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The long goodbye de Li-da Hsu : un voyage émotionel entre deuil et retour au pays

The long goodbye de Li-da Hsu est un film taïwanais qui a choisi d’évoquer l’homosexualité non pas frontalement, mais par jeu de miroir, entre nostalgie, retour au pays et difficile deuil d’un amour inabouti.

J’avoue que j’avais certaines attentes par rapport à The long goodbye compte tenu des thématiques inhérentes au synopsis. Le processus de deuil et de réparation, la nostalgie des amours inaboutis, les injonctions sociales ou lâchetés qui font faire des choix sur lesquels on peut nourir des regrets, c’est toujours pour moi une promesse d’introspection, de compréhension meilleure de ses sentiments, de ses abandons ou de ses renoncements. Hélas, The long goodbye ne tient pas ses promesses et faillit dans le traitement de son sujet central à mon sens, la définition et la compréhension de ce qu’est la « maison », le « chez soi » et ce lien avec les êtres chers restés loin, surtout quand on s’est expatrié et qu’on est amené par des événements pénibles à revenir au pays et à se confronter à ce qu’on avait pu fuir.

Un retour au pays réparateur et un voyage mémoriel éprouvant

L’intrigue est ténue. Yucheng, expatrié aux Etats-unis revient à Taïwan plus de 30 ans après quand il apprend le décès de Xiong Qing. Xiong Qing est décédé sans autre identification possible que celle de Yucheng et personne dans sa famille ne se doute de son sort et ne semble vouloir prendre en charge ses funérailles. Or selon la loi taïwanaise, seule une personne issue de la famille peut s’occuper de cette tâche. Yucheng part donc à la recherche de la femme et de la fille de son meilleur ami pour lui offrir des funérailles décentes. L’occasion aussi pour lui de faire ses adieux à cet ami qu’il n’a jamais oublié malgré la distance et le temps.

yucheng the long goodye (1)

Intellectuellement, j’essaie de trouver dans le voyage émotionnel et le travail de deuil de Yucheng un acte réparateur et d’expiation de ce pour quoi il se sent coupable, qui ne me satisfait pas pour autant, bien que ces étapes soient bien présentes. Au passage, je n’apprécie guère l’expression de travail de deuil, car pour moi, on ne travaille pas pour accepter une disparition et une séparation définitive, mais en l’occurence, cela s’applique assez bien à cette expérience. J’avoue en tant que spectatrice attachée aux émotions, n’avoir pas été vraiment touchée par ce film qui comportait des thèmes délicats et profonds et qui m’a laissée à distance des personnages et de leurs états d’âme. Comme étrangère.

yucheng face a ses souvenirs (2)

Le retour au pays a fortiori dans la ville natale confronte bien sûr Yucheng à des coutumes, des modes de vie et des réminiscences dont il s’est éloigné pendant trente ans mais qu’il connaît bien. Tous les efforts déployés par Yucheng pour permettre les funérailles de Xiong Qing, ce cher ami, qui était plus qu’un ami, et qui aurait pu être un compagnon et un amant, à une autre époque, sans la peur et la lâcheté, révèlent par bribes trop parcellaires l’itinéraire personnel de Yucheng et sa relation frustrante avec Xiong Xing, et les aller-retours entre souvenirs de jeunesse et regrets passés et présents, tout en renforçant l’intense solitude de Yucheng. Xiong Qing reste beaucoup trop en filigrane dans l’oeuvre et ce ne sont pas les relations complexes qu’il entretient avec sa fille Bao-er qui aident à mieux le cerner hélas.

the long goodbye yucheng (1)
yucheng face à ses souvenirs

Le relation qui se lie difficilement entre Yucheng et Bao-er aurait pu densifier l’intrigue, au-delà des quelques éléments de la sous-intrigue où l’on découvre le monde de la prostitution dans lequel Bao-er s’est réfugiée faute de pouvoir faire face à ses dettes, à cause de l’internement dans une institution et des soins de sa mère sénile, mais au final, on reste un observateur passif bien plus que concerné par les obstacles, les incompréhensions et les secrets qui la ponctuent et la compliquent. Et toute la thématique sur le devoir filial est abordée sans que les motifs de reproche de Bao-er, parfois quelconques, soient clarifiés. En dépit d’une poignée de séquences un peu émouvantes, je ne suis jamais rentrée tout à fait dans l’œuvre que ce soit par empathie ou sympathie et j’ai même eu un sentiment persistant un peu aigre ; et rarement aigre-doux.

the long goodbye confessions entre yucheng et boar (1)
yucheng et boa er the long goodbye (1)
yucheng et des surfeurs (1)

Mon avis sur The Long Goodbye en bref

Titre international : The long goodbye
Pays : Taïwan , 2017
Réalisation : Li-da Hsu
ScénarioLi-da Hsu
Acteurs principaux : Christopher Ming-Shun LeeAnnie ChenChia-Yu Cheng

Thématiques : deuil, retour au pays, relation père / fille, homosexualité, amour impossible
En savoir plus sur le film

the long goodbye film taiwan (1)
Réalisation
Scénario – Narration
Acteurs
Niveau d’intérêt de l’histoire
Décors- Costumes
Musique
Plaisir de visionnage

Note

Un retour au pays sur fond de funérailles et de travail de deuil : le film introspectif, comme un voyage nostalgique pour dire adieu à un amour inabouti, aurait pu être émouvant, mais ne parvient jamais vraiment à toucher tout à fait …

3.2

Où voir The long Goodbye ?

Sur Gagaoolala, la plateforme spécialisée dans les contenus queer lgbtqia taïwanaise.

Sandrine Monllor (Fuchinran)

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