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Voyage Ukraine : un pays à deux vitesses où Tchernobyl n’est jamais loin

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Récit  d’un voyage en Ukraine où Tchernobyl n’est jamais bien loin. En 1995, l’accident de Tchernobyl est encore dans tous les esprits et ce spectre pèse lorsqu’on se ballade, à Kiev, aux frontières de la zone interdite ou même en Crimée!

Kiev. (Juin 1995).Le Tupolev n’est pas un Boeing et les hôtesses de notre Tupolev 134 de “Ukraine International” reliant Frankfort à Kiev refusent, sans vergogne, tout service qui serait évident à bord d’un Boeing. Un simple gobelet en plastique blanc plein d’une fade eau gazeuse de couleur orange nous accompagnera pendant nos heures de vol et on apprendra que le Boeing ne s’est mué en Tupolev que le matin même quand la compagnie constata hélas qu’elle n’avait que 40 passagers à transporter d’Allemagne en Ukraine.

Olga, ma voisine de siège résume assez bien à elle seule toute une tranche d’Ukrainiens. Ingénieur diplômée, payée l’équivalent de 25 US $ par mois, elle quitte par dépit son pays pour l’Allemagne voisine grâce à l’invitation d’une collègue chimiste. Elle ne tarde pas à épouser un Allemand beaucoup plus âgé qu’elle et de surcroît père d’un enfant handicapé de 19 ans. Un “job” en Allemagne à 4 000 DM (soit 200 fois son salaire de Kiev) et un permis de séjour de longue durée au pays de l’oncle Helmut Kohl sont deux trésors à ne pas mésestimer.

Tous les trois mois, elle rentre au pays avec 200 kilos de bagages pour faire le bonheur des parents et des amis.

Dans un parfait allemand elle nous confie : “Avant 1991, il y avait du pain et du travail pour tous : Aujourd’hui, ces deux éléments ont disparus.

L’Ukrainien doit par exemple camper 3 jours et 3 nuits devant l’Ambassade d’Allemagne pour déposer une simple demande de visa qui aura très peu de chance d’aboutir.

Seuls les titulaires d’une prise en charge par le pays hôte et les Juifs ukrainiens auront un espoir d’obtenir ce visa.

Aujourd’hui, en Ukraine il n’y a qu’un seul et unique problème qui se résume à survivre une semaine ou un mois de plus. Le fossé qui sépare les deux extrémités de la société est de plus en plus profond. Les quelques riches sont trop riches et la grande masse est dispersée dans les méandres de la misère.”

Le passeport rouge de ma voisine est un autre paradoxe  vivant. Le sigle USSR occupe encore les deux tiers de la couverture et ce malgré quatre années d’indépendance. Seul un cachet bleu de 3 centimètres sur 2, en dernière page atteste que “ce passeport est propriété d’Ukraine”.

L’Etat n’a pas et point d’argent pour imprimer des passeports à ses 52 millions de sujets et l’on continue donc à employer le stock de la défunte Union Soviétique pour circuler, quatre ans après l’indépendance. Nous sommes toujours au coeur de l’Europe.

 

Kiev ; décors et ambiances de la capitale

 

khrishatik kiev ukraineJe repense à Tirana, capitale de l’Albanie, visitée il y a une dizaine d’années alors qu’elle était isolée de la planète et je retrouve cet après-midi cette même atmosphère à l’aéroport Boristopol de Kiev.

Les vastes champs verts survolés à l’instant, font place à un triste aéroport où une dizaine d’avions sont parqués sur un tarmac minuscule. Quatre de ces avions semblent porter les poussières de la planète et la crasse du temps qui les a oubliés fermés et isolés dans cet aéroport.

Nul ne nous dira si c’est faute de pièces détachées ou de carburant que ces avions sont plaqués au sol. Les surprises se bousculent et ne se ressemblent pas. Un bus jaune des années trente avec un nez en parfait museau  allongé nous attend au bas d’une passerelle brinquebalante. Mais que fait donc cette épaisse couche de poussière sur les sièges du bus ? Etait-il donc en repos depuis un mois ou tous les précédents passagers avaient-ils simplement décidé de rester toujours debout dans ce bus d’avant guerre ?

 

Grâce au badge diplomatique de mon hôte et nouvel ami, les formalités policières et douanières ne dureront que 20 minutes au lieu des 3 heures prévues et ce satané visa accordé à l’aéroport même pour 150 US $ devient une amicale formalité. Béni soit le badge et merci à l’ami.

Au loin, je reconnais le foulard vert de la patiente Olga perdue entre trois immenses caisses de bagages et précédée  par une trentaine de personnes toutes aussi chargées. “Patience est mère de toutes les vertus.”

Le premier hôtel est complet, le deuxième à 300 US $ la nuit est à éviter, le troisième enfin (Rus hôtel) accepte après maintes palabres de nous donner une chambre au 8ème étage avec petit déjeuner compris au prix très spécial de 97 US $ seulement, soit près de quatre fois le SMIC de l’Ukraine.

 

Le téléviseur de cette chambre est en noir et blanc et les serviettes de la salle de bain furent très blanches. Cette cage à oiseau ne fait que deux mètres sur trois et un curieux téléphone est fixé au mur qui fait face au lit, obligeant ainsi le dormeur à faire un bond de deux mètres pour répondre à un éventuel appel. La fiche explicative de ce téléphone se déplie sur une surface d’un demi-mètre carré pour vous donner tous les codes à composer pour joindre une des chambres de l’hôtel. Au pays du défunt KGB, ces numéros de téléphone permettent toutefois à vos amis de vous appeler directement dans votre chambre sans passer par la réception s’ils sont en possession d’un de ces codes magiques.

Une pizza au Nika

Changement de décor absolu, nous sommes invités au centre commercial Nika au coeur de Kiev, installés devant une onctueuse pizza au jambon-fromage accompagnée d’une bière pression suisse. J’ai une boule dans la gorge face à mon hôte. Le prix de cette pizza équivaut au salaire moyen mensuel d’un Ukrainien soit près de 25 US $ (ou 25 dinars). Mais qui est cette vingtaine de clients à la pizza supérieure au SMIC ? C’est ce que nous essaierons de découvrir tout au long de notre reportage au pays des paradoxes et de l’incroyable. Un “Priatnava” ou bon appétit est lancé par mon hôte amusé de mon étonnement.

Rencontre au Korana Café ; un coin atypique

Ce bar en rez-de-jardin, tapissé d’acajou au mur et de marbre au sol est un insolite bijou dans les gigantesques avenues de Kiev. Du haut de son 1,80 mètre, cette blonde aux cheveux rasés en brosse, aux immenses yeux bleus et au décolleté plongeant gesticule dans sa micro-jupe jaune en palabrant à chaude voix dans un téléphone mobile made in Japan.  Il est 21h00 et le chaud café de cette sulfureuse jeune dame vient à point pour l’aider à programmer sa soirée qui commence par une mise au point téléphonique. Quand le tarif public varie de 100 à 200 US $ les 20 minutes (4 à 8 fois le SMIC) il est prudent de chronométrer ses éventuels clients. Dans ce bar où l’on se croit à Genève, Tokyo ou San Francisco sous le joug des lumières tamisées et d’une musique feutrée nous sommes à des années lumière du Kiev face à la porte d’entrée.

 

L’église Lavria ; l’atmosphère russe

Une journée se termine qui commence le matin par la visite de l’église de Saint-André où je revis l’atmosphère de ma première messe russe en 1970 à Dunedin en Nouvelle Zélande et de ma toute dernière messe de Noèl en 1995 à Tunis, 14 jours après le 24 décembre 1994. Ce prêtre de 1,90 mètre a les mêmes gestes rituels, colorés et sonores que ses prédécesseurs très loin du calvinisme.

Plus loin c’est le monastère de “la Laure des catacombes” qui nous ouvre son arche de l’amitié et sa porte d’or pour visiter enfin l’église de Sainte-Sophie. Construite au XIème siècle sous l’empire de Byzance. Ici, comme à l’église orthodoxe, on refuse les autres religions et les dalles en fonte que nous foulons ridiculisent l’hébraïsme et l’Islam.  Les étoiles à cinq et six branches sont foulées à volonté.

L’archange Gabriel veille du haut de sa nef sur cette église artistique en souvenir de Vladimir qui envoya son ambassadeur à Byzance pour adopter à cette église de Kiev les techniques d’Orient. C’est ainsi par exemple qu’on obtiendrait par un mélange d’argile, de sable et d’oxyde de métaux, 118 couleurs.

 

A midi la découverte du marché central de Kiev, à quelques mètres de Krichatik, est un voyage dans le temps. Comment fait le simple citoyen pour acheter des bananes à cinq dollars le kilo, un poulet à dix dollars et une boite de caviar à un million de coupons en passant par des tomates et des piments à cinq dollars le kilo et des oranges présentées dans un cartons arborant “Palestin authority” à sept dollars le kilo ?

 

Le soir nous sommes les hôtes de l’opéra de Kiev. Un petit théâtre aux multiples dorures rappelant en tout point celui de Tunis reçoit des centaines de visiteurs nocturnes. Une quarantaine de musiciens sont conduits par la baguette assurée d’une jeune femme blonde d’une trentaine d’année, au noeud  papillon rouge éclatant sur un chemisier blanc immaculé et à la queue de cheval frétillante. Sa tête ne cesse de tourner de gauche à droite et de droite à gauche au rythme de la musique qui monte, qui monte, qui monte…

Escapade nocturne à Kiev

Mes amis diplomates en poste à Kiev me conseillent vivement d’abandonner deux projets. D’après eux il serait dangereux, voir même très dangereux de faire 14 heures de train populaire pour aller de Kiev à Minsk en Biélorussie la semaine prochaine. Il serait également fortement déconseillé de circuler seul et à pied la nuit à Kiev.

J’ai eu la chance de braver ces deux interdits et mon expérience voyageuse n’en est que plus riche.

Nous reprendrons dans un prochain reportage la visite en train avec un garde du corps à l’orée de Tchernobyl en Russie Blanche et quittons ce soir notre hôtel Rus à pied, à 21 heures.

Le tout est d’essayer de marcher sous les lampadaires quand ils sont présents et d’éviter aussi bien les solitaires que les bandes de garçons baraqués et j’avais soigneusement “planqué” au préalable mon passeport et mes billets d’avion quelque part sous le matelas de la chambre d’hôtel.

Une insolite file de personnes hétéroclites se fait face à cette jeune blonde filiforme et taciturne assise sous une pancarte qui arbore en rouge  quatre lettres KBAC. Imaginez un socle métallique de 2 mètres de long sur 50 centimètres de large avec en son bout un poteau métallique marron de 2 mètres de haut portant la pancarte KBAC au sommet et ayant en son centre un robinet de bronze. La jeune dame assise précisément face à ce robinet et face à une petite table rouge remplit tour à tour de gros verres et même des thermos et des gourdes d’un curieux liquide mousseux que jeunes et vieux achètent à volonté. Le KWAS n’est ni une bière ni un jus de pomme mais une simple boisson de blé fermenté et non alcoolisé. Un simple luxe à la portée des simples mortels.

Le premier promeneur en casquette de minuit et tatoué sur le bras gauche me demande du feu. Le second me propose une boite de caviar à un million de coupons. Le troisième me harcèle aimablement et tient à m’accompagner dans ma promenade. C’est ainsi que j’ai acquis un guide inespéré et sympathique.

Les tapis roulants du métro passent à 200 mètres sous le niveau de la mer à travers des colonnes de marbre reluisant d’un mètre de diamètre.

Le marbre, l’onyx et la lumière restent le reflet de l’ancien Empire soviétique. Non, ce n’est pas Paris ni le topless de ses publicités. Le métro de Kiev n’en arbore aucune tout comme la ville de Lanzarote aux Canaries pour une toute autre raison certes, écologique.

Plus loin Dalila fait place à Samson et sa fontaine à Podol pour nous accueillir à la Krontrakten place, le lieu où se concluaient au siècle passé les contrats des commerçants d’Europe Centrale passants par Kiev.

La fontaine de Samson ouvrant la gueule d’un lion reste le symbole de la force d’antan.

Ici même, habitaient Litz et Honoré de Balzac dont les amours polonaises étaient à 160 kilomètres de Kiev.

La grande surprise du soir est cette nouvelle amie qui nous invite à prendre un verre chez elle à 23 heures. Imaginez, au troisième étage d’un vétuste immeuble, un appartement de trois pièces où les dorures sont ternes et le plafond très haut. La première pièce est celle de notre amie Marina. La seconde est celle de sa soeur qui la partage avec son époux Vladimir et sa fille Anastasia de huit ans.

Et c’est dans une troisième pièce que nous nous réunissons les cinq autour d’un thé chaud et d’un délicieux gâteau maison. La vie de cette famille est matière à un véritable reportage.

La soeur aînée, Marina est un peu la Anne Sinclair ou la vedette des speakerines de la télévision ukrainienne. La cadette, Aciya, mère de l’adorable fillette et épouse d’un artiste peintre, a étudié 16 ans après le bac pour pouvoir se permettre cette vie presque décente au centre de Kiev.

Pédiatre de formation et ne gagnant que l’équivalent de 50 dollars par mois, elle se recycle dans une formation technique médicale grâce à une providentielle bourse américaine de 12 mois. Finalement cette technicité ne lui rapportera pas un kopeck de  plus. Voilà donc notre héroïne adoptant une troisième solution. Elle se spécialise en anesthésie réanimation et devient ambulancière de 7 heures à 13 heures et pédiatre dans un hôpital de 15 heures à 19 heures pour arriver en fin de mois à la très belle somme de 100 dollars.

La discussion ne peut éviter le problème de survie au quotidien.

Tel ingénieur en aéronautique ne vient-il pas de quitter son emploi pour devenir simple chauffeur d’une ambassade ? Ce qui lui donne l’avantage de quadrupler son ancien salaire d’ingénieur. Telle physicienne n’a-t-elle pas abandonné  son laboratoire et son titre universitaire pour devenir femme de ménage d’un des rares hôtels touristiques où le pourboire est existant et de surcroît en dollars US.

L’inflation est un cauchemar quotidien qui engloutit tout un salaire pour régler souvent et uniquement la nourriture.

A Kiev, avant 1991, la vie était calme certes, taciturne, mais uniforme sans frais exorbitants. La santé, le transport et l’énergie et très souvent le logement étaient complètement gratuits. Avec un salaire de 250 roubles par mois, salaire qui variait de 20% en plus ou en moins pour toute la population, on pouvait même se payer des vacances en Crimée.

Aujourd’hui, l’éclatement  de la société pousse 10 % du peuple vers le haut et 90 % vers le portillon de la survie. Qui aurait dit que notre ville serait la vitrine d’un racket organisé et d’une contrebande qui passe de la drogue à la prostitution sans oublier l’alcoolisme grimpant qui surtout dans les villages aide à fuir les soucis quotidiens.

En m’étonnant de la culture française de mes hôtesses j’ai une simple réponse. L’aristocratie ukrainienne du 19ème siècle parlait le français tout comme le poète Pouchkine qui n’a curieusement appris le russe que par sa bonne.

Aujourd’hui, la langue française imprègne encore certains mots courants tel le coupon pour désigner la nouvelle monnaie inflationniste ou encore dans le domaine théâtral les mots suivants : amphithéâtre, parterre, pièce, loge, couplet et entracte.

Pour rompre cette morosité, notre charmante speakerine arbore son beau sourire et … se dirige vers un rustique et noir “Seiler Ed”. Soudain la voix de Marina se mêle à la musique de ce piano à queue et notre salle de séjour se mue en opéra et je ne peux retenir des larmes d’émotion.

 

Musée Slava

Sur cette colline, ce midi, l’ancien empire soviétique arbore sa victoire de la deuxième guerre mondiale.

Nous surplombons le fleuve “Dniper” et son pont suspendu de 800 mètres de long, la végétation est dense et nordique. Les bouleaux aux troncs blancs s’élancent vers le ciel et les sapins verts s’étalent sans retenue aucune grimpant au dessus des fiers sapins dorés et de pins divers. Kiev s’étale à nos pieds comme une charmante parisienne entrelacée de Seine. Un bronze de 15 mètres de haut, glorifiant la mère patrie précède toute une exposition de chars d’assaut, d’avions et d’armements de toute sorte. Quelle surprise, cet énorme char lance rocket de 40 tonnes n’a qu’une seule roue à dents qui le fait avancer.

Du bas de la colline où se trouve ce musée jaillit à travers une forêt touffue une mélodie langoureuse. Petit à petit une voix devient audible, puis deux puis trois puis cent. Imaginez en ce bout du monde, sous une canicule de 37 ° C à l’ombre à 15 heures, une centaine de personnes debout sur un amphithéâtre. Face à eux, d’innombrables chaises vides en arc en ciel attendent les visiteurs du soir. C’est la dernière répétition pour la fête de Kiev. Debout comme des soldats, femmes et hommes couverts de chapeaux et d’ombrelles colorées vibrent d’une seule voix sous la baguette d’un chef d’orchestre et la mélodie d’une vingtaine de musiciens. La chanson russe est pathétique, le spectacle émouvant et la foi en la patrie inébranlable.

En ce bout du monde, l’Ukraine ce soir fêtera comme il se doit sa “nuit d’argent”, oubliera ses lourds soucis et pensera à un avenir plus rose, plus gaie et peut-être plus heureux.

 

Le son des cuivres et le battement des tambours résonnent dans le souvenir de la défunte Union Soviétique et des Tsars d’antan tout en se voulant l’espoir de demain je l’espère.

 

Petite histoire de l’Ukraine

Les Byzantins appelaient l’Ukraine Petite Russie tandis que la Grande Russie était son extension dans les forêts du Nord. Les mots russes “marche” et “frontière” enfantèrent le nom Ukraine. Jusqu’en 1240 l’Ukraine étant une principauté slave avec Kiev pour capitale avant sa destruction par les Tartares et les Lithuaniens la rattachant ainsi au Royaume de Pologne.

Guerres et conquêtes dépècent ce pays jusqu’en 1917 pour une autonomie ukrainienne. Un an plus tard, 20% du gouvernement et des députés sont Juifs pour arriver à 1922 et adhérer à la République Fédérale d’URSS à la veille d’une famine qui coûtera quatre ans plus tard des millions de morts.

De 1939 à l’indépendance de l’Ukraine

La seconde guerre mondiale verra un Ukrainien KHROUCHTCHEV devenir en 1938 Premier secrétaire du PCU puis plus tard Président de l’URSS.

Sept autres millions d’Ukrainiens sont tués entre 1941 et 1945 sur une terre déclarée “Pays colonial” par l’armée d’Hitler. Le malheur des Ukrainiens n’aura jamais eu de trêve et l’histoire continue.

Sur une superficie un peu plus vaste que la France soit 603 700 km2 vivent 52 millions d’Ukrainiens.

Le 24 août 1991, l’indépendance de l’Ukraine est proclamée, suivie de l’élection de Léonid KRAVCHOUK comme Président et de l’adhésion à la C.E.I.

Septième producteur de blé, 6ème de pommes de terre et 9ème de céréales, l’Ukraine est un riche pays agricole. La terre noire de l’Ukraine (Tchernoziom) très propice à la culture des céréales est freinée par un climat assez froid. 7ème producteur mondial de charbon et 13ème de gaz naturel avec de surcroît 4 millions de tonnes de pétrole par an, l’Ukraine se veut également une puissance minière et industrielle tout en restant dépendante à 50% pour sa consommation d’énergie.

La voisine Russie peut fermer à tout moment le robinet de gaz naturel si l’endettement énergétique de près de 2 milliards de dollars à la Gasprom n’est pas réglé.

En janvier 1992, introduction des Coupons en remplacement des roubles sans freiner la spirale hyper-inflationniste à triple zéro. Ce Coupon ou Karbovanet s’échange aujourd’hui à 150 000 pour un seul dollar.

Avec un PNB d’environ 1 560 dollars par tête et par an(le dixième de la Grande Bretagne), l’Ukraine se classe 121ème pays sur 234 mais garde un poids de PNB global qui la porte au 31ème rang mondial. Ce qui n’empêche pas le pays d’être au bord de la ruine tout en affrontant les problèmes frontaliers de la Russie, de la Crimée en crise, de Tchernobyl en larmes et d’une mafia puissante.

Le nouveau Président élu en 1994 Léonid KOUTCHMA assisté de Vitali MASSOL ne change aucune de ces dramatiques données.

L’industrie actuelle est pratiquement stagnante et l’économie est à l’agonie. L’électronucléaire est l’enfant terrible du pays.

 

Contentieux avec la Russie

Le partage de la flotte de la mer noire (370 bâtiments) 152 avions et 80 000 soldats avec des officiers majoritairement russes est un gros problème le jour de l’indépendance en 1991. Une gestion commune est prévue jusqu’en 1995 mais l’Ukraine veut sa marine et réclame le contrôle des bases et installations navales. Le désarmement Start 1 subordonne la ratification à l’octroi de larges compensations financières pour le démantèlement des 192 fusées. L’Ukraine demande à garder les matières fissiles dont la vente à l’étranger financerait le combustible des centrales nucléaires Ukrainiennes.

Aujourd’hui, un millier de missiles nucléaires SS19 et SS24 sont installés sur le territoire ukrainien. 192 de ces missiles sont intercontinentaux et peuvent donc atteindre par exemple Washington sans problème aucun. L’Ukraine n’accepte de démanteler ces ogives que contre une aide financière de l’Occident et une préservation de l’intégrité du territoire contre la Russie voisine.

L’Ukraine qui n’accepte en 1991 que le statut de “Membre observateur” au sein de la C.E.I garde ainsi une certaine indépendance vis-à-vis de la Russie. De leur côté les trois pays Baltes refusent d’être membres de la C.E.I. En décembre 1993, commence le démantèlement des ogives nucléaires suite à une rencontre à Moscou du Président Kravtchovk avec Bill Clinton et Boris Eltsine. L’Ukraine demande un milliard de dollars pour effectuer le démantèlement en plus de la protection américaine.

Après la phase de désactivation, c’est la phase de démantèlement et son inévitable uranium enrichi qui sera remis à la Russie qui s’engage à ne pas l’utiliser à des fins militaires.

Mais entre temps l’Ukraine qui a vu sa voisine Biélorussie démanteler ces ogives nucléaires sans contrepartie aucune change ses exigences. Premièrement, elle double la somme demandée soit un minimum de 2 milliards de dollars, deuxièmement elle demande l’installation gratuite d’une nouvelle centrale non polluante et troisièmement le paiement de ses dettes anciennes vis-à-vis de la Russie. Puis en recevant Bill Clinton en mai 1995 elle le somme de mettre sur la table de conférence du G7 à Halifax  aux U.S.A. en juin 1995 le problème de Tchernobyl.

 

Tchernobyl ; un spectre toujours présent

accident tchernobyl reacteur 4A la surprise générale le 26 avril 1986 éclate à 38 kilomètres à vol d’oiseau de Kiev, le réacteur numéro 4 (type RBMK) de Tchernobyl.

Des dizaines d’avions pareils à des canadairs survolent la centrale irradiante qu’ils essayent de couvrir de sable, de gravier puis de ciment.

Ainsi mis hors service commence la construction d’un sarcophage du générateur tueur. Le secret sera gardé durant plus d’un mois malgré quelques 100 000 morts. Les cinq premiers jours le vent souffle vers la Biélorussie et épargne Kiev. C’est donc en Russie blanche que les irradiés meurent à tour de bras et la contamination est générale jusqu’en Pologne. Aujourd’hui, ce même générateur présente de nouvelles fissures qui pourraient cette fois irradier une partie de l’Europe s’il n’est pas arrêté. Maintenant seul le réacteur numéro 1 est réellement en service. Finalement les  U.S.A jouent à fond la carte de l’Ukraine en espérant un démantèlement rapide des ogives nucléaires et en prônant la libéralisation de l’économie tout en appuyant la politique de l’Ukraine qui comprendrait donc la Crimée.

 

Mais comment fermer Tchernobyl quand l’Ukraine a pu produire 77 milliards de KWh d’électronucléaire en 1992 ? Début du grand drame nucléaire. L’énergie nucléaire est l’énergie dégagée par la réaction de la fission du noyau d’un atome et produit de l’électricité dans les centrales nucléaires. C’est ce système de fission qui fut à l’origine de la première bombe atomique. Les nucléons qui forment les protons et les neutrons du noyau d’un atome une fois activés peuvent entraîner des réactions nucléaires entre les noyaux de deux atomes. C’est ainsi que la simple fission d’un noyau d’uranium 235 s’obtient par un bombardement de neutrons entraînant une réaction en chaîne dégageant une considérable énergie et une radioactivité due à la simple désintégration du noyau. Ce corps radioactif permet en outre la datation à l’instar du “carbone 14” dont la période est de 5 600 ans.

Aujourd’hui, ces corps radioactifs qui nous pénètrent par irradiation, inhalation ou ingestion provoquent en nous de graves modifications biochimiques et entraînent par exemple différents cancers et surtout une tenace leucémie. Les lésions apparaissent dans le corps humain au-delà de la dose de 50 REMS ou Röntgens. Cet été l’UNICEF prend en charge 20 000 enfants de Tchernobyl condamnés à mort à brève  échéance. Ils sont nés juste après la catastrophe. Monastir en Tunisie accueillera 1000 de ces enfants condamnés qui gardent le plus beau sourire.

 

L’Ukraine, un pays à deux vitesses

Ce pays à deux vitesses, n’est pas avare en exemples. A l’angle des Avenues Saksagan et Krasnoarmey surgit un militaire mitraillette au poing qui n’en est pas un. Il fait partie d’une garde privée, genre Sécuritas, grâce à laquelle par exemple ce luxueux magasin de chaussures “Ludmila” peut rester ouvert et travailler. Le décor est médiocre et les chaussures sont de qualité moyenne; La première paire coûte 10 millions de coupons (150 000 pour 1 US $) la deuxième qui coûte le triple ne vaudrait que 20 US $ à Bruxelles. Le client de cette boutique achètera sa pizza à 20 $, son eau minérale à 2 $ le litre, son poulet à 8 $, son yaourt à 1 $ et son litre d’huile à 8 $. Contrairement au simple citoyen qui se contentera d’une eau dite minérale et fortement irradiée tout comme les légumes tout aussi irradiés mais coûtant le cinquième de ces magasins en dollars. Ce citoyen irradié par Tchernobyl roulera en Lada, Niva ou en Mogkvitch 412 contrairement au nanti qui roulera dans la plus belle des BMW ou Mercedes classe C. Ce paradoxe est époustouflant et son origine serait finalement très simple.

En 1991, lors du partage de l’Union Soviétique, il a souvent fallu partager les armes qui étaient de part et d’autre des nouvelles frontières. Certains opportunistes las de 70 ans de répression et de siècles de pseudo esclavage sentirent ce jour la gloire au bout du nez.

Quelques Kalachnikovs, chars-d’assaut, hélicoptères, bateaux et même parait-il quelques missiles nucléaires furent ainsi volés par  ces personnes. La mafia russe était née.

Simultanément dans les 16 pays de l’ancien empire soviétique les gens de guerre de la planète offrent de grosses liasses vertes pour recevoir cet armement souvent défendu. La mafia commence à s’enrichir et il est temps de sécuriser cette manne qui se chiffre à des dizaines de millions de dollars. Il faudrait simplement prendre le pays en mains et s’assurer des revenus fixes pour garder ce standing de vie à la genevoise. Naissent alors le racket et  le chantage.

Je me souviens encore de cette douloureuse histoire racontée par un ami avocat à Minsk. Un jeune Turc étudiant en économie finit par ouvrir un restaurant sur une des artères principales de Kiev. Le nombre de serveuses passe vite de deux à huit et les affaires sont de plus en plus juteuses jusqu’en février 1995 où il reçoit un matin la visite d’un jeune maffieux, beau comme un dieu, qui lui donne 7 jours pour lui signer le papier suivant : “Je déclare avoir vendu à Monsieur X  mon restaurant pour la somme de cent mille dollars US payés en espèces.” Le choix était simple : signer cette feuille ou se retrouver face au mur avec les mains en l’air. Tête forte, le jeune restaurateur qui employait pour sa surveillance une brigade de police légale qu’il payait très cher, mensuellement, alla de suite vers la M6 ou police antigang raconter sa mésaventure et demander protection. Le soir même, le jeune maffieux déjà au courant de cette visite au M6, revint le narguer et lui présenter la nouvelle caissière qui prendra place de suite en lui rappelant qu’il ne lui restait plus que 6 jours pleins pour signer. Il ne fallu que 72 heures pour que le jeune restaurateur ramasse ses petites économies et abandonne l’Ukraine, son restaurant et son giron.

Mafia et économie de marché sans foi ni loi en Ukraine

Aujourd’hui, la dite mafia est un Etat dans l’Etat qui sécurise ses affaires et de surcroît donne du tonus à l’économie de l’Ukraine. Le marxisme est à des années lumière et l’économie de marché n’a ni foi ni loi. La jungle du billet vert n’a ni odeur ni sentiment. Si près de 10 % du pays arrive à vivre à l’Occidentale par ou grâce à cette mafia, le reste du pays semble hélas dans le désarroi et les problèmes sont nombreux en cette fin de 20ème siècle.

Les nouveaux maîtres du monde ne se résument pas au simple G7 qui vient de se réunir à Halifax aux U.S.A. De nouvelles forces planétaires redoutables jaillissent sur la planète sans élection et sans démocratie aucune. Leur seul cri de guerre est le libre échange, la compétitivité et  tous les pouvoirs aux marchés.

Après la deuxième guerre mondiale le dollar prend la place planétaire de la livre anglaise et devient une monnaie de réserve et d’étalon.

Ceci permet au U.S.A de financer leur déficit annuel de 230 milliards de dollars de leur balance de paiement en actionnant leur propre planche à billet.

Le dollar devient monnaie internationale, préserve donc les Etats Unis et permet une pseudo-colonisation de l’économie mondiale.

D’autre part, au lendemain de la chute du mur de Berlin, le G7 groupant les sept nations les plus riches du monde n’est plus le maître du monde faisant place à des groupements privés qui sont les maîtres de notre planète. l’Etat est dépassé.

Bill Gates de MicroSoft, Ted Turner de CNN et Ruper Murdoch de News Corporation peuvent ramasser plus de dollars que trois banques centrales du G7 en 48 heures.

L’Etat cède le pas au marché où l’échange instantané d’un pays à un autre se fait 24 heures sur 24. L’ordinateur, le téléphone et le satellite sont le pouvoir du XXIème siècle qui muent le marché en nouveau maître du monde. Et nous, pauvres Ukrainiens, plongeons dans la loi du marché, en espérant que l’Occident avec à sa tête les U.S.A, viendra renforcer et secourir notre économie.

 

Téléphones, paraboles et médicaments en Ukraine

 

Les  milliers de micro cabines téléphoniques d’Ukraine sont curieusement intactes et impeccables. La raison en est simple. Les appels téléphoniques locaux sont gratuits. L’explication est évidente : L’inflation étant à triple zéro, il serait extrêmement onéreux de fabriquer de nouvelles pièces de monnaie pour les cabines téléphoniques. Au pays des coupons (150 000 = 1$) la gratuité du téléphone évitera en plus le vandalisme des cabines.

 

Les balcons de cette grande avenue portent souvent une petite parabole solidement attachée. Là aussi la raison en est simple. Si cette parabole qui rapproche Francfort et Zürich était sur le toit de l’immeuble elle serait volée le soir même de son installation.

Mais il y a une troisième curiosité de taille : Une très belle façade annonce une somptueuse pharmacie. L’immense salle de vente est cernée de cinq longues tables basses servant de vitrines d’exposition. Le choc est grand. Imaginez en tout et pour tout 70 médicaments ainsi exposés portant chacun une énorme fiche blanche sur laquelle un chiffre est suivi de 6 ou 8 zéros indiquant le prix du médicament. Le client consommateur armé d’un stylo et d’une feuille fera l’addition des trois ou quatre prix des médicaments dont il aura besoin, ira à la caisse, paiera la somme due et reviendra demander ses médicaments à le vendeuse non qualifiée. Qu’importe le nom du médicament c’est le prix de la boite qui compte.

Non seulement l’ordonnance médicale brille par son absence, mais sur les 40 000 médicaments vendus dans une officine de Genève il n’en reste que 70 à Kiev.

Deux mois plus tard j’aurais l’occasion de visiter la Suède. Imaginez ma surprise à Stockholm, coeur de la Scandinavie, dans une pharmacie employant 61 personnes dont 6 pharmaciens diplômés et qui travaille 24 heures sur 24 et 365 jours par an, avec en plus l’intelligence de ne compter que 6000 médicaments différents au lieu de 40 000 en Suisse par exemple. Le malheur est hélas encore plus grand dans ce domaine médical en Ukraine. Un malade se dirige vers l’hôpital. Il sera alité et trouvera peut-être un cachet d’aspirine ou un sérum physiologique et aura droit à un lit pendant 2 à 3 jours, temps nécessaire à la famille pour trouver les médicaments adéquats dans les pharmacies de la ville ou chez la mafia qui en possède deux fois plus. Un malade aisé voulant éviter tous ces tracas ira chez un médecin privé, payera 32 $ la visite, soit plus qu’une paye mensuelle et devra bien sûr aller à la recherche des introuvables médicaments.

 

La Crimée en Ukraine

 

Sebastopol Crimée UkraineCe matin, sur une terrasse de café, mon ami Vassili, juriste émérite essaie de démêler avec moi la pelote  de Crimée.

En 1783, l’Etat Tatare fut conquis par Catherine II et ne sera détaché de la Russie qu’en 1954 par KHROUCHTCHEV d’origine ukrainienne, à l’occasion du 300ème anniversaire de l’union de l’Ukraine avec la Russie. La Crimée quitta la Russie pour l’Ukraine en 1954. Bien que la Crimée proclama son indépendance de l’Ukraine par un vote de 54% en 1991, proclamé par le parlement de Crimée qui fera marche arrière 6 mois plus tard. Reste à espérer un référendum à ce sujet. C’est que la Russie actuelle décide d’examiner la constitutionnalité du transfert de la Crimée en 1954 et le jeu reste ouvert. La Crimée, cette république autonome depuis le 30 juin 1992 compte près de 2,6 millions d’habitants sur un territoire de 25 500 km2. 1,6 million de Russes (67%), 700 000 Ukrainiens, et 200 000 Tatares (20%) d’origine turque déportés par Staline en Sibérie pour collaboration avec les Allemands.

Aujourd’hui, la Crimée imbriquée à l’Ukraine compte un parlement à 98 sièges dont 54 reviennent aux Russes. 20 sièges sont partagés par les minorités : Tatars, Arméniens, Grecs, Bulgares et Allemands.

Jurig MESCHKOW préside cette presqu’île de Crimée.

En 1993, l’Ukraine rapatria déjà 50 000 de ces Tatares de Sibérie. La base de Sébastopol reste une presqu’île fermée avec Saint Féropyl comme capitale et Yalta comme ville historique.

En Février 1945, le partage de l’Europe et du monde à Yalta, en présence de Roosevelt, Staline et Churchill, mais en l’absence de De Gaulle créa les deux célèbres blocs ennemis

Sébastopol abritait la flotte de toute l’Ex-URSS en mer noire. Il faudrait aujourd’hui partager cette flotte avec la Russie qui veut 50% des effectifs et établir les statuts juridiques de cette base de Sébastopol. Les Russes demandent à y rester avec un contrat de location de 99 ans contre le paiement d’une facture énergétique de 2 milliards de dollars (gaz et pétrole russe dû par l’Ukraine).

Les Ukrainiens qui ont demandé le paiement de cette facture par Bill Clinton n’offrent à la Russie qu’un contrat locatif renouvelable de 7 ans.

Reste à trouver un statut aux marins ukrainiens incorporés dans l’Armée Rouge à Sébastopol. Si le choix était donné à ces soldats, ils iraient peut-être en Russie où la solde et la retraite sont nettement meilleures. Tout cela se complique par le fait que nous sommes en Crimée dans une république autonome avec un pouvoir de gestion local semblable aux DOM français ou à la portugaise île de Madère.

Un Président local est élu, Meshkof qui demande de suite que la Crimée soit rattachée à la Russie et exige un référendum pour approuver la chose.

Le parlement ukrainien met fin au pouvoir du nouveau Président qui ira gesticuler devant la Douma de Moscou et même jusqu’à piétiner devant la télévision russe un drapeau  ukrainien. La Russie, n’ayant point de traité d’amitié avec l’Ukraine et voulant clarifier la situation de Sébastopol, essaye cette fois en début 1995, par le biais de son consul, d’offrir aux habitants de Crimée la nationalité russe. Mais là où le bas blesse c’est que l’Ukraine interdit, contrairement à la Tunisie par exemple, la double nationalité. La quadrature du cercle.

Eltsine n’a  aujourd’hui qu’une idée en tête. Récupérer la Tchétchénie pour éviter un nouvel éclatement de l’ancien empire soviétique qui enfanterait peut-être 16 autres nouveaux Etats.

Méfiante, l’Ukraine ne signera aucun traité avec la CEI hormis celui de la reconnaissance des frontières extérieures. Contrairement aux frères de la Russie Blanche qui signa un traité stipulant que “Les frontières de la Biélorussie constituent le prolongement des frontières de la Russie”. N’ayant ni industrie, ni ressources et ayant de surcroît accepté trop vite et sans contre partie aucune le démantèlement de ses ogives, la Biélorussie est à l’image de ces guerriers médiévaux armés de lances et ayant la montagne à dos et la mer en face.

Bill Clinton qui n’a pu obtenir de Boris Eltsine en été 1995 l’arrêt de vente d’armement à l’Iran et l’arrêt des bombardements sur la Tchétchénie trouve en Ukraine un allié inespéré qui lui même joue à fond la carte U.S.

L’ennemi de mon ennemi est mon ami.

Gorbatchev a  offert à l’Occident ingrat un très beau cadeau soit la dislocation de la deuxième puissance mondiale. Aujourd’hui, 15 pays pauvres ne font pas un pays riche. Le pays implosé est disloqué dans toutes ses valeurs et le choc psychologique se mue en libertinage absolu et en décadence évidente.

L’Occident n’a pas tenu ses promesses et n’est pas venu au secours de ces nouveaux pays alors qu’il en était encore temps.

L’Ukrainien est aujourd’hui fataliste. A 38 kilomètres à vol d’oiseau de Tchernobyl il est irradié 24h sur 24h, la mafia l’étouffe et l’Etat n’est plus que l’ombre de lui même. Reste donc le fatalisme et les retrouvailles religieuses, qui furent longtemps interdites, pour donner un pseudo sens à la vie.

Faut-il aller plus vite dans la voix du libéralisme ? Alors que 35 % de la population de Russie et presque autant en Ukraine vivent en dessous du seuil de pauvreté, l’échec de la politique sociale entraîne une vaste clochardisation.

Les rares avantages qu’ont les Ukrainiens sur les Russes sont sous la forme d’un texte de loi de 1991 faisant de l’acquisition d’un logement étatique par son locataire une simple formalité coûtant un seul dollar US. Ainsi, l’Ukrainien qui avait déjà la chance d’habiter un logement privé a pu l’acquérir pour un seul dollar. Quand aux nouveaux, ils devront aujourd’hui payer leur loyer aussi cher qu’en France ou en Belgique.

Certains anciens locataires ont préféré garder un ancien loyer dérisoire en attendant d’utiliser leur cartouche d’achat de l’appartement de la grand-mère après l’héritage.

Ce texte de loi fait de l’Ukraine un pays sans SDF contrairement à la voisine Russie. Ici, le problème est au niveau de la nourriture qui subit les prix de FMI et de la banque mondiale et qui passe de l’économie dirigée  à l’économie libérale.

 Carte Ukraine

Rached Trimèche

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