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La bataille de la Bérézina a eu lieu il y a 200 ans, du 26 au 29 Novembre 1812. Depuis le 18 Octobre, la Grande Armée retraite depuis Moscou. Les Russes (Koutouzov, Wittgenstein, Tchitchagov) attendant les Français à Borisov, où ils ont détruit les ponts sur la rivière Bérézina.
Mais Napoléon ne fait qu’une manœuvre de diversion vers Borisov, alors que le franchissement de la Bérézina se prépare 15 km en amont, face au village de Studienka, où le Général Corbineau a identifié un passage possible.
Dans l’après-midi du 25 Novembre, le Général Jean-Baptiste Eblé(1757 – 1812), commandant en chef des équipages de pont à la grande armée, est à pied d’œuvre à Studienka avec ses pontonniers. Paradoxalement, il ne fait pas suffisamment froid pour que la Bérézina soit gelée, mais elle charrie de grands blocs de glace, et les pontonniers travaillent dans l’eau jusqu’à la poitrine, utilisant le bois des maisons du village (quelques jours plus tôt, à Orscha, Napoléon avait donné l’ordre à Eblé de détruire ses deux équipages de ponts, des bateaux transportés sur des voitures). Dès le 26 en début d’après-midi, un pont pour piétons était prêt, alors qu’il avait neigé toute la nuit. Le second pont est terminé dans l’après-midi.
C’est l’infanterie et l’artillerie du Corps du Maréchal Oudinot qui passe en premier, afin d’arrêter toute éventuelle attaque des Russes sur la rive droite. C’est dans la nuit du 26 au 27 que l’Amiral Tchitchagov s’apercevra de son erreur, mais il ne prendra l’offensive que le 28 matin. Il se heurtera aux forces des Maréchaux Oudinot et Ney, avec les 9 000 Polonais des Généraux Joseph Zajonchek, Jean Henri Dombrowski et- Charles Kniaziewicz et devra se replier. Sur la rive gauche, le Maréchal Viktor, avec 10 000 hommes, arrête toute l’Armée de Wittgenstein sur les hauteurs de Studienka.
Ce sont en fait les unités combattantes, l’Etat-major et l’artillerie qui vont pouvoir passer la Bérézina. Jusqu’au dernier moment, le Général Eblé ne ménagera pas sa peine pour inciter les traînards à passer les ponts pendant la nuit. Le 29 Novembre au matin, après avoir reporté l’échéance autant que possible, les ponts sont incendiés entre 8H30 et 9H, afin de protéger la retraite des unités combattantes. Il y aura 45 000 morts et prisonniers parmi ces traînards.
Parmi les 400 hommes qui ont construit les ponts, seuls le capitaine George Diederich Benthien, commandant des pontonniers, le sergent-major Schroder et six de leurs hommes survivront à la bataille.
Le mot de « bérézina » est passé dans le langage courant comme synonyme de déroute, d’échec cuisant. Mais c’est injuste car ce fut une victoire de la Grande Armée. Citons jean Tulard, historien spécialiste de Napoléon : « … la bataille de la Berezina fut, dans des conditions difficiles, une victoire française illustrée par l’action héroïque du Général Eblé […] Napoléon et le gros de ses forces ont échappé à la manœuvre de Tchitchagov et de Wittgenstein qui laissent beaucoup d’hommes sur le terrain. Ce succès n’aurait pas été possible sans l’héroïsme du général Éblé et de ses pontonniers. »
Le Général Eblé s’était jeté lui-même à l’eau pour donner l’exemple à ses pontonniers. Il mourra le 31 Décembre 1812 à Königsberg (Kaliningrad) et il y fut enterré dans l’église catholique. Son cœur a été transféré dans la crypte des Invalides.
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