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Barrage sur l’Irrawaddy

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Quelque chose de très inhabituel est en train de se passer au sein du gouvernement birman : il serait divisé à l’idée de la construction d’un barrage géant sur le fleuve Irrawaddy, ce fleuve mythique qui prend sa source dans l’Himalaya. Pas seulement parce que la construction du barrage Myistone va poser d’énormes problèmes écologiques pour la flore et la faune et le déplacement de villageois (qui aurait déjà commencé), pas seulement parce que ce fleuve a donné vie à la civilisation birmane mais parce que les gens ne veulent pas de ce projet.

Dans ce pays où les militaires ( maintenant sous un déguisement civil), conduisent le peuple avec une violence barbare, quelque chose craque. La contestation. « Et la division regne aussi au sein du gouvernement, ce qui «  pourrait » faire reculer le pouvoir ou en tout cas, le forcer à revoir ce projet de barrage, source fantastique d’énergie électrique et donc de fric. Il faut pourtant ajouter que ce projet procède d’un accord signé en 2006, entre l’entreprise publique « China Power Investment Corporation » (CPI)  et le ministère birman de l’énergie ».

« Si les souhaits du peuple sont méprisés et si le projet continue » écrit U Ludu Sein Win –   ecrivain dissident – dans « weekly eleven », journal populaire de Rangoon, « Alors le peuple défendra l’Irrawaddy avec tous les moyens dont il dispose »… (International Herald Tribune). Donc la colère gronde au Myanmar. Et jusqu’où ira le peuple harassé pour défendre ce qu’il lui reste de sa culture, source de vie ?

Ce projet, financé et dirigé par une compagnie chinoise, soulève un autre problème : celui de la mainmise de la Chine sur le pays. Car l’électricité que produira ce barrage sera essentiellement destinée à la « China Southern Power Grid » au Yunnan tout proche.

Dali au Yunnan

Je dinais hier avec Didi, une amie chinoise rencontrée au Yunnan il y a 3 ans et qui, arrivée à Paris sans un mot de français il y a 2 ans, va entrer à Paris 8 pour un master de psychanalyse. Elle participe à l’écriture d’un magazine chinois dont les rubriques ont été confiées à une autre amie artiste, originaire elle aussi du Yunnan : Yangyang. Toutes deux s’indignent de voir que le gouvernement chinois est en train de créer un métro à Dali ! Une ville historique charmante qui est  visitée par des millions de touristes pékinois. Projets divers en train de détruire la culture « Baï » de cette région. Pourquoi ? Au nom du progrès, du tourisme et du fric. Et probablement avec l’électricité qui sera fournie par le barrage birman, pas si loin de Dali.

116, Yangyang, lac Erhai
Yangyang sur le lac Erhai a Dali, Yunnan

« Le 5 février 2010, la « Kachin National Organization » (KNO, basée à Londres) a protesté contre la construction du barrage devant les ambassades de Birmanie au Royaume-Uni, au Japon, en Australie et aux États-Unis (Cette date était le 49e anniversaire de la création de l’Armée Kachin pour l’indépendance (KIA), la branche militaire de l’Organisation Kachin pour l’Indépendance (KIO). Tous les courriers sont restés sans réponse à ce jour » (Wikipédia)

Des Kachins, des Karens seront chassés de leurs terres, des milliers de villageois ont déjà été ejectés de leurs villages…. pour être « relogés » dans des préfabriqués.

La culture recule au nom du progrès et surtout du fric. L’homme, ennemi de l’homme. Parfois il m’arrive de penser à ce qu’écrivait le pessimiste  Céline :  «  C’est naître qu’il n’aurait pas fallu »

Blog _6830

Didi aujourd’hui a Paris

Blog
Yangyang, Didi a Kunming il y a 3 ans

Michèle Jullian
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