Egyptologie. Qui étaient le pharaon Akhenaton et son épouse Nefertiti à la beauté légendaire, révélée notamment à travers son buste, exposé au Neues Museum de Berlin? Retour en terre d’Egypte, à Amarna, au site archéologique d’Akhetaton.
Le régime du disque solaire
Amarna, c’est le site archéologique de la ville d’Akhetaton, capitale construite ex nihilo (en trois ans) par le pharaon Akhenaton pour ne plus vivre à Thèbes (Louxor). La nouvelle capitale, située à trois cents kilomètres au nord de Thèbes, en aval du Nil, fut habitée à partir de 1343 av. JC. Thèbes était la capitale dédiée au culte d’Amon qu’il fallait fuir pour crédibiliser la nouvelle religion.
Probablement pour s’opposer aux conservatismes du clergé thébain, Akhenaton est devenu un souverain révolutionnaire puisqu’il est considéré comme le fondateur de la première religion mnnothéiste de l’humanité (culte unique) en rejetant les anciens cultes. Freud écrivit dans « Moïse et le monothéisme » (1939) : « Le monarque, dans son zèle, alla jusqu’à faire rechercher les inscriptions des monuments anciens pour que le mot « Dieu » y fût effacé chaque fois qu’il y était au pluriel. ».
Sa religion se focalisait exclusivement autour d’Aton, ce qui explique le nom qu’il s’était donné, Akhenaton, alors qu’à l’origine, il s’appelait Aménophis IV (en anglais, Amenhotep IV). Ce culte du soleil et le développement culturel et social qui en a suivi étaient néanmoins déjà en germe lors du règne d’Aménophis III qui supervisa la construction du temple de Louxor et l’agrandissement de celui de Karnak, ainsi que la réalisation de son temple funéraire dont il ne reste plus que les impressionnants Colosses de Memnon au bord de la route allant du Nil à la Vallée des Rois.
Akhenaton, premier pharaon « people »?
Akhenaton fut le dixième pharaon de la XVIIIe dynastie de l’Égypte antique, et son règne dura plus d’une quinzaine d’années, entre environ 1352 avant Jésus-Christ et environ 1336 av. JC. Fils du pharaon Aménophis III, Akhenaton fut sans doute le premier chef d’État à jouer dans le people, multipliant les représentations de lui avec sa famille, son épouse Néfertiti, à la beauté légendaire, et ses enfants. La place de la femme dans les représentations laisse d’ailleurs entendre que le rôle des femmes était loin d’être négligeable à cette époque. La représentation de sa famille (voir en fin d’article la photo du couple avec ses trois filles) était réalisée sous la protection divine des rayons solaires.
Néfertiti, elle, est née vers 1370 av. JC. On ne sait pas grand chose de son origine (probablement de l’aristocratie égyptienne) ni de sa chronologie si ce n’est qu’elle a été très influente lorsqu’elle était l’épouse d’Akhenaton. Pour preuve, on a retrouvé à Karnak plus de représentations d’elle que de son souverain de mari. Elle a disparu à la quatorzième année du règne d’Akhenaton. Elle aurait pu être disgraciée ou morte à cette époque, ou elle aurait pu vivre cachée jusqu’à la fin de ce règne. Elle aurait pu même régner après lui. Ni sa momie ni celle d’Akhenaton (surnommé l’hérétique) ne furent retrouvées pour l’instant des archéologues. Seuls des restes non identifiés dans la tombe de sa mère pourraient provenir du squelette d’Akhenaton. En revanche, un buste représentant Nefertiti est exposé à Berlin au Neues Museum, même si son origine est périodiquement contestée. En 2013, les Allemands célèbrent le centenaire de la découverte du buste de Nefertiti présenté au public depuis 1923.
Les analyses génétiques récentes (publiées le 17 février 2010) ont démontré que le pharaon Toutankhamon (mort vers l’âge de 19 ans et dont la momie a été retrouvée intacte le 4 novembre 1922 par l’archéologue britannique Howard Carter, sujet d’une exposition itinérante en particulier à la Porte de Versailles de Paris pendant le printemps et l’été 2012) fut le fils d’Akhenaton mais pas celui de Néfertiti. Sa mère fut une jeune sœur d’Akhenaton (qui était également une autre épouse du souverain).
Toutankhamon a régné pendant une décennie après le bref règne d’une demi-sœur, quelques années après la mort de son père et sans doute influencé par le clergé aigri, il a rejeté le culte d’Aton pour revenir à celui d’Amon (il fut appelé Toutankhaton et a pris le nom de Toutankhamon pour cette raison). Résultat, le règne d’Akhenaton fut jeté dans les oubliettes de l’histoire pendant plus de trois mille ans, jusqu’aux expéditions et découvertes des archéologues du XIXe siècle.
Une vingtaine d’années après Toutankhamon, débuta la XIXe dynastie au cours de laquelle ont régné entre autres Séthi Ier (1294 av. JC à 1279 av. JC) et Ramsès II (1279 av. JC à 1213 av. JC) qui fit construire le Ramesséum sur l’autre rive du Nil en face de Karnak (ce fut là notamment la première « école », identifiée par l’archéologue français Christian Leblanc en 2002).