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Chroniques nomades d’une Farang voyageuse en Thailande

riziculture en asie

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Combien de Farangs…?

Certains n’aiment pas ce substantif, le considèrent désobligeant…

Combien d’occidentaux blancs, car telle est la traduction générale
de « farang » pour les thaïs de toute classe sociale : du paysan
à la Hi So (High Society) en passant par les gamins des rues…

Combien de farangs vivant en Isan avec leur épouse thaïe
savent pourquoi dans cette région on parle le lao-isan plutôt que le « thaï
khlaang », le thaï officiel, le thaï de Bangkok ?

Pourquoi un petit pays comme le Laos que les thaïs appellent
avec condescendance « petit frère », se positionnant ainsi en « grand
frère », comment un pays d’environ 7 millions d’habitants a-t-il pu transmettre
sa langue à une province grande comme presque un tiers de la Thaïlande ?

Longtemps le petit royaume de « Lane Xang » (le
royaume du « million d’éléphants ») fut vassal du Siam, d’où ce sentiment
de supériorité qui perdure à travers les âges vis-à-vis du petit voisin.

Un personnage historique Jao Anouvong –  Jao Anou – chercha à délivrer son pays du joug des siamois. Après quelques tristes épisodes de révoltes contre l’armée de Rama III, celle-ci occupa Vientiane. Jao Anou ne s’avoua pas vaincu et alla chercher de l’aide du côté des vietnamiens et reprit Vientiane aux siamois. Rama III décida d’en finir avec ce petit peuple et Vientiane fut pillée, rasée. Non contents d’avoir détruit la ville, les vindicatifs siamois procédèrent durant les années suivantes, à des transferts massifs de population lao vers la grande région du nord-est thaïe, la région Isan. (Besoin de main-d’oeuvre sûrement) Ce qui explique le fait paradoxal qu’il y a aujourd’hui
dix fois plus de Lao en Thaïlande que de l’autre côté du Mae Nam Khong (Mékong)

Après ça, Auguste Pavie (explorateur et diplomate français) revendiqua
l’ensemble du Laos (il avait obtenu en 1886 la création d’un vice consulat à
Luang Prabang) mais ceci est une autre histoire.

Khao djaï maï ? (tu comprends ?) Et selon que vous êtes lao ou thaï vous
répondrez : baw khao djaï (isan) ou maï khao djaï (thaï)… Je ne comprends pas. Et finalement ça
se terminera sûrement en « Baw pen yang  deuh » (lao) ou en « maï pen raï kha » (thaï) : quelle importance, ça ne fait rien ! shaï mai ?

Et pour ceux qui voyagent du nord au nord-est et au centre,
comment dire « délicieux » (important en Thaïlande de savoir
apprécier la nourriture et de le faire savoir) : « aroï maak  loeï »  (thaï) « sep illi deuh » (isan) « ram
tae tae » (langage de Chiang mai)


enseignante lao au laos
Une enseignante Lao au Laos et mon compagnon thaï qui parle aussi bien lao (isan) que « khlaang » (officiel) que « meuang » (dialecte nord).

Une exigence essentielle et indispensable, comme le souffle de vie

Lorsque la nourriture la plus simple du monde comme la pizza –  plat du pauvre par excellence – ou les lasagnes… lorsque cette nourriture de base atteint une sorte d’excellence intelligente, de perfection délicate, alors je n’hésite pas à la comparer à la beauté parfaite de la campagne Toscane. Equilibre, sérénité, contentement. C’est ce que je dis à Emilio, sicilien et propriétaire (enfin sa femme Tay) du restaurant « Why not ? » Nimmanheimin, Soï 11 à Chiang Mai.

Dans le jardin de ce restaurant italien s’épanouissent des « arbres du voyageurs », bananiers à  forme d’éventails géants pour personnages de kermesse flamande. La cuisine du « Why not » est préparée avec art et, contrairement à la plupart des restaurants, pas de serviette en papier ici – tissue ou titchue comme disent les thaïs – mais de vraies serviettes de coton de couleur rouge et un éclairage aux bougies le soir.

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Emilio a bien fait de quitter sa Sicile pour venir s’installer à Chiang mai. Il a aussi su transmettre à son personnel thaï, son tournemain pour les sauces, les pâtes et ses sublimes antipasti. Lorsque la nourriture italienne est raffinée comme l’est celle d’Emilio, le corps et l’esprit se réjouissent. Rien de fulgurant comme certains currys thaïs, pas d’envolées cérébrales comme avec  la cuisine française plus intellectuelle, plus « chichiteuse », mais une satisfaction immédiate, un apaisement rapide de cet appel animal de l’estomac qui réclame « satisfaction ». Sensation si exigeante qu’elle  demande satiété plusieurs fois par jour et devient obsédante lorsqu’elle n’est pas comblée. C’est si fort, si essentiel, que dans la culture thaie, on ne demande pas « comment ça va ? » mais « kin reu yang ? » « As-tu mangé ou non ? »

Lorsque j’appelle mon ami thaï au téléphone depuis la France, c’est la première chose qu’il me demande. Et si, prise de considérations vaguement métaphysiques, je tente de lui communiquer mon désarroi devant la haine des hommes dans le monde, la violence dans les villes, mon manque d’inspiration, la peur de la mort, la connerie humaine…. Tout cela n’existe pas à côté de sa réponse : « As-tu pris ton petit déjeuner ou non ? » Une véritable philosophie terre à terre, basique, donc essentielle. Exigence devant laquelle nous sommes tous égaux quelle que soit notre couleur de peau, notre culture, nos connaissances.

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Vibrations à distance

A tout instant de la journée, nos pensées s’extériorisent et tendent à affecter les personnes auxquelles on pense, surtout si celles-ci sont sensitives et la distance n’a rien à voir à l’affaire. Dans la réalité, il y a des signes vraiment troublants. J’écrivais hier un des derniers chapitres de mon roman (dont le titre reste encore à définir).

Amata, jeune-fille d’origine thaïe, quitte le cocon d’une famille parisienne aisée : père astrophysicien au charme à la Arthur Miller, mère, star blonde d’un seul film, tous deux obsédés par le temps, celui dont « il » cherche l’origine, celui « qu’elle » tente de retenir pour ne pas vieillir et continuer de ressembler au personnage jeune  de son unique film.

Amata a tout juste 18 ans, bachelière avec mention, pas voyageuse mais têtue : elle veut retrouver sa mère biologique. Un chemin d’apprentissage de la vie dans un pays où tout est différent : la Thaïlande, dans une région où il faut d’abord survivre : l’Isan. Ce chemin ne mènera  pas forcément là où on l’attend. Il y a trop d’espoir d’un côté, trop d’attente de l’autre.

Bref, dans ce chapitre, Amata rencontre un vieil italien bavard qui l’entraîne dans un bar de Udon. Là ils sont servis par une fille dont le rire de crécelle agace mais dont la serviabilité et le sérieux lui valent le respect de tous. Parcours atypique d’une thaïlandaise dont je décris avec précision le caractère et les malheurs car je l’ai bien connue.

Elle fut ma première amie à mon arrivée à Udon. J’ai, avec elle, écouté plus de « phleeng pheua chiwit » (chanson pour la vie) que ne peut en supporter une oreille occidentale. Nous sortions chaque soir ensemble, elle après son travail, moi après mes cours et la préparation de ceux du lendemain. Confidentes de nos vies réciproques. Et puis elle a trouvé un travail ailleurs. Nous nous sommes perdues de vue. J’ai quitté l’Isan pour la frontière birmane et nos chemins se sont séparés. C’était il y a 9 ans.

Hier donc, je faisais de Tee un des personnages de mon roman, avec d’autant plus d’acuité et de détails que j’avais bien connu la vraie personne. (ça arrive d’emprunter à la vraie vie dans les romans, surtout pour les personnages secondaires).

Au moment où je termine ce chapitre, le 33è du roman, je reçois un mail et je lis le nom de l’expéditrice écrit en thaï : Tee Choutima. Dans mon roman je l’avais appelée Tee Thitima.

Forcément j’ai émis des ondes en pensant à elle. Elles devaient être fortes car elle les a non seulement perçues mais a retrouvé dans le même temps  et par je ne sais quel miracle, mon adresse email qu’elle avait perdue.

J’en ai eu des frissons pendant plus de 5 minutes. C’était surprenant, non pas le fait que Tee m’ait recontactée, mais en raison de la quasi simultanéité de nos écrits, moi dans mon roman, et elle avec son mail.

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Drôle de filiation

Quelle impression de tristesse de laisser s’éloigner – comme le font les parents qui regardent leurs enfants devenir adultes et quitter la maison pour marcher dans la vie – des personnages avec lesquels on a vécu pendant plus de dix-huit mois !

Je les ai vus naître. De mon imagination-matrice. Avant de les baptiser, j’avais déjà des projets pour eux. J’avais une idée de ce que serait leur parcours, mais bien sûr certains n’en n’ont fait qu’à leur tête et m’ont fait un drôle de pied de nez.

A chacun j’ai donné un nom. AMATA d’abord, l’héroïne de cette histoire, celle par qui tout arrive. Amata. En thaï, avec les trois tons médians – très important – signifie : « qui dure toujours », « éternité ». C’est le prénom que lui ont donné ses parents adoptifs à son arrivée en France à l’âge de quatre ans.

Et puis SHANTI. Lui est indien, né à « Dum-dum, terminus nord du métro de Calcutta ». Lui il dit « last city to Calcutta », comme on dit « Last exit to Brooklyn ». Adopté tout bébé. Et Shanti est aussi le nom donné par ses parents adoptifs. Ils ne savaient pas qu’ils lui donnaient en fait un nom de fille.

Ils sont les deux faces d’une même médaille.

Amata, lisse, se fondant dans la masse pour ressembler le plus possible aux « autres », pour ne pas se distinguer d’eux, ne pas être remarquée ou moquée. Shanti, l’inverse absolu. Il a pris l’habitude de dire : « Puisque je ne peux me rendre invisible, regardez-moi, non pas comme je suis, mais comme je veux que vous me voyiez. Si je ne suis pas populaire en raison de ma différence, je vais vous rendre fades avec votre look banal, standardisé. Vous courez après la mode, après les marques, vous serez toujours en retard sur elle, elle aura toujours une longueur d’avance sur vous, c’est sa raison d’être. Moi je créé mon propre style. Vous aimez ce qu’on vous impose sans même vous en rendre compte, vous aimez ce que tout le monde aime, vous êtes des suiveurs, je serai toujours à contrecourant, c’est ma façon d’être, d’accepter ma différence, en vous la lançant à la figure »

Bien sûr les contraires s’attirent… Ils ont 18 ans tous les deux. Elle, la douce, la tranquille, l’invisible, va partir le soir de son anniversaire pour Bangkok et la région Isan d’où elle est originaire, pour tenter de retrouver sa mère biologique. Tout au long de son périple, elle garde  le contact avec Shanti et lui raconte son aventure en « terra incognita ».

Amata et Shanti ont grandi dans des univers privilégiés : le père d’Amata est un célèbre astrophysicien, sa mère, l’actrice éblouissante d’un seul film. Le père de Shanti est banquier, sa mère milite pour les sans-papiers. Je me suis amusée à le faire, lui, de droite, elle, de gauche. Un contexte intéressant quand on sait d’où viennent ces deux adolescents.

Est-on héritier de ses parents adoptifs ou de ses parents biologiques, est-ont le produit de sa culture ou de ses origines ?

Je vais, dans les jours qui viennent, abandonner mes enfants pour les confier à des éditeurs qui les adopteront ou pas. Dans l’affirmative, ce sont les lecteurs, beaucoup plus tard, qui les adopteront ou non… quelle drôle de filiation.

Laisser partir ceux qu’on aime,

Blog 1 KAREN VILLAGE46

Mérite, bruit et feu !

Huit heures du matin, et déjà un coup de soleil, le temps de me rendre de mon appartement au « Smoothie Blue » pour mon petit déjeuner aux fruits tropicaux. Quand je dis « coup », le mot est tout à fait approprié. Méchant coup, violent, agressif. A huit heures du matin ! Dans un ciel désespérément bleu et sans nuage. Coup de soleil comme un coup de bambou, et à propos de bambous, ceux que j’ai plantés sur mon balcon s’obstinent à ne pas grandir. « Evidemment » me dit mon ami, fâché que je ne l’ai pas consulté pour cet achat, « Ce sont des bambous nains du Cambodge ». Ah ! Tout s’explique !

Dès les premiers pas hors de l’appartement, réfrigéré autour de 25/ 26 degrés, la fournaise extérieure vous prend littéralement en sandwich – ou plutôt en hamburger – entre goudron surchauffé et ciel fiévreux. Même le canal – le Moat – qui entoure la vieille ville de Chiang Mai, a l’air d’avoir soif lui aussi. Et il ne faut pas compter sur une douche froide pour vous rafraîchir, l’eau froide est chaude. Elle aussi.

Pendant ce temps, Yasothon (ville du Nord-Est) lance ses rockettes vers le ciel à grand renfort de musique, de rires et de whisky local. Pour demander aux dieux de faire venir la pluie et bénir la terre qui accueillera les futures récoltes. (Heureusement beaucoup de « rouges » sont rentres a la maison). C’est la tradition en Isan, mais pas seulement… Fusées de bambou emplies d’un savant mélange de nitrate et de poudre de charbon…comme des prières lancées à Vassakan le dieu de la pluie dont la légende dit qu’il aime qu’on le vénère avec le feu.

« Boon Bang Fai ». Tout est dit dans ce mot : Boon, le mérite – Bang le bruit – Fai le feu…. Sans oublier le feu de l’alcool local….

BOON BANG FAI
Préparation des fusées pour un « Boon Bang Fai » karen, dans un village a la frontière birmane.

Michèle Jullian

1 commentaire pour “Chroniques nomades d’une Farang voyageuse en Thailande”

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