Méroé fut la capitale de la Nubie qui se situe à l’emplacement de l’actuel Soudan. A l’époque pharaonique cette région, appelée par les égyptiens le « pays de Koush », leur fournissait de l’or, du bois, du bétail et des soldats. Le décor mural de la tombe de Houy, vice-roi de Nubie, montre des princes Nubiens apportant des tributs au Pharaon. Profitant de l’affaiblissement de l’Egypte les Nubiens prirent leur indépendance en 730 avant JC réussissant même, un siècle plus tard, à annexer l’Egypte durant une courte période avant d’en être chassés par les Assyriens. Rome ne put les conquérir et Auguste dut signer un traité de paix en 29 avant J.-C. avec la reine de Nubie. La destruction de Méroé par un roi éthiopien, vers l’an 350 de notre ère marque la fin de cette civilisation.
L’empire Méroïtique fut prospère car son climat plus humide que celui de l’Egypte favorisait la culture du sorgho et l’élevage. Témoignage de l’influence égyptiennes, les rois et les reines de ce pays remirent à l’honneur les pyramides pour leurs sépultures, sans toutefois rivaliser avec les grands tombeaux de Khéops, Khéfren et Mykérinos. Les Nubiens inventèrent une écriture, inspirée des écritures égyptiennes hiéroglyphique et démotique, pour transcrire leur langue. Leur art et leur artisanat témoignent des influences égyptiennes, orientales et gréco-romaines mais aussi des traditions locales.
Pour évoquer l’empire de Méroé la nouvelle exposition du musée du Louvre réunit près de deux cent œuvres, plusieurs musées y ont contribué dont le celui de Khartoum au Soudan qui a prêté la statue d’un roi archer. On découvre la vie quotidienne, l’artisanat et la vie sociale. La partie consacrée à la religion nous montre de multiples influences puisque le dieu Amon des Egyptiens cohabitait avec le Dionysos des Grecs. L’un des thèmes est la redécouvertes des ruines des pyramides de ce royaume par l’expédition de 1821 et les fouilles menées actuellement par le Département des antiquités égyptiennes du Louvre.
J’ai visité l’exposition mercredi dernier en nocturne car je préparais aussi mon prochain article (à découvrir la semaine prochaine).
L’influence égyptienne dans le royaume de Méroé se retrouve dans la sculpture avec le support de la barque du roi Natakamani trouvé dans le sanctuaire du dieu Amon et daté du 1er siècle de notre ère ou dans cet ensemble représentant le roi Taharqa en face du dieu faucon Hémen. Il y a aussi cette stèle qui représente la Candace Amanishakheta recevant le souffle de vie de la déesse Amesemi (le terme « Candace » désignant en fait les reines de Méroé). On la retrouve également dans les pièces d’orfèvrerie avec une bague sceau à l’image du dieu faucon ou une autre représentant Amon trônant au dessus d’un crocodile. Dans un registre plus festif le dieu grec Dionysos et sa troupe de joyeux lurons éméchés ont été adoptés par les habitants de Méroé, en témoigne cette tête de Dionysos qui appartenait à une statue porte flambeau.
Une section de l’exposition est consacrée à l’écriture qui a été en partie déchiffrée entre 1909 et 1911, la langue de Méroé peut être lue, mais non traduite. Un chercheur Français travaille actuellement à partir de langues aujourd’hui parlées du Tchad à l’Erythrée pour tenter d’en percer les mystères. L’exposition se termine sur la pièce maîtresse, la statue d’un roi archer prêtée par le musée de Khartoum. Cette œuvre en bronze doré et stuqué est la plus grande pièce Méroïtique connue en métal, elle représente un roi inconnu revêtu des attributs de la royauté, le double uraeus, le diadème et le collier à triple tête de bélier. C’est d’ailleurs elle que l’on retrouve sur l’affiche de l’exposition.
Méroé, un empire sur le Nil jusqu’au 6 septembre 2010 à l’entresol de l’aile Richelieu.
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