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L’Atlantide à Maurice : Un continent qui fuit

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On les attendait près de l’Italie et on les retrouve finalement en plein Sud. Les Atlantes auraient-ils été de grands voyageurs ? Cette nouvelle extravagante provient de deux articles de la célèbre revue scientifique « Nature ».

Petite révolution chez les géologues, les minéralogistes, les archéologues, les paléontologues, les vulcanologues et tous les amateurs qui s’intéressent de près ou de loin à la tectonique des plaques et surtout, à ce continent englouti que fut l’Atlantide raconté par Platon et objet de nombreuses imaginations et spéculations.

Atlantide ile maurice

Une double révolution dans la culture intellectuelle qui pourra peut-être résoudre une énigme vieille de plus de deux mille trois cents ans. L’une concernant l’île Maurice et l’autre l’Atlantide.

Un continent qui fuit

C’est la revue britannique « Nature Geoscience » (1) qui a annoncé le 24 février 2013 une découverte assez étonnante. Il y a un microcontinent qui se trouve sous les eaux de l’Océan Indien, quelque part sous l’Île Maurice et l’Île de la Réunion, que les géologues ont appelé « Mauritia« , situé à 900 kilomètres à l’est de Madagascar. Ce mystérieux continent se serait écarté de Madagascar il y a entre 83,5 et 61 millions d’années et aurait été enseveli par la mer et surtout, par la lave des volcans marins.

ile maurice google earth

(L’image ci-dessus, prise ici à partir de Google Earth, représente Mauritia en bleu clair, l’arc d’environ 2 000 kilomètres allant de Maurice, grand cercle, jusqu’aux Seychelles, petit cercle.)

Les chercheurs ont réussi à le découvrir grâce à l’étude du sable qui se trouve sur les plages paradisiaques de l’Île Maurice. Ils ont trouvé des silicates de zirconium (ZrSiO4) qui seraient bien plus anciens que les roches basaltiques de l’île.

En effet, alors que les plus vieux dépôts sur l’Île Maurice datent de 8,9 millions d’années, certains silicates prélevés sur les plages mauriciennes datent du Néoprotérozoïque (entre 840 et 660 millions d’années) et d’autres sont encore plus anciens, du Paléoprotérozoïque (il y a au moins 1,971 milliards d’années !). C’est une vingtaine d’échantillons qui ont ainsi été datés à l’uranium-plomb. De plus, ces cristaux ne se sont pas formés dans les roches basaltiques mais dans un milieu granitique.

Pour le géologue Bjorn Jamtveit (1), de l’Université d’Oslo, ces étranges silicates se seraient retrouvés sur l’Île Maurice par l’activité volcanique des lieux dont le magma les aurait fait remonter depuis un microcontinent placé sous l’île, qui aurait existé émergé entre Madagascar et l’Inde jusqu’au Crétacé.

Une autre indication confirme cette hypothèse : la mesure, par des analyses locales du champ gravitationnel terrestre, de la croûte du fond marin à cet endroit de la planète qui est de trois à six fois plus épaisse que la moyenne, entre 25 et 30 kilomètres au lieu des 5 à 10 kilomètres. L’idée d’une superposition d’un continent (Mauritia) à cette localisation paraît donc séduisante.

Enfin, on retrouve également ces mêmes silicates de zirconium dans la croûte continentale du côté de Madagascar, ce qui accentue l’hypothèse précédente.

Avatar sur les Atlantes

En quelques sortes, il a donc été prouvé qu’un nouveau continent avait existé et avait ensuite disparu au large de Madagascar. Or, le continent existe toujours mais englouti à 10 kilomètres sous l’Île Maurice. De nouvelles recherches vont être entreprises pour confirmer cette existence.

C’est en se basant sur ces derniers travaux très modernes de caractérisation des matériaux et d’étude de champ gravitationnel que le professeur George Vougioukalakis, de l’Institut de Géologie et d’Exploration minière d’Athènes (un centre de recherches qui emploie plus de trois cents géologues, plus de cinq cents techniciens et près de deux cents administratifs) a émis une hypothèse qui pourrait en finir avec deux millénaires d’interrogations et de supputations. Son article vient d’être publié dans la même revue « Nature Geoscience » le vendredi 29 mars 2013 et il n’y va pas par quatre chemins.

Selon la démonstration de Vougioukalakis, qui avait participé à la Conférence de Milos (Grèce) « The Atlantis Hypothsesis : Searching for a Lost Land » des 11 au 13 juillet 2005, le continent Mauritia aurait abrité la fameuse Atlantide dont Platon parlait dans deux de ses ouvrages, « Timée » et « Critias ».

insula atlantis carte

Sa démonstration se base avant tout sur la cartographie qu’avait réalisée le savant allemand Athanasius Kircher (1601-1680) pour investiguer sur cette civilisation perdue. Il avait notamment inséré dans son livre « Mundus subterraneus, quo universae denique naturae divitiae » (1664-1678) la carte de « Insula Atlantis » (autrement dit Atlantide), grand continent dans l’Océan Indien (malgré la dénomination), où l’on peut apercevoir à l’ouest deux parties du continent africain (probablement l’Égypte et Madagascar) et à l’est, l’Inde avec des îles qui pourraient s’apparenter à Ceylan et aux Seychelles. La forme d’ailleurs de l’île n’est pas éloignée de celle de l’Île Maurice vue du ciel.

Platon écrivait en particulier dans le « Timée » : « En ce temps-là, on pouvait traverser cette mer Atlantique. Elle avait une île, devant ce paysage que vous appelez, dites-vous, les colonnes d’Hercule. Cette île était plus grande que la Libye et l’Asie réunies. (…) Or, dans cette île Atlantide, des rois avaient formé un empire grand et merveilleux. ».

George Vougioukalakis estime que les colonnes d’Hercule, dans ce contexte, ne font pas appel à Gibraltar mais à Suez et au passage sans eau pour se rentre dans la Mer rouge. Ce qui serait en cohérence avec le fait que ce sont les prêtres égyptiens qui auraient retransmis par tradition orale cette histoire du peuple atlante.

Platon terminait sur le sujet ainsi : « Dans l’espace d’un seul jour et d’une nuit terribles, toute votre armée athénienne fut engloutie d’un seul coup sous la terre et, de même, l’île Atlantide s’abîma dans le mer et disparut. Voilà pourquoi, aujourd’hui encore, cet océan de là-bas est difficile et inexplorable, par l’obstacle des fonds vaseux et très bas que l’île s’engloutissant, a déposés. ».

L’hypothèse d’un glissement de terrain et d’un détachement de plaque tectonique reste donc toujours cohérente avec la vision platonicienne. Il est d’ailleurs remarquable de constater que malgré l’époque, les populations avaient de grandes capacités à voyager parfois très loin.

Dans le « Critias », Platon évoquait un métal noble, l’orichalque (étymologiquement « le cuivre des montagnes ») qui était l’une des caractéristiques de cette civilisation avancée.

Pour Vougioukalakis, il ne faut aucun doute que cet orichalque n’est autre que du zirconium qui peut être obtenu à partir du minerai de silicate ou d’oxyde (ZrO2). La Terre contient trois fois plus de zirconium que de cuivre et ses caractéristiques particulières (écrantage de la radioactivité, résistance à la corrosion) a permis à la civilisation de l’Atlantide de réussir un bond technologique qui en a fait l’une des premières populations à connaître l’énergie nucléaire.

Dans ses recherches sur les différents lieux de Mauritia, particulièrement en bordure de l’océan, le professeur Vougioukalakis a pu mettre en évidence un certain nombre d’indices retraçant l’histoire des Atlantes.

Ainsi, il a pu retrouver des pyramides « détronquées » qu’il a datées du XXVIIe siècle avant JC. (le début de l’Ancien Empire en Égypte, l’âge d’or des pyramides) qui servaient d’habitations sur les rives de l’île près d’arbres naturels et artificiels.

ile maurice 26eme s av JC

Les observations par satellite ont également fourni de précieux renseignements sur certains, comme ce Palais impérial qui date du VIIe siècle avant JC. Le géologue grec a d’ailleurs noté que les Atlantes vivaient toujours à proximité à la fois de la mer et des montagnes.

Atlantide 7eme s av JC

C’est ce qu’on voit entre autres dans ces fortifications qui datent du XIIe siècle, dont les toits étaient entièrement fabriqués en zirconium, ce qui donnait aux populations une protection très efficace et un sentiment d’invincibilité. Construits sur le littoral à côté d’arbres naturels et artificiels, les habitations étaient tournées vers le large pour avoir une meilleure vision de l’horizon.

Atlantide 12eme s av JC

D’après les conclusions des travaux de Vougioukalakis, c’est au début du XIVe siècle (à l’époque des « Rois maudits » de Maurice Druon) que les Atlantes ont acquis la technologie nucléaire (donc, avec six siècles d’avance sur notre civilisation). Au lieu de s’en servir pour fabriquer des bombes atomiques, ils ont développé toute une industrie spatiale pour voyager dans l’Espace. Cette montagne a ainsi abrité la première rampe de lancement d’une fusée atlante à propulsion nucléaire.

atlantide 14eme s av JC

Avec leur progression technologique, les Atlantes ont pu domestiquer la plupart de leurs montagnes pour en faire des bases spatiales. Ils ont en particulier conçu leurs premières soucoupes volantes à sustentation hydromagnétique au milieu du XVIe siècle (en pleine Renaissance chez nous) avec des tours de contrôle « naturelles » et des antennes « paranoïaques basses fréquences » pour contrôler au mieux les communications hertziennes.

Atlantide 16 eme s

L’une des constantes des résultats des recherches de Vougioukalakis, c’est qu’au-delà de l’utilisation précoce du zirconium comme matériau de base à la technologie atlante, les habitants savaient se rendre plus forts tout au long des siècles avec des « bains d’huile » dont la composition est malheureusement inconnue (comme c’est une matière organique, elle a une très faible durée de vie). Le fait que celle-ci fût plutôt translucide exclurait a priori le pétrole et tout autre « huile de roche ».

La disparition brutale de cette civilisation si riche et si évoluée a rendu très amer le géologue d’Athènes qu’il a comparée à la fin soudaine des dinosaures il y a 65 millions d’années.

Les pires contre-attaquent

Bien entendu, comme tout innovateur intellectuel, le professeur George Vougioukalakis a dû très rapidement affronter un grand nombre d’opposants à sa théorie originale, des disciples de Pierre Vidal-Naquet qui avait conclu que l’Atlantide n’était autre qu’une civilisation imaginaire pour donner plus de poids aux propos du philosophe, un peu comme dans « Candide » de Voltaire, des partisans de mettre l’Atlantide tout simplement à la place de Santorin et de la civilisation minoenne, mais aussi des illuminés qui sont persuadés que les Atlantes étaient des extraterrestres venus du ciel apporter le progrès scientifique au genre humain, un peu dans la lignée du film « 2001 l’Odyssée de l’Espace » ou dans le storytelling des Raéliens.

Cependant, Vougioukalakis n’a pas désarmé et dans une conférence de presse qu’il a tenu ce week-end pour calmer l’excitation de la communauté scientifique, il a tenu à apporter des explications à toutes les incrédulités et critiques de sa théorie (qu’on peut lire en détails dans ce document), en particulier sur la couleur de l’orichalque (le zirconium est plutôt blanc argenté), sur la capacité des Atlantes à voyager (des trajets de plusieurs milliers de kilomètres pour échanger avec les Athéniens et les Phéniciens), et surtout, sur la chronologie, puisque Vougioukalakis trouve encore des restes de civilisation atlante au XVIe siècle après JC (alors que Platon laissait entendre qu’elle aurait été détruite dès 9 000 ans avant lui), alors surtout, que le microcontinent Mauritia a disparu sous l’Île Maurice il y a plus de 60 millions d’années.

Mais à tous ses contradicteurs, George Vougioukalakis a apporté des réponses claires, précises, simples, et finalement, très éclairantes. La connaissance historique a fait un grand pas, et si l’on réussit à bien étudier cette phénoménale civilisation, peut-être que l’humanité réussira à s’améliorer et la Science à faire un grand bond en avant.

 

Sylvain Rakotoarison (1er avril 2013)

NB. La chaîne de télévision France 5 diffusera le jeudi 4 avril 2013 de 21h40 à 22h30 un documentaire titré : « Santorin et le mythe de l’Atlantide ».

Pour aller plus loin :

(1) « A Precambrian microcontinent in the Indian Ocean » by Trond H. Torsvik, Hans Amundsen, Ebbe H. Hartz, Fernando Corfu, Nick Kusznir, Carmen Gaina, Pavel V. Doubrovine, Bernhard Steinberger, Lewis D. Ashwal, Bjørn Jamtveit,
Nature Geoscience 6, 223-227 (March 2013).
Received 10 August 2012, Accepted 18 January 2013, Published online 24 February 2013

(2) « The Atlantis location after the discovery of Mauritia microcontinent » by George Vougioukalakis, Alberto K. Kupumolos, Ricardo J. Zorbami, Ernesto Valosquez,
Nature Geoscience 7, 421-428 (April 2013).
Received 29 february 2013, Accepted 21 March 2013, Published online 29 March 2013.

(3) Dossier complet sur l’Atlantide.

(4) CV du professeur George Vougioukalakis.

Sylvain Rakotoarison
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