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La Toscane à l’automne : Périple à San Gimignano

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sangiminianoOù donc est notre voiture ?

La Toscane, en cette mi-novembre, se fait belle et croule sous les paillettes de son été indien. Les ocres se mêlent aux verts, aux ors et aux vermeils ! La vigne a bon pied et l’olivier décoré tel un monument d’art a bon port. Un paysage féerique qui invite à la marche, à l’évasion et au bonheur bucolique !


Nous quittons les 17 000 hectares lovant en leur sein le château d’El Monte de la Cigéviste et néanmoins Princesse Ruffo de Calabria, dans une petite voiture italienne rouge 4*4 pour aller, à 14 kilomètres à peine, visiter San Gimignano, la petite ville voisine.

La route est montagneuse et sinueuse et voilà que deux artistes en gants blancs et gros sécateurs rouges apparaissent en bord de route à l’entrée de la ville. Des tailleurs d’oliviers. Ici, l’olivier sera coupé court, sera étêté et facilitera la cueillette d’olives tout en gagnant une présentation d’un Ikebana japonais, ou parfait bouquet floral.

On décide de prendre la contre allée droite et de parquer vers ces messieurs, là ou stationnent déjà une dizaine de véhicules.
Après ce spectacle inédit on décide de laisser là notre voiture et de faire les 200 mètres qui restent à pied pour entrer au village.

Surprise de chez surprise. Une porte ancienne et majestueuse accueille les arrivants qui sont subitement transportés au XIII e siècle ! Le choc culturel est immense et surtout inattendu. Le petit village étrusque de la période hellénique qui prit le nom de l’évêque de Modène connut son âge d’or avec la voie Francigena qui le traverse ! Eglises et couvents y foisonnent, clairsemés au bord de jolies routes pavées. Un régal de l’œil et de l’esprit.

Aujourd’hui, des dizaines de petits commerces vendent à tour de bras l’excellent vin blanc de la région et l’incontournable rouge Chianti.
Des Tours magiques et gargantuesques en pierre de taille évoquent sans le vouloir un certain malheureux September eleven

Un marchand de glace. Waw !! Une boule de tiramisu et une de noisette dans un superbe cornet croquant surmonté d’une cuillère de la même pâte en forme de micro-cornet. Une halte s’impose sur le banc public de la belle place blanche.
La gourmandise continue avec un marchant de « chauds les marrons chauds ». Le déjeuner pourra attendre…

Face à la majesté du lieu on réalise que l’histoire de la ville fut tumultueuse. Elle prend alors le nom de San Gimignano delle belle Torri avec ses 75 maisons-tours . Le 8 mai 1300, elle héberge Dante Alighieri, ambassadeur de la ligue guelfe en Toscane.
La terrible peste de 1348 et le dépeuplement qui s’ensuit, jettent San Gimignano dans une crise grave et la petite ville doit se soumettre à Florence en 1353.

DEPART

Il est 14 heures. Fatigués, après plus de trois heures de marche, on envisage d’attaquer la pizzeria laissée auprès de notre petit parking avec un bon petit blanc pays !
Oh ! rage, oh ! déception. A la sortie de l’enceinte du village par une gigantesque porte on constate que ce chemin ne mène nullement à notre vieille voiture rouge.

Patience. Patience. On revient vers l’église centrale pour se remémorer notre entrée à San Gimignano et découvrons avec consternation la forme ovale de la cité, dotée de plusieurs portes d’entrées. Suivent deux longues heures de recherches, d’entrées et de sorties. Impossible de retrouver l’ombre de l’ombre de la trace du petit parking derrière les oliviers taillés …pourtant à 200 mètres seulement d’une entrée.

Une première tentative de secours.

Je demande à un couple qui s’apprête à prendre sa voiture d’un parking… s’ils peuvent nous aider à « raisonner » pour découvrir notre voiture. La jeune épouse propose derechef de nous prendre à bord de leur véhicule et de circuler autour le l’ellipse montagne du village historique. Près de 30 minutes de recherches pour rien.

Une deuxième tentative.

les carabiniers ou police ! Il écoutent notre histoire et rigolent sous cape…mais nous offrent un plan du village intra et extra-muros !

Une troisième tentative.

étudier cette carte ! Éliminer le versant Est qui donne sur un ravin et le Nord trop montagneux. Je décide d’arpenter seul le Sud, ruelle par ruelle avec des pentes ardues et souvent ardentes. Rien de rien. Rien !

Ultime tentative

Un bar-restaurant. Propre, vide et lové sous de gros arbres en bord de route. Je m’approche du jeune barman aux lunettes d’écailles, lui pose mon plan de village sous les yeux et lui explique que cela fait déjà trois heures que nous tournons en rond…

L’œil vif et le cœur léger il nous demande d’attendre « Un altimo » ou « Un moment ». Soudain aidé d’un jeune Sénégalais musclé, le voilà qui commence à fermer boutique et à éteindre lumières.
Quid de cette décision saugrenue Caramba? Est-ce un moyen de nous foutre à la porte malgré son « Un altimo » ?

Non, Alfredo ferme boutique et nous demande de l’attendre 5 minutes dehors. Rapidement, arrivent deux voitures. Une Audi 3 blanche avec notre jeune patron suivi d’une vieille Mercedes verte du Sénégalais barman. Le mystère s’approfondit et nous voilà rapidement à bord de l’Audi suivis par la Mercedes avec un plan en main recherchant la Pizzeria du collègue qui jouxterait un parking en contre allée et masqué par des oliviers taillés…

Une, deux, dix, vingt ruelles, pentes et tournants en vain !
Soudain, Alfredo freine sec en écoutant mon cri de cœur « Ouiiiii, voilà le restaurant à la bonne pizza italienne que l’on attend depuis trois heures de temps ».

Juste à côté, nos oliviers et notre voiture. Grazie Alfredo et vive la gentillesse des Italiens !

Retour au restaurant où une bonne bière fraîche italienne et une succulente Pizza au feu de bois nous font oublier plus de cinq heures de marche, dont trois de recherche-vaine !

Au loin, semblent jaillir de la place de L’église  romano-gothique Sant’Agostino du XIIIe siècle le chœur et le souvenir du Couronnement de la Vierge de Piero del Pollaiolo et les fresques de Benozzo Gozzoli sur la vie de Sant’Agostino.

Le comble d’un voyageur…perdre son véhicule à l’entrée d’un village !

Et viva l’aventura !

Rached Trimèche

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