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SevenTeen de Isaac Li : voyage dans l’intimité des souvenirs à Taïwan

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Seventeen est un film taiwanais réalisé par Isaac Li en 2011 qui replonge un septuagénaire dans les souvenirs d’un amour d’adolescence quand Taïwan était encore dans une période troublée de son histoire.

Un voyage fragmenté dans la mémoire sur fond de romance gay dans le Taïwan de 1949

seventeen film gay taiwan affiche (1)

Depuis que j’ai vu le poignant Your name engraved herein, la précieuse série Crystal boys et le nom moins touchant Eternal summer, j’essaie de visionner tous les films, séries ou courts métrages taïwanais que je croise. J’attendais avec une certaine impatience le film SevenTeen de Isaac Li (2011) adapté d’une histoire vraie et du roman éponyme, récemment disponible sur Gagaooolala, car j’apprécie généralement les road movies, les voyages intimes à travers des réminiscences, les oeuvres ancrées dans une historicité pour raconter des événements historiques (en l’occurrence ceux de 1949 avec l’exil des nationalistes chinois vers Formose puis ceux de 1958 avec la 2ème crise du détroit de Taïwan) grâce à la mémoire de ceux qui les ont vécus et parfois longtemps gardés pour eux. La présence au casting de Ray Chang que j’aime beaucoup depuis que je l’ai découvert dans Eternal summer ne pouvait que me conforter. Si on y ajoute les rencontres hasardeuses qui déclenchent des bouleversements intérieurs et replongent dans les souvenirs au point de provoquer une résurgence des épreuves d’une vie et des traumatismes enfouis, on devrait aboutir à une histoire émouvante voire bouleversante. Or il n’en est rien.

Hélas, je ressens surtout de l’incompréhension, plus que de la frustration et une déception réelle en sortant de cette oeuvre. Mais où va-t-on donc ? L’extrême lenteur n’est pas le problème puisqu’elle devrait servir l’immersion dans l’intériorité du protagoniste, mais Seventeen pâtit d’un début poussif et d’une intrigue peu lisible, dont on se demande quand elle va finir par démarrer et sur quelle trame elle se fonde. Le récit et la mémoire sont ici tellement fragmentés que je me suis perdue complètement, sans trouver les éléments de compréhension sur le contexte historique des époques évoquées, ni au moins les émotions escomptées en dehors de quelques scènes, où les silences révèlent mieux encore que les vues désolées, le poids des souvenirs et les souffrances inhérentes du protagoniste Zhao Xue Ping, ancien vétéran incarné avec talent par Shih Chieh Chin.

seventeen film bl taiwanais ting et zhao xue ping

En croisant A’Hong, un adolescent qui ressemble à Ting, l’homme qu’il aimait quand il avait 17 ans et dont il a été séparé par les affres de l’histoire, Zhao Xue Ping est embarqué dans cette plongée douloureuse, mais pas très facile à comprendre. Inutile de regarder Seventeen pour en apprendre plus sur le contexte historique de 1949 ou 1958. C’est d’ailleurs mon principal regret, car il eut été intéressant d’enrichir la perspective psychique et contemplative d’une dimension instructive. Ce n’est pas le potentiel qui manquait, mais ce n’est pas la vocation de cette forme d’errance de Zhao Xue Ping, qui revient sur des lieux symboliques de sa vie, sans qu’on saisisse ce qui s’y est joué pour lui ou pour l’évolution de Taïwan en cette période encore troublée.

D’acteur de sa vieillesse, Zhao Xue Ping, qui est porté par un Shih Chieh Chin très convaincant et principale force du film, se meut en observateur de son passé ; impassible de l’extérieur mais ébranlé par une obsession tenace et le troublant destin qui a placé ce jeune garçon A’Hong sur sa route dans le métro pour lui permettre de retrouver son amour perdu. Certes, le héros pathétique est secoué et rattrapé par des regrets et ses espérances broyées, mais il ne trouve pas comment briser le silence et ne s’y résout que sur un malentendu qui rend sa démarche de connexion entre réalité et souvenirs encore plus ambivalente et vaine.

17 hao chu ru kou seventeen (1)

Les allers-retours permanents entre passé et présent sont assez déstabilisants, compte tenu d’une écriture confuse et d’une narration peu convaincante, même si le parti pris de jongler avec plusieurs époques sans les contextualiser et l’entremêlement des personnages dont on ne comprend pas toujours ce qui les lie, correspondait à une logique évidente pour un road movie.

17 hao chu ru kou seventeen rencontre dans le train (1)
17 hao chu ru kou seventeen echanges entre zhao xue ping et un ami veteran (1)
17 hao chu ru kou seventeen a'hong (1)

Vous appréciez le cinéma taïwanais impliquant des thématiques sur l’homosexualité ? N’hésitez pas à découvrir aussi The long Goodbye de Li Da Hsu, qui propose aussi un voyage émotionnel autour d’un deuil et des souvenirs d’un ancien amour impossible.

En bref Avis sur le film taïwanais Seven teen de Isaac Li

Titre original : 17 Hao chu ru kou 十七號出入口
Titre international Seventeen
Réalisateur : Lee Chih-Chiang
Scénariste : Yin-chuan Tsai
Acteurs : Ray Chang (Hung/Ting), King Shih-Chieh (Chao Hsueh-ping âgé), Matt Wu
(Chao Hsueh-ping jeune), Chih-ju Lin (Fu, âgé)

seventeen film gay taiwan affiche (1)
Réalisation
Acteurs
Intérê de l’histoire
Narration
Musique
Décor – Costumes
Plaisir de visionnage et envie de le revoir

En bref

Seventeen emprunte un chemin des souvenirs émouvant mais beaucoup trop fragmenté pour ne pas se perdre dans les va-et-viens entre présent et passé sans toujours savoir jusqu’où cela nous menènera.

3.3

Où le visionner ?

Sur la plateforme Gagaoolala avec abonnement.

Sur Bilibilitv en vosta.

Sandrine Monllor (Fuchinran)

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