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Le chant de la mission de John Le Carré

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L’histoire a obligé John Le Carré à changer son fusil d’épaule, il a dû abandonner les coups tordus de la guerre froide pour se recycler dans les carambouilles à l’africaine dans lesquelles il est certes un peu moins à l’aise mais où il a tout de même assez de talent pour camper une intrigue policière à peu près crédible qui se lit somme toute assez bien.

« Je viens de Besançon. Je suis un notaire de province… » Trop aimable John de domicilier l’un des protagonistes de cette histoire douteuse dans ma bonne ville, je crois que c’est la première fois que je vois un auteur anglais y faire allusion. Je ne sais pas d’où vient cet honneur. Ce brave notaire va donc se retrouver avec un spécialiste des combines africaines, un leader africain un peu sur le retour, deux chefs de tribus capables de fournir la main d’œuvre militaire, un négociant assez riche pour soulever une milice, un chef mercenaire et Salvo, le traducteur d’élite qui a été embauché pour que tout le monde puisse se comprendre et qui raconte cette histoire.

Salvo est un polyglotte né au Congo qui a un arbre généalogique noueux come un pied de vigne et peuplé comme la rade d’un port méditerranéen. Il met ses talents de traducteur à la disposition des services secrets de sa Majesté  qui le requiert d’urgence pour une mission ultra secrète alors qu’il honorait une sauterie organisée en l’honneur de sa femme, brillante journaliste à la mode, qu’il trompe avec une infirmière congolaise.

La petite troupe se retrouve, en huis clos, sur une petite île de la mer du Nord pour organiser une carambouille à l’africaine avec manipulation des populations par des chefs de tribus autochtones, fourniture d’armes et de mercenaires par une bande d’hommes d’affaires véreux surtout intéressés par les richesse du pays et tout ça sous le regard bienveillant et nullement désintéressés d’une grande puissance européenne. Le schéma classique de tout bon putsch africain depuis un bon bout de temps maintenant. Mais voilà dans toute machine, il peut y avoir un grain de sable et dans cette affaire il en faut bien un pour nourrir le récit.

C’est un polard acceptable qui se lit bien, même, si j’ai lu mieux de la part de Le Carré, il semblerait qu’il soit plus à l’aise dans les arcanes de la guerre froide que dans les coulisses des carambouilles africaines. A travers ce polard, il stigmatise l’incurie et l’incapacité africaines qui se conjuguent avec le cynisme et la cupidité des Européens, avec l’intrusion d’éléments extérieurs, mercenaires, rwandais, …, et l’impuissance des forces de l’ONU. « Tueries tribales, maladie, famine, des soldats de dix ans, une incompétence totale du haut en bas de l’échelle, viols et destruction à gogo, … ». Voilà le tableau que dressent, en forme d’alibi, les hommes d’affaires qui veulent s’emparer des richesses du Kivu.

Dans cette intrigue un peu insipide et trop prévisible, Le Carré peint un tableau bien triste de l’humanité où la bassesse, la cupidité, le cynisme, le racisme, la corruption, la violence et d’autres perversités encore plus atroces se mêlent en une fresque aux couleurs de la misère et de la souffrance où l’homme est bien peu brillant. Mais un petit rai de lumière pourrait entretenir une lueur d’espoir, l’amour n’est pas mort est peu attiser cette petite flamme. « Un jour, peut-être aurons- nous même un avenir. »

Denis Billamboz

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