Aller au contenu

Permanent residence : film gay hong kongais de Scud (2009) sur le sens de la vie et de l’amour

  1. Accueil
  2. /
  3. GUIDE CULTUREL : littérature, cinéma, musique et arts
  4. /
  5. CINEMA
  6. /
  7. Films lgbt+
  8. /
  9. Permanent residence : film gay hong kongais de Scud (2009) sur le sens de la vie et de l’amour

Permanent residence Yong jiu ju liu 永久居留 est un film gay hong kongais de 2009 réalisé et écrit par Scud, qui s’est inspiré de sa vie et de ses expériences pour livrer une oeuvre personnelle racontant de façon réaliste et sensible une relation amicale ambigüe entre un gay et un hétérosexuel.

Quel plaisir de voir Permanent Residence (classé + 18 ans) revenir sur la plateforme Gagaoolala sans VPN. J’aime beaucoup ce film à haute tension sexuelle et émotionnelle et j’ai conscience que ce que j’y ai trouvé correspond à mes attentes et pointues très personnelles (voire intimes) et peut donc échapper à d’autres spectateurs et surtout aux fans de BL. Réalisé et scénarisé par Dany Cheng « Scud » (2009), Permanent Residence est à la fois une oeuvre personnelle et un essai qui a presque tout du film signature avec Amphetamin. Scud est aujourd’hui reconnu pour une filmographie très assumée et centrée sur la thématique gay (non BL donc) et a acquis une réputation internationale dans le paysage du cinéma gay asiatique grâce à ses divers films comme Amphetamin, 30 years of Adonis, Love Actually… Sucks!, Utopians… Il ménage rarement ses personnages, fait rarement des compromis sur ses histoires et les expose à des états d’âme qui leur permettent aussi de se questionner sur leurs aspirations et d’explorer les limites. En l’occurrence, ici la zone frontière entre amitié et amour.

Je suis très sensible à tout ce qui est produit à Hong Kong, car le syncrétisme que l’on trouve dans les oeuvres produites sur ce territoire particulier, ni chinois, ni tout à fait étranger, est passionnant et il se traduit souvent dans les relations développées. Outre Leslie Cheung, mon idole depuis l’adolescence, qui avec un de mes autres acteurs fétiches, Tony Leung, a offert une histoire complexe, toxique et déchirante et une prestation habitée dans Happy Together de Wong Kar wai, et plusieurs films hong kongais anciens ou plus récents, Permanent residence figure dans mon panthéon de références, même si je conçois que des oeuvres éprouvantes ne soient pas engageantes.

permanent residence film hong kong scud

Entre amitié passionnelle et histoire d’amour unilatérale

Dans le Hong Kong du milieu des années 90, naît une histoire d’amour impossible entre deux jeunes hommes aux orientations sexuelles différentes qui sympathisent immédiatement lors de leur rencontre dans un gymnase et s’engagent dans une relation qui va bien au-delà du charnel. Une passion dévorante et unilatérale qui pourrait s’avérer destructrice, tant la force des sentiments de l’un et l’égoïsme de l’autre sont minants.

Synopsis : Ivan (Sean Li), informaticien, se consacre frénétiquement à son travail pour masquer son indifférence envers la gent féminine et les relations amoureuses. Lors d’un entretien télévisé, durant lequel on lui demande s’il est gay, Ivan se montre déstabilisé, indiquant qu’il ne « pense pas être gay », et il reste mal à l’aise avec l’idée d’être perçu comme gay par les autres et encore plus à l’idée de reconnaître qu’il serait homosexuel. Peu après, alors qu’il s’entraîne à la boxe, il rencontre Windson (Osman Hung), séduisant et avenant, avec qui s’instaure une connivence évidente. Lors d’une sortie, Windson préfère éviter tout malentendu et annonce qu’il est hétérosexuel et fiancé. Alors qu’Ivan a une première relation sexuelle avec un homme en la personne de son ami Josh, et découvre sa véritable identité, il démarre une amitié inconditionnelle et ambiguë avec Windson.

Une oeuvre personnelle mature et intimiste

permanent residence scud ivan allonge sur windson sur un banc

L’histoire semi-autobiographique est touchante, douloureuse et intimiste, avec une approche très réaliste et mature. Scud était encore à ses débuts puisqu’il n’avait réalisé que City Without Baseball. Pourtant, les hésitations dans la direction artistique, les maladresses des acteurs et de la réalisation ont résonné en moi comme une authenticité et une tentative de quête de sens personnelle, bien plus que comme des défauts rédhibitoires. J’ai ressenti une détermination impressionnante, une grande sincérité dans la narration qui opte pour le langage poétique et les considérations presque philosophiques, même si certains la trouveront sûrement trop verbeuse et j’ai apprécié les choix de développement de la relation des protagonistes dont on perçoit les failles et les vulnérabilités, tout comme cette profonde aspiration à être ensemble, sans pouvoir s’engager ni assumer.

permanent residence ivan et windson sortie

Je suis toujours touchée quand je vois des personnages se débattre avec leurs désirs ou leurs sentiments, avec autant de détresse personnelle, alors qu’ils partagent pourtant tout ce qui pourrait être le quotidien d’un couple heureux et fusionnel. Ils sortent en rendez-vous, ont envie d’être ensemble, se livrent à des gestes complices voire intimes, se confient, cohabitent et vivent presque comme un couple établi. Sauf que l’osmose émotionnelle ne suffit pas à l’épanouissement d’une relation quand il y a un décalage dans les attentes et la capacité de chacun à donner à l’autre ce qu’il veut et attend et que l’attraction sexuelle constitue la limite. La sexualité active est constitutive de l’identité sexuelle et devient même essentielle pour définir la nature d’une relation et ses perspectives. Ici, on est au coeur de la problématique de l’amour unilatéral dans une amitié amoureuse complexe dans laquelle Windson se refuse à céder aux désirs sexuels comme l’espère tant Ivan – si ce n’est par quelques efforts accommodants, illusoires et trompeurs -, mais envoie tous les signaux contradictoires et comportements qui entretiennent le doute et l’espoir de façon parfois très égoïste.

permanent residence ivan et windson allonges
permanent residence ivan et windson en train de nager

Permanent residence n’en reste pas moins engagé dans ses intentions, alternant entre des réminiscences dont on sent bien qu’elles ont marqué le réalisateur personnellement et des certitudes déjà fortes qui font rentrer les êtres dans une inconditionnalité et une introspection toujours forte et éprouvante. Scud sait capter les états d’âmes et faire ressentir la tension extrême qui oppresse ses personnages intérieurement. Il ne met pas seulement ses personnages à l’épreuve comme s’ils étaient toujours sur une corde raide, il les confronte à eux-mêmes plus encore qu’au monde extérieur. Alors qu’Ivan aime éperdument Windson et s’enferme dans une forme de déni en croyant que l’amour de sa vie finira par accepter son désir, Windson préfère entretenir l’illusion de son meilleur ami, les contradictions de leur relation et prolonger non sans égoïsme l’agonie des sentiments. Le jeu d’acteur a été parfois balbutiant, mais il m’a convaincue en définitive encore plus que s’il avait été plus maîtrisé.

permanent residence ivan et windson ensemble dans la piscine
permanent residence ivan et windson discutant dans la piscine

« Quel refus est le pire ? Un gay qui ne t’aime pas ou un hétérosexuel qui t’aime ? »

Cette question que Ivan pose à son ami Josh lors d’un voyage en Israël révèle le coeur du sujet du film sur l’opposition irréductible entre lvan et Windson et toute la tension tragique d’un amour inconditionnel contre lequel on ne peut lutter, tout en sachant qu’il ne génère que douleur et solitude intense au lieu d’être porteur d’espérance et de libération.

permanent residence ivan et windson en rendez vous

L’histoire avec ses accents amers et nostalgiques m’a communiqué une profondeur de réflexion sur le sens de la vie et de l’identité et une quête d’harmonie intérieure, que n’offrent plus (hélas) les séries BL actuelles d’où qu’elles viennent en Asie à de rares exceptions près… Ayant vu et apprécié toute la filmographie de Scud, je suis restée attachée à cette oeuvre à la fois forte et fragile qui annonce très bien ses orientations ultérieures surtout dans Amphetamin, considéré un peu comme une suite. J’ai aimé l’ambiguïté avec laquelle Scud aime jouer pour embarquer le spectateur dans sa propre intimité et son sens de la moralité en amitié et en amour.

La nudité, un élément central dans la représentation corporelle

Les scènes sexuelles très explicites sont très limitées, en réalité, tandis que les étreintes et surtout tout le langage non verbal entre les corps des deux amis qui jouent et flirtent ensemble traduisent l’attirance, la complicité, le désir insupportable d’Ivan et le refus d’y céder que lui oppose Windson de façon presque implacable et si violente. Traceur incontournable dans l’oeuvre de Scud, qui aime ramener les hommes gay à la nature de leurs corps et de leur expression, la nudité (qui peut déranger certains) dégage une grande puissance évocatrice et rappelle à quel point la sexualité partagée est constitutive de la nature d’une relation.

permanent residence ivan et windson sous la douche
permanent residence windson regarde ivan sur la plage

Je pourrais émettre un bémol important concernant les dernières 15 min du film, qui m’ont semblé plus confuses et désordonnées, mais qui à leur manière expliquent aussi la métaphore du titre. Je me suis moins bien retrouvée dans cette approche, mais cela n’invalide pas le choix du réalisateur d’aborder l’évolution de l’histoire de cette manière, même si j’aurais préféré un peu plus de clarté.

En tant que spectatrice, j’ai aimé le voyage sentimental nostalgique et doux amer que m’a offert Permanent residence. Ce film est probablement la meilleure porte d’entrée vers l’oeuvre de Scud, qui est toujours ancrée dans ses expériences pour mieux défier les lignes rouges.

permanent residence retrouvailles sur la plage entre ivan et windson

Permanent residence : avis en bref et fiche technique

Titre international : Permanent residence
Titre original : Yong Jiu Ju Liu / 永久居留
Réalisateur – Scénariste : Scud
Acteurs : Sean Li, Osman Hung, Jackie Chow
Pays : Hong Kong
Date de sortie : 23/04/2009
Genre : Drame
Thèmes : Amitié  – Homosexualité – LGBT+
Durée : 1h55

permanent residence affiche
Acteurs
Réalisation
Narration – Dialogues
Intérêt de l’histoire
Intérêt des personnages
Décors – Ambiance
Pouvoir émotionnel

Mon ressenti

Ce film personnel et très sensible inspiré de la vie du réalisateur Scud raconte une relation ambiguë entre deux hommes aux orientations sexuelles différentes qui vivent une histoire amicale passionnée et une fusion sentimentale complexe émaillée de désirs et de rejet…

4.2



Où voir Permanent Residence ?

Sur Gagaoolala en plateforme officielle.

Sur Tubi en vosta avec vpn USA

Bande annonce :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

 

  1. Accueil
  2. /
  3. GUIDE CULTUREL : littérature, cinéma, musique et arts
  4. /
  5. CINEMA
  6. /
  7. Films lgbt+
  8. /
  9. Permanent residence : film gay hong kongais de Scud (2009) sur le sens de la vie et de l’amour