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Kostas Axelos et compagnie

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Il est en bonne compagnie Kostas Axelos. Il retrouve Sartre, Simone, Castoriadis, Poulanzas et tant d’autres. Sans vainqueurs et sans vaincus le temps passe mais les questionnements restent. Questionnements qu’Axelos désirait – contrairement à ses amis et désormais voisins -, sans réponse, dans un jeu de cache-cache d’une pensée qui défiait tout, mort incluse.

Il est en bonne compagnie Kostas Axelos. Il retrouve Sartre, Simone, Castoriadis, Poulanzas et tant d’autres. Sans vainqueurs et sans vaincus le temps passe mais les questionnements restent. Questionnements qu’Axelos désirait – contrairement à ses amis et désormais voisins -, sans réponse, dans un jeu de cache-cache d’une pensée qui défiait tout, mort incluse. Le café Select à Montparnasse n’est plus que le cimetière des souvenirs de tous ces hommes et ces femmes (je pense à Kiki, l’égérie de Man Ray) qui en firent une caisse de résonance (dans tous les sens du terme) depuis l’abstraction jusqu’au surréalisme et à la critique de la postmodernité qui pointait déjà son nez, et que Axelos, très top, considéra comme la fin de la philosophie ou, pour être plus précis, la fin du questionnement.

Quelques lignes, toujours plus ou moins les mêmes, saluèrent la mort d’un grand philosophe, complexe et obtus mais qui a toujours été inspiré par les choses simples, considérant que chez chacun, du plus humble au plus doué, il y a à boire et à manger. Cette dichotomie était présente en son être même : si lire sa thèse sur Héraclite est une aventure complexe et obtuse, parler avec cette homme, l’écouter et lui répondre était un exercice simplissime, tant sa pensée et ses gestes apaisants étaient limpides et clairs.
Par les temps qui courent et en prenant le risque de trahir sa volonté de toujours théoriser, ouvrir des portes et jouer, fuyant comme la peste l’explication sociologique ou anthropologique, je voudrais dire un mot de cette génération d’après guerre d’immigrés grecs, exfiltrés souvent par les efforts d’Octave Merlier alors directeur de l’Institut Français d’Athènes, et sauvés des griffes des vainqueurs de la guerre civile. Ces grecs ne se posèrent jamais la question de leur identité française. Certains sont très connus, comme Xenakis, Papaïoannou, Candilis ou Castoriadis. D’autres, à tort, un peu moins, comme l’urbaniste Povelengios, l’historien Svoronos, les peintres Tsingos ou Gaïtis et sa femme sculpteur Simossi, dont Axelos est le parrain de leur fille Loretta. Tous ces penseurs étrangers, enfants de la guerre et de la guerre civile grecque, communistes et souvent guerriers à vingt ans, pensaient le monde, l’art, la littérature et la philosophie sans jamais se poser (a-t-elle jamais effleuré leur pensée ?) la question de l’identité. C’était le temps, désormais révolu, de la non urgence, où la vie ne suffisait pas à répondre aux questions essentielles pour la corrompre par des questions dépourvues de sens. Tous ces agitateurs apatrides ont fait la fierté de la France, tout comme Giacometti et Picasso, ami d’Axelos (et chez qui se réfugia, après sa rupture avec le peintre, sa femme Françoise Gilot avec ses enfants Claude et Paloma). Encore une histoire d’amour qui ne dura pas mais permit à Gilot de dire un jour : personne comme Kostas n’a une si grande conscience de l’illusion qui régit notre monde. C’est sans doute pour cela que les enfants de Picasso, chez Axelos, faisaient des cocottes en papier avec les dessins de leur père, mettant en pratique les paroles d’ Héraclite : le temps est un enfant qui joue…

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