Douze années ont passé, depuis que Irène Forsyte a quitté son mari Soames, après la mort tragique de Philip Bosinney. La maison de Robin Hill a été achetée par le vieux Jolyon Forsyte et il y a fini ses jours, après avoir eu le bonheur de renouer avec son fils Jo. C’est lui qui y habite désormais avec ses deux enfants Jolly et Holly, maintenant que sa femme Helen est morte.
Jo est le seul Forsyte à avoir quelques rares contacts avec Irène, car il gère le leg que son père avait attribué à la jeune femme par testament. Aussi, lorsque Soames se met en tête de divorcer afin de se remarier avec Annette, une jeune française dont la mère tient un restaurant à Soho, c’est Jo qu’il charge de contacter Irène afin de savoir si elle a refait sa vie. En effet, la loi anglaise ne permet le divorce qu’en cas de faute de l’un des époux. Mais Irène vit solitaire et ne peut fournir aucun motif susceptible d’être retenu par un juge. Soames, qui souhaite plus que tout un fils, rend visite à Irène pour tenter de la convaincre. À son contact, sa passion se réveille. Toujours « propriétaire » dans l’âme, Soames ne peut renoncer à elle et insiste pour reprendre un semblant de vie commune, afin d’avoir le fils qu’il souhaite tant. Irène prend peur et se réfugie en France. Mais Soames, qui la fait suivre par une agence de détectives, retrouve sa trace.
L’intrigue peut sembler bien mince. Mais pour ma part, j’ai encore une fois apprécié le talent de John Galsworthy.
Cette histoire de divorces et d’amours contrariés s’inscrit parfaitement entre la fin du 19ème siècle et l’entrée dans le 20ème et exprime la difficulté de certains Forsyte à changer de siècle.
Même Soames a bien du mal à assumer ses contradictions. Alors qu’il envisage son propre divorce avec réticence, craignant le scandale et l’étalage de sa vie privée, il est le premier à inciter sa soeur Winifred à intenter une action contre son mari Monty Darty, qui a abandonné le domicile conjugal pour suivre une danseuse en Amérique du Sud en emportant les perles de sa femme !
La jeune génération s’affirme dans ce deuxième tome de la Saga. La guerre des Boers va donner l’occasion à plusieurs d’entre eux de se libérer des contraintes de la bonne société britannique, même si elle apporte également des souffrances pour certains.
Plus encore que dans « Le propriétaire« , premier tome de cette Saga, le personnage de Soames Forsyte inspire des sentiments contraires. Son instinct de possession, sa rigidité, le harcèlement qu’il exerce sur Irène le rendent très antipathique. Mais la passion qu’il ressent toujours pour sa femme, son goût de la peinture, son désir d’avoir un fils, sa sollicitude pour ses parents âgés, son incompréhension des changements de la société, tout cela lui apporte une réelle humanité.
Jo, quant à lui, a quitté son statut de paria et l’âge semble le mener sur la voie de la sagesse. Mais son coeur peut encore s’enflammer, surtout s’il se trouve fragilisé par un évènement tragique..
Et bien sûr, je ne peux oublier Irène, figure lumineuse et énigmatique, qui suscite toujours autant de passion et d’admiration !
Cette relecture, dans le cadre de mon challenge 2010, a été un vrai plaisir et m’a permis de mettre fin une période de panne de lecture. J’ai bien envie de me plonger rapidement dans le tome 3, « A louer« .
Pas encore eu le courage de me lancer dans ses grandes histoires qui monopolisent l’attention pendant longtemps.