Comment vit et respire Paris au fil des saisons? La capitale française affiche ses couleurs et ses visages. Chroniques nomades à Paris, en hiver, au printemps, en été et à l’automne…
Impressions de Paris en hiver…
L’hiver s’installe et les poubelles changent. Le nouveau style Delanoë tentaculaire laisse passer le vent des bombes sans (trop ?) violenter les passants. Toutes les rues n’en sont pas encore pourvues, mais ici le lycée Fénelon cher aux amours matznéviennes. C’est mieux que le sac plastique vert éventré par les corneilles.
Mais le style Delanoë, c’était aussi ce lego en bois établi en face de Notre-Dame pour l’anniversaire des 850 ans. La chose était d’une laideur UIFM, ce genre de constructions bricolées pour instruire le primaire. Le « projet pédagogique » municipal face à la cathédrale était d’avoir une « meilleure vue » sur la façade nettoyée… La structure est en train d’être démontée mais Notre-Dame paraît en cage tant les détritus se sont accumulés. Et, cette année, le sapin de Noël est « minable », mot qu’on affectionne dans les hautes sphères de l’État socialiste, paraît-il.
Les Gaulois survivent, mais à l’hôtel de la Monnaie, où Astérix délivre sa potion magique du « tout va bien » en monnaies d’or et d’argent !
C’est sous la préfecture de police que les archéologues de l’INRAP ont découvert des sépultures médiévales sous le cloître Saint-Eloi et des constructions sur poteaux datant de la conquête romaine.
L’Hôtel Dieu est en crève, c’est de saison, les longs séjours étant décentralisés ailleurs. La peur du changement, toujours. Même s’il est dit que Dieu est éternel, son hôtel ne l’est pas, bien vétuste pour l’excellence qu’on réclame à la médecine.
Quant à la Samaritaine, paquebot du luxe au cœur de Paris, sa destruction a enfin commencé.
En revanche, la passerelle des Arts face au Louvre et le pont de l’Archevêché derrière Notre-Dame se chargent de cadenas tous plus lourds les uns que les autres. La place manque, on surcharge. Tout ce cirque pour « se dire son amour indéfectible » en jetant la clé dans la Seine – sans préjudice de la séparation dans quelques mois ou du divorce dans quelques années. Les modes mondialisées paraissent encore plus bêtes que les modes locales : elles sont plus lentes à monter et plus bébêtes encore car chaque peuple y met ce qu’il croit, dans un grand n’importe quoi naïf et sentimental à pleurer.
Les touristes – comme les Français – peuvent voir enfin Voltaire dévoilé depuis quelques mois dans la cour du Louvre ! Il était resté sous filet de camouflage depuis 2006. Curieusement, cela correspondait à la suit des émeutes de banlieue en 2005, où l’islam s’était fait agressif. Comme le bonhomme Voltaire s’était fendu d’un Fanatisme ou Mahomet vengeur pour ridiculiser le cléricalisme (alors catholique et royal), tout bon Parisien ne pouvait que soupçonner la peur panique de l’État et de la Ville à « provoquer » le musulman. Selon les cinq rapports sur l’intégration récemment publiés, ne devrait-on pas mettre à bas Voltaire pour ériger à sa place Tamerlan ou Ahmad ibn Hanbal ?
Mais les Français ne sont plus raisonnables. La gauche adore faire du « libéralisme » américain le diable – mais elle adore servilement en même temps les modes américaines, se distinguer intellectuellement par les théories américaines, faire du genre à l’américaine. Comment ? n’aurait-elle pas lu Marx – pourtant à la mode durant deux générations ? ou n’a-t-elle rien compris à ce qu’elle aurait vaguement lu du barbu ? Si « l’infrastructure conditionne la superstructure » (en bon jargon philo-germain), alors c’est bien l’ultralibéralisme américain qui permet aux théories de fleurir, l’un conditionnant l’autre : new age, écolo-globalité, féminisme du genre et autres cooleries. Si l’on refuse l’ultralibéralisme, comment peut-on – sans rire – adopter toutes ses productions intellectuelles conséquentes ? Si l’on a libéré Voltaire, on vient de barbeler Descartes, sur la façade sud du Louvre…
Le moutonnisme bobo se voit encore dans ces files de voitures, un lundi vers 15 h, sur les quais. La grande migration du tous pareils, les Héritiers assurant leur Distinction par Imitation de caste : Bourdieu, mais c’est bien sûr !
Le vulgaire, lui, continue de taguer les murs de Paris. Régression sadique-anale, disait Freud, autre barbu de langue germanique. La Municipalité peut ainsi « créer des emplois » de détagueurs ; on appelle cela un « service public » – et les Français en sont très fiers… surtout si ce sont les autres qui payent.
Louis XIV, l’homme de l’Etat-c’est-moi, montre l’exemple en caracolant vers l’ouest. Il semble fuir vers le Nouveau monde, comme tous ces jeunes Français qui veulent créer une entreprise, faire de la recherche ou gagner de l’argent.
Même la Seine coule vers l’ouest ; il n’y a guère que le bassin Mitterrand, au palais du Louvre, qui ait pour seule ambition de stagner autour des éternelles pyramides.
Paris sous la neige
« Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l’heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles » (colloque sentimental de Paul Verlaine).
Paris, en hiver, c’est la solitude des rues vides et des parcs glacés. Les kids qui jouent presque nus à la belle saison sont absents, réfugiés en chambre devant les jeux vidéo.
Les filles se hâtent dans les ruelles, engoncées de pantalons et de trois-quarts à col de fourrure, pressées d’aller de réchauffer devant une pâtisserie ou chez une copine pour papoter.
Quelques gamins venus de la province pour les vacances et flanqués de mamans trop habillées, prennent un malin plaisir à laisser leur gorge découverte sous l’anorak. Ils n’ont pas l’habitude parisienne de passer du surchauffé au glacial, du métro à la rue, du lycée à l’extérieur, des chez-soi à l’en-dehors.
Les ados parisiens ont compris : vêtus d’été en dessous, ils dissimulent leur corps sous les habits de ski. Ils ne laissent entrevoir que ce qu’il faut pour réguler la température.
Les statues nues font exemple au jardin du Luxembourg. On en a froid pour elles mais elles n’en ont cure depuis leur érection, il y a plus d’un siècle.
Le lion trône en majesté, vert-de-gris, tandis que les passants se hâtent sous bonnets, gants et grosse laine – leur fourrure à eux.
Le Sénat est bien vide, ses pelouses « au repos » avant la belle saison qui le verra envahir d’étudiantes accolées à des étudiants, une mince étoffe entre eux et un livre à la main.
Mais Notre-Dame joue l’exotisme avec ses palmiers en perspective. La mode est à l’exotique en attendant le nouveau pape.
Ceux qui savent préféreront éviter le dehors pour pénétrer le dedans, le cœur de Paris, ces restaurants venus de partout.
La Reine des tartes se la joue nunuche pour mieux appâter le chaland pour pas cher.
Lhassa, le restaurant tibétain le plus titré de la capitale, propose ses momos fourrés de viandes (peut-être du yack), l’autre nom du ravioli himalayen.
Il fait bon à Paris, en hiver. Mais dans les intérieurs. Les rues sont tristes et désertées.
Le jardin du Luxembourg de Paris en hiver
L’hiver est froid et sec à Paris cette année. La lumière solaire est dorée, l’astre bas sur l’horizon. Ce pourquoi la sécurité veille en plein soleil.
Ce soleil donne une teinte ambrée aux vieilles pierres, celles du Sénat où les têtes chenues, désormais majoritairement de gauche, se penchent sur les lois de la nation.
Mais aussi la pierre des statues qui prend vie, ou le bronze dont les reflets s’animent.
Les femmes y sont robustes et les mâles songeurs. Marius méditant sur les ruines de Carthage est loin de Superman mais sa musculature fait l’admiration des gamins venus de loin.
Le petit marchand de masques tente en vain de proposer ses déguisements d’anonymous, mais sa peau de bronze fait froid et touche le passant. On a envie de le couvrir tant le stoïcisme est peu de saison dans cette campagne de promesses.
Il nous faudrait un David pour terrasser le Goliath des mauvaises habitudes qu’on répugne à changer, mais nul politicien n’a le profil, si vous voyez ce que je veux dire… Et David reste isolé sur son piédestal, loin du Sénat où tout se joue.
Paris est beau en hiver, la lumière y est légère, le froid semblant figer l’atmosphère.
Les allées sont vides, les chaises empilées dans le jardin du Luxembourg.
Les gens sont rares, emmitouflés et distants, laissant au promeneur tout le loisir d’errer ici et là sans encombre.
Seul Flaubert veille, la lippe goguenarde contre la sempiternelle bêtise des idées reçues, des dogmes intangibles et du politiquement correct.
Et le vieux lion du Sénat garde les allées, en attendant la neige.
Morne hiver à Paris
Il pleut fin février, les vacances sont venues, les Parisiens ont déserté.
Le jardin des sénateurs, au Luxembourg, est désert et un ado solitaire tente de placer des balles dans le filet ; même sans rivaux, il n’y parvient pas toujours.
Un autre s’interroge face au Lion de bronze, dans les bosquets du même jardin : qui suis-je ? où vais-je ? que sais-je ?
Est-il « Charlie », comme il est affiché par conviction sur la façade de métal de l’Institut du monde arabe ? Un musulman s’est-il jamais prénommé Charlie ?
Un ado a compris que ces slogans, ce volontarisme de propagande – qui ne veut pas voir simplement ce qui est – n’a aucun intérêt : il s’est couché au rare soleil de février sur les marches. Soumission ? Non, indifférence. Que les politicards blablatent, il ne lit pas Charlie ni n’a envie de se convertir à quoi que ce soit.
Surtout pas au socialisme, tant le parti socialiste n’a plus rien de neuf à offrir. La boutique accouplée affiche les soldes, « deuxième démarque », tant personne n’en veut plus de cette religion socialiste usée jusqu’à la corde. Le « concept store » Cambadélis est mort. Pas la gauche, non, qui est un élan vers l’avenir, mais le parti, crevé de l’intérieur par le copinage, les zacquis et les tabous de la génération 68 au pouvoir – bien loin de la « révolution » qu’elle affirmait… lorsqu’elle était jeune et vivante.
Crevé comme ces arbres du Luxembourg, en train d’être sciés pour être remplacés par de plus sains, de plus verts, de plus vigoureux.
Crevé comme ce parapet du pont de l’Archevêché, derrière Notre-Dame, dont le poids des cadenas de la mode imbécile a fait chuter un élément dans l’eau. Comme une dent manquante dans une mâchoire branlante.
Crevé comme le jardin du square Viviani, face à Notre-Dame sur la rive gauche, dont un affichage de la Mairie illustre la langue de bois bureaucratique – typiquement socialiste (on se croirait sous Mao !). Manquent les « excuses » ou le « merci de votre compréhension » de rigueur depuis l’ère Chirac.
Buvez du vin ! affirme un caviste parisien pour redonner de l’optimisme à une ville qui sombre. Au moins c’est du vrai rouge, pas du rose fané…
La culture officielle révérée par les bobos n’enthousiasme pas les gamins assis tournant le dos au musée d’Orsay : puisque tout se vaut, que la France n’a pas d’identité, que l’Occident est coupable quoi qu’il en soit (d’esclavage, colonialisme, exploitation capitaliste, pollution, pillage des ressources, impérialisme militaire…), laissons courir.
Même les livres ne les intéressent pas, les kids ; les bouquinistes n’attirent que les vieux, les provinciaux, de rares étrangers.
Ce qui les amuse est la patinoire devant l’Hôtel de ville, une bonne idée Delanoë… quand la température s’y prête : ce n’était pas le cas en décembre (ouh, la facture d’énergie pour glacer une piste lorsqu’il fait 15° dehors !) mais c’est le cas en février, où les températures oscillent entre 2 et 10°.
Certains ont même chaud pour se balader bonnet sur la tête mais gorge nue.
Paris, sous la pluie, prend parfois une brillance étrange.
On y déambule en Vélib, sous la pluie, sur le quai Malaquais, devant la péniche-restaurant.
Paris s’engloutit dans les eaux, comme au port des Saint-Pères… Fin février, il valait mieux être ailleurs.
Paris au printemps
Enfin 20°, le printemps décide à se montrer, vexé des remontrances écolos qui affirment que le climat se réchauffe ! Nuage volcanique, chute de l’euro et guerre civile en Thaïlande et en Grèce font que des touristes redécouvrent Paris. Pas besoin de prendre l’avion, il y a le train et, pour les Américains, c’est enfin moins cher que depuis deux ans.
Paris en mai, c’est tout un petit peuple qui s’ébroue.
Les oiseaux familiers, la vieille qui les nourrit, le merle qui se baigne avec ses copains les moineaux dans une flaque à vos pieds.
Le chevet de Notre-Dame est tout caché de fleurs neuves.
Les groupes scolaires déambulent sur les quais, le long de l’eau. Les profs ont déjà fini leur année, ils se promènent. D’ailleurs les secondes sont libres dès aujourd’hui et les premières techniques aussi. Pas de rentrée avant septembre !
Quai de Bourbon, sur l’île Saint-Louis, on dirait que Caïn tue tranquillement Abel tandis que le soleil donne, plein ouest. Mais ce n’est qu’un titan qui assomme un centaure. Les vieilles riches qui papotent sous les arbres à leurs pieds n’en ont cure, elles médisent du prochain.
Etienne Marcel dresse son cheval sous l’Hôtel de ville, prévôt des marchands altier qui aurait bien voulu être né alors qu’il s’est fait tout seul. Nous n’avons plus les mêmes valeurs.
Derrière la préfecture de police, une plaque de rue apprend qui a fondé la police judiciaire en France, un certain Célestin Hennion, qu’aucune lecture de Maigret ou de Vargas ne vous dira jamais.
Dans une vitrine de fleurs, des gamins nus s’accouplent gentiment sous le regard des flics et des touristes. “French lovers…” they say.
Plus loin, sur un trottoir, un trottin vêtu de rose incite à l’amour, écrit « love » selon la mode anglophone lancée par Martine Aubry. Your care is love ! Avant on disait My tailor is rich – mais on n’a plus les mêmes valeurs. Et venant en face, un peu floue, mais oui ? Ne dirait-on pas la silhouette de l’ange Merkel ? La rigueur en marche qui arrive à grands pas ? Profitez du printemps, il ne dure jamais.
Paris fin avril
Le printemps pointe timidement son nez cette année. Les jours alternent entre froid de mars et tiédeur de mai ; en avril, ne te découvre pas d’un fil, dit la sagesse ancestrale.
Ce pourquoi le chat de la rue de la Harpe, campé au-dessus d’un restaurant de kebabs, se garde bien de mettre autre chose que le museau à la fenêtre ; il a gardé toute sa fourrure.
Mais les cerisiers fleurissent déjà comme au Japon. Le rose délicieux des fleurs rappelle le teint des jeunes filles derrière le mur austère de l’ancienne Polytechnique.
Au Luxembourg (le jardin, pas le paradis fiscal), les ponettes ont la queue fournie et baladent des gamines pas très rassurées d’un pas lent de sénateur.
Les feuilles des marronniers sont du vert tendre de la jeunesse annuelle. Leur transparence donne envie de ventrées de salade.
Les pelouses sont de nouveaux « autorisées » par la haute autorité fonctionnaire en charge de définir les règles. Nombreux sont ceux qui se vautrent déjà sur l’herbe encore humide des pluies incessantes de l’hiver.
Des filles se sont mises déjà presque nues, préparant le bronzage plage pour les mois qui viennent.
Les ados flirtent, allongés, caressés, nonchalants. Le bac est pour bientôt, même si des vacances arrivent, juste avant le premier mai pour les Parisiens. Il restera peu de temps pour réviser après, cette année.
Les touristes de province déambulent déjà depuis près de deux semaines dans un Paris tour à tour gris et lumineux, à 15° ou 25° selon les jours. Le faune dansant incite à l’exubérance devant la perspective ouverte par les marronniers sur la coupole triste du Panthéon, en piteux état et en restauration pour des années.
Il est agréable de marcher dans les allées du jardin le plus parisien peut-être.
Gamins de Paris
Les gamins sont comme les moineaux, piaillards et envolés, anarchiques et sympathiques. Ils manqueraient à la ville s’ils ne couraient les rues une fois le printemps revenu.
Le Parisien est triste, bourgeois compassé voulant avoir l’air de son statut revendiqué, en général plus haut que le vrai. Le Parisien est méfiant et sourit rarement. Frôlez-le seulement, il vous jettera un regard indigné, comme si vous aviez violé son intimité. Ce pourquoi les visages sont floutés.
Pas les enfants, exubérants et libres plus qu’ailleurs. Ils donnent de la gaieté à la rue en rose et pistache.
Ils sont rêveurs, adossés aux grilles du Luxembourg.
Ou bien souvent ils vont y jouer, après l’école ou quand il n’y en a pas. Ils n’hésitent pas à ôter ce qui les gêne pour mieux profiter de cette rare liberté impossible ailleurs en ville.
Même tout petit, encore en poussette, ils n’hésitent pas à se débarrasser des contraintes. L’aisance s’acquiert dès le berceau à Paris.
Et puis c’est le jeu. Partout, avec rien, jamais tout seul.
D’un bassin grand siècle, ils font une aire de course à la voile.
D’un carré d’herbe ils font un lieu de pique-nique avec leur meilleur copain.
Attentifs, tout à leur affaire, entiers dans le présent, la frange blonde tombant sur la chemise défaite.
Jeux d’été à Paris
Que peut-on faire dans la ville lorsque les vacances sont venues, qu’on ne part pas encore et qu’il fait lourd ? Pas grand-chose. Avouons-le, l’hiver est plus propice aux sorties culturelles ou au sport. Car le sport, en ville, se pratique surtout en salles…
Les plus petits peuvent aller jouer au jardin du Luxembourg, mais le Sénat n’autorise que les ballons mousse, pas ceux de cuir.
Les colonnes de Buren, cour du Palais-Royal, disposent de buts d’artiste un peu serrés, mais bon…
Cet art tout utilitaire, en joli damier noir et blanc, inspire les préados qui circulent en patinette.
Ou qui tentent le hip-hop sous les yeux attentifs des plus grands.
Au risque de se trouver fort déshabillé par l’effort, surtout quand le tee-shirt mode est lâche et largement décolleté.
Mais il est une autre façon de montrer son corps à 12 ou 13 ans : s’arroser copieusement aux fontaines, grâce aux pistolets-mitrailleurs d’eau.
Un jouet de transition entre gamin et ado qui permet des transparences sur la poitrine sans oser la montrer nue.
Il suffit d’un an ou deux pour oser. Et l’on enlève haut et très bas pour entrer dans la fontaine comme en piscine, torse nu et vêtu de son seul bermuda.
Les autres, ceux venus en touristes, restent sagement dans les lieux de visite. Ils glandent au Louvre.
Sous voile devant la pyramide.
Ou s’amusent à faire des bulles.
Petits et adultes aussi étonnés.
Ils visitent la passerelle des Arts, qui relie le Louvre à l’Académie française par-dessus la Seine. La mode est, depuis quatre ou cinq ans, aux cadenas que l’on scelle aux grillages afin d’éterniser son amour… Chacun sait qu’il ne durera que le temps d’une saison, au mieux quelques années, mais la mode est irrésistible : il faut faire comme les autres ! On ne se distingue que quand on n’a pas l’âge du sexe. Poser un cadenas à 10 ans, c’est mignon.
Certains sont au point de pisser dessus par provision… Pas en vrai, c’est un effet de la photo, mais avec une forte démangeaison des préados à ce niveau comme en témoignent les mouvements de hanches.
Quand on est fille, l’heure est aux fantasmes sur les bittes de voirie en bord de passerelle.
Plus âgé, on se vautre sur les pelouses autorisées du Sénat. Elles le sont en alternance pour préserver l’herbe, grassement nourrie cette année où il a beaucoup plu.
Le must est d’y aller lire avec son bébé, transition entre âge adolescent et vie adulte. On fait encore comme si.
Une autre transition est de faire l’amour en public. Mais il faut pour cela rester de marbre… et simuler être bien monté. Provocation aux vieilles dames et aux pisse-froid – mais on est à Paname !
Les filles préfèrent prendre un café place de la Contrescarpe, juste avant de plonger dans la rue Mouffetard. On se croirait dans une quelconque province.
A Paris, quand on est gamin, on s’ennuie pendant les vacances. Mieux vaut être touriste ! Ou aller faire le touriste ailleurs.
Mais quand il pleut… pourquoi ne pas découvrir un site d’histoires destinées aux enfants et aux ados ?
Fany vient de créer son univers qui se décline en deux séries d’histoires, les unes pour grandir, les autres pour rêver. La première série, ‘Les péripéties d’Éliot’, aborde les sujets de la vie quotidienne sous forme thématique (école, deuil, tolérance, divorce…). La seconde, ‘Les aventures de Monsieur Kakouk’ (intarissable conteur né dans la tête d’Éliot), emmène le lecteur en voyage. Chaque histoire explore une zone géographique, dans laquelle une petite équipe (la K compagnie) y mène une enquête. On s’évade tout en apprenant. Pour chaque destination visitée, une carte géographique et un album photo remplissent la besace de l’apprenti voyageur. Et accompagnent le récit… Ces histoires peuvent être lues en ligne (livres à feuilleter) ou sur papier (livres téléchargeables pour impression).
[Les visages des photos sont volontairement floutés pour respecter le « droit à l’image »]
Paris en automne
L’automne flamboie à Paris en ce moment.
Les arbres s’effritent en rideau orangé.
Les feuilles font comme une neige dorée sur le sol.
Les kids jouent avec joie dans cet or odorant.
Le temps est bon, il fait presque chaud, en tout cas les cols s’ouvrent largement.
Les adultes lisent au soleil.
La lumière d’or se filtre par les feuilles.
Les arbres en sont tout colorés, jetant leurs derniers feux.
Jouer tant qu’il en est encore temps.
Se reposer dehors, à deux sur les bancs.
Humeur politique
La rue offre de quoi rire des trop sérieux politiques qui ne se croient légitimes qu’en fronçant les sourcils et en dénonçant tous les autres. Le danger est clairement à gauche dans les couloirs de bus propres de la verte mairie parisienne socialiste.
Quant au parti, il voisine de curieuse façon avec une brocante, près du Val-de-Grâce (un hôpital pour les Grands de ce petit monde…). Le subliminal est carré : socialisme = ringard !
Car les socialistes ne sont pas plus humanistes que les autres – voire moins : comme le dit la rue, « ils se piquent la place dans la queue de la boulangerie » (et d’ailleurs).
Le grand méchant Mélenchon est affublé d’une moustache du plus bel effet chaviste (ou pire dans le subliminal). Il l’a bien mérité avec ses outrances d’estrade.
Car la politique, comme le reste, c’est très simple : pour les bobos, il suffit de trois minutes pour tout comprendre. Quand gagne l’inculture des cultureux dans la capitale culturelle…
Gens insolites
A qui sait voir, Paris offre une belle brochette d’insolite. Comme cette femme seins nus au soleil, tranquillement à sa fenêtre.
Ou ce jeune travailleur qui attend la livraison torse nu.
Quand en février il fait au-dehors 7°, l’ado parisien promène son chien en profond décolleté. L’air sec travaille les hormones, et ce sex-appeal lui rend facile les contacts au jardin. Une femme l’aborde pour lui parler du chien (beau prétexte), un homme un peu plus tard lui pose une question, manifestement pour l’approcher de près.
Mais l’apparence se cultive dès l’enfance. Il n’est pas rare de voir déambuler les petits gars en keikogi de judo sur le chemin du dojo…
… ou de très jeunes indiennes en jupe rose et coiffure à plumes pour, on le devine, un goûté déguisé avec copines.
L’été tout récent incite à dépenser l’énergie accumulée, comme ce hip-hop acrobatique d’un tout juste ado qui exhibe ses abdos de béton sur les colonnes de Buren.
D’autres minets sont perchés, regardant de haut les alentours.
De très haut parfois…
Voyageur curieux du monde, des gens et des idées, Argoul vous propose d’explorer le monde et les idées : Visitez le site d’Argoul