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La Thailande, terre de contrastes : Là où s’arrêtent les frontières

thailandaises souriantes

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Seules les choses impossibles sont passionnantes

« Là où s’arrêtent les frontières », une suite à « Théâtre d’ombres » ? Oui et non, « Là où s’arrêtent les frontières » raconte un amour impossible, un amour au goût d’ailleurs. Amour refusé, combattu entre deux personnes que tout sépare et qui pourtant vont prendre le risque en se disant « pourquoi pas ? » Enfin, du moins la jeune et intrépide Marie. Car Somchaï le thaïlandais, lui, se contentera de lui envoyer le message suivant : « หากคุณต้องการจะมีความสุขตัดสินใจมันและคุณจะมี =  Haak khun tongkan dja mee khwam soukh, tatsin djai man, laee khun dja mee »  Si tu veux être heureuse, décide-le et tu le seras » (sauf que khwam soukh en thaï a bien plus le sens de « bien être » et de « plaisir » que de « bonheur », cette notion très abstraite pour les asiatiques.)

Amour qui donne le vertige et fait prendre conscience combien nous sommes les enfants de notre propre culture. Amour sans illusion. Mettre un pied dans le vide, c’est le premier pas vers ces amours incertaines. Parce que, justement, le monde est incertain, parce que demain n’est même pas sûr. Parce que au lieu de tout demander, de tout exiger, de tout attendre, comme ceux qui remplissent leur fiche sur « meetic.com »  à  la recherche du partenaire idéal, ces amours-là acceptent l’aléatoire, le « peut-être », le possible et l’impossible. La vie n’offre jamais que cela : juste la possibilité de faire un pas devant l’autre, un pas dans l’inconnu. C’est ça pour moi les amours interculturelles, (et même l’amour tout court). L’amour est un voyage dont on ignore la destination, par ces temps incertains. Tout sauf un sparadrap, tout sauf un substitut au prozac ou aux excitants. L’amour, comme une fatalité vous balance dans le vide sans parachute avec le cœur qui se décroche au-dessus du vide.

Ma réponse à la journaliste de GAVROCHE concernant les amours interculturelles (rebondissement à la réflexion de Florence dans THEATRE D’OMBRES : « dans les amours interculturelles, il y a toujours une culture qui prend le pas sur l’autre »), a été plus pragmatique que ça. La vraie réponse à cette question est que dans la vraie vie, il faut une énorme ouverture d’esprit et de curiosité pour la culture de l’autre, pas forcement son acceptation), et un égoïsme aussi monstrueux pour garder sa propre culture, pour « se » garder, pour ne pas se fondre et disparaître. Pour continuer d’apporter à l’autre ce qu’il ne possède pas (et l’inverse). En un mot, pour faire durer ces amours là, il faut des jardins secrets, des éloignements tristes et des retrouvailles sublimes… parce que les enlisements, fussent-ils devant la plus belle montagne du monde, devant la plus belle rizière ou devant les plus beaux cocotiers … – personnellement – je n’y arriverais pas.

Pourquoi Florence et pourquoi Marie tombent-elles amoureuses d’hommes quasiment inatteignables : Tunkgu le prince malais, et Somchaï le beau capitaine, le « jao chou » (en thaï : le « tombeur » ou le « Don Juan », selon que c’est un chanteur qui le dit ou une reine en parlant de son fils !)… Peut-être avaient-elles écouté les paroles d’une chanson adorablement ringarde, celles de l’opérette « Le pays du sourire » :

De sa présence embaumée, c’est là qu’elle vit : je vais la voir !
Mais j’aime, hélas, sans espoir ! Ne bats pas si fort, ô mon cœur soucieux,
Sois comme moi silencieux !  Elle ne
devra jamais rien savoir
De mes chagrins, de mes espoirs,  nous
autres, Chinois, nous ne disons rien,
Et quand nous souffrons, nous le cachons bien.

Toujours sourire, le cœur douloureux,
Et sembler rire du sort malheureux,
C’est notre loi, toujours sourire.
Notre regard discret garde son secret.

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C’etait a Venise, il jouait au prince birman !!!!

Alors oui, sourire, toujours sourire. Après tout, la Thailande est bien souvent ce pays d’opérette, pardon ce pays d’un certain sourire… dont l’interprétation appartient à chacun des visiteurs, touristes, residents, expats… et non un stéréotype

« Theatre d’ombres ». « La ou s’arretent les frontieres ». Les editions de la Fremillerie. En commande dans toutes les librairies francaises ou en stock dans certaines librairies. Voir le site de l’editeur

La Thaïlande, terre de contrastes

L’Asie, je vais bientôt la retrouver… je dis l’Asie parce que les 85 m2 achetés à Chiang Mai constituent mon pied à terre asiatique, pas ma retraite thaïlandaise, mais plutot mon point de depart et de rencontres.. Nimmanheimin ou je réside est bouillonnant de vie, parce que concentration de facs et d’étudiants, de profs anglo saxons et de quelques écrivains, à la quasi exclusion des touristes et backpackers dont je ne fuis pas la compagnie bien au contraire,  mais avec lesquels je me sens parfois en décalage. Tout les émerveille, un stade que j’ai forcément dépassé avec le temps et l’éloignement pris volontairement d’avec ce pays de prédilection. J’entretiens toujours mes capacités d’émerveillement mais avec plus de parcimonie pour que tout ne se confonde pas dans une admiration systématique et fourre-tout. Entretenir le choc  culturel pour ne pas tomber dans l’exotisme convenu.

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J’ai choisi de vivre dans le nord de la Thailande, ancien royaume de Lanna, (il vaudrait mieux écrire lan na : millions de rizières) et dernier royaume à être rattaché au Siam, terre de croisements de cultures des minorités ethniques de montagne. Richesse visible de ces cultures grâce au costume dont se parent toujours les anciens. Beaucoup de jeunes, issus de ces cultures anciennes (Akha, Lissu Hmong etc..) originales par leur langue, leurs rites, leur religion ou croyance,  ont tendance a se fondre dans le « tout thaï de la ville »

L’éducation nationale thaïlandaise fait son travail d’intégration : une langue, une croyance, dans une mouvance vers la modernité donc l’uniformité.

Je suis touchée par la fragilité de ces dernières cultures ou civilisations qui disparaissent pour basculer dans la frénésie de changement dont est prise la Thailande aujourd’hui.

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Marie, le personnage central de LA OU S’ARRETENT LES FRONTIERES* se trouve confrontée à ces basculements.

Extrait : « Tous partis. Morts…ou à la ville, c’est la même chose » c’est bien lui qui avait dit ça tout à l’heure aux étrangers. Une petite phrase anodine, mais elle était le nœud du problème ou plutôt de la tragédie qui touchait sa famille. Une famille qui avait perdu une fille et une mère, une famille sans femme comme l’avait constaté Marie.

   – Les écoles ont volé nos enfants.

Le silence planait à nouveau dans la hutte.

   – A-Paï, comme tous les jeunes, ne voulait plus rester à la maison. « Il n’y a pas de futur dans ces montagnes » disait-elle. « C’est vrai, nous ne sommes que des pauvres paysans, on travaille dur pour envoyer nos enfants à l’école comme le demande le gouvernement. Notre seul souhait, c’est qu’ils reviennent au village. Mais une fois en ville, c’est fini, ils sont perdus pour nous, ils ne veulent plus nous parler, ils ont honte de nous. Tous les anciens pensent qu’envoyer les enfants à l’école, c’est les perdre pour toujours ».

Maw-Maw présenta un bol de riz cuit le matin à  son père d’abord puis à chacun des invités. Le riz était garni de lanières de porc, du cuir plutôt dur à mâchouiller, la viande est un luxe chez les karens. Tha-Bu-Kho se concentra sur son bol qu’il lapa en quelques secondes. Son fils le remplit à nouveau de riz, mais sans viande cette fois. Il avala cette deuxième portion avec la même concentration silencieuse. Manger n’était pas un plaisir chez les karen, c’était donner du carburant à la chaudière pour que la machine puisse continuer de travailler.

Lorsqu’il eut avalé le dernier grain de riz, l’homme reprit son monologue avec une obsession monotone :

   – L’école est une menace pour notre identité. L’éducation fait des frustrés de  nos garçons et de nos filles. Les enfants des villes ont les meilleurs jobs, aux nôtres, on donne les travaux à  hauts risques et mal payés en plus, comme si nous étions un sous-produit. Nos enfants sont perdus, étrangers à leur culture et incapables de s’intégrer dans la nouvelle société qui les repousse.  Alors parfois, ils volent, ou ils se droguent. On dit qu’il n’y a pas de travail dans les villes, mais ici il y en a du travail, dans les champs ou la forêt. Et ici on n’a jamais faim »..


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Cette jeune-femme, institutrice d’origine Karen est revenue au village, rendre visite à ses parents

Un pont entre deux rives

Somchai est amnésique suite à une attaque survenue à la frontiere birmane. Il a oublié qui était Marie (prononcé Mayli en thai), qu’il appelle Li……

   – Quand rentres-tu en France » ? demanda-t-il, alors qu’ils s’apprêtaient à traverser le pont Yaowarat pour rejoindre la voiture parquée de l’autre côté de la rivière.

La question s’adressait-elle à Li ou Marie ?

–          Bientôt » répondit-elle.

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Ils marchèrent un moment en silence, elle avec son « pas de farang », qualifié ainsi par les thaïlandais en raison de sa cadence énergique – il fallait être étranger pour adopter cette allure en pays tropical –  lui, avec nonchalance. Au bout de quelques secondes ils furent vite séparés l’un de l’autre. Mais qui au juste avait  installé cet écart ? Elle qui marchait de son pas de farang ou lui qui ne cherchait pas à aligner sa foulée sur la sienne ? Ce serait leur éternel problème. Elle devrait l’attendre ou il devrait presser le pas. Pour l’instant, sur le pont Yaowarat, pont entre deux rives, comme entre deux cultures, c’est elle qui l’attendait.

Elle l’étudiait, amusée : démarche souple, attitude légèrement affectée comme s’il se savait observé en permanence, dégaine de héros stéréotypé de soap-opera chinois- époque mandchoue- dans lesquels les acteurs engoncés dans leurs costumes traditionnels, se donnent la réplique sans distance. Somchaï portait un costume virtuel, son apparence trahissait sa volonté d’être un « mec bien », ce qui devait être aussi difficile ici que d’être un héros. Etre celui qu’on admire, le défenseur magnifique des faibles, celui qu’on appelle en cas de catastrophe. On pouvait décrypter tout cela dans la démarche de ce paradoxe vivant : militaire au sourire de charme, Don Juan solitaire et macho, et  sous la carapace, une vulnérabilité de petit garçon.

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« Il est à des années lumières de moi » pensa Marie « et nous n’avons rien en commun, ni l’âge ni les goûts ni la culture ». Des dissemblances comme des obstacles qu’elle voulait franchir, défis à relever en permanence pour ne pas tomber dans l’ennui et la routine des suites non racontées des contes de fées.

– Tu es satisfaite » ? demanda-t-il, la rejoignant au milieu du pont qui enjambait la Mae Ping sur laquelle croisaient des bateaux illuminés de guirlandes bariolées vaguement prétentieuses. De longues traves d’écume blanche traînaient dans leur sillage, Elle se pencha sur la rambarde pour admirer les eaux sombres et profondes du fleuve dans lesquelles se reflétait une lune aux contours parfaits. Ils étaient au milieu du pont, au milieu de la nuit traversé de loin en loin par des tuk-tuk, rois de la pollution de la ville enchâssée dans son décor de montagne.

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– Tu crois aux mariages mixtes ? demanda Marie à brûle-pourpoint.

Somchaï se raidit, sur la défensive.

– Regarde autour de toi, ces couples sont partout » insista-t-elle.

– Ils ont besoin l’un de l’autre. Ou plutôt chacun a besoin de ce que l’autre peut lui apporter : elles de sécurité, les farangs, de  jeunesse.

– Ça crée un équilibre.

– Question de dosage entre deux nécessités. C’est comme ça dans le monde aussi, l’équilibre des forces maintient la paix.

– C’est ta notion du couple ? Le maintien des forces pour avoir la paix.

– L’harmonie Li. L’harmonie, c’est différent.

Un éclair zébra le ciel et un grondement roula au loin, se répercutant de colline en colline.

– Rentrons avant la pluie dit-il.

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Ils quittèrent le milieu du pont, ce point d’équilibre invisible entre leurs cultures. Après quelques pas, elle décida que désormais elle ne serait plus Li, ce personnage fictif avec lequel il se sentait en sécurité, créature née de son imaginaire pour ne pas avoir à affronter la réalité. Le protéger, ne pas le bousculer, faire semblant ne servait plus à rien, il devait affronter son passé une bonne fois pour toutes. Il la déposa en face de sa guesthouse dans le quartier de Nimmanheimin.

– C’est ma dernière nuit à l’hôpital » dit-il « A partir de demain je serai logé au camp de Mae Rim ».

– Alors ce sera à toi de m’appeler – d’appeler Mayli – si tu souhaites la revoir.

Il ébaucha un geste pour la retenir mais elle était déjà dehors. Elle claqua la portière, et, avant de s’éloigner, lui cria à travers la vitre :

– Mayli est encore là pour quelques jours ».

Puis elle le salua d’un profond waï dans lequel elle mit toute la force de ses sentiments pour lui et toute sa soumission au destin qui l’attendait.

 Là où s’arrêtent les frontières

Un garçon d’une vingtaine d’années à l’allure citadine,  jeans et tee-shirt –  bel anachronisme au milieu de ces femmes figées dans leur costume traditionnel – vint vers eux, le visage souriant. Il tirait de longues tiges de bambou dont il se débarrassa d’un geste vif. Intrigué lui aussi, mais moins timide, il se dirigea vers Josh main tendue à la manière Karen. Il parlait le thaï avec l’accent particulier aux différentes ethnies de montagne : un peu chantant et légèrement hésitant en raison du manque de pratique. Les femmes, rassurées, se ruèrent d’un coup sur Marie. Elles la touchaient, la palpaient en montrant leurs dents rougies de bétel. Elles avaient perdu toute appréhension et faisaient preuve d’une effronterie de vieilles gamines espiègles.  Marie se prêta à leurs attouchements, tantôt fermes et audacieux, tantôt délicats et affectueux. Leurs mains habituées aux travaux de la forêt, avaient une force exploratrice presque dérangeante. Intriguées par la douceur de la peau de l’étrangère, elles la pinçaient, à la limite de la douleur, en proférant des sons  incompréhensibles entrecoupés d’éclats de rire qui laissaient entrevoir leurs gencives écarlates.

– Que disent-elles » ? demanda Marie.

– « Noum noum ». « Doux, tendre »  répondit le garçon.

L’une des femmes cracha un jet de bétel à quelques millimètres des chaussures poussiéreuses de Marie. Elle eut la force de ne pas faire de bond en arrière. A son tour, elle décida de sortir de sa passivité et de palper les lourds bijoux en bronze ou en os sous lesquels elle devina la maigreur noueuse des bras. Une très vieille femme déboucha du chemin en contrebas. Le fagot qu’elle portait sur son dos était aussi écrasant par son poids qu’il paraissait encombrant par son volume. Il laissait derrière lui, de longues griffes dans la poussière rouge et fine. Elle accordait son effort à son souffle court et haletant et marchait  à petits pas rapprochés. Elle rejoignit enfin le groupe sans se délester de son fardeau.

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– Le bois pour la cuisine » précisa le jeune garçon qui venait juste de décliner son nom : Maw-Maw.

La vieille femme, fragile et décharnée,  évoquait ces vieux sarments de vigne, secs et noirs à l’approche des grands froids en Provence. Son visage était creusé de rides pathétiques, ses yeux, escarbilles de braise, étaient profondément enchâssés  dans leurs orbites cerclées de bistre. Une physionomie de sorcière au sourire innocent, à la limite de la simplicité d’esprit.

– Elle est seule » souffla Maw-Maw. « Ils sont tous partis. Morts ou alors à la ville ».

– Tous ?

– Ses enfants, ses petits-enfants.

Comme Marie interrogeait du regard, il conclut : « Partis ou morts, ici c’est pareil ».

Elle se sentit émue jusqu’aux larmes. Dès l’instant où l’on ouvrait les yeux sur le monde, on se sentait  accablé, alors on préférait se laisser aller dans la spirale d’une vie mécanisée, d’une vie faite d’abrutissements orchestrés, afin de pouvoir le traverser sans trop souffrir.

La vieille femme avait-elle senti quelque compassion dans le regard de l’étrangère ? Cette question la  fit sourire. Quelle idée absurde ! Compassion ! Un luxe de possédant envers ceux qui n’avaient rien !  Pitié ne convenait pas davantage, il évoquait la condescendance et peut-être même un vague fond d’arrogance.  Elle se surprit à ressentir une sorte de tendresse pour cette vieille femme à l’allure d’épouvantail, une tendresse un peu mystérieuse car rien ne les reliait l’une à l’autre en dehors de, non pas leur féminité, mais plutôt leur féminitude.

La vieille laissa tomber son fagot et fixait intensément Marie. Ses mains, accrochées à celles de la jeune-femme étaient rugueuses comme l’écorce des arbres, des larmes coulaient sans tristesse de ses yeux au regard flou.

– Elle ne mange pas tous les jours » dit Maw-Maw, sans le moindre soupçon de pitié.

C’était juste un constat et elle ne devait pas être la seule. Marie fouilla dans son sac à dos et d’une pochette, extirpa quelques billets de cent baths qu’elle glissa dans les mains jointes de la vieille femme.

– C’est trop »  dit Josh.

La vieille ne voyait pas bien les billets, elle en palpait la texture, les faisait crisser sous ses doigts, les caressait l’un après l’autre en fixant Marie d’un sourire béat. Le garçon se pencha vers la vieille-femme. Il avait évalué approximativement la somme que représentaient les billets. Il lui parla bas à l’oreille. Elle mit un peu de temps pour comprendre, alors son sourire s’éteignit d’un coup, remplacé par  une inquiétude nerveuse. L’étrangère s’était trompée, elle lui avait donné trop d’argent, elle allait lui reprendre, c’est sûr ! Prestement elle glissa les billets dans son corsage déchiré, les serra comme un trésor sur son inexistante poitrine et, oubliant son fagot dans la poussière du chemin, disparut en trottinant comme une poupée automate.

* LA OU S’ARRETENT LES FRONTIERES . Les editions de la Fremillerie

Des images qui parlent et des mots qui ont du sens

 Peut-être que ça se passe toujours ainsi dans tous les pays du monde : « Histoire écrite par les vainqueurs » dit-on. Histoire écrite par ceux qui détiennent le pouvoir ou ceux qui leur sont soumis, parfois sans le savoir. Droites/gauches – Démocrates/républicains – Ouvriers/conservateurs – dictateurs/islamistes… La vérité est sans doute une notion abstraite pourtant il existe des images qui parlent et des mots qui ont du sens.

Des centaines de milliers d’enfants chantent chaque matin l’hymne national thaï, avec un enthousiasme d’autant plus « emballé » (selon qu’ils sont bien réveillés ou non) qu’ils ne chantent que des mots. Force de répétition, rengaines qui écrasent la signification profonde de ces mots en les réduisant à de simples onomatopées.

« La Thaïlande est faite de notre chair et du sang de ses citoyens » « Le sol  de la mère patrie appartient à ses enfants » « Ils sacrifieront chaque goutte de leur sang pour la nation »

Comme c’est beau le sang des autres qui coule. Le mot « enfants » n’est pas non plus utilisé par hasard et n’a  pas tout à fait le même sens que les « enfants de la patrie » de la Marseillaise. Ici« enfants » a le sens familial. Des enfants qui ont un père et une mère. Avec la soumission qui va avec. Avec l’autorité paternelle qui va avec. Mais le père n’a pas vraiment autorité, il ne commande pas, il chuchote dans son extrême bonté ! Qui donnent les directives alors ? Les « grands  frères » en uniforme, ceux qui manipulent l’Histoire lointaine et non vérifiable mais aussi l’Histoire proche… celle qui touche encore de près des milliers de familles de jeunes tués à coups de cross ou à coups de pieds à  l’Université Thamassat par exemple. Ces enfants qu’on a humiliés en les faisant « ramper ». Etudiants-enfants qui réclamaient juste un peu plus de justice. 1976 – 1993 – 2010. L’histoire se répète, histoire que les autorités voudraient faire passer pour de simples faits divers.

Vivez dans l’harmonie ils disent ! Comme en Chine d’ailleurs ! L’harmonie en Asie, c’est la soumission au pouvoir en place, à l’armée, à une oligarchie, aux ultras, aux « ammart ». Pour l’amour de papa-maman, vivez dans l’économie minimum. Contentez-vous d’une économie de survie, franchement, avez-vous besoin de plus ?

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terre rude d’Isan

Je mets dans la bouche d’EXCALIBUR (un des personnages de « LA OU S’ARRETENT LES FRONTIERES »), fougueux chanteur Isan, ce slam :

« ON PEUT BIEN ACHETER NOX VOIX

« CAR C’EST AINSI QU’ON NOUS VOIT

« TROP STUPIDES POUR COMPRENDRE LA POLITIQUE

« UN BOL DE RIZ, DES MIETTES, FAUT PAS MOURIR

« LA ROBE SAFRAN ET LE TEMPLE POUR NOS GARCONS

« POUR NOS FILLES, LES BARS, LA PROSTITUTION

« DE GRANDES ECOLES  IL N’EN EST PAS QUESTION

« LES PRIVILEGIES APPRENDRE A L’ETRANGER

« POUR NOUS SE CONTENTER DE PEU

« PAS TROP… POUR PAS CREVER

« NI TROP PEU, FAUT BIEN TRAVAILLER

« ALORS NOS SOEURS DANS LES « SALONS »

« RAPPORTENT A LA MAISON L’ARGENT DE LA PROSTITUTION

« OH OUI DE LA PROSTITUTION !

Les mots ont fait d’Excalibur un révolutionnaire mais ce sont les « ultras» qui ont fait de lui un terroriste. Ces derniers mots à Marie : « Marie, on ne sait pas vraiment qui on est jusqu’au jour où un frere vous poursuit de son arme avec la volonté de vous ôter la vie, simplement pour obéir à  un ordre. On ne m’a pas laissé le choix »

Ce sera son dernier message avant de disparaitre.

THEATRE D’OMBRES et LA OU S’ARRETENT LES FRONTIERES soulèvent – dans la mesure où ils ne touchent pas aux « interdits », quelques questions sur l’histoire récente de ce pays.(avec histoires d’amour en filigrane) Ce pays que j’aime, mais dont il m’arrive de douter.. Lisez ces 2 romans, (pas pour le fric, il est redistribué) mais pour comprendre. Accepter peut-être. Pardonner ?

Qui est l’auteur?

michele jullian maleeJe m’appelle Michèle Jullian. J’aime les voyages, la photographie, l’écriture.

Voyager ce n’est pas seulement prendre l’avion ou parcourir la planète, c’est aussi voyager dans les livres, les deux étant l’idéal. Chaque voyage comporte sa part de découvertes et de déconvenues, lesquelles deviennent expériences, à partager ou pas. Voyager est une aventure de chaque instant. Mes repères sont en France et en Thaïlande où je réside « on and off ». J’ai écrit un roman « théâtre d’ombres » qui a pour décor la Malaisie et la Thaïlande …

Michèle Jullian

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