

Sandrine Monllor (Fuchinran)

4 commentaires sur “HIS le film : le difficile combat de l’homoparentalité au Japon”

  1. Ce film est une pépite, j’ai adoré mais il m’a fallu la boîte de mouchoirs à côté. J’avais jamais percuté que c’était la suite de la série…

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