Vous trouverez ici en plus de quelques photos , les anecdotes, les pépins, les joies et étonnements qui ont jalonné notre parcours. Désolée pour les fautes, nous ne sommes pas des écrivains et avons juste envie de vous faire découvrir les émotions de notre voyage à vélo le long du Danube jusqu’à Bucarest.
Nous sommes partis le 05.08.2007 et arrivés le 19.08.2007 après 1210 km, soit une moyenne journalière de 86 km. Nous aurons fait plus de 200 km dans des chemins parfois plus confortables que certaines routes, 6 km en plein champs, 25 km d’ascension lors de notre montée de col sur la route Transfagaras, perdu en plusieurs fois toutes nos cartes bleues, (nous en retrouverons une). Nous aurons aussi dit adieu à mon téléphone portable, crevé 2 fois, perdu 2 paires de lunettes de soleil (moi essentiellement), une pompe, une bâche plastique et peut-être d’autres choses encore…
(On a préféré pas faire l’inventaire au retour)
Nous aurons pris le train en Hongrie, le bac 2 fois pour traverser le Danube, le bateau pour entrer dans Budapest et une barque de pécheur pour éviter 20km de détour. Nous aurons aussi essuyé des orages passagers les 4 premiers jours en Roumanie, profité des bains thermaux en Hongrie, vu des dizaines d’animaux écrasés, dont un cochon (!!) mais aussi des vivants, notamment des cigognes en pagailles, des chiens parfois gentils, souvent méchants, et puis quantité d’oies, de canards, dindons, vaches, chevaux, ânes, moutons et aussi même des cochons (vivant cette fois) au milieu des chemins…
Itinéraire à vélo en Europe centrale en suivant le Danube entre Vienne et Bucarest
Wien – Dunakiliti La première étape, traversée de Vienne le matin, route le long du Danube, passage à Bratislava, entrée en Hongrie, premières impressions
Dunakiliti – Komarom : étape 100% hongroises à travers nos premiers villages du nord-ouest du pays, premiers chemins, et surtout comment je me suis fait voler mon portefeuille à Gyor
Komarom – Budapest : 55 kilomètres en Slovaquie le long du Danube, passage à Eztergom et sa basilique, 20 km sur une île et entrée dans Budapest en bateau.
Budapest – Tizsakecske : 100 km en train jusqu’à Szolnok puis 50 en vélo pour rejoindre une petite ville thermale.
Tiszakecske – Oroshaza : Etape nature ! Faute de pont, un pêcheur nous emmènera sur sa barque, premier orage au milieu du mais. Oroshaza, ville thermale.
Oroshaza – Arad : Les lignes droites interminables dans le mais, les pompes à pétroles et l’entrée en Roumanie
Arad -Caprioara 110 km dans la campagne profonde, chemins caillouteux, villages rustiques et isolés. Un pont détruit et une pension grand luxe au milieu de nulle part
Caprioara -Deva étape agréable dans des vallées paisibles, encore des orages, arrivée à Deva, sa fête foraine, son motel au patron alcoolique.
Deva – Sebes ou comment nous allons perdre (stupidement) puis récupérer notre dernière Carte Bleue
Sebes – Sibiu
Etape tropicale, mauvaise blague d’une habitante et une route que nous ne trouverons jamais.
Sibiu Une journée de pause (et oui, il faut bien) dans la Capitale Européenne de la Culture 2007
Sibiu – Balea Cascade des chemins, des pistes dans les champs, un col à 2000 mètres attaqué trop tard dans la journée, un bivouac humide et froid au bord d’un torrent
Balea Cascade – toujours un col à 2000 mètres (vous ne croyez pas qu’on a tout monté d’un coup quand même ?), une descente interminable, une route forestière de 30 km, un barrage et une vieille dame
Corbeni – Dragodana le premier distributeur depuis 150 km et enfin autre chose à manger que des tartines, un coup de bâton, 15 mariages, un enterrement et un polonais incroyable.
Dragodana – Bucuresti un vent de face, 20 km de 2×2 voies et l’entrée dans Bucarest vide et calme.
De Vienne à la Hongrie en passant par la Slovaquie…
C’est parti ! On ne sait pas où on dormira ce soir, tout dépendra de la forme et de notre envie de rouler. Peu importe…
Après une courte nuit de train, arrivés à 6h le dimanche matin à Vienne, nous passons faire un brin de toilette dans les lavabos de la gare. Ensuite nous devons tout d’abord traverser la ville pour rejoindre les bords du Danube.
C’est assez spectaculaire ! A cette heure là, les rues sont vides et nous ne croisons sur les premiers km que quelques passants dont la tenue, la démarche chaloupée et les yeux vitreux nous indiquent que la nuit viennoise est pour certains, bien arrosée.On parcourt donc le centre ville entre monuments et terrasses de café qui vont la réputation de la ville… La capitale autrichienne est réputée pour sa douceur de vivre et toutes ses terrasses vides donnent envie.
Nous traversons ensuite le parc central de la ville ou quelques joggeurs bien matinaux se réchauffent dans la fraîcheur. ma
attendent…
Après une vingtaine de km, nous nous perdons déjà et devons faire un détour de 4km pour ensuite tomber sur une déviation. Au total, nous aurons fait une dizaine de km de plus…
Bratislava, une étape peu enthousiasmante
Notre premier objectif est Bratislava…
Premier contact avec la Hongrie
Nous arrivons à la frontière hongroise et nous décidons que notre destination sera Dunakiliti.
Dunakiliti – Komarom
Nous nous levons tôt, (un peu trop à mon goût d’ailleurs. Franchement, si c’est pour se lever plus tôt en vacances que pour le boulot !). Cela n’est pas important, il nous faut avaler les kilomètres sur les 3 premiers jours car nous voulons atteindre Budapest en 3 jours. Nous découvrons donc la campagne la campagne du nord-ouest de la Hongrie dans la fraîcheur matinale. On trouve des villages tous les 5 kilomètres où les gens sont pour la plupart à vélo pour aller faire leurs courses. Nous ne voyons que de vieilles bicyclettes usées et grinçantes. Les arrêts de bus sont pleins de gens qui attendent pour effectuer les trajets qu’ils ne peuvent pas faire à vélo. Bien sur, nous croisons quelques voitures entre les villages, mais les cyclistes sont nombreux.
En tout cas, les gens ne sont pas plus surpris que cela de nous voir… dans cette partie là du pays, les nombreux affichettes ‘’Zimmer frei’’ (chambre libre) nous indiquent que les touristes autrichiens ne sont pas rares ! de plus comme nous suivons pour l’instant l’itinéraire des guides du Danube en vélo, nous ne sommes certainement pas les premiers à passer !
Au bout d’une quinzaine de km, alors que nous sommes hésitant entre 2 routes, nous demandons à un homme dans son jardin, en treillis la route à suivre. Pour être sur que nous comprenions, il décide de nous ouvrir la route, sur 5 km avec son vieux vélo qui grince à chaque coup de pédale… Il tente bien de nous parler, mais à part faire des grimaces pour marquer notre incompréhension ou des signes du pouce en disant OK, la communication s’avère difficile… En tout cas, une fois arrivé au village suivant, il nous souhaite une bonne route et bifurque, continuant de pédaler les genoux écartés au maximum comme si il avait peur de salir son pantalon de jardinage. Nous continuons ainsi notre route vers Gyor, sur des bouts de digues, des bouts de pistes cyclables et en tout cas, en pleine nature. Gyor est la première grosse ville hongroise que nous traversons. Nous décidons de rentrer dans la ville pour aller manger un bout sur une terrasse du centre. L’architecture est soignée, rien à voir avec celle de la campagne plutôt grise et monotone. Ça ressemble un peu à Bratislava…
…ou comment je me suis fais volé mon portefeuille…
Nous nous installons sur une terrasse en laissant nos vélos à 5 mètres de nous. Je prends bien sur mon petit sac à dos avec moi, pensant y avoir laissé mon portefeuille… Mais non, pas de vol, il est resté dans la sacoche avant du vélo… sacoche que je retrouve ouverte quelques minutes plus tard, sans le portefeuille… quelqu’un a quand même eu le culot d’ouvrir la sacoche à 5 mètres de nous pour fouiller dedans et nous voler… Je n’en reviens toujours pas de l’audace du voleur…
Ensuite, on perd un peu de temps pour faire opposition de 2 Cartes de crédit. L’ambiance n’est pas au mieux… nous avions viré notre argent sur mon compte. Dagmar a donc elle aussi une carte de retrait mais un compte vidé. Il faut donc appeler sa famille pour que l’un d’eux nous fasse un virement. Ce n’est pas grave, c’est juste désagréable quand ça arrive… Puisque nous avons perdu du temps stupidement, et que nous n’arrivons pas à trouver le chemin indiqué sur notre guide, nous décidons de rejoindre notre prochaine étape par la nationale… Celle-ci est interdite au vélo après quelques kilomètres. Nous décidons tout de même de suivre cette route pour un bout encore puis nous finissons par craquer et par bifurquer sur une route secondaire. C’est un détour mais rouler sur la nationale n’est pas vraiment de tout repos ni du tout premier intérêt. Nous bifurquons donc afin de rejoindre un village, d’y trouver de l’eau et une route, juste après la voie de chemin de fer qui devrait nous emmener à bon port avec moins de bolides nous doublant à 130km/h… On a bien trouvé de l’eau, mais on a jamais trouvé la route…
Après quelques kilomètres d’aller retour autour du village et du chemin de fer, on finit par arrêter un jeune sur un scooter qui nous explique que la route en question n’existe pas.. Passé notre étonnement, d’avoir des routes qui n’existent pas sur notre carte, il nous dit que le seul moyen est de retourner sur la nationale, à 15 bons km de nous maintenant. Sur la carte, il est pourtant indiqué un itinéraire, via les routes ‘communales’… nous lui demandons si c’est pas mieux, et il nous répond, en nous montrant en champ labouré, que la route est mauvaise… Aucune hésitation, plutôt une route mauvaise sur 12 bornes que le retour sur la lointaine nationale.
Komarom – Budapest
Komarom est une ville à la frontière Slovaque. La Danube séparant les deux parties de la ville. Après avoir étudié le relief de l’étape, nous choisissons l’option de rejoindre Budapest en faisant les 50 premiers km en Slovaquie, le long du Danube. Ce tracé a l’avantage de ne pas avoir du tout de dénivelé !!!
Arrivé dans le village suivant, nous pourrions traverser le seul pont disponible et retrouver le bord de route, mais l’ambiance ici est tranquille alors nous bifurquons et allons au bac suivant. En attendant celui-ci, nous rencontrons deux cyclos allemands qui ont traversé l’Autriche et se rendent à Budapest, leur étape finale.
Alors que nous comptions entrer dans Budapest par le train, pour les 15 derniers km, ils nous conseillent le bateau, puisque des navettes font le trajet. Cela dure une heure, sur le Danube et nous amène directement en plein cœur de la ville.
La balade en bateau est bien agréable, et permet surtout de découvrir (de plus ou moins loin) les principaux monuments de la ville (le parlement entre autre).
Nous nous rendons à notre ‘auberge de jeunesse’ et la surprise est que nous devons monter nos vélos au troisième étage. Le tenancier, fort sympathique et galant porte la plupart des affaires de Dagmar… A cette heure là, j’aurais préféré qu’il soit gay !
La super bonne surprise, c’est que cette auberge de jeunesse est située en plein cœur d’un quartier touristique de Budapest, et qu’au pied de l’immeuble se trouve un grand choix de bar à cocktails et de restaurants…
De Budapest, nous n’avons pas effectué une longue visite. Nous avons tout de même fait une sortie de nuit, afin de voir un peu à quoi ressemblent les bords du Danube illuminés, mais voilà une ville qui aurait peut-être mérité qu’on s’y attarde un peu plus.
Budapest – Tizsakecske
Alors nous décidons de prendre le train sur quelques km.
Je ne trouve pas de traduction satisfaisante à ‘’rough’’, mais effectivement, on le verra bientôt, les Carpates en vélo, c’est ‘’rough’’.
Bref, rendus à la gare, le parcours du combattant pour acheter un ticket pour la destination que nous avons choisi est assez impressionnant. Je me fais dire que la destination où nous voulons aller n’est pas desservie dans cette gare ! Peu importe, on en choisit une autre… comme il est plus tard que prévu et que les 3 premières étapes étaient longues, nous choisissons de faire 100 km en train et d’en garder 50 en vélo pour rejoindre une petite ville thermale.
Szolnok est une ville de 70 000 habitants dont nous ne verrons que le quartier de la gare et la banlieue. Disons que le quartier de la gare ressemble déjà à une de nos banlieues.
Tout est bétonné, espacé, aéré, avec des barres d’immeubles dans le plus pur style Blockhaus… C’est gris, ça parait vide. On subit tout de suite le contraste avec la campagne calme et verte et le cachet de l’architecture du centre de Budapest.
Après quelques recherches sur le net, toute la ville n’est heureusement pas comme ça, et il subsiste quelques monuments. Nous ne les aurons pas vus, tant pis !
Nous voilà donc sur la route en pleine après-midi en direction d’un des nombreux villages
avec des Thermes : thermal furdo en hongrois. Nous roulons une cinquantaine de kilomètres pour atteindre la Tizsakecske.
Après avoir sonné sans succès dans une pension, nous décidons qu’après le luxe de ces derniers jours, un petit peu de camping ne nous ferait pas de mal.
Notre équipement de camping est réduit au minimum : une tente bon marché pour 2 Schtroumpfs, qui prend vite l’humidité, pas de matelas ou autre tapis de sol, superflus, un duvet épais pour du -2 degré et un autre certainement spécial nuit d’été confortable jusqu’à 12 degrés (Bref, on aurait emmené un drap, ça aurait pris moins de place, ça aurait pesé moins lourd et ça aurait été tout aussi efficace !)
Un coup de pied mal placé dans la nuit, et c’est toute la tente qui s’affale sur nous !
Avec la place de camping, nous avons des entrées incluses pour les bains…
Des sources chaudes qui sentent un peu les hydrocarbures et dont la couleur tire vers le marron nous attendent. C’est un vrai plaisir, même après 50 petits kilomètres de pouvoir se décontracter dans ces bassins…
La fatigue et la chaleur apaisante de l’eau nous font oublier que nous dormons à même le sol.
Tiszakecske – Oroshaza
Les tenanciers du camping nous ont expliqué le chemin suivre pour rejoindre l’autre rive de la rivière Tisza. Après avoir vaguement évoqué un problème au niveau du fleuve, il nous indique un autre chemin à prendre…
Nous partons donc, après un passage obligé par la boulangerie pour le ravitaillement en eau et autre petits encas… Après 10 km à tourner en rond à la recherche du chemin indiqué, après avoir demandé 4 fois notre chemin et avoir reçu 4 réponses différentes, nous optons pour prendre la route sur laquelle un hypothétique problème nous attend..
C’est sympa de rouler gaiement au devant d’une nouvelle galère… après 5 km, le voilà notre problème : le bac qui doit nous faire traverser n’est plus en activité.
Nous sommes donc devant une rivière d’une cinquantaine de mètres de large, sans pont ni bac. Un pêcheur un peu bourru à qui nous demandons ce que nous pouvons faire nous indique la digue et nous invite à la suivre sur 10km. La digue, c’est à peine un chemin caillouteux… plutôt une étroite bande de terre surélevée et recouverte de pierres et de mauvaises herbes !
A ce stade, ça nous calme un peu, et on n’est pas motivé du tout pour faire les 10 km pour trouver un pont pour ensuite se taper 10 autres km dans l’autre sens. Disons que face aux 50 mètres qui nous séparent de l’autre rive, 20 km, on trouve ça un peu exagéré et rude au réveil !
Devant notre mine certainement dépité, le pêcheur nous propose finalement de nous faire passer sur sa barque. Ce sera chacun notre tour et sans problème, juste la peur de faire tomber les vélos dans le fleuve.
On a eu ainsi notre première leçon sur l’importance des ponts. Nous en aurons d’autres par la suite !
Après l’avoir remercié chaudement nous voilà repartis et au détour d’un bosquet, nous voyons une biche traverser la route juste devant nous.
Nous avançons donc en direction d’Oroshaza, ville thermale qui devrait logiquement être notre dernière étape 100% hongroise. C’est ce jour là que nous avons compris que le sud-est de la Hongrie était le début du grenier de l’Europe
D’une platitude extrême, les rares routes sont ennuyeusement droite sur parfois 15 kilomètres pour bifurquer de quelques degrés avant de reprendre leur tracé monotone entre les champs de mais, de tournesol ou de mais ou encore de tournesol…
Quand ce ne sont que des champs de foin, on observe le travail manuel des habitants et on croise nos premières charettes de foin !
Alors qu’il ne nous reste qu’une petite heure avant d’arriver nous essuyons le premier gros orage avec de la grosse pluie qui mouille et surtout du vent violent. Nous improvisons une petite pause sous un abribus troué par la rouille et on attend sagement que ça passe, en espérant d’ailleurs que ça passe…
Oroshaza, nous voilà !
Encore une ville dont nous ne verrons rien puisque nous nous rendons directement aux thermes pour y trouver un hôtel et une source d’eau chaude. Tout cela est un peu en dehors de la ville et à vrai dire, peu importe, nous préférons nous prélasser dans les bassins extérieurs. La encore l’eau est bien sombre mais n’a pas cette odeur désagréable de la veille.
Aux thermes nous préférons les bassins d’eau chaude extérieurs à la piscine intérieur, ses toboggans et ses cris d’enfants qui résonnent. Dehors, juste quelques curistes évoluent au ralenti entre les jets massants et les bulles, le soleil est déclinant, les oiseaux chantent encore, on est bien !
En route vers la Roumanie
Oroshaza – Arad
Si tout va bien, on devrait ce soir être en Roumanie.
Nous sommes un peu pressés de rejoindre la frontière et sans détour aucun, nous roulons rapidement sur les grandes lignes droites cernées de tournesol ou de mais…
Première remarque, dans ce coin là de la Hongrie et ceux depuis la veille, nous voyons énormément de parcelles de mais avec des affiches Pioneer ou d’autres fabricants d’OGM. Il y en a vraiment partout, c’est assez incroyable.
Deuxième remarque, les routes sont toujours aussi droites. Je sais, je me répète, mais c’est un peu pénible à la longue.
Troisième remarque, on observe aussi dans cette partie du pays, des pompes à pétrole. Effectivement, après une brève recherche sur le net, le trajet que nous empruntons entre Oroshaza et Batoonya, la ville à la frontière roumaine, passe au travers de plusieurs concessions d’extractions de pétrole.
Nous n’en avions jamais vu en vrai, seulement dans le générique de Dallas… mais on n’a pas vu de JR hongrois sur le chemin.
Dernière remarque : les routes sont plates et droites et on en voit que du mais même pas 100% naturel et de temps en temps une pompe….
Après avoir dépensé nos derniers Forints quelques kilomètres avant la frontière, nous arrivons au poste de douane. On se rend tout de suite compte de la différence. A chaque fois que nous avons traversé la frontière hongroise, il y avait un contrôle de papiers avec des gens pas vraiment souriants voir limite qui faisaient la gueule afin de donner l’impression que le passage de l’autre côté n’est pas automatiquement garanti…
Ici, au vu des douaniers appuyés nonchalamment sur une barrière, souriant et prenant nos passeports en continuant de discuter entre eux, on s’aperçoit de la différence de mentalité.
Que ce soit dit : la Roumanie est un pays latin. D’ailleurs deux kilomètres plus loin, on aperçoit un troupeau de moutons qui dort à l’ombre des arbres bordant la route… un peu plus loin, le berger dort aussi avec son chien, à l’ombre… Ben oui, effectivement, il est 14h30, c’est l’heure de la sieste !
Toute heureuse d’avoir enfin franchi la dernière frontière, Dagmar commence à chanter et à sauter sur son vélo comme si elle était arrivée… soit, c’est vrai que ça fait plaisir, mais de là à chanter…
Il nous reste une trentaine de km avant Arad, ville de 170 000 habitants. Nous avons prévu de la rejoindre par la nationale qui offre le tracé le plus direct. On ne se rend pas vraiment compte à ce moment là ce qu’est une nationale roumaine ! Comme il n’y a que très peu d’autoroute, et essentiellement autour de Bucarest, tout le trafic emprunte ces routes là.
Le respect des limitations de vitesse, des distances de sécurités et l’usage du klaxon sont des choses très particulières ici. Alors que nous arrivons dans Arad, nous sommes un peu dégoûtés de cette première expérience sur la nationale.
Mais nous avons déjà vu des choses qui seront typiques tout au long de notre parcours au travers du pays : des vendeurs de légumes, de fruits, de tapisserie, ou de foin au bord de la route. Le plus étonnant fût en effet cette Dacia (la R12 roumaine) entièrement remplie de bottes de foin.
Sur la grande avenue à l’entrée de la ville, en fait le prolongement urbain de la nationale (il n’y a pas de contournement des villes, sauf peut-être à Bucarest), nous repérons un magasin de vélo. Nous regrettons maintenant de ne pas avoir pris de photo tellement cette expérience fut étonnante. Le magasin était plus un atelier qu’une boutique. Le concept du rangement me faisait penser à ma manière très personnelle de trier mes papiers, c’est à dire tout rassemblé, empilé, mais un peu éparpillé tout de même pour avoir chaque chose sous les yeux en un clin d’œil. (ceux qui savent comprendront).
Le patron porte un marcel blanc, enfin gris-noir de cambouis, mais la couleur originelle devait être le blanc. Son marcel laisse découvrir son nombril et son ventre bedonnant. Très grand et large, mais bien moins gros que son collègue assis sur une caisse, qui lui doit faire plus de 160 kilo, notre réparateur porte un œil de verre et parle aussi bien l’allemand que le français, l’italien et quelques mots d’anglais. Il nous parlera quelques peu, nous apprendra des rudiments de roumain pour au moins pouvoir être poli avec les gens à qui nous demanderons notre route.
Quand Dagmar lui annonce que nous venons de Vienne et que nous allons à Bucarest, on lit l’étonnement dans son regard et s’empresse de la traduire à son collègue qui sourit. Ils doivent nous prendre pour des fous.
Alors qu’il finit de réparer le pneu, il nous indique que le magasin était normalement fermé, mais que bon, il laisse la porte ouverte au cas où. Nous lui demandons combien nous lui devons pour la demi-heure de boulot et je ne sais pas si il voulait récompenser le courage ou la folie, à ses yeux, d’entreprendre ce voyage, mais il nous indique qu’il refuse qu’on le paye et nous souhaite bonne route ! DRUM BUN !
Arad -Caprioara
Mais bon, personne ne m’a forcé à venir et puis je suis venu ici pour y vivre quelque chose plus que pour simplement y faire du vélo.
Et question d’y vivre quelque chose, cette première étape 100% roumaine va contenter mes attentes !
En fait, il ne nous est rien arrivé de particulier cette journée là mais ce fût tout simplement notre premier contact avec la campagne roumaine profonde. Celle où les routes ne sont pas goudronnées, où les chemins qui relient 2 villages sont complètement défoncés, où la volaille (oies, canards, poules, dindons, etc.) se promène en liberté au milieu des hameaux…
(ici, la première ‘petite’ ville : Lipova avec son marché noir dans le coffre des voitures)
Les hameaux justement, les maisons tiennent encore debout, mais nous sommes parfois surpris de voir des rideaux aux fenêtres de ce qui ressemble plus à des ruines qu’à autre chose.
Je pense qu’on connaît tous un peu ça. en France, quand on va à la campagne dans un village un peu isolé, il existe toujours une ferme à l’écart où subsistent encore dans la cour quelques bouts d’épave de voiture, des pneus qui traînent de-ci de-là, des outils agricoles sales ou rouillés, un véritable bric-à-brac de choses usées qui attendent qu’on leur trouve un nouvel usage. Tout cela donne une impression de saleté qui vient surtout du fait que les habitants ont plus à faire dans les champs ou avec les animaux qu’à nettoyer devant la porte de leur grange.
Et bien dans cette campagne roumaine où peu de touriste doivent mettre les pieds, c’est un peu comme si il y avait des villages entiers de ces fermes là… Les villages sont la plupart du temps conçus tout en long, parfois étalés sur plusieurs kilomètres. Derrière chaque maison, un bout de jardin.
Certains villages semblent vraisemblablement vivre en autarcie ou presque. Des puits devant chaque maison et parfois dans certains villages, des tuyaux jaunes fraîchement installés nous font penser que certains endroits reculés n’ont pas l’eau courante ou alors viennent juste de se la faire installer.
Tout cela n’est pas vraiment dérangeant, ce qui parfois est étonnant (pour ne pas dire perturbant), ce sont les habitants de ces villages.
C’est l’été, vacances scolaires obligent, nous rencontrons beaucoup d’enfants et aussi énormément de vieux, assis devant leurs portes, sur un tronc, ou une pierre, dans le meilleur des cas, une chaise. Il sont là, chacun devant leur maison, parfois regroupés entre voisins, un petit groupe de 2 ou trois.
Nous les saluons tous et ils nous répondent quasiment tous avec la main, ou en esquissant un geste et un sourire. La plupart des anciens n’ont plus de dents ou juste quelques unes, Quant aux jeunes, passé 25 ans, il leur en manque déjà parfois une ou deux.
C’est ainsi que nous traversons une douzaine de villages ce premier jour, avec à chaque fois l’envie de prendre des photos des gens, des maisons, de faire des vidéos… Mais nous avons souvent l’impression que les habitants nous regardent comme des phénomènes de foire, avec nos vélos peut être un peu trop rutilants, nos casques et les toiles fluos qui protègent nos bagages de la boue et parfois de la pluie.
Et puis traversé un village, la caméra à la main ne me tente pas du tout, je trouve que ça donnerait un petit côté »Safari en Roumanie » qui ne me plaît pas.
Du coup, je ne prendrais ce jour là qu’une vidéo, alors que le temps se gâte et que tout le monde est rentré chez soi, sauf nous deux qui avons encore une quarantaine de km à faire. Alors que nous traversons un village désert et que seul quelques oies traînent encore dehors.
Un peu plus tard, nous prendrons effectivement un peu de pluie, mais rien de bien long ni bien méchant.
Nous nous rendons compte ce jour là qu’il va être difficile de trouver une pension alors nous décidons de nous rendre à Savarsin qui propose vraisemblablement un camping. C’est une petite ville située dans la vallée que nous suivons, mais de l’autre côté du fleuve…
Il commence à être tard, environ 19 heures, et un bon orage se prépare. On commence sérieusement à se dire que l’idée de camper n’est pas la meilleure qu’on ait eu, surtout avec notre équipement de piètre qualité.
Quoiqu’il en soit, on a peu de chance de trouver une pension ou un hôtel dans le coin où on se trouve… Alors qu’on arrive au pont pour se rendre à Savarsin, nous tombons de notre chaise, enfin de nos selles, enfin, façon de parler… C’est à dire que le pont est bien là, mais il n’en reste que l’armature métallique. Le tablier a disparu, et puisque le pont rend quand même service, ils ont eu la bonne idée de tendre des planches entre les poutres métallique.
J’ai regretté tout le long du voyage de ne pas avoir sorti l’appareil photo ce moment là. Sur le coup, on ne rigolait pas trop. Des jeunes qui trainaient par là ne comprenaient pas notre appréhension à traverser le pont sur des planches un peu trop souples à mon goût avec nos vélos et nos bagages…
C’est clair, il aurait fallu faire plusieurs aller-retours, d’abord avec les bagages, puis ensuite avec les vélos, mais on n’était que moyennement emballé par l’idée. Je pense que seul, avec mon vélo, j’aurais au moins tenté de le traverser une fois. Mais là, le vélo n’est pas le mien, et surtout Dagmar a le vertige, donc, l’entreprise est compromise. 50 mètres sur des planches souples juste posées, même pas fixées, avec une largeur de chemin d’au mieux 80 cm, ça n’est pas engageant surtout quand on a déjà 95 km dans les jambes.
(Le pont ressemblait un peu à celui là, mais sans tablier !)
On est à ce moment quelque peu dégoûté car il se met à pleuvoir, qu’il fait très sombre et qu’on ne sait pas où dormir…
On décide alors d’avancer en se disant qu’on trouvera bien un bout de forêt, ou un abri sous lequel on pourra poser la tente.
Un miracle est alors survenu ! Dans le village suivant, nous apercevons un panneau »pensiunea ». Des gens nous indiquent qu’il faut monter sur le flanc de la colline et qu’à la sortie du village se trouve la pension.
Le village est comme les autres. Le chemin est défoncé, la volaille, malgré la pluie traîne encore un peu dehors…
C’est alors que nous tombons sur la-dite pension : une villa avec des cabanons super bien aménagés. Tout à notre joie de trouver quelque chose de si incroyable dans cet endroit accessible pas aucune route goudronnée sur plusieurs kilomètres, nous demandons une chambre sans poser aucune question de prix.
La facture sera salée pour l’endroit dans lequel nous nous trouvons : 70 euros avec le repas du soir et le petit déjeuner.
Vu le luxe relatif des équipements ( serviettes, savons, … à disposition) c’est certainement le prix que nous aurions payé aux abords d’une grande ville, mais vu le trou dans lequel nous étions, cela est un peu exagéré.
Toutefois les BMW et autre Porsche Cayenne garées devant la maison auraient dû nous mettre la puce à l’oreille.
Peu importe, nous ne pouvions de toute manière pas faire autrement !
Les autres locataires sont chaleureux et parlent anglais, allemands ou espagnol si bien que nous pouvons échanger un peu avec des roumains, qui nous parlent de leur pays et nous donneront quelques conseils pour notre tour et quelques infos pour comprendre la Roumanie.
Caprioara -Deva
Par rapport à la veille, cette étape sera tranquille tant en terme d’émotion qu’en terme de trajet.
Nous décidons de partir tard et continuons à suivre la vallée. Nous remontons tout de même lentement en altitude, puisque nous roulons vers la source du fleuve. Sur les 25 premiers kilomètres, nous sommes sur les chemins détrempés par l’orage de la veille et mis à part quelques chiens faisant plus de bruit que de mal, nous avançons vers Deva.
Un orage soudain nous trempera dans un premier temps puis nous bloquera pour une petite heure alors que nous trouvons refuge dans une mini-chapelle.
Deva est un peu plus loin que prévu et les derniers kilomètres seront difficiles.
Arrivés en ville, nous cherchons un hôtel, mais ceux-ci sont tous hors de prix (entre 65 et 85 euros), ce que nous trouvons exagéré pour l’endroit. Dagmar dira à un réceptionniste, en espérant pouvoir négocier un prix que c’est ‘really expensive » et elle se verra répondre avec un grand sourire un peu désabusé » Yes, I know ».
On est toujours à se demander qui peut se permettre une nuit d’hôtel par ici !
Nous trouverons donc un motel, à la sortie de la ville, au bord de la nationale. Le prix est standard : 100 ron, c’est à dire un peu moins de 33 euros.
Nous sommes dimanche soir, et allons faire un tour en ville. Le temps redevient ensoleillé et nous décidons de manger en terrasse dans une rue piétonne.
Le repas excellent, avec de succulentes »Clatites » (les crêpes locales) agrémentées de notre demi-litre de bière quasi quotidien ne nous coûtera qu’une grosse douzaine d’euros.
Plus tard, nous décidons d’aller faire un tour à la fête foraine. Pour une ville de plus de 100 000 habitants, la fête ressemble à celle des villages français.
Une piste d’auto-tamponneuse, un manège pour les petits, de la musique techno et des stands de sucreries, barbes à papa ou pop-corn (le pop corn au chocolat ferait un malheur chez nous !).
On trouvera aussi des spécialités du coin : Du mais, ou alors des Trodl (c’est le nom Tchèque, puisque nous avions vu les même choses délicieuses à Prague et que nous n’avons pas retenu le nom roumain.)
Je vous ferais grâce de l’anecdote complète concernant le patron du motel qui est venu nous réveillé en pleine nuit pour nous demander où étaient nos vélos ? (nous les avions rentrés dans la chambre) et aussi pour me rappeler qu’il faut que nous payions le lendemain (alors que j’avais déjà payé, mais bon, en pleine nuit, dans un mix d’anglais, d’italien, d’espagnol, de français et de roumain, j’ai eu un doute et comme je n’avais pas reçu de facture, on s’est demandé si il allait pas essayer de nous arnaquer le lendemain. En fait, il était simplement bourré… et l’histoire le lendemain était déjà oubliée…)
Deva – Sebes
Voici une étape que je pourrais passé sous silence tellement elle est peu reluisante pour nous !
Nous sommes partis très tôt et avons roulé très longtemps sur une route goudronnée, quasiment déserte et sur laquelle nous nous sommes fait un plaisir de rouler vite.
Nous avons terminé par environ 25 km de chemin, le long d’une rivière. Nous avons d’ailleurs eu des compagnons de route : un couple de jeunes sur un seul vélo, qui revenait de la pêche, la fille étant assise en amazone sur la barre du vélo alors que le garçon tentait d’éviter les trous du chemin. Nous nous sommes mutuellement doublés de nombreuses fois, à chaque fois en lançant un ‘ciao’, pensant laisser nos éphémères compagnons sur place.. tout cela était bon enfant et était ma foi, très sympathique.
Pour les 10 derniers km pour entrer dans Sebes, nous n’avons pas trouvé la route et avons emprunté un chemin caillouteux et pentu qui nous a vite fait oublier notre décontraction…
Comme à Deva, bien que la ville soit beaucoup plus petite, nous trouvons un motel à la sortie en bord de nationale. Cette journée encore, nous sommes lentement montés en altitude, sur de longs faux plats, en bordure de rivière. Il est encore tôt, mais continuer ne servirait à rien puisque le prochain endroit pour dormir est au moins à 50 km.
Nous partons alors en ville. Comme nous n’avons pas pris tout notre argent et qu’un resto nous ferait du bien, nous partons retirer de l’argent…
Je ne sais pas comment expliquer qu’à deux devant le distributeur, nous avons trouvé le moyen en se divertissant l’un l’autre, d’oublier notre dernière carte bleue dans la machine !!!! Vous expliquer que les automates ne fonctionnent pas exactement comme chez nous ne nous dédouaneraient pas beaucoup.
Parmi les nombreuses personnes à qui nous avons raconté cette mésaventure, ce sont nos parents respectifs qui ont été les plus francs et cela à donner côté français : ‘vous êtes niais, faut vraiment être con’ (Merci papa) et côté allemand : »Ihr seid bescheuert » ( ce qui revient sensiblement au même)
Nous avons immédiatement appelé le numéro indiqué. D’ailleurs, j’ai oublié de vous dire que quelque part entre Caprioara et Deva, une sorte de pâte à tartiner au fromage avait, sous l’effet de la chaleur, fondu, et le pot, à force de subir les chocs dus à la mauvaise qualité des chemins, s’était ouvert et avait laissé se déverser le liquide fromager sur notre unique téléphone portable, le mien.
Pour résumer, le fromage sous les touches et l’écran avait provoqué quelques court-circuits et malgré le démontage, séchage, il était trop tard pour récupérer le fidèle compagnon de ces dernières années…
Donc, avec notre carte téléphonique, à crédit limité, nous appelons la hotline qui se veut rassurante et nous indique qu’il suffit de retourner à la banque le lendemain et tout devrait rentrer dans l’ordre.
Cela semble calmer Dagmar et me rassure un peu, mais je préfère ne pas dire que tout cela me paraît trop facile. Pour avoir un peu de famille dans la banque 🙂 il me semblait que celle-ci n’avait pas le droit de nous la rendre aussi facilement… Je préfère ne rien dire et attendre le lendemain.
Nous rentrons alors silencieusement à l’hôtel, refusant d’évoquer l’hypothèse de nous retrouver au milieu de la Roumanie avec un minimum d’argent, en tout cas pas suffisamment pour vivre décemment jusqu’à Bucarest.
Nous boirons quelques bières de plus que prévu ce soir là…
Le lendemain, à la première heure, nous nous rendons à la banque, le responsable nous explique qu’il n’a pas le droit d’ouvrir l’automate, que de toute façon, nous ne pourrons la récupérer que le lendemain… Mais après notre insistance et quelques coups de fil à ses responsables, il finit par nous demander de lui faire parvenir un mail ou un fax de la part de la banque de Dagmar, justifiant qu’ils sont autorisés à nous rendre la carte et alors nous pourrions théoriquement la récupérer à 16 heures.
Cela ne nous enchante guère. J’ai oublié de vous dire : Sebes : c’est mort, et peu attractif, c’est bien pour y passer une nuit, mais une journée, non merci !
Il nous faut trouver les bons numéros de tel, et comme nous préférons pour le moment taire cette histoire, nous voilà parti à la recherche d’un café internet. Chose peu évidente, mais que nous finirons tout de même par réussir, après une bonne heure de recherche, les employés de la banque refusant de nous donner accès au net à partir de chez eux.
Nous notons les bons numéros et achetons une nouvelle carte téléphonique. Nous devrions commencer à compter notre argent et éviter les dépenses superflues, c’est à dire autre que nourriture et couchage, mais il le faut !
Il est important de préciser que la banque de Dagmar est une banque internet, sans guichet, sans agence…
Là commence alors un parcours méandreux au sein des différents services de sa banque, passant d’interlocuteurs en interlocuteurs, à qui il nous faut raconter 10 fois notre problème. Après avoir épuisé une première carte téléphonique, notre dernier interlocuteur nous annonce alors que nous écoutons les bips indiquant la mort prochaine de nos crédit : »J’ai bien compris votre problème, mais je ne suis pas sur d’avoir le droit d’envoyer un fax !- puis BIP ! BIP ! BIP !
Bref, à ce moment là, c’est un peu la désillusion. Faut-il racheter une carte ? À chaque appel, nous tombons sur un nouvel agent ! Faut-il rentrer à l’hôtel pour leur demander de nous rappeler ?
Nous pensons faire ça, mais sur le chemin, nous repassons devant cette agence de la BCR (Banca Commerciala Romana). Dagmar qui n’abandonne jamais décide d’aller insister et cela s’avérera payant.
Voyant qu’il ne pourra pas se débarrasser de nous, et comprenant qu’il nous est impossible de contacter notre banque, il nous demandera de signer une décharge comme quoi nous avons repris la carte. Une copie de passeport plus tard, nous partons récupérer la carte qui a été emmenée dans l’agence principale de la ville.
Ouf !
Mais nos histoires d’argent ne s’arrêteront pas là. En effet, lors de notre connexion internet, Dagmar s’est rendue compte que l’argent que son frère devait lui virer après notre aventure à Gyor et le vol de ma carte, et bien, cet argent n’est jamais arrivé. Nous sommes dans le rouge. Il va donc falloir économiser quelques jours le temps qu’un nouveau virement arrive !
Sebes – Sibiu
Il est 14 heures, nous avons la carte, nous avons encore 70 km pour rejoindre Sibiu, mais nous avons là un moral d’acier et nous sommes de super bonne humeur !
Toujours décidé à ne pas rouler sur la nationale, malgré l’heure avancée, nous prenons des routes connexes qui rallongent les distances, mais peu importe.
Nous montons nos premières vraies côtes : 4 kilomètres d’ascensions quand, une fois en haut, un orage éclate violemment.
On en voit pas à 30 mètres tant la pluie est dense et l’eau coule dans nos yeux.
La route est particulièrement mauvaise dans la descente.
Nous roulerons ¾ d’heures sous une pluie battante jusqu’à trouver refuge dans un village.
Nous allons nous réchauffer dans un bar, bizarrement installé dans la cave d’un bâtiment. 3 jeunes jouent au billard dans le noir. Le patron nous dira 3 mots d’allemand : »Entschuldigung : kein Strom » (désolé par de courant).
Les jeunes nous regardent tout en continuant leur partie de billard en aveugle.
Les toilettes de l’endroit sont certainement le truc le plus sale que j’ai vu de tout le voyage, et le patron nous fait payer le prix fort pour 2 cappucinos en poudre. Peu importe, disons qu’il a appliqué le prix »touriste » et vu la pluie au dehors, disons le prix comporte le droit de rester au chaud et au sec.
L’orage passé, nous repartons. Alors qu’il faisait frais à cause de l’orage, le soleil revient soudainement et la chaleur humide est presque désagréable, d’autant plus que les chemins sont maintenant détrempés et nous avançons péniblement dans la boue, en tout cas, au prix d’un gros effort. Les chemins légèrement sablonneux dans cette endroit nous donnent l’impression de rouler sur une plage, là où les vagues viennent mouiller et tasser vaguement le sable.
Après quelques accélérations difficiles dans ces chemins, mais nécessaires à cause des chiens, nous arrivons à Amnas.
Encore une fois, c’est un village tout en long où nous sommes supposés bifurquer. Il est toujours difficile de savoir où il faut tourner puisque le village indiqué par un point sur la carte ne correspond pas vraiment 2 kilomètres d’alignement de maison que nous voyons. Alors que nous arrivons à une fourche (un croisement net à angle droit serait trop facile) nous demandons alors notre chemin pour aller à Mag. Une femme nous indique alors une direction : celle de la rue qui monte.
Nous reprenons notre souffle car depuis Sebes, nous montons lentement mais surement et l’action conjugué de ces longs faux-plats et des chemins très lourds nous a cassé les jambes.
Alors que nous sommes là, j’entends la femme et un homme discuter. Je crois comprendre que l’homme demande ce que nous voulons, et la femme répondre quelque chose avec ‘Mag’ et elle termine en rigolant.
Nous comprendrons plus tard qu’elle s’est bien foutue de nous.
Nous voilà donc parti, le chemin qui monte est non seulement mauvais mais a une pente qui devient vite douloureuse pour les cuisses. Après une montée droite et violente, le chemin se met a dessiner des lacets interminables. Il nous faudra nous arrêter plusieurs fois et je pousserais même mon vélo sur quelques dizaines de mètres alors que Dagmar refusera obstinément de le faire..
Une fois en haut, nous avons une vue magnifique. Nous sommes sur un plateau avec les premièrs sommets des carpates à l’horizon.
Nous roulons encore quelques kilomètres et rejoignons anormalement la nationale sans jamais avoir vu Mag. Nous demandons alors notre chemin et comprenons la mauvaise blague. Pour Mag, il faut tout redescendre et prendre l’autre chemin dans Amnas !
Pas question, il commence à être tard et nous nous décidons à prendre la nationale sur une vingtaine de km jusqu’à Sibiu.
Le point positif, c’est que la route est large, qu’il existe une sorte de bande d’arrêt d’urgence ou de voix pour les véhicules lents dans les montées..
Nous finirons par atteindre Sibiu en 20 km de route rapide au lieu des 30 ou 35 de chemin boueux. Finalement, cette méchante blague nous aura permis d’avoir un panorama magnifique, de croiser quelques ânes, et surtout d’arriver à Sibiu avant la nuit.
Sibiu est la capitale européenne de la culture 2007. Cela signifie que cette ville magnifique accueille cette année de nombreux touristes et propose de nombreuses attractions culturelles comme un concert de métal le soir ou nous arrivons !!!
C’est une ville idéale pour faire notre journée de pause, d’autant plus que Dagmar connait ici une amie que nous allons pouvoir rencontrer et qui va, avec son ami, nous faire changer notre idée de fin de parcours pour nous rendre à Bucarest.
Sibiu, perle de Transylvanie
Nous n’avons pas fait grand chose, mis à part passer du temps dans les cafés, les restaurants et quelques visites, dont celle d’une tour nous offrant un panorama sur la ville
Cristina et Sebastian parlent un allemand impeccable, bien meilleur que le mien. Ils sont tous les deux musiciens et nous parlent de leur pays de manière intéressante.
Alors que notre prochaine destination devait être Brasov, ils nous dissuadent en nous indiquant une route dans les montagnes : la route Transfagaras. Nous l’apprendrons plus tard, il s’agit de la plus haute route asphaltée de Roumanie avec un col à 2044 mètres.
Dans une exposition à ciel ouverte présentant des photos de la région, nous voyons qu’au niveau du col se trouve un lac qui serait l’endroit idéale pour camper.
Nous verrons le lendemain que cet objectif n’est pas raisonnable…
Sibiu – Balea Cascade
Nous avons donc revu notre parcours. Nous prévoyons maintenant de monter au lac. Pour cela, nous prendrons des petites routes (chemin ? Surprise surprise !! comme toujours avec ces cartes et le réseau routier roumain) sur une cinquantaine de kilomètres, puis nous bifurquerons sur la route du col.
Alors que les premiers km sont plutôt tranquilles, malgré des côtes de quelques kilomètres, nous finissons par sortir d’un village au bout duquel le goudron fait brusquement place à un sentier caillouteux.
Peu importe, nous avons vu pire et avançons…
après quelques centaines de mètres, le sentier disparait pour laisser place à un champ sur lequel on distingue un chemin… en effet, sur un ou parfois 2 mètres de large, l’herbe est d’une couleur différente.
Après avoir dérangé un cochon en liberté qui mangeait des fruits sous un arbre, nous apercevons un groupe d’individus récoltant des prunes.
Ayant des doutes certains sur l’authenticité du chemin que nous parcourons, nous leur demandons la direction et ils nous indiquent, rigolards, que nous sommes bien sur le bon chemin et qu’il nous reste 5 bon km !
Nous continuerons ainsi jusqu’à voir la chaine de montagnes au loin, qui nous attend.. C’est impressionnant et sur le moment je me mets à douter du fait que ce soir là nous camperons au col !
Après quelques heures à faire du gymcana dans les chemins défoncés nous finirons par atteindre la route du col.
Première surprise, ce que nous avions mesuré être 20 kilomètres s’avèrent être 35 km !
Nous attaquons la côte. Les 10 premiers kilomètres sont en faux plat et les montagnes donnent la désagréable impression de reculer au fur et à mesure que l’on avance jusqu’à ce que soudainement, elles se figent, comme si elles étaient enfin prêtes à nous laisser les défier.
si je fais ici un peu de lyrisme, c’est pour mieux vous retranscrire le côté héroïque de l’épopée que fût cette ascension. Nous en plaisanterons peut-être dans quelques années, quand les cols de 2000 mètres seront pour nous devenus habituels, voire petits, mais pour une première, nous sommes assez fiers !
Nous apercevons comme sur la plupart des routes, les bornes kilométriques : Balea Cascade 12 km, Balea Lac 25.
Là commence la vraie ascension, nous avons une moyenne de 6,5 km/h. Dans la tête, on se dit qu’il faut y aller lentement, prendre son temps, que dans 2 heures on est à la cascade.. mais au bout de 4 km, on a les jambes en feu, la fatigue d’avoir roulé dans les champs et les chemins se fait douloureusement sentir.
Alors on fait une pause, on repart, on se met à compter les centaines de mètres, on scrute le bord de la route pour apercevoir les bornes, chaque centaine de mètre est déjà une victoire, mais le temps passe, et l’idée que nous pourrons arriver en haut s’efface lentement et la pensée de bivouacquer à la cascade nous parait beaucoup plus raisonnable.
D’ailleurs, quelques centaines de mètre avant la cascade, on peut enfin apercevoir le sommet qui était jusque là caché par les arbres.
Mon dieu ! On en a fait la seulement la moitié et la suite parait maintenant interminable et le col un objectif inatteignable !
C’est clair nous planterons la tente à la cascade, au bord du torrent.
Mes tentatives pour faire un feu potable seront vaines. Nous irons nous coucher à 21heures.
L’humidité du torrent conjuguée à l’altitude ainsi qu’à notre équipement de campeur du dimanche me feront passé la nuit la plus fraiche de ma vie.
Alors que Dagmar se couche avec deux épaisseurs de pull, de chaussettes et de pantalons, je me moque un peu d’elle. Mais la prochaine fois, je mettrai aussi un deuxième pull ! Le pantalon de Kway par-dessus le survêtement, ça va, mais il a fallu que je dorme avec un t-shirt sur la tête, faute de bonnet.
Au milieu de la nuit, notre tente est encore à moitié effondrée, mon duvet est trempé d’humidité. Je m’active pour arranger tout ça et Dagmar dort imperturbable, bien emmitouflée.
Balea Cascade – Corbeni
Nous nous levons avec comme premier objectif d’arriver au sommet. Ensuite, nous prévoyons de redescendre dans la vallée. De longer un lac de barrage et d’atteindre Curtea de Arges.
Les 13 premiers kilomètres seront infernaux ! Comme prévu.
En fait, nous partons lentement et calmement, fort de notre expérience de la veille, la précipitation n’apporte rien, nous savons que quoiqu’il arrive sur une bonne route, avec nos vélos, nous arriverons en haut. Tout est une question de temps.
Les 6 premiers km, autant dire la première heure, passe très vite, nous voici sur un plateau et face à nous la route en lacets qui serpente jusqu’au sommet.
Il nous reste 7 km, et ils sont là face nous.
Maintenant les voitures qui nous doublent ou que nous croisons klaxonnent toujours autant (depuis l’arrivée en Roumanie, dés que nous partageons notre route avec des voitures, nous sommes continuellement klaxonnés) mais certains ralentissent, tendent le pousse ou poussent des cris d’encouragement.
La veille, nous avons vu 2 autres cyclistes qui eux descendaient, mais nous sommes aujourd’hui les seuls à affronter la bête.
Je garde en souvenir un motard autrichien (qui de par son origine, doit s’y connaitre en route de montagne !) qui a ralenti devant chacun de nous, agitant son pouce en se retournant pour témoigner son respect pour ce que nous faisions.
Nous nous sommes bien sûr arrêtés quelques fois, mais moins que la veille, disons environ tous les 3 km.
Arrivés en haut, c’est avec une joie partagée que nous franchissons les derniers mètres qui mènent à l’arrivée du téléphérique et qui signifient la fin de ses 25 km d’ascension.
Nous passerons un peu de temps en haut, afin de prendre le temps d’observer le panorama et de nous préparer à redescendre. Et puis nous aurons aussi notre berger mélomane pour apporter une petite touche d’authenticité dans cet endroit qui devient un haut lieu du tourisme dans le coin…
En fait, il ne s’agit pas d’un col comme on l’entend habituellement, il nous faut tout d’abord passer un tunnel pour apercevoir l’autre vallée.
Ce tunnel, long de 850 mètres n’est absolument pas éclairé et nos modestes loupiottes ne sont pas l’idéal car même si la route était jusque là la meilleure que nous ayons pu avoir, le revêtement dans le tunnel réserve quelques pièges que nous saurons heureusement éviter.
La descente :
25 kilomètres de descente, tout d’abord en lacet, puis ensuite, à flanc de montagne, dans la vallée.
Le long du torrent, de nombreux campeurs sauvages profitent du soleil et de la nature (si on est capable de faire abstraction des tonnes de déchets laissés par les campeurs précédents)…
(vue de l’autre côté du col)
Nous arrivons enfin au lac de barrage. Notre première déception est que nous ne longeons pas vraiment le lac, mais que nous sommes sur une route forestière surplombant l’eau que nous apercevons de temps en temps.
Alors que nous pensions en avoir fini des ascensions, la route est continuellement en train de monter pour mieux redescendre. La mauvaise blague, c’est que nous n’avions pas compté que cela durait 30km ! C’est interminable, nous avons beau nous dire à chaque monté que c’est certainement la dernière et que ce sera toujours ça de plus à redescendre, chaque nouvelle côte nous mine un peu plus.
De plus, durant les 55 km depuis le sommet jusqu’au barrage, nous ne croiserons aucun village ou bar ou même hameau, rien pour acheter de l’eau qui commence à manquer…
Ce qui nous préoccupe aussi, c’est que nous n’avons toujours pas retiré d’argent depuis Sebes et que nous ne ne savons pas si le virement est enfin arrivé.
Pour cela, nous voulons arriver à Curtea de Arges, premier distributeur depuis Sibiu.
Arrivés au barrage, nous revoilà à redescendre sans cette fois devoir remonter… Mais nous en avons plein les bottes…
Nous déclarons forfait et nous nous arrêtons à Corbeni, dans une pension, chez une vieille dame qui sera toute contente que nous lui montrions les photos que nous avions prises de Sibiu et de la cascade .
Corbeni – Dragodana
A peine levés, nous voulons vérifier que nous pouvons retirer de l’argent. Il nous reste un peu plus de 20 km à faire en léger faux-plat descendant avant le premier distributeur. Nous les ferons en 45 minutes. Nous roulons comme des fous. devant le distributeur, suspens… Je crois que ni elle ni moi n’avons jamais été si content de retirer de l’argent !
Nous décidons de nous offrir un restaurant, car après 2 jours à manger des tartines de pain raci, nous commençons à avoir envie d’autre chose.
Le problème maintenant que nous avons de l’argent est que nous sommes samedi, après le 15 Aout, et que la Roumanie tout entière semble avoir décidé de se marier ce week-end là.
Tous les restaurants que nous trouvons sont complets ou réservé et nous finissons pas échouer dans une sorte de cafétéria peu alléchante.
Le reste du chemin se fera sur les routes. Nous avons l’impression, après cette étape de montagne, que nous avons maintenant tout ce que nous étions venu chercher et l’envie de traverser les villages isolés ne nous enchante plus guère et nous sommes pressés d’arriver à Bucarest.
Nos hôtes de Caprioara nous avaient prévenus, dès que nous franchirions les Carpates, une fois côté Bucarest, ce ne serait plus la même Roumanie. C’est le cas. Tout semble un peu plus ‘neuf’ et propre. (toute proportion gardée avec ce que qu’on peut appeler neuf, puisque ici, il semble qu’ils soient passés experts dans l’art de faire du moins vieux avec du vieux). Peut-être aussi n’avons nous pas vu »l’envers du décor » en restant cette fois-ci sur les routes principales.
Une anecdote particulière : alors que nous roulons à la sortie d’une petite ville, après avoir vu un cortège pour un mariage, nous en doublons un autre avec une charrette à l’arrière de laquelle se trouve quelque chose. Comme de nombreuses personnes suivent le véhicule et des enfants sont assis sur le bord de la ‘remorque’, je me demande
bêtement si il ne s’agit pas d’une coutume pour un mariage, mais la vue d’une vielle dame couchée sur des draps, les bras ramenés sur la poitrine, ainsi qu’un petit coup d’oeil en arrière pour apercevoir un groupe de mamies habillées de sombre me font comprendre que je viens de voir une morte sur le chemin du cimetière.
Nous filons donc en direction de Bucarest, en essayant de nous en rapprocher le plus possible. Nous nous fixons des objectifs que nous allons à chaque fois repousser.
Tout d’abord Pitesti à 75 km de notre départ. Le guide indique : ville industrielle, sans aucun intérêt, et des commentaires du genre: »s’y arrêter éventuellement pour passer la nuit si pas d’autres solutions… » Je caricature un peu, mais pour avoir traversé la ville en entier, je donnerais le même conseil. Rien à voir, circulez
.
C’est pourtant à Pitesti, en y arrivant par les faubourgs nord qu’on fera notre seule expérience désagréable avec les autochtones.
Tout le long de notre périple, nous avons croisé des gens dont nous n’arrivions pas à interpréter le regard. Il est clair que maitriser la langue nous aurait aidé à comprendre un peu mieux ce qu’il pensaient. Nous avons parfois eu l’impression de passer pour des fous à leurs yeux ou bien et plus rarement, d’être aux yeux de certains des portefeuilles ambulants. Bien sûr, ce n’est qu’une impression et je ne peux pas affirmer avec certitude que c’était le cas, mais nous avions été arrêtés une fois dans un village par un jeune qui nous a demandé si nous parlions français. En pensant pouvoir échanger un peu, nous nous étions arrêtés mais la conversation a vite tourné court quand il nous a directement demandé si nous avions des cigarettes, puis sa mère et sa soeur nous ont réclamé du chocolat ou des bonbons. Nous n’avions rien de tout cela et nous fûmes surpris de voir que la première boutique 5 km plus loin proposait tout cela. Si ils nous les demandaient c’est tout simplement qu’ils ne pouvaient vraisemblablement pas se les payer.
Mais les derniers kilomètres avant Pitesti, nous avons perçu de drôles de regards dans les yeux des gens au bord de la route.
Alors que je roulais devant, j’ai vu un enfant ramassé une poignée de gravier et faire mine de les lancer. Sa mère d’un mouvement de bras l’en a empêché. J’ai alors rapidement pensé à une simple bêtise, provocation d’enfant et puis vient le tour de Dagmar de passer devant ce groupe et là, c’est la mère qui lui jettera un bâton.
Heureusement plus d’incompréhension que de mal, une petite marque sur la cuisse et rien de bien méchant mais juste un geste que nous n’expliquons pas vraiment.
Nous traversons donc Pitesti en rallongeant notre parcours de 20 km pour rejoindre Topoloveni… Là encore, nous arrivons et ne trouvons rien de bien sympathique à cette ville alors nous décidons de pousser jusqu’à Gaesti encore 20 km plus loin et où nous arriverons à 19h30.
Entre temps, alors que nous faisons une pause quelques km avant notre destination, un cyclo polonais s’arrête afin d’échanger quelques infos avec nous… Il vient de faire 125 km et pense en faire encore 30 !! Déjà impressionnant, mais pour nous rassurer nous tombons d’accord Dagmar et moi sur le fait que quand on est seul, on a rien d’autre à faire que de rouler jusqu’à ce que la nuit tombe !
Il est chargé comme une mule, et nous indique que cela fait maintenant 50 jours qu’il est parti et qu’il est sur le chemin du retour après être parti de Pologne pour traverser la Russie, l’Ukraine, la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie, puis ensuite la Hongrie et la Slovaquie !!! Il en est déjà À 5000 km ! Polyglotte, il s’arrange pour planter sa tente chez les habitants…
Comme il lui reste des km pour ce soir, notre rencontre se fait brève. Nous lui souhaitons bon courage pour la suite, car il veut lui aussi monter au col d’où nous venons mais dans ce sens là, je ne le recommanderais pas…
Nous repartons donc à notre tour et partons à la recherche d’une chambre d’hôtel. Chose qui va se révéler être une vraie galère pour les mêmes raisons que celles qui nous ont empêchés de trouver un restaurant à midi. Toutes les chambres sont réservés en raisons des nombreux mariages ce samedi.
Après avoir traversé plusieurs fois la ville, nous voilà, sur les indications de 2 pompistes au premier abord peu coopératifs, sur la route de Dragodana où nous sommes censés trouver de quoi dormir.
La route est plus longue que prévu, on commence à se dire qu’il va falloir planter la tente dans les bois quand nous apercevons enfin l’hôtel.
Malgré 2 mariages simultanés dans les lieux, ils ont encore une chambre pour nous et le restaurant est même encore ouvert. Juste, il ne faut pas être pressé puisque les mêmes serveuses s’occupent du restaurant et du service dans les 2 salles de mariages.
Dragodana – Bucuresti
Dernière étape entièrement plate. Nous sommes dimanche et pressés d’arriver enfin à Bucarest. Comme une des rares autoroutes du pays fait sensiblement le même trajet que nous, la nationale est complétement dégagée et malgré notre décision du début, nous roulons toute la journée sur la nationale.
Seul problème, le vent. Nous avons un vent de face véritablement épuisant. Dagmar propose alors que nous nous relayions sur cette étape et je comprends alors ce jour là que je me suis bien fait avoir pendant 1100 km. Comme c’est agréable d’être derrière ! Nous nous relayons donc tous les kilomètres, chaque nouvelle bornes annonce successivement ou bien un kilomètre de repos ou bien l’assurance de ramer seul devant !
Les 20 derniers km sont de la 4 voies, mais nous n’avons pas l’envie du tout d’essayer de trouver des chemin de traverse nous faisant passer trop longtemps par la banlieue de Bucarest. Nous ne savons pas exactement à quoi nous attendre et la petite aventure à Pitesti nous a laissé perplexes.
Alors nous roulons sur la 4 voies. Cette fois nous nous faisons doubler par tous les fous du volant du pays. (en fait, je crois qu’ils ont juste tous dingos et que là on avait juste un échantillon représentatif !)
Un policier en voiture nous dira vaguement quelque chose avec son haut-parleur, mais désolé nous ne parlons pas la langue… Il nous doublera et nous n’entendons plus parlé de lui.
Nous avons dans l’idée de trouver un hôtel près de l’aéroport. En fait, il y en a deux à Bucarest, et nous devions voler à partir de celui qui est le plus dans le centre (je dis nous devions, car German Wings nous a fait une blague en nous envoyons un mail de dernière minute pour nous dire que finalement on partirait de l’autre aéroport ! Pas de bol, on avait pas nos Palm avec nous pour checker nos mails entre deux coups de pédale ! (Grrr) cela nous coutera un petit stress le jour du départ puisque il nous faudra rejoindre l’autre aéroport, de nouveau sur une quatre voies, mais pas un dimanche !
Car c’est cela qui est bien ! nous entrons dans un Bucarest écrasé par la chaleur et quasiment vide.
Après quelques tours et détours, nous ne trouverons pas d’hôtel potable autour de l’aéroport, enfin, tous un peu cher et nous décidons alors d’aller dans le quartier de la gare nord.
Après un essai dans un hôtel indiqué dans un guide, nous finirons par atterrir à l’hôtel IBIS qui est après notre périple un véritable luxe ! On est d’accord, ce n’est pas très typique, local, ou que sais-je encore, mais on s’est dit qu’un peu de clim, des petit-dejs continentaux et un vraie salle de bain seraient agréables.
Le quartier de la gare est plus ou moins délabré mais je vous parlerais de la ville dans la partie suivante.