L’archipel de Tuvalu voudrait profiter du réchauffement climatique pour attirer des touristes sur ses rivages menacés. L’idée, à priori saugrenue, voire opportuniste, laisse songeur. L’office du tourisme de Tuvalu compte en effet profiter de la saison des marées hautes – appelées également « les hautes marées » — pour attirer des touristes férus de frissons climatiques et de soucis écologiques.
Les atolls de Tuvalu, à mi-chemin entre l’Australie et Hawaii, sont menacés directement par le réchauffement climatique et par la montée des océans. Les îles comptent quelque 11’000 habitants et culminent à quatre mètres.
Tout le monde s’accorde à son sujet. Pas besoin d’aller à Copenhague pour savoir que les insulaires de Tuvalu vont probablement devoir quitter leur îles natales d’ici 30 à 40 ans.
En février, période des grandes marées et des typhons, l’atoll de Funafuti est régulièrement submergé par l’eau de mer. Elle s’infiltre partout, s’insinue le long des routes, fait des bulles à la lisière de la piste d’atterrissage, s’infiltre dans les jardinets, emporte avec elle les détritus. Elle se retire en laissant derrière elle des croûtes de sel.
(Photo Gary Braasch)
« Nous voulons montrer aux gens l’impact de la montée des océans et ses conséquences directes sur la vie de la population de Tuvalu », a indiqué à la radio australienne, Fakasoa Tealei, le responsable du tourisme du pays, un des plus petits de la planète.
Pour cela, un festival de « la marée haute » se tiendra pour la première fois en février 2010.
Il y aura des danses, des jeux traditionnels, des programmes d’informations et des activités ludiques. Des tours seront organisés avec des guides locaux pour que les touristes puissent voir de leurs propres yeux les effets de la montée des océans et son impact sur les mangroves, les atolls environnants et les plages inexorablement grignotées.
Comment ? On transforme un immense problème d’environnement en un outil marketing ?
« Que pouvons-nous faire d’autres ? », demande-t-il.
Le Festival devrait apporter quelques devises supplémentaires dans l’escarcelle des finances insulaires qui en ont bien besoin.
Après, il faudra attirer le touriste. Et là, ce n’est pas gagné.
D’abord, il faut se rendre aux îles Fidji et prendre un coucou qui appartenait à la compagnie néo-zélandaise d’Air Chatham. Le trajet effectué une fois par semaine est onéreux. Dilapider le méchant carbone responsable du mauvais sort qui s’abat sur les habitants va sans doute titiller la mauvaise conscience de l’éco-touriste. Le coucou n’atterrit pas quand le temps est mauvais, ce qui risque d’être le cas en février.
Photo Damien Personnaz/Tuvalu/2007
Il n’y a qu’un hôtel sommaire dans tout l’archipel. Généralement, il accueille des fonctionnaires et des consultants penchés au chevet de cette population, des journalistes en reportage sur les îles qui coulent, des missionnaires gris et néo-zélandais, quelques membres d’ONG. Il y a bien une pension sympathique, mais elle ne dispose que de dix chambres. Le seul restaurant de l’île, chinois, n’est guère plaisant.
Il faudra aussi se dépêcher. Les mauvaises augures annoncent la disparition des insulaires pour 2050. Ou avant.