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Pourquoi est-il toujours préférable de payer dans la devise locale qu’en euro?

Pour beaucoup de voyageurs, il semble logique de payer en euro à l’étranger pour éviter d’avoir à faire le change. Si c’est pratique, ce n’est pas pour autant pertinent, puisque c’est la garantie de payer plus cher. Voire bien plus cher! Je vous dis tout sur le change dynamique qui est à l’origine de l’un des attrape-touristes les plus courants lors des paiements.

Paiements en Europe hors zone euro : vaut-il mieux payer en euro ou avec la monnaie locale?

Aujourd’hui, si vous payez par carte bancaire hors zone euro, vous savez peut-être qu’il est possible de demander la conversion directe du prix en euro. Ce n’est pas automatique : cela dépend des terminaux de paiement et des cartes. Cela vous paraît sûrement une bonne idée pour savoir combien vous allez payer. Et pourtant! vous avez tort, car ce que vous paierez en théorie n’est pas ce qui vous sera facturé. On appelle cette pratique de frais cachés le change dynamique.

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Qu’est-ce que le change dynamique?

Traditionnellement, on payait dans la devise locale sans avoir d’autre choix et on ignorait jusqu’à l’existence des frais bancaires pour les transactions et la conversion. C’était la mauvaise surprise du retour de vacances qui salait la facture, car il est rare qu’au cours d’un séjour, on se connecte souvent sur son compte courant pour suivre les frais. A moins d’avoir un budget très serré. Quand on les additionne, on réalise que cela représente plus de 5%. Soit 35€ pour un montant de 700€ (montant moyen par personne pour une semaine en haute saison). Mais savez-vous que cela peut être jusqu’à 10% plus cher dans certains cas ou des pays comme la Croatie, où ces pratiques sont très défavorables?

Pour faciliter les transactions des voyageurs, le change dynamique DCC pour « Dynamic Currency Conversion » a été mis en place. Il est devenu de plus en plus courant avec l’émergence de la zone euro.

Le principe est de permettre d’afficher le prix pour payer dans la devise du pays dont provient la carte bancaire du client. Cela signifie que le montant s’affiche automatiquement en euro si vous venez de France ou de Belgique, en dollar canadien si vous venez du Québec, en Franc suisse pour les Suisses.

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Pour en savoir plus sur les pratiques et les pièges du change dynamique (document en anglais mais très complet et édifiant, réalisé par The European Consumer organisation, organisation du consommateur européen, un équivalent de 60 millions de consommateurs à l’échelle de l’Union européenne)…

terminal de paiement change dynamique

Prenons un exemple pour que tout soit clair. Comme vous êtes nombreux à découvrir ce site pour vous demander comment payer en Croatie, je vais faire une simulation en kunas :

vous effectuez un achat de 100 HRK soit environ 13€

Si vous payez en euro en liquide, on vous demandera 15 € en billets. On vous rendra éventuellement 15 HRK.

Si vous payez par carte bancaire avec le DCC, le montant pourrait être de 14 ou 15€, sans qu’on vous rende la moindre monnaie!

L’exemple est d’autant plus intéressant que la Croatie, comme d’autres pays des Balkans ou d’Europe centrale, est réputée pour pratiquer des taux de conversion très désavantageux.

Si le DCC n’est pas activé ou disponible, le vendeur inscrit 100 HRK sur le terminal et c’est ce que vous payez. Vous serez débité de ces 100 kunas. Mais quelques heures ou jours après, vous serez aussi débité des frais bancaires correspondant à la transaction (entre 2 et 3,5% selon les banques). A moins d’avoir opté pour une carte sans frais ou de disposer d’une option “voyage”.

Pourquoi le DCC est-il presque toujours défavorable aux voyageurs?

Votre banque applique son propre taux de conversion lors de l’autorisation de transaction. Ce n’est pas pratique de savoir quels sont les surcoûts pour gérer son budget voyage, reconnaissons le.

Selon le change théorique, pour 100 HRK, vous devriez payer 13,20 euros. Sauf que ce sera rarement le cas, car le taux est appliqué par une entreprise intermédiaire, souvent entrepris privée, qui prend sa part.

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Le change dynamique est-il vraiment un piège à touristes ou une solution pratique?

Le change est rarement à l’avantage du client, mais en plus, votre banque rajoutera ses frais de transaction pour avoir communiqué avec la banque et déclenché l’autorisation (en général entre 0,25 et 0,75€ par transaction). Vous êtes alors soumis à plusieurs intermédiaires, qui sans que vous le sachiez toujours prennent une commission et aboutissent à ce que vous payiez plus cher dans tous les cas.

en choisissant l’euro, vous risquez de payer jusqu’à 12% plus cher

Le change dynamique s’avère une véritable manne financière méconnue et facile à mettre en place sur le dos des touristes. Elle génère des centaines de millions d’euros de bénéfices dans certains pays. Les gains sont en moyenne entre 5 et 12% de marge en fonction du taux adopté, sans que les touristes en soient conscients, car ils prennent rarement le temps de constater s’ils paient avec ce processus (beaucoup ignorant son existence!), et encore moins celui de vérifier quelle devrait être la conversion au taux officiel.

Souvent, le commerçant choisit à la place du client, ce qui est plus facile, mais non réglementaire. N’oubliez pas que ce n’est pas désintéressé de sa part s’il ne vous pose pas forcément la question.

Payer par carte bancaire en Croatie, ou dans d’autres pays (République Tchèque, Serbie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Bulgarie, Albanie) pour lesquels la culture de ce mode de paiement n’est pas évidente, suppose un supplément de vigilance. Il n’est pas rare que les commerçants ne demandent rien aux clients. Pourquoi? Parce que l’acceptation de ce système de change dynamique fait l’objet d’un contrat avec la banque, qui propose le service et a tout à gagner à ce qu’il soit le plus généralisé possible. D’où l’incitation pour que les commerçants y trouvent un intérêt.

Un contrat est signé pour bénéficier de cette option pour les Visa et les Mastercard et prévoie que les commerçants gagnent une part de la commission, ce qui les incite à choisir cette option à la place des clients. C’est donc une façon de compenser les frais bancaires auxquels ils sont soumis pour chaque transaction et qu’ils ne peuvent pas négocier.

Tous les terminaux ne fonctionnent pas de la même manière, mais pour être en conformité avec les recommandations de la réglementation européenne du DSP2 , l’identification des options de choix doit être claire, sans présélection par défaut ou biaisée. Il faut bien sélectionner la devise de référence, plutôt que de valider yes / no.

Vous êtes en droit de refuser toute transaction où le commerçant vous imposerait le choix du paiement en euro.

Pour éviter les mauvaises surprises, informez vous sur les taux de change pratiqués par les cartes bancaires du marché.

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Comment payer le prix juste (ou le plus avantageux) ?

Vous avez donc compris qu’en cédant à la facilité de payer avec le change dynamique, vous paierez toujours plus cher. Comment éviter ce surcoût ou au moins le limiter?

La réglementation européenne dans l’article 59 de la Directive des services de paiement, impose dans l’Union Européenne que le client conserve le choix de la devise avec laquelle il paie.

Hors zone euro, vous devrez choisir de payer en euro ou en devise locale.

Le prétexte est assez illusoire mais qu’importe : il part du principe que le consommateur doit « avoir le choix, afin de pouvoir comparer les services et les conditions proposés par les prestataires de services de paiement ».

De la même manière que vous devez choisir si vous payez comptant ou à crédit (avec un taux de crédit parfois salé!), vous devrez choisir :

[Pay in HRK (ou la monnaie du pays)] pour rester sur l’exemple de la monnaie en Croatie ou [Pay in EUR].

Choisissez Pay in (devise locale) ou anticipez en demandant au vendeur de la sélectionner

Vérifiez bien que le montant s’affiche dans la bonne monnaie avant de valider la transaction : ensuite, ce sera irréversible

Pour limiter le plus possible les frais, pensez à acquérir une carte bancaire sans frais de retrait ni d’achat. Soyez prévoyant, car cela demandera entre 10 et 15 jours pour finaliser une demande, si vous devez créer un compte bancaire.

La plupart des banques en ligne proposent au moins une de leurs cartes sans frais gratuitement. Les conditions d’accès en général sont limitées voire inexistantes, si ce n’est celle de faire un dépôt de 300 ou 500€ à l’ouverture du compte. C’est le cas pour la Carte Ultim de Boursorama, ING Direct, Hello Bank, Revolut ou N26. Cela supprimera les frais bancaires qui impactent le prix et qu’on ne voie souvent qu’au retour des vacances.

La carte bancaire adopte le taux de change choisi par la banque émettrice, mais la plupart des cartes des banques en ligne et néobanques ont des taux très corrects (en général moins de 2-3% de commission).

Si vous ne souhaitez pas ouvrir un nouveau compte, l’alternative de la carte Max Mastercard est envisageable. Elle est raccordée à la carte de votre banque et se substitue à ses conditions pour supprimer les frais de retrait et d’achat et proposer un taux de change en général très acceptable.

Au pire, payez avec votre carte en choisissant la monnaie du pays. Cela n’évitera pas les frais bancaires, mais ils seront moins chers que le change dynamique.

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