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Boukhara ; une ville idéale pour les touristes (Voyage Ouzbekistan)

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 Boukhara fait partie des villes incontournables lorsqu’on voyage en Ouzbekistan. En raison de son patrimoine historique et culturel, cette superbe ville est très attractive pour les touristes qui s’y pressent au risque de décourager les voyageurs désireux de sortir des sentiers battus.

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Boukhara ; la ville ouzbek préférée des touristes

Boukhara m’a donné l’impression d’une ville envahie par les groupes de touristes, essentiellement des personnes âgées venues de France, d’Italie ou d’Autriche. A ce qu’on m’a dit, les français sont d’ailleurs devenus le premier contingent de touristes étrangers il y a quelques années. Les groupes organisés pour leur part représentent une majorité écrasante de ces touristes. Il y a aussi bien entendu de nombreux touristes ouzbeks qui visitent leur pays, mais ceux-ci font plus facilement partie du paysage, et il est d’ailleurs très agréable d’échanger avec eux et de poser de temps en temps en photo.

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Difficile donc d’évoluer dans la vieille ville de Boukhara sans croiser ces groupes, toujours précédés d’un guide en général parlant bien leur langue, et leur racontant tout ce qu’ils ont à savoir sur l’histoire des pierres qu’ils sont en train de visiter. Je suppose que la plupart d’entre eux oublieront 90% de tout cela dès qu’ils auront mis les pieds hors du pays, mais chacun aura rempli sa part du contrat: le guide aura méticuleusement fait son travail, tandis que le touriste aura déployé tous les efforts humainement possibles pour s’informer sur le pays qu’il visite, le guide se chargeant naturellement de veiller à ce qu’aucun contact authentique avec le pays réel ne s’établisse. Comme il était amusant de voir des ouzbeks – touristes ou locaux – tenter d’échanger quelques mots avec eux, à la plus grande joie des intéressés, tandis que le guide les pressait de ne pas perdre de temps pour aller voir le monument suivant et respecter l’emploi du temps très serré concocté par le tour operator. Quelle tristesse de voyager comme cela, et de passer à côté du meilleur de ce que l’Ouzbékistan a à offrir, sans peut-être même le soupçonner. Restaurants réservant leurs plus grandes tables et boutiques de souvenirs attendant le chaland de pied ferme, la ville entière semble les attendre, et il faut bien reconnaître que les touristes individuels ne bénéficient pas des mêmes attentions mais c’est évidemment beaucoup mieux comme ça. C’est une raison de plus d’aller à la rencontre du pays réel à Boukhara comme ailleurs en Ouzbekistan.

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A chacun sa façon de voyager bien sûr, et j’ai même eu à quelques occasions des discussions plutôt intéressantes avec certains d’entre eux qui préféraient s’asseoir dans un coin tandis que leurs collègues parcouraient des medersas en buvant les paroles de leur guide. Ils avaient l’air surpris que l’on puisse facilement, toutes proportions gardées, voyager de manière autonome dans ce pays, et, qui sait, entretenaient peut-être des regrets de ne pas l’avoir fait.

Boukhara est donc la ville idéale pour eux. Son richissime passé et son patrimoine architectural, peut-être encore plus fabuleux que celui de Samarcande; en font la ville-musée idéale, avec même de vrais habitants dans les rues de la vieille ville. Et pourtant, j’ai préféré Samarcande, dont les vestiges du passé se fondent dans une ville réelle, à la fois moderne et ancienne, et beaucoup plus débordante de vie. C’est un sentiment que j’ai ressenti dans chaque nouvelle ville ouzbèke que j’ai visitée, un sentiment de malaise et de désintérêt tout d’abord, qui laissait place progressivement à une phase d’apprivoisement puis un véritable coup de coeur à chaque fois. Tachkent, Samarcande, Boukhara, Khiva, Nukus, toutes sont passées par ces différentes phases. A Boukhara, c’est ce calme absolu uniquement troublé par les allées et venues des touristes qui m’a d’abord dérangé, avant que je n’arrive à cerner la ville dans son ensemble, et ses prolongements dans la ville moderne qui l’entourait. Toutefois, si je pense avoir apprécié à leur juste valeur les merveilles architecturales de la superbe Boukhara, mon coup de coeur restait pour Samarcande, sans doute moins déconcertante pour un citadin plus habitué à ce genre de ville. Malgré tout, la vue panoramique du sommet de l’emblématique Minaret Kalon reste inoubliable, et est sans doute mon plus beau souvenir de cette ville, d’autant plus que je m’y suis retrouvé seul.

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Je ne peux toutefois pas m’empêcher de pester contre la systématique double tarification à l’entrée de chaque monument. Ce qui me gêne n’est d’ailleurs pas dans le principe en lui-même, plutôt bien répandu dans le monde, mais la manière qu’ont les gens de refuser de l’admettre. Pourtant, quand un vendeur de tickets a sous les yeux des liasses entières de tickets à 250 sums, on ne peut que s’étonner de payer 10 fois plus cher. Quasiment personne n’a osé me dire que c’est le tarif étranger que je devais payer, et on me disait la plupart du temps que 250 était le tarif pour les enfants, les enfants ouzbeks m’avouait-on parfois. Note de voyage importante: les ouzbeks semblent vieillir très vite, puisque même quand ils paraissent avoir 30, 40, 50 ans ou plus, ils sont malgré tout mineurs et paient donc le tarif enfants. Les pauvres, qu’est-ce que cela donnera quand ils grandiront…

Les vendeurs de Boukhara : au coeur du bazar



C’est à la densité de vendeurs de souvenirs à l’hectare que l’on mesure la popularité d’une ville touristique, et d’après ce critère, il semblerait que Boukhara soit la préférée des visiteurs étrangers.

Rares sont en effet les monuments et sites historiques de la ville de Boukhara qui n’en hébergent pas et il pourrait être intéressant d’en tenir une liste exhaustive. La grande Mosquée Kalon, contigüe au Minaret Kalon, ainsi que la splendide nécropole de Chor Bakr à l’écart de la ville me viennent à l’esprit, cette dernière m’ayant d’ailleurs particulièrement marqué car il m’a semblé y reconnaître une scène du documentaire « Retour à Samarcande » dont je parlais au début de ce récit. Bref, il doit y en avoir d’autres, mais ils ne sont pas légion. En ce qui concerne le reste de la ville historique, et bien ce n’est ni plus ni moins qu’un gigantesque bazar qui a même gagné les antiques medersas où l’on dispensait autrefois toutes les lumières de la civilisation islamique à son apogée. Inutile de s’étonner lorsqu’à certains emplacements désignés sur la carte de la ville on ne trouve rien d’autre que des marchands de céramiques ou d’étoffes, car c’est bien la seule chose qu’il y ait désormais à y voir. Les temps ont bien changé… et le fantôme d’Omar Khayyam plus discret que jamais.

boukhara marche

Impossible donc de ne pas côtoyer les vendeurs de Boukhara, qui sont probablement les mieux rodés et les plus efficaces du pays, ainsi qu’accessoirement les mieux approvisionnés en souvenirs de toutes sortes. Jusqu’au bout j’ai réussi à parer leurs assauts les plus insistants et leurs salamalèques les plus obséquieuses jusqu’à ce que, finalement, je me décide à acheter une peinture dont je m’étais dit qu’elle irait bien dans mon bureau. Mais avant cette capitulation, que de luttes vaillantes ont été menées de part et d’autre!

Une première vague d’assaut a eu lieu dès la première heure après mon arrivée, orchestrée par des gamines ayant établi leur quartier général près du Minaret Kalon. Anglophones et même francophones pour certaines, elles occupaient un lieu de passage éminemment stratégique car il était très difficile de l’éviter pour rejoindre certains sites et parties de la ville. Les premiers assauts furent habilement esquivés de ma part, en adoptant une technique dite procrastinatrice, c’est-à-dire remettant à plus tard mes futures visites de leurs « boutiques ». Efficace sur le court terme, cette technique est cependant catastrophique sur le long terme, car l’ennemi est savamment embusqué et ses attaques redoublent d’intensité à chaque barrage, jusqu’à ce qu’un choc physique finisse par se produire: « si tu ne m’achètes rien aujourd’hui, je vais te casser la gueule »… « ta mère! » argumenta en français l’une d’entre elles en m’écrasant les pieds pour empêcher toute fuite. Cette technique d’usure alternant fuite simulée et harcèlement en embuscade était caractéristique des attaques nomades en Asie Centrale contre un ennemi souvent supérieur en nombre et sûr de lui. Je vois qu’elle a encore des adeptes.

D’autres, plus fins, ont fait le pari d’apprendre le français de manière intensive et de parler couramment notre langue, en sachant qu’un tel investissement peut être facilement rentabilisé vu le nombre de touristes français nomadisant dans la ville. Cela permet au moins d’avoir de longues conversations intéressantes avec eux, comme cela fut mon cas avec Ulug Beg en personne (non pas le célèbre prince astronome, mais son homonyme vendant quelques souvenirs dans la citadelle de l’Ark).

Et puis il y a les traditionnels cheap cheap, look look et good price ponctuant le passage du moindre faciès occidental (accompagné d’un rapide et souple déplacement physique et de techniques d’embuscade encore plus agressives lorsque l’occidental se déplace en troupeau).

Pour ma part, j’avais choisi d’entrer et de prêter attention à l’une des rares boutiques qui ne donne pas dans ce genre de démarchage, d’autant plus que ses nombreux pin’s de Lenine et autres décorations soviétiques à l’extérieur laissaient présager d’intéressants développements pour ma collection d’artefacts communistes. Finalement rien ne s’est fait car le bonhomme se montrait inflexible lors des négociations, ne cédant que quelques centimètres de terrain alors qu’une vaste étendue désertique séparait nos vues. Tant pis pour lui et tant mieux pour moi, puisque j’ai retrouvé les mêmes à Tachkent pour cinq fois moins cher et une semaine plus tard, sans même négocier. Je suppose en fait que c’était la même chose pour tout ce qui s’achetait et se vendait dans ce quartier de Boukhara.

Mon supposé dernier jour à Boukhara, j’ai décidé de fuir la ville-musée pour faire un tour dans la ville nouvelle, bien décidé à y trouver une quelconque animation digne d’intérêt. En fait de vie, je n’ai trouvé que de larges avenues désertes bordées d’arbres, et des bâtiments imposants d’un autre âge. Au revoir la route de la soie, bienvenue en ex-Union Soviétique!

Mes pérégrinations m’ont ramené à proximité du stade de la ville, non loin de l’Université déserte et de la vieille ville dont je n’aurais jamais soupçonné l’immédiate proximité si je n’avais vaguement en tête l’orientation générale de Boukhara. Et soudain, une immense clameur s’éleva du stade, des centaines voire des milliers de voix semblant hurler de quelconques slogans en cadence. Puis un calme saisissant reprenait possession de la ville fantôme, pour faire place nette quelques minutes plus tard devant un nouveau tintamarre indescriptible. Tandis que je faisais le tour de l’imposant ouvrage, tentant de trouver une entrée ou, à défaut, un angle de vision propice à épier ce qui pouvait bien se passer à l’intérieur, les phases de silence et de frénésie alternaient à un rythme irrégulier. Les abords du stade étaient désespéremment vides, et tout ce qui ressemblait à un accès grillagé et cadenassé. Personne non plus à qui demander ce qui pouvait bien se passer, ou du moins pour répondre dans une langue qui me soit intelligible. Il devait être écrit que ce fascinant phénomène resterait un mystère pour moi.

J’avais en fait ma petite idée sur la question, puisque nous étions le 8 mai, un jour célébré en France comme anniversaire de l’armistice de la Seconde Guerre Mondiale, et qui en ex-Union Soviétique est célébré un jour plus tard, pour d’obscures raisons historiques. Le lendemain 9 mai devait être un jour férié, et j’imaginais qu’une grande fête était prévue dans le stade à laquelle participerait toute la ville, et que nous en étions aux répétitions finales. Je brûlais de curiosité, me plaisant à imaginer des mouvements d’ensemble dans le stade, comme on ne peut en voir que dans les pays idéologiquement tenus d’une main de fer. Hélas, le peu que j’ai pu voir de l’intérieur du stade ne révélait que des gradins vides et pas la moindre présence humaine à l’intérieur. Le fruit de mon imagination fertile retomba comme un soufflet.

De retour à mon hôtel, j’en profitais pour interroger le sympathique – et anglophone – patron et lui demander ce que tout cela lui évoquait. Ni lui ni son personnel n’étaient hélas au courant de rien, même si on me confirma qu’il y aurait probablement des festivités le lendemain. Il me suggéra de tenter ma chance et de rester un jour de plus à Boukhara, histoire de voir ce qui pourrait bien se passer. De fait, de nombreuses avenues étaient coupées, des drapeaux apparaissaient partout et la ville était trop calme pour que nous soyons dans autre chose que l’oeil d’un cyclone. Il devait se passer quelque chose le lendemain, c’était écrit quelque part, et je n’ai donc pas pu me résoudre à passer toute la journée dans un taxi à destination de Khiva et à rater ce spectacle.

Le lendemain, je me suis donc levé tôt comme prévu, non pas pour aller à la gare routière, mais pour me présenter à l’entrée du stade, certain que des foules se battraient pour obtenir les quelques places encore invendues. Le quartier était en fait encore plus mort que la veille dans l’après-midi, et absolument rien ne laissait présager une quelconque célébration grandiose. Après avoir vainement tenté d’interroger quelques personnes, dont un petit homme vert, en articulant des mots comme « cérémonie » et « parade » et en priant pour qu’ils se prononcent de la même façon en russe, j’ai finalement accepté la réalité des faits: si quelque chose devait se passer quelque part, je n’avais aucun moyen de savoir quoi, où et quand. Tant pis pour ces défilés d’anciens combattants à la poitrine tapissée de médailles soviétiques que je voulais voir au moins une fois dans ma vie, il valait encore mieux que je parte à Khiva où après tout, il se passerait peut être aussi quelque chose en fin d’après-midi.

Et c’est sur le chemin de l’hôtel où j’allais chercher ma valise que je l’ai vu. Ou plutôt que je l’ai d’abord entendu. Environ 80 ans, un costume et une allure très dignes, et surtout quatre ou cinq médailles que j’ai en parties reconnues, à hauteur de sa poitrine. Ces précieuses récompenses tintaient en s’entrechoquant, au rythme du pas décidé de l’ancien combattant qui les portait, et s’engageait résolument vers une direction mystérieuse. Je me suis arrêté pour le regarder passer. Nous étions seuls dans cette petite rue qui semblait déboucher sur un cul-de-sac. Que faisait-il donc seul ici? Etait-il à lui tout seul la cérémonie de commémoration de l’armistice? Il est arrivé à ma hauteur sans faire attention à moi, le regard fixe et déterminé de celui qui sait où il va, et empreint de fierté de celui qui sait qu’on ne l’arrêtera pas. Je n’ai donc pas cherché à importuner ce respectable patriarche, et c’est avec un certain soulagement que je suis arrivé à mon hôtel: j’avais pu en voir un. Il est temps de quitter Boukhara, mais si vous avez envie de découvrir le reste de mes aventures en Ouzbekistan, je vous invite à découvrir mes Portraits ouzbeks.

 

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