Avec Adan en Eden, Carlos Fuentes (Litterature mexicaine) a publié un roman apocalyptique, d’humour – horreur comme il le définît lui-même.
Litterature mexicaine : Adan en Eden, roman de Carlos Fuentes
« Adan en Eden » décrit, à la manière corrosive habituelle de ce grand auteur mexicain, la descente aux enfers d’un affairiste opportuniste qui décide de rendre aux narcos la monnaie de leur pièce. Ce n’est pas tant l’intrigue bien ficelée et haletante qui fait de ce roman un joyau, mais le description des mentalités qui, par dépit et mimétisme sont de plus en plus aspirées par le modèle mafieux.
Si on s’attend, devant la suprématie des narco trafiquants que l’Etat, faible et corrompu s’abandonne aux bandits, on est submergés par la manière que Fuentes décrit une même procédure d’abandon – attraction chez tout un chacun. Avec le temps, la mentalité narco s’insère dans l’ensemble de la société, les coups bas – d’une immoralité absolue – deviennent le quotidien. Le héros du livre, Adan Gorozpe, se met par exemple à tuer, de manière aléatoire n’importe qui pour charger son acte aux narcos… Avec son acolyte, le bureaucrate chargé de la sécurité Adan Gongora, ils délient tout nœud éthique, conjuguant arrivisme, affairisme et jouissance meurtrière, laissant enfin libres des instincts brimés par la culture, l’éthique ancestrale et les bonnes manières.
A ce stade primitif, ce n’est pas un hasard si les deux protagonistes se nomment Adam (Adan en espagnol), s’oubliant devant l’attraction chaotique des sens et du « tout est permis » à condition de se créer, individuellement, une soi-disant morale personnelle. L’homme d’emblée ne choisit plus le fruit de l’arbre de la connaissance mais celui de l’oubli. Ainsi, le bateau – société chavire, les moyens l’emportant sur le but, un but de plus en plus abstrait et indéfinissable. Les bandits – narcos, deviennent, non plus un ennemi à abattre mais, bien installés au sein de la cité, un modèle. Vaincus, ils cesseraient d’être, comme dans le poème de Kavafis « les barbares », une solution face à la déperdition de chacun de nous et de la cité.
Loin de son écriture habituelle, policée et équivoque, Carlos Fuentes, en écho à son propre sujet, n’hésite pas à utiliser une langue triviale, basique, indiquant par là même que la déperdition éthique n’est pas sans conséquence sur la déperdition de tous les signes de notre culture, langage inclus. Et que cela devient volontaire. Les héros de Fuentes, ayant basculé dans le monde de leurs ennemis, sacrifient, entre autres, leur intelligence.
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Les quelques commandes que j’ai passées sur Amazon ont été honorées correctement mais en ce qui concerne les livres d’occasion.
bonjour, j’aimerais savoir si on peut se procurer facilement cette nouvelle oeuvre de Carlos Fuentes, s’il y a un site internet fiable sur lequel on pourrait commander. merci
Un grand bonhomme des lettres qui flirte avec le Prix Nobel depuis quelques années déjà !