Nouvelle aventure, un petit séjour de deux semaines à vélo à travers les îles des Canaries. En si peu de temps nous espérons pouvoir rouler sur quatre îles, mais il ne faudra pas traîner. Voilà l’état d’esprit dans lequel nous sommes Gérard et moi en décollant de Lyon Saint-Exupéry pour un vol de quelques heures en direction de Tenerife.
La récupération de nos bagages s’est passée correctement , même si nous avons un peu cherché nos vélos, qui du fait de l’encombrement ne sont pas arrivés au même endroit. Rapidement nous trouvons le taxi capable de prendre nos volumineux paquets, et nous arrivons à notre hôtel « Los Amigos » pas très loin du bord de mer. Il fait très bon, car nous sommes seulement au 28ème nord.
En phase d’approche nous avons eu tout loisir d’avoir une bonne vue d’ensemble de l’île, aussi bien ses côtes, ses montagnes, ses villes et sa végétation. De toute évidence il s’agit d’un énorme rocher volcanique qui sort de l’Atlantique.
L’accueil de l’hôtel, plutôt de l’auberge de jeunesse est tenu par une jeune Lituanienne, au demeurant fort sympathique. Ce qui me chagrine un peu, c’est que la langue pratiquée est l’anglais, alors qu’étant en territoire espagnol je préférerais nettement m’exprimer dans la langue locale.Mais il n’en est pas question car notre charmante hôtesse ne connaît pas un traitre mot de cette langue.
Nous posons nos bagages sans déballer nos vélos et partons dîner dans le village éloigné d’un kilomètre. Ce trajet est désagréable le long d’une route passante sans trop d’espace pour les piétons. Le premier restaurant rencontré est tenu par une Anglaise. Nous nous y arrêtons, elle non plus ne connaît quasiment pas un seul mot d’espagnol, tant pis, mais ses spaghettis bolognaise sont excellents.
Après une nuit somme toute correcte, bien qu’à proximité de l’axe d’atterrissage de l’aéroport voisin, nous espérons remonter rapidement nos vélos afin de rejoindre le port de Los Cristalos éloigné d’une quinzaine de kilomètres. De là embraquer au plus vite pour Gomera où mon camarade Jean nous attend.
Mais voilà nos plans vont être bouleversés, Gérard réalise que son dérailleur est cassé. Nous sommes dimanche tous les magasins sont fermés. Au mieux il faudra attendre demain pour être dépanné. Nous voilà donc immobilisés pour au moins 24 heures. Mais restons philosophes, les impondérables de ce type font aussi partie du voyage.
Donc au lieu de nous presser afin de respecter des horaires contraints, il ne nous reste plus qu’à prendre la vie du bon côté et de partir nous balader sans but précis dans la petite station balnéaire de Los Abrigos. Nous y allons tranquillement par un sentier côtier qui surplombe la mer. La roche est de couleur sombre et de structure semblable aux rochers rouges de l’Estérel.
Une fois dans la petite ville nous en faisons vite le tour et allons déjeuner dans un joli restaurant qui domine la mer, le bien nommé « el Mirador ». Il est réputé pour ses fruits de mer et ses poissons. L’eau est de toute beauté et très propre, on se croirait plus en Méditerranée que sur l’Atlantique.
Puis après une excellente platée de grosses moules nous partons nous promener le long des quais du port de pêche qui est le plus important de l’île de Tenerife.
En fin d’après-midi nous partons nous promener en bordure de mer avec l’intention de monter sur un gros rocher qui culmine à 171 mètres au-dessus de flots. Dans un premier temps nous marchons entre l’eau et une immense serre qui couvre des hectares. On y cultive des tomates sur des pieds qui montent à plusieurs mètres. Lors de l’atterrissage nous avons été surpris de voir cette multitude d’immenses serres qui couvrent une superficie gigantesque. Ensuite nous avons marché le long d’une plage pour enfin attaquer directement le rocher au nom évocateur de ce qu’il est: la montagne rouge. La végétation le long de ses flancs est très étonnante. Des arbres de petite taille aux troncs et aux branches incroyablement torturés. Ils ressemblent un peu à des bonsaïs.
Du sommet la vue porte sur une partie de l’île et nous dévoile une multitude de cônes volcaniques, vestiges d’une activité passée abondante.
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Le soir nous partons manger une superbe paella au village voisin, il faut bien occuper notre temps en attendant de savoir si l’on peut réparer.
Lundi 7 40 km 700 m de dénivelé
La réparation a été effectuée avant onze heures. Nous avons pris la direction du port de Los Cristalos et avons embarqué dans le premier bateau à destination de Gomera. Petit trajet d’une heure par mer calme. Jean nous attendait. Cette île vit à un rythme calme, les voitures s’arrêtent systématiquement en voyant de vélos et attendent même pour le doubler de peur de les frôler.
Petit tour dans la ville et nous montons chez Jean. Il habite un peu sur les hauteurs et en finale pour atteindre sa maison il faut descendre et traverser un rio. Heureusement à cette époque il est à sec, mais en hiver il peut rester isoler chez lui tant que l’eau ne descend pas.
Mardi 8 56 km 1600 m de dénivelé
Départ huit heures trente pour la petite ville de Vallehermoso, par petite route et sentier dans la montagne. 56 km en 9 heures, on fait des moyennes dignes de l’Atacama, avec des descentes encore plus fatigantes que les montée. En effet des pistes défoncées pleines de gros cailloux qui avec nos montures chargées sont un enfer. Je vais tomber à plusieurs reprises, même à pied.
Retour sur le goudron pour 10 km de montée dans la chaleur d »après-midi. Nous avons effectué 2589 mètres de dénivelé positive.
Petit hôtel sympa, atmosphère survoltée du fait d’un match de foot. Nous mangeons comme des ogres..
Mercredi 9 51 km et 1700 m de dénivelé
Temps couvert le matin. Nous allons partir pour une étape courte avec cependant 600 mètres de dénivelé pour rejoindre un col, d’où nous plongerons vers l’océan à Alojera.
Ces 600 mètres je les trouve difficiles, mais ils sont effectués assez rapidement. Nous plongeons vers l’océan, en direction de la petite satition de Alojera. Nous arrivons en bordure de mer dans un coin très sauvage. Mais tout est désert, restaurant fermé et personne pour nous louer quelque chose pour la nuit. Nous décidons de tout remonter et de nous diriger vers la petite ville de Gran Rey que nous comptions rejoindre le lendemain. mais la forme semble venir et c’est plus de mille mètres qu’il nous faut remonter pour passer un col à 1012 mètres, à partir duquel une descente de 15 kilomètres nous conduit dans une petite ville touristique, où on entend beaucoup parler allemand. Sur la terrasse de notre hôtel un orchestre constitué de cinq instrumentistes et d’un chanteur se lancent dans des chansons endiablées. Ce village est domine par un immemse rocher de 700 m de hauteur.
Jeudi 10 64 km 1664 m de dénivelé
Ce matin nous partons rejoindre Jean qui nous attend dans un petit village perché à plus de 1000 m d’ altitude.
Encore des pentes à n’en plus finir. Le climat d’une partie à l’autre de l’ île est complètement different. Aujourd’hui brouillard et champ d’herbe bien verte.
L’oeuvre symbolise la position des mains pour exécuter le silbo, langue sifflée pratiquée sur l’île de Gomera. Pour perpétuer la tradition elle est apprise dès l’école primaire. A l’origine est permettait aux montagnards de se parler d’un flanc a l’autre de la montagne, car elle porte à 7 kilomètres.
Avant de rentrer sur San Sebastian nous sommes montes a pied sur le point culminant de l’ile, d’où nous voyions par dessus les nuages le volcan Teide à plus de 3700 mètres d’altitude sur l’île de Tenerife et de l’autre côté l’île de Las Palmas.
11 avril 30 km 500 mètres de dénivelé
Aujourd’hui journée tranquille à San Sebastian. Petite balade sans sacoches, on se sent léger.
Ce sont des pommes de terre accompagnées d’une très bonne sauce mais très grasse, on y a droit car nous avons déjà plus de 6000 mètres de dénivelé et 240 kilomètres dans les mollets.
Une bête très fauve qui m’a mordu lorsque je lui ai donné à manger.
12 avril 30km 1400 m de dénivelé du port de Los Cristianos à Vilaflor
On se lève à 5h30, il nous faut impérativement être à l’embarcadère à 6h30 pour le bateau à destination de Tenerife. Nous déjeunons rapidement et de nuit nous mettons en route, une dernière fois nous traversons le lit du torrent devant chez Jean, puis rejoignons la route par un terrible raidillon. puis il nous suffit de nous laisser emporter dans la descente sur 4km. Pas de problème nous sommes à l’heure.
La traversée dure 1h30. Le temps est à la pluie, Tenerife disparait sous les nuages. Nous débarquons et commençons par prendre un chocolat puis nous lançons dans une montée de 30 km pour 1300 m de dénivelé. Je vais voir un joggeur fait une belle chute en glissant, ainsi qu’une voiture faire une série de tête-à-queue puis s’encastrer dans une paroi rocheuse et rebondir sur la chaussée. Heureusement le conducteur n’aura aucun mal. Mais cela prouve que ce temps pluvieux est dangereux.
La pente par moments est très raide de l’ordre de 12%, et le temps se dégrade. Vers 14h nous arrivons dans la petite bourgade de Vilaflor et nous trouvons de quoi nous loger.
Cette œuvre représente un pasteur sauteur. Il se sert de sa perche pour descendre dans des a-pics, technique très impressionnante.
13 avril 61 km 1700 m de dénivelé de Vilaflor à Masca
Départ à neuf heures, en effet dans ces villages des Canaries, il est impossible de trouver un bar ouvert avant 8h, et on peut se considérer comme chanceux. Nous voilà partis vers le Teide avec un passage à plus de 2100 mètre. Nous avons de la chance avec le mauvais temps de la nuit passée, le Volcan s’est couvert de neige.
Mon vélo devant un immense champ de lave
Puis nous prenons la direction de la petite ville de Masca, perdue au milieu d’immenses rochers.L’endroit est merveilleux, nous trouvons à nous loger chez une Française qui loue des chambres confortables.
descente vers Masca
depuis Masca
dans Masca
14 avril 60 km 1600 m de dénivelé de Masca à Orotava
Nous mettons le cap sur la côte nord de l’île et rejoignons la petite ville d’Orotava. L’étape est pénible, de nombreuses montées très raides dans des zones habitées à la circulation dense. Seuls les 20 premiers kilomètres étaient magnifiques au milieu de montagnes déchiquetées.
15 avril 71 km 2104m de dénivelé direction de Ortava à La Laguna au nord de l’île
Lever matinal, départ à 7h pour repartir sur les pente du volcan Teide par une autre route qui va nous conduire à plus de 2000 m d’altitude et nous démarrons de 300 m.
Effectivement à 7h nous somme dehors, et il fait nuit. Nous partons en allumant nos feux de casque. Les 200 premiers mètres de dénivelé sont si raides que nous les effectuons à pied. Par moments la pente dépasse allègrement les 15%. 45 minutes nous sont nécessaires pour venir à bout de cette première partie. Ensuite la route sera plus facile, mais la circulation va s’intensifier. En effet, le volcan Teide point culminant d’Espagne avec ses 3718 m attire beaucoup de monde.
dans les rues d’Orotava au minimum 15%!
Le temps est très beau, mais comme souvent sur ces îles vers midi le brouillard monte de la mer et nous allons effectuer la descente vers le nord avec par endroits une visibilité de quelques mètres. Mais nous avons eu la chance d’avoir de magnifiques points de vue sur le Teide.
le Teide 3718 m d’altitude
La descente dans le brouillard a été assez fraîche et malheureusement nous n’avons pas pu profiter du magnifique spectacle qui se dévoile tout au long des 44 kilomètres de route qui suivent cette crête qui descend vers le nord.
Nous finissons la descente dans une magnifique forêt. Ces îles sont très étonnantes, d’un versant à l’autre le climat est totalement différent, ce qui engendre des végétations diverses.
16 avril 75 km 1700 m de dénivelé
Aujourd’hui nous partons pour une balade de la journée sans nos sacoches. Les pentes paraissent beaucoup plus faciles. Nous avons quelque mal à sortir de la ville, mais une fois sur une jolie route de crête qui frôle les mille mètres nous roulons avec plaisir bien qu’il fasse froid et que l’air soit très humide.
l’extrême nord de Tenerife
Santa Cruz la capitale
Le soir repas en ville et nous assistons aux magnifiques défilés de la semaine sainte,qui se répètent chaque soir. Absolument merveilleux des costumes aux couleurs vives, des orchestres très bons et une cohésion d’ensemble dans le défilé remarquable. il se dégage de cette cérémonie une grande ferveur.
17 avril La Laguna à Güimar 33km 500 m de dénivelé
Nous sommes bientôt en finale. Nous aurions pu rejoindre en une seule étape l’aéroport, mais cela ne sert à rien, il nous faut attendre le 19 pour décoller. Donc petite étape qui nous a pris un peu plus de deux heures sur terrain facile, le long d’une route agréable qui domine la côte est de Tenerife.
La côte est très construite, elle me fait un peu penser à celle de Chypre.
Arrêt dans la petite ville de Güimar vers midi, alors que le temps se dégrade et se met à la pluie. Nous sommes superbement loger dans une « casa rural » qui est un hôtel, dans une vieille demeure canarienne du XVIII siècle. Plancher et plafond en bois ciré, on dirait de l’acajou.
Une petite placette de cette ville est arborée de magnifiques spécimens aux troncs étonnants.
Notre hôtel sur les trois vues suivantes, la façade, la salle de restauration et la salon. Eh oui voyage à vélo et embourgeoisement peuvent aller de paire. Je me rends compte que ces quinze jours de vélo et plus de 15000 mètres de dénivelé ne m’aurot pas fait maigrir!
Ce soir nous sommes allés à une nouvelle procession religieuse dans le cadre de la Semaine Sainte. Toujours la même ferveur anime les participants, qui ce soir ont fait le tour de la place devant l’église avec les chars portant les représentations du Christ et de la Vierge.
Puis nos sommes retournés à notre hôtel déguster le menu de la Semaine Sainte. Nous l’avons accompagné d’un bon rouge de l’île.
18 avril 61 km 750 m de dénivelé Güimar à Los Abrigos
Aujourd’hui nous effectuons notre dernière étape avant retour en France. Ces deux semaines sont passées très vite. Ce matin alors que nous finissions de petit-déjeuner une procession s’est arrêtée sous les fenêtres de notre hôtel une procession s’arrête, nous sommes vendredi Saint.
Notre étape de 61 km sera la plus agréable de notre voyage, le long d’une petite route qui domine la mer de plusieurs centaines de mètres. Vers 13h nous arrivons à la plage de Medano à 4 km du point final de notre voyage. Nous y mangeons nos casse-croûtes. Il y a une foule immense qui se baigne. Puis nous rejoignons l’hôtel de notre arrivée Los Amigos point final de notre voyage.
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