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Révolution du voyageur immobile

IDEOZ est un blog de voyage destiné à aider les voyageurs à préparer au mieux leurs séjours. Il arrive pourtant que le bloggueur ne soit plus toujours convaincu par le chemin qu’il emprunte… Cette prose n’est pas en rapport direct avec le Voyage, mais résulte de cette prise de conscience qui peut s’avérer douloureuse… Que reste-t-il quand le plaisir de l’instant vécu disparaît et que les souvenirs ne suffisent plus à combler le voyageur immobile?

Bulle de savon cristallisée par le froid

Fut un temps où j’étais une voyageuse curieuse et insatiable, arpentant des routes, des chemins proches ou plus lointains, avec un plaisir intense à me perdre sur des voies inattendues ; forte de la conviction que chaque instant constituerait la promesse et la trame de souvenirs éternels.. Je me rappellerais un lieu, un espace, un paysage, un moment comme une bénédiction… Je devinerais l’histoire de la pierre effleurée du bout des doigts, la cime d’une montagne que mon imaginaire a recomposée, l‘envol de l’oiseau dans les cieux infinis, le mouvement des vagues ondulant ou tourbillonnant à la surface des eaux pour mieux masquer toute la vie en profondeur … Je me remémorerais la saveur d’un mets imprimée dans mes papilles, la caresse d’un rayon de lumière, la forme d’un nuage, le bruissement du vent, une ambiance, un silence apaisé, un regard, peut-être même un sourire, une voix, un échange… Et chacun de ces instants précieux ne façonnerait plus simplement un voyage du passé, mais porterait l’espérance de toujours pouvoir ressentir le monde avec la même curiosité et une inébranlable envie d’apprendre et de comprendre ce monde.

Voyager sans carte, sans boussole, sans but parfois était une évidence et me perdre était une aspiration profonde. Qu’en reste-t-il à l’intérieur de moi? Ce temps là me semble déjà si éloigné. Le temps a opéré sa révolution. Les parenthèses éphémères se sont refermées comme des expériences dont je n’ai plus toujours conscience du sens qu’elles avaient. Ces espaces sont devenus flous, vagues, confus. J’en devine à peine quelques rares contours en y voyant presque une sorte de miracle quand cette nébuleuse d’impressions surnage encore. Les visages et les corps croisés au hasard, tellement fugaces, se sont déjà dissipés. Tous ont disparu de ma tête. A moins qu’ils n’aient jamais été que des fantômes.

Depuis que j’explore mes chemins intérieurs, je me suis tellement perdue dans les dédales de mon corps et de mon esprit, que je ne trouve plus la voie vers le monde extérieur et je m’étiole, de plus en plus en quête d’un souffle qui m’échappe.. Je ne suis pas la créatrice de mon destin mais sa prisonnière. Une marcheuse immobile tutoyant le vide, qui ne sait plus vraiment rêver ni désirer… Je sais pourtant que j’ai eu un jour le bon mode d’emploi… et que ça ne doit pas s’oublier tout à fait! Il suffirait de repartir, peut-être. Mais mes pas ne s’enchaînent pas sur la terre ferme. J’erre. Je balbutie des souvenirs auxquels je me raccroche sans savoir s’ils sauront supporter longtemps le poids de ma lassitude et de mon impuissance à changer ma vie…

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