Si les Balkans sont reconnus comme globalement sûrs pour les voyageurs, force est de constater qu’il est important de connaître quelques règles quand on est une femme seule et qu’on souhaite avoir un aperçu de la vie nocturne. Comment draguer ou peut-on se laisser draguer quand on est en discothèque en Bosnie-Herzégovine ou en Serbie?
Alors que la plupart des garçons et hommes se demanderaient comment draguer dans les Balkans, les femmes doivent s’assurer de toujours bien se comporter par rapport à ce qui est attendu par la « faune locale » masculine. Ou même féminine car les femmes des Balkans peuvent observer les voyageuses étrangères et les juger sans pitié. Le statut de capitale de Sarajevo, Belgrade ou même Zagreb n’estompe pas la sensation de cloisonnement ou d’étriquement.
Danser ou boire une bière quand on est une fille voilà des choses fort banales à faire dans les souterrains des villes de l’ouest de l’Europe. Passés quelques kilomètres au sud est, mieux vaut oublier. De Tirana à Skopje, il y a des règles à respecter si on ne veut pas rentrer seule.
Sarajevo, un soir de février. Il est minuit passé et les rues sont désertes. Pas un bruit, sinon les basses de la discothèque Jež, dans le renfoncement d’une rue, presque impossible à trouver. Une fois la lourde porte passée, deux armoires à glace vous accueillent avec l’oeil moqueur. Les étrangères ne font pas partie de la clientèle habituelle.
Pour cinq marks convertibles -environ 2,50 euros-, l’entrée est gratuite, deux boissons offertes. Autant dire qu’un occidental de passage en Bosnie-Herzégovine serait tenté de croire que Sarajevo est un eldorado pour les fêtards fauchés. Attention, boire une bière au goulot discrédite toute chance d’être approchée pour autre chose que pour son corps. Le whisky est à oublier.
Le voyageur curieux qui s’aventure dans les Balkans pour tenter de cerner un peu les modes de vie locaux ne peut faire l’impasse sur une soirée en discothèque. Mais se hasarder seule en tant que femme étrangère suppose de maîtriser un minimum les codes et usages et on plaisante peu avec cela à Sarajevo. Comme à Belgrade, même si dans la capitale serbe, on note quelques différences sur la forme, mais pas sur le fond.
Le club Jež de Sarajevo (devenu Big Ben Dobrinja) est une boîte très réputée et très archétypale des Balkans. Pourtant personne ne danse. hommes et femmes sont tous attablés. Les plus hardis bougent nonchalamment les bras, et poussent la chansonnette sur «Sarajevo moje grad». Les esseulés, peu nombreux dans ce bar peuplé de couples, ne tardent pas à remarquer un groupe d’Occidentales se dandinant au milieu de la salle. Le cheveu ras et les épaules larges, ils les invitent à danser, comme on tourne des poulettes à la broche et en profitent pour lancer des blagues, sûrement grasses. Confiants de ne pas être contredits puisqu’ils s‘expriment en bosniaque.
Sarajevo city pub ; fréquenté par les fans d’électro mais pas que … ; dans les Balkans on ne se dandine pas sur les pistes de danse en discothèque…
Femme soumise et sexy ; le cliché de la femme vue par les hommes dans les Balkans
Une fois dehors pourtant, plus aucun risque d’être importunée. Une femme est plus en sécurité dans les Balkans qu’en France la nuit tombée. Elle doit cependant éviter de croiser le regards des hommes, qui peut constituer une invitation à plus.
Le port de lunettes de soleil est donc conseillé. Dans les Balkans profonds, dont Jež est un bastion, une femme séduisante ne parle que quand on lui pose des questions. Elle est mystérieuse et porte du simili cuir. Elle ne boit pas d’alcool et ne vous invite pas au restaurant. Elle se fait désirer, mais sans être orgueilleuse. Et si possible, elle n’a pas de frère et une excellente réputation. Mais ce n’est rien face aux critères exigés pour une candidate au mariage.
La femme se doit d’être sexy (et soumise) dans les Balkans…
Si dans les Balkans, on se targue d’être „occidentalisé“ et que les îles croates comme Pag et sa plage de Zrce Novalja font office d’Ibiza de l’Adriatique à coût plus abordable, les valeurs patriarcales et une vision rétrograde de la femme restent encore largement partagées.
Hélène Legay