J’ai visité l’exposition « Sainte Russie » le jour de l’ouverture et en début de matinée ce qui m’a évité la file d’attente et la bousculade. C’est un évènement exceptionnel puisque pour la première fois le musée du Louvre organise une exposition entièrement consacrée à l’art russe, ou plus précisément à l’art de la Russie chrétienne, du IXe au XVIIIe siècle. La presse nous apprend que l’immense majorité des 400 chefs-d’œuvre présentés n’ont jamais quitté leur patrie et que certains d’entre-eux, récemment découverts par les archéologues, n’ont pas encore été présentés au public. Les plus grands musées russes ont été mis à contribution et mardi 2 mars, jour de fermeture du musée, les présidents Russe et Français ont inaugurés l’exposition qui s’annonce comme un des évènements phare de l’année « France – Russie ».
La visite commence avec la période de la conversion au christianisme qui débute quand le prince Vladimir s’allie à la famille impériale de Constantinople et se fait baptiser en 988. L’affiche de l’exposition est la reproduction d’une tempera (une technique de peinture utilisant le jaune d’œuf pour lier les pigments de peinture.sur bois) représentant les deux premiers saints martyrs de la jeune église : Boris et Gleb. Fils de Vladimir ils furent assassinés par leur demi-frère Sviatopolk le Maudit, en 1015, au cours de la guerre de succession qui suivi la mort de Vladimir.
Au XIIIe siècle la Russie est conquise par les mongols, intégrées à ce nouvel empire les principautés rentrent alors dans une vaste zone d’échange qui influent l’art. La « Vierge de la Tolga » est du type des vierges « de tendresse » apparues dans l’art byzantin des XIe et XIIe siècle. Marie est assise sur un trône à haut dossier au-dessus duquel apparaissent deux anges en adoration, elle tient debout sur ses genoux Jésus qui l’embrasse comme le ferait tout jeune enfant avec sa mère.
Outre les peintures et les icônes on peut aussi admirer de très belles pièces d’orfèvrerie comme ce « Panagiarion » (du grec panaghia « toute sainte »), c’est une patène (un vase sacré) destinée dans le rite orthodoxe à contenir un morceau de pain symboliquement offert à la Vierge par les moines et les évêques à la fin des repas. Très spectaculaire cet « Oklad » (revêtement en métal précieux d’une icône) réalisé pour la célèbre icône de la Trinité, recouvrait entièrement la peinture à l’exception des visages, des mains et des pieds des anges. J’ai noté qu’il est composé d’or, d’argent doré, de filigranes, de nielle, d’émail, de perles et pierres précieuses : diamants, émeraudes, rubis, saphirs, auxquelles s’ajoutent grenats, saphirines, quartz, et chrysoprases, ouf ! (un peu chargé peut être !).
La fin de l’exposition montre l’ouverture de la Russie à l’occident avec le portrait peint sur toile du patriarche Nikon, exécuté de son vivant, vers 1660-1665, lequel est probablement le premier véritable portrait de l’histoire russe, il aurait d’ailleurs été exécuté par un artiste venu des Pays-Bas. Mais c’est avec le Tsar Pierre le Grand qui règne de 1682 à 1725 que s’opère une occidentalisation souvent forcée. Son portrait, peint à Londres lors de lors la « grande ambassade » au cours de laquelle Pierre le Grand découvre l’Europe entre le printemps 1697 et l’été 1698 est dans le style d’un portrait de souverain européen.
En conclusion, une exposition à ne pas manquer qu’il faut sans doute aller voir deux fois pour vraiment l’appréhender en entier. Mon seul reproche est le sempiternel problème des cartels explicatifs toujours trop petits et placés trop bas, par contre je vous recommande le minisite de l’exposition très bien fait.