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Silent : un émouvant drama romantique japonais sur la surdité

A tous les amateurs d’oeuvres sensibles, je ne saurais trop vous recommander la magnifique série japonaise Silent, réalisée par Hiroki Kazama. Plus qu’une pépite, une histoire de destin et de seconde chance, c’est un hymne à la vie mêlant justesse, sincérité, délicatesse et profondeur des sentiments.

Les dramas japonais n’ont pas la côte des dramas coréens ou même chinois auprès des Français et suscitent certaines résistances chez beaucoup de spectateurs. Je ne m’en étonne guère, même si je le regrette. Leur rythme souvent lent pour saisir les instants les plus banals, leur tonalité souvent douce amère, leur approche introspective des personnages expliquent que parfois les spectateurs semblent avoir du mal à s’immerger dans les histoires et trouvent qu’elles ne font pas assez rêver. Pour moi, ce sont tous les motifs qui les font aimer et la série Silent, comme First love, vient me conforter dans ces attentes.

silent drama japonais affiche

Silent, la mélodie du silence sur fond de romance

Silent aurait pu s’appeler la mélodie du silence. Une mélodie de la vie entremêlée de ces bruits, de ces cris, de cette douleur, de ces renoncements et de ces regrets qui sont tellement violents pour une personne confrontée brusquement à la perte d’un sens précieux qu’elle estimait comme un acquis et dont elle se trouve privé avec tout ce que cela représente de doutes et de peurs. Rompre avec les souvenirs éprouvants de son passé heureux quand on était entendant semble peut-être une évidence. Les souvenirs deviennent un handicap en soi. Oui mais justement, il n’y a pas de hasards dans la vie, il n’y a que des rendez-vous comme le rappelle Eluard. Car si l’amour peut conduire à des sacrifices qu’on pourrait percevoir à distance comme de la lâcheté, il est aussi un puissant moteur dans l’acceptation de soi-même et le dépassement des ses propres limites. Et c’est ce courage à se construire malgré la privation d’un sens que raconte Silent.

« Le monde silencieux n’est pas forcément triste »

Explorer l’univers du silence à travers le handicap de la surdité tardive, c’est le voyage passionnant que la série offre aux spectateurs grâce à la belle histoire d’amour et d’amitié qui lie les héros Tsumugi Aoba (Haruna Kawaguchi) et So Sakura (Ren Meguro) et leur meilleur ami Minato Togawa (Ouji Suzuka). A 18 ans, Sakura-san devient sourd brutalement et rompt sans explication avec Tsumugi qu’il aime profondément et avec tous ses amis pour ne pas les faire souffrir de son nouvel handicap. L’attendrissant Minato est devenu le petit ami de Tsugumi depuis 3 ans et a l’impression de n’être qu’un remplaçant par défaut, mais il aime trop Tsugumi pour se priver des moments passés ensemble. Jusqu’au jour où ce qu’il a toujours redouté se produit… Tsumugi rencontre par hasard So Sakura et ignorant tout de son handicap, elle finit par apprendre qu’il n’entend plus et elle renoue le contact, apprend la langue des signes et souhaite comprendre au fur et à mesure les raisons de leur rupture incompréhensible. Certes, So Sakura semble ne pas avoir vraiment changé en dehors du fait qu’il n’entende plus rien, mais est-ce si vrai?

Un hymne à la vie au-delà du handicap de la surdité

Au-delà de l’histoire d’amour et du carré amoureux, ce drame romantique nous embarque dans toutes les difficultés que constitue un handicap comme la surdité, pour quelqu’un qui n’est pas né sourd, pour son entourage familial, amical et sa vie personnelle. On saisit mieux les différences que peuvent faire les malentendants entre eux selon l’origine et la nature de leur handicap et le mur qui s’érige aussi avec les personnes qui pourtant s’efforcent d’établir des échanges avec eux grâce à la langue des signes. Apprendre à signer a beau être une compétence précieuse pour communiquer, cela ne suffit pas forcément à créer un lien et pour trouver sa place parmi les handicapés quand on ne subit pas soi-même ce handicap et est donc d’une certaine manière illégitime.

La série Silent développe toutes les thématiques sur les relations confrontées à la surdité avec beaucoup de soin, d’autant qu’il ne s’agit pas que de la privation d’un sens. Comment accepter? Comment s’adapter? Comment renoncer à ce qui a créé un lien pendant si longtemps pour trouver de nouveaux liens? Comment surmonter le sentiment de culpabilité en tant que parent qui pense être responsable de ce qui arrive à son enfant? Comment trouver les mots justes et les nouvelles façons de communiquer pour se comprendre et entretenir un échange qui pourrait donner l’impression qu’une partie se voit imposer quelque chose qu’elle n’a pas à subir? La psychologie et les ressentis des personnages sont très bien fouillés : l’approche introspective donne à chaque personnage sa juste place et la mesure de ses ressentis et de ses difficultés face à l’acceptation et la gestion du handicap. En dépit des épreuves douloureuses, il y a beaucoup de douceur et de positivité dans cette oeuvre, qui privilégie la compréhension, la bienveillance et l’accompagnement plutôt que la solitude, le repli et l’enfermement dans son propre monde.

Trouver sa place : entre solitude et isolement

On comprend le bouleversement que constitue la surdité tardive à l’âge adulte, alors qu’on a pu entendre auparavant et qu’on se retrouve vraiment privé d’un sens dont on profitait sans réaliser qu’il pouvait disparaître. Ce qui domine, c’est l’impression de ne pas pouvoir trouver sa place et d’être très seul : de n’être ni intégrable à la communauté des sourds d’origine qui ont leur lot de préjugés (et là on en a un bon aperçu), ni avec les malentendants, puisque l’ouie est perdue progressivement mais irréversiblement et bien sûr, on ne pourra plus jamais être le même par rapport aux entendants. Et plus ils sont proches et plus c’est compliqué à accepter et à gérer. J’ai trouvé cela très intéressant de pouvoir voir les diverses perspectives et problématiques avec la lenteur du rythme pour bien s’immerger et adopter le point de vue de chacun des personnages. 

Voies et voix pour communiquer entre sourds et entendants

Cette fiction n’oublie aucune des dimensions relationnelles : la famille, les amis, le regard du monde extérieur, les contraintes dans les études et le monde professionnel et bien sûr la relation amoureuse qui est tout sauf simple quand deux personnes ont eu un passé où tout était normal, ont été séparées par le handicap et se retrouvent avec l’occasion de vivre une nouvelle histoire. Toutes ces facettes du quotidien sont intégrées harmonieusement et réflètent les diverses dynamiques en jeu pour appréhender les difficultés pour les malentendants et les sourds comme pour leurs entourages. L’histoire d’amour ne se concentre pas que sur la connexion émotionnelle et la réalisation de rêves ensemble à l’aune des souvenirs, elle est intensément ancrée dans le présent. Le jeu d’acteurs très convaincant contribue à un attachement quasi immédiat.

Paradoxalement, considérant que la série nous révèle le monde des sourds et donc du silence, on pourrait trouver Silent très bavard – au meilleur sens du terme. L’écriture est finement ciselée. Elle se structure autour d’une foule d’échanges qui permettent de comprendre les états d’âme des personnages dans leur relation et leur confrontation au handicap des troubles auditifs, mais aussi et c’est bien là l’essentiel, les diverses manières de communiquer autrement, d’appréhender et d’apprivoiser le silence pour surmonter les peurs et les freins susceptibles de bloquer le développement des relations familiales, professionnelles ou personnelles. Les protagonistes et les personnages secondaires travaillés dans subtilité sont exposés à leurs contradictions, à leurs difficultés intimes pour mieux représenter toutes les difficultés inhérentes à la vie des handicapés et de leurs entourages. Il en ressort des confidences et des aveux bouleversants et des échanges très matures à peine contrastés par quelques scènes plus légères et drôles tombées à pic pour alléger une charge émotionnelle très intense.

Le drama Silent est un baume réconfortant : elle touche le coeur, et rappelle que si précieux soient les sens, ils ne trouvent leur vrai sens que dans le partage et dans l’échange.

Mon avis sur Silent drama japonais

Titre : Silent – サイレント
Réalisateur : Hiroki Kazama
Scénariste : Miku Ubukata
Genre : drame romantique, handicap
Date de sortie : 2022
11 épisodes de 45 à 55 min environ
Acteurs : Haruna Kawaguchi, Ren Meguro, Ryoko Shinohara, Oji Suzuka, Kaho, Shunsuke Kazama

silent drama japonais affiche
Réalisation
Acteurs
Histoire – Scénario
Intérêt des personnages
OST
Décors


Où visionner Silent ?

Sur Viki en vostfr ou en vo avec sous-titre en anglais

4.3

4 commentaires sur “Silent : un émouvant drama romantique japonais sur la surdité”

  1. bjr j’ai beaucoup aimé ce Drama je regarde les dramas japonais que j’apprécie, celui-ci c’est pépite…une merveille, d’une grande sensibilité, de la retenue, magnifiquement interprété. je connais ce monde, une de mes cousine est sourde, un autre regard bien plus d’attention, sans les mots entendus, une approche de l’autre des autres.

  2. J’aime beaucoup les séries japonaises’ elles peuvent être plus intimistes mais aussi plus trashs que les coréennes, pour moi elles sont complémentaires

  3. Bravo pour ce commentaire élogieux
    Moi aussi j’apprécie beaucoup cette histoire et laˋmanière dont le handicap est vécu et vu par les différents protagonistes.
    C’est très touchant
    Dommage qu’il n’y ait qu’un épisode par semaine

  4. J’ai hâte de le commencer, c’est difficile le cinéma japonais, en ce qui me concerne c’est tout l’un ou tout l’autre, soit je vais adorer soit je ne vais pas accrocher du tout ! J’ai vu des petites merveilles et j’ai vu des drama qui pour moi n’avaient aucun sens

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