Joseon attorney : a morality est un drama historique coréen inspiré d’un webtoon éponyme qui raconte l’histoire d’un jeune avocat, en quête de vengeance, après avoir perdu ses parents à la suite d’une conspiration. En mettant son intelligence et sa brillante connaissance du droit au service du peuple, il aide les plus pauvres à se défendre dans un pays conservateur empreint de confucianisme, où la justice n’est pas toujours favorable aux vraies victimes.
J’ai beaucoup aimé Joseon Attorney : a morality, un sageuk moderne et bien ficelé de bout en bout qui dépoussière le genre. Pourtant, le premier épisode ne m’a pas convaincue et m’a même donné l’impression que je n’accrocherais pas avec le jeu de certains acteurs et un effet de surjeu agaçant. Heureusement, j’ai dépassé mon a priori pour continuer et j’ai pu apprécier l’originalité de Joseon Attorney par rapport aux références du genre.
Cet excellent drama repose sur une construction ingénieuse, où l’on jongle entre une intrigue autour d’une (juste?) vengeance comme fil conducteur, en empruntant un chemin des souvenirs très bien développé pour reconstituer les pièces du puzzle qui lient les personnages les uns aux autres et des arches pour bien travailler les divers cas judiciaires. Le tout est dynamique, rythmé par des aventures qui changent de cadres ou d’approches de cas en cas et une intelligente description des raisonnements à mener pour remporter les affaires, alors que tout semble condamner d’avance le client.
Donner un sens à la justice : une dénonciation du système de Joseon pour un monde plus moral
Synopsis : Kang Han Su est un avocat talentueux et un tantinet provocateur qui revendique n’avoir jamais perdu un procès. Prêt à tout pour la défense de ses clients, il excelle dans la maîtrise des textes de loi, sans reculer face à l’emploi de certaines méthodes peu morales. Mais au-delà de son action pour aider les plus démunis, il poursuit une mission de vengeance pour faire payer tous ceux qui sont impliqués dans la mort de ses parents, quand il était plus jeune. Fils d’un brillant juriste accusé de corruption et condamné, il se jure d’élucider l’énigme de cette tragédie. Il rencontre So Won / Lee Yun Ju, une aubergiste déterminée et très bienveillante, qui est en réalité princesse et obligée de se cacher, après le décès de son père. Eprise de justice, elle aide son frère, un roi faible sans pouvoir, à rétablir le droit pour tous comme fondement de Joseon et est convaincue que Kang Han Su est est le seul à pouvoir les aider dans leur objectif.
La série Joseon attorney a morality est soutenue par une fine équipe qui veut changer le fonctionnement de Joseon pour le rendre plus juste. Des confrontations de méthodes entre Kang Han Su et So Won identifient la complexité pour allier moralité et légalité. Une collection de personnages serviles et puissants met en exergue les connexions pour que le pouvoir s’entretienne quitte à faire les pires coups pour éliminer les menaces. Les acteurs incarnent leurs rôles avec conviction et les « gentils » ne comptent pas que sur leur beauté pour toucher le spectateur. Mais ce n’est pas vraiment son pouvoir émotionnel qui m’a emportée contrairement à des dramas comme Grand Prince, The King’s affection où j’ai longtemps gardé en mémoire la décharge d’émotions et le tourbillon de sentiments par lequel j’étais passée. Je n’ai pas été tellement émue pendant une partie de la série, jusqu’à ce que la tension augmente crescendo, ce qui aurait pu être un problème si je n’avais pas trouvé d’autres arguments justifiant une réelle originalité. Certes, j’ai apprécié l’histoire douloureuse du héros et sa quête de vérité, quitte à choisir la vengeance pour l’obtenir et considérer ses actes comme légitimes, mais ce qui m’a intriguée, en définitive, c’est la manière dont Kang Han Su analyse les situations pour lesquelles il est défenseur, afin de trouver les justifications d’une jurisprudence et de démontrer les vices, les abus et les inégalités de la société, en retournant la charge preuves de façon parfois assez inattendue et provocante.
Le sageuk ne renonce pas à une judicieuse analyse de ce qu’était la difficulté pour le peuple de pouvoir faire valoir ses droits sans la connaissance et l’ingéniosité d’un avocat pour montrer les travers de ce Joseon … On peut y voir une sorte de portrait au vitriol de cette société de Joseon, même si la dénonciation de certaines pratiques n’est pas aussi poussée qu’elle le devrait. En terme de messages, on n’évite pas la tendance actuelle aux propos idéalistes et progressistes sur l’aspiration égalitariste dans une organisation pourtant extrêmement fermée et déterminée dès la naissance sur la base du statut de chaque individu. Pour apporter un peu de légèreté à des histoires qui sont de plus en plus sombres au fur et à mesure qu’on progresse jusqu’au dénouement, il y a beaucoup d’humour et parfois des scènes très drôles avec au début un côté un peu théâtral.
Le choix de montrer la vie à Joseon dans les villages plutôt qu’à travers les intrigues et trahisons de palais éclaire d’autant mieux sur les difficultés auxquelles le Roi, supposément personnage le plus puissant qui décrète la loi et protège le peuple, est hélas soumis et presque toujours prisonnier des influents qui l’entourent et sont prêts à tout pour conserver leur pouvoir. L’avocat pour qui ce choix professionnel est autant une vocation qu’une aspiration à la revanche, affiche au début une forme de cynisme et recourt à des méthodes peu orthodoxes et peu reluisantes, car il a conscience de la société dans laquelle il évolue en raison de sa cruelle expérience personnelle et il ne peut se permettre d’être idéaliste pour garantir le succès de ses clients. Son personnage est plutôt intéressant, dans la mesure où il n’est pas parfait, mais assez ambivalent parfois pour faire réfléchir sur les usages et les méthodes sur un plan éthique pour combattre une société très immorale, injuste et corrompue, qui ne permet pas aux plus pauvres d’obtenir la justice qu’ils méritent.
La romance plus prévisible se développe en filigrane autour d’un pseudo triangle amoureux et trouve parfaitement sa place, sans prendre le pas sur l’histoire et l’objectif de donner un sens à la justice. Dans l’ensemble, les personnages principaux et de support sont attachants et contribuent à renforcer l’intérêt pour les différentes intrigues, tandis que les antagonistes sont suffisamment rotors pour que chacun incarne un visage de la noirceur du pouvoir. Ils auraient sûrement pu être plus développés, avec une psychologie plus complexe, mais cela reste acceptable pour apprécier le divertissement.
Où visionner Joseon attorney : A morality ?
Sur Viki en vostfr (accès payant avec pass standard)
Sur Viu, Hitv, sur Youtube en vosta en accès gratuit.