Du 2 au 7 mars, 6 jours presque en dehors du monde
Bonjour tout le monde nous sommes le 7 mars. cela fait 6 jours que nous avons quitté Vang Vieng, nous avons effectué un peu moins de 500 km avec une toute petite étape de 30 km aujourd’hui pour ne pas arriver trop tôt à Vientiane, notre avion est le 10. Sur ce trajet depuis Vang Vieng nous avons effectué 300 km de pistes par des coins absolument fabuleux et oubliés des guides. En 6 jours nous avons roulé un peu avec Jim, un Hollandais sur la route depuis 1 an et qui a tout fait à vélo depuis chez lui. Nous avons aussi croisé une moto d’Occidentaux et à part cela personne. Les dénivelés ont été raisonnables et les 110 km par jour malgré la chaleur et la poussière ne nous ont pas posé de problème à la première étape et les suivantes étaient entre 80 et 90. On n’était plus dans les dénivelé fous du début et des pentes à plus de 20%. Tout se passe bien et n’en déplaise à la remarque que j’ai eue « On voit que tu vieillis tu ne fais que te plaindre ». Snif! Enfin c’est la vie. Quand Lionel Terray raconte les difficultés qu’ils a éprouvées dans la face nord de l’Eiger il ne me serait pas venu à l’esprit qu’il se plaignait. Je vous rassure je ne me prends par pour cet alpiniste hors du commun. J’essaie seulement de m’en inspirer. Quand je relate les difficultés que nous rencontrons je ne cherche pas à me plaindre ou me faire plaindre. J’explique seulement ce que j’éprouve sur la route, la pente, la chaleur et la poussière. Mais je le vis très bien, nous sommes venus Gérard et moi chercher des difficultés, nous les avons trouvées, mais les gérons avec un peu de souffrance mais beaucoup de sérénité. Je dois même dire que la partie de 120 km de piste entre Luang Prabang et Hondsa et ses 4300 m de dénivelé, oui passage très dur, je l’ai vécu avec un grand plaisir tout en poussant mon vélo. Je ne crois pas m’être exprimé dans le sens de la plainte, car c’était le vrai bonheur même si c’est dur de pousser son vélo par 40 degrés tout en ripant des galoches dans la poussière, car on ne peut rester dessus la pente trop forte fait qu’il se retourne.
Je dois dire que l’expérience de la traversée de l’Atacama sur 40 jours m’a appris la patience et la ténacité dans l’effort alors que cela paraît démesuré. Cependant l’expérience acquise ne doit pas faire oublier la prudence, et par des très fortes chaleurs il est normal que l’on reste à l’écoute de son corps et faire attention de ne pas succomber à un coup de chaleur ou insolation au cours des longues heures exposé dans l’effort à la chaleur. Et en parler me paraît normal, faire croire que ce type de voyage est facile c’est donner de mauvaises informations qui pourrait mener d’autres à prendre des risques car nous aurions minimisé les conditions dans lesquelles nous évoluons.
Et je n’oublie pas les basiques de mes cours de commando: la faim tue en quelques semaines, la soif en quelques jours, le froid et la chaleur en quelques heures et le stress en quelques minutes. Des super rambos m’avaient appris cela, et j’essaie de m’en souvenir dans l’effort, surtout lorsqu’il se déroule en dehors des zones habituelles.
On part manger et dès le retour je vous mets des photos de ces 6 jours hors du temps et du monde.
Une pour patienter
2 Mars Vang Vien à Napho 108 km Dénivelé 1211 m
Nous avions hésité à partir sur cette piste de 165 km plus 30 km de goudron, car inconnue ds guides, nous pensions que c’était son manque d’intérêt qui lui valait cette absence de notoriété. Eh bien pas du tout, ce fut durant deux jours une plongée dans un Laos loin de tout, sur des pistes qui s’infiltrent dans des zones de forêts, traversant des rivières à guet et permettant de découvrir des villages bien loin de ceux que les chemins classiques du tourisme permet de connaître.
Les 50 premiers kilomètres se sont déroulés sur la route qui part au nord vers Luang Prabang, route que j’avais prise dans l’autre sens il y a trois ans.
Puis il nous a fallu trouver l’amorce de la piste désirée. Ce n’est jamais facile, aucune indication et lorsqu’on demande la direction d’un village les habitants ne comprennent pratiquement jamais, car les accents sont très difficiles et nous les mettons jamais au bon endroit. Donc c’est toujours avec une certaine hésitation que nous nous lançons sur ce que nous pensons être la bonne piste. Après quelques kilomètres et quelques interrogations de personnes rencontrées nous en sommes enfin convaincus.
La première partie est en travaux sur une quarantaine de km, puis nous nous retrouvons sur un chemin avec la sensation d’être très loin pour pas mal de temps. Les dénivelés et la pente restent raisonnables. les habitants peu ou plutôt pas du tout habitués à voir des phalangs surtout à vélo sont particulièrement accueillants.
Au soir arrivée dans le village de Napho. Nous sommes logés dans une guest house, la seule rencontrée depuis le début de la piste. Il y a es Chinois qui sont employés sur un chantier proche. Nos vélos les intriguent.
3 Mars sur la piste 85 km dénivelé 946 m
Au lever du jour nous sommes en route. Il fait bon, il est toujours étonnant de voir tous les matins semblables dans ce pays. Un gros soleil rouge apparaît dans les brumes à l’horizon et se dégage lentement. Avec sa montée la chaleur vient. Nous avons tout loisir de voir la vie de ces contrées reculées s’éveiller. Les familles devant leur petit feu, les enfants en tenue qui se préparent à partir à l’école. Ils sont nombreux à pied ou à vélo. Lorsqu’on passe devant une école un peu avant l’heure, des nuées de bicyclettes s’engouffrent dans la cour. Tous les enfants nous gratifient d’une multitude de hello et de sabady.
4 Mars Ban Vang au bord du Mékong 75 km dénivelé 946 m
Nous allons terminer cette première partie de piste de 165 kilomètres et retrouver pour une vingtaine de kilomètres le goudron sur une partie que nous avons déjà empruntée. Ça change tout, on a l’impression d’avoir un moteur .Nous faisons une halte dans la ville de Xanakham, où nous visitons un temple. Que les moines sont paisibles et sereins. l’un d’eux nous donne du pain qui ressemble à de la brioche. il est très bon, et puis il faut dire que nous n’en mangeons pas souvent au Laos. Puis nous reprenons la piste le long du Mékong pour Ban Vang, lieu de notre première nuit sur la piste. En route nous rencontrons Jim, parti à vélo de Hollande en mars 2015. Il nous raconte ses péripéties à travers la multitude de pays traversés dont l’Iran et un certain nombre d’ex-républiques soviétiques. Ces cyclos au très long cours sont vraiment dans un autre monde. Et il n’est pas au bout de son voyage, il compte accrocher encore à sa panoplie une autre multitude de contrées. pour le moment son souci c’est de rejoindre Vientiane afin de compléter son matériel. En effet, pour la première fois depuis un an il s’est fait voler un sac à Luang Prabang, et il s’agit de toutes ses pièces de rechange. Pour lui c’est vital, car il a déjà 19 000 kilomètres au compteur, et un certain nombre de pannes et de défaillances de matériel. Nous lui indiquons le Mac Guiver français Willy, en espérant qu’il fera les mêmes miracles que pour nous.
fin de piste provisoire, on va pouvoir enlever les masques à poussière
Jim, le cyclo-globe-trotter
5 mars Ban Vang à Nakang 89 km dénivelé 566 m
La piste que nous allons prendre s’étire sur 120 kilomètres, tout d’abord plein nord, puis elle bifurque à l’est après 90 kilomètres pour aller rejoindre l’axe principal Vientiane Vang Vieng. Sur la carte elle n’a pas beaucoup d’allure. Il faut dire que la notre est à l’échelle 1/600 000, et sur le trajet envisagé rien ne semble attirer l’œil. D’autre part aucune indication sur le guide que nous avons pourtant précis sur le Laos. pour ce dernier elle n’existe tout simplement pas. De plus je ne connais aucun cycliste qui se soit intéressé à ce chemin. Ne va-t-on pas trouver le temps long sur une piste qui attire aussi peu l’attention? Eh bien non! Quelle ne va pas être notre surprise de découvrir l’un ds paysages les plus extraordinaires que nous ayons jamais vus l’un et l’autre. Pourtant les montagnes de la terre on le a chacun parcourues, des Alpes aux Andes en passant par l’Himalaya. Que les guides ne donnent aucune indication sur cette itinéraire semble un mystère. mais peut-être que le manque d’infrastructure pour accueillir les touristes en est la cause. En effet, c’est feee à tous les repas et parfois il faut chercher pour trouver. Les mots sont durs à trouver pour décrire je vous laisse admirer.
6 mars Nakang à Na Nam 85 km dénivelé 872 m
Hier soir ça a été un peu compliqué pour trouver une feee, mais on y est arrivé. un Laotien accompagné de son fils ou petit frère nous a accompagnés à vélo dans la nuit. le gamin voulait monter sur mon porte-bagages. Je l’aurais bien pris mais il faisait au moins trente kilos et avec les nombreux trous de la piste je ne sais pas s’il aurait résisté. Du coup il est monté avec l’autre Laotien, leurs vélos sont prévus pour cela. En effet à la place de la selle il y a une banquette où l’on tient sans problème à deux.
Comme chaque matin départ aux aurores. Encore quelques kilomètres nous gratifient encore d’un spectacle dantesque.
Puis nous revenons sur un terrain plus classique. Et après une centaine de kilomètres de piste depuis hier matin, nous retrouvons le goudron. Rapidement nous atteignons la grande route Vientiane Vang Vieng. Il y règne un trafic important. Nous la suivons une vingtaine de kilomètres, puis nous bifurquons plein est vers le grand lac de An Nam Ngum.
A midi arrêt feee, elle est pas mal et mérite sur le guide des feee.
Au bord de cet immense réservoir artificiel nous trouvons un logement étonnnant et très joli, qui domine les quelques 1000 kilomètres carrés du plan d’eau. Le cadre est charmant, mais les Laotiens aiment le bruit, et les sonos à plus qu’à fond la caisse ça ne les gène pas. Comment font-ils pour résister dans un tel boucan!
7 mars Keun distance 33 km dénivelé 312 m
Aujourd’hui, très petite étape. En effet, nous ne voulons pas arriver à Vientiane avant après-demain 9. Nous sommes partis ce matin à 9 heures par une route en bon état. Nous avons fait quelques arrêts dans ds temples.
Ce soir nous avons mangé différemment. De la viande grillée sur un plat métallique reposant sur un feu de charbon de bois, le tout accompagné de bonnes herbes et de sauces onctueuses. Puis pour le dessert nous nous sommes acheté une mangue bien mûre comme on n’en trouve pas en France, un bon vrai gros régal!
Demain nous ferons une étape de l’ordre de 90 kilomètres pour aller dormir dans un temple au bord du Mékong. Le 9 mars il ne nous restera plus qu’une quarantaine de kilomètres et alors notre périple laotien prendra fin.
29 février et 1 mars
Arrivés à 9 h du matin le 29, nous passons deux jours à Vang Vieng. Notre hôtel est agréable beaucoup moins rustique que ce que nous avons connu jusqu’ici à part Vientiane. Cependant il n’est pas très cher comparativement aux prix occidentaux. Notre grande chambre à deux lits 20 euros. Nous mangeons aussi beaucoup plus comme ordinairement en France. Dans ces villes très touristiques les aliments sont adaptés à la clientèle, donc pas de feee avec une rafale d’herbes en accompagnement. Nous alimenter durant ces deux jours de façon plus dans nos habitudes nous fait du bien.
Ce matin du premier nous sommes allés faire à vélo une balade de 30 kilomètres sans nos sacoches. Le panorama était magnifique. Les Occidentaux ainsi que les Chinois allaient tous au même endroit le Blue Lagoon,qu’ils soient à pied, à vélo, à mobylette, en buggy ou autrement. Après 5 kilomètres de route nous avons pris à gauche un chemin de terre, laissant à droite le Blue Lagoon, et à nouveau nous fûmes seuls toute la matinée dans un décor fantastique. Une petite piste qui serpentait entre rizières asséchées, bananeraies, forêt dense et dominé de grands rochers aux formes caractéristiques du sud-est asiatique.
La tombée de la nuit sur la ville de Vang Vieng est spectaculaire.
Nous sommes le 29 février et nous venons d’arriver à Vang Vieng après une très courte étape de 23 km que nous avons parcourue de 8 à 9h du matin à un rythme rapide, une heure seulement ça change des journées sur le vélo.
Je vais vous relater les jours derniers depuis le 24 février, jour où nous avons quitté Vientiane pour un tour en dehors des zones touristiques. Tellement en dehors, que jusqu’à hier lors de notre retour sur l’axe Vientiane Vang Vieng, les deux seuls Occidentaux que nous avons croisés étaient des ingénieurs des mines accompagnés de force gardes du corps équipés de kalachnikovs. Nous avons plongé dans Tintin au pays des soviets ou dans la Chine à la grande époque de Mao. Nos projets une fois de plus ont été contrariés non par une panne mais par l’inspecteur Lee, qui en plein milieu des montagnes après une journée de 93 kilomètres et 2515 mètres de dénivelé sur des routes où ils n’ont pas encore inventé l’épingle à cheveux, conséquence des pourcentages affolants toujours au-dessus de 12% et souvent plus de 15. Mon altimètre prenait un mètre par tour de pédale ou presque. Donc après cette journée dans un bled lugubre du nom de Anouvong dans le froid des brumes, l’inspecteur Lee nous annonça: very very sorry, but it’s impossible for you to go ahead on this road, too dangerous. Devant notre mine surprise he told us: I call my boss and then told again: Very very sorry sorry, my boss confirms you must go back for your security. Bon ben vlà, le nord ça devient dur pour nous. Je vais vous raconter cela plus loin dans le détail, car manifestement nous avons été vendus, et après réflexion nous avons identifié les mouchards potentiels.
Je mets une carte montrant cet itinéraire de Vientiane à Vang Vieng:
Voilà le détail de la période du 24 février au 29 inclus, c’est à dire 6 jours. Une fois de plus les impondérables nous ont rattrapés.
24 février Vientiane à Thoay Noy 118 km dénivelé 163 m
Nous avons quitté Vientiane à 6h30 en suivant le Mékong vers l’est. Très vite le goudron a cédé la place à la piste. Parfois minuscule au plus près du fleuve, je me demandais même si ne nous étions pas trompés. Nous avons passé une multitude de temples, parfois nous nous arrêtions pour les visiter. L’accueil était toujours excellent aussi bien par les bonzes que par les personnes qui y travaillaient.
Tout au long du chemin les enfants font de grands signes et les sabady fusent par dizaines.
Après une cinquantaine de kilomètres nous avons fait halte dans le village de Maknao, et mangé une bonne feee (soupe) puis quelques kilomètres plus loin retour sur le bitume et la circulation. Vers 17heures arrêt dans une guest house en bordure de route. Elle n’était pas très propre, je ne m’étendrai pas sur les détails, mais dans ce pays nous sommes habitués à mieux. Cependant nous avons bien mangé.
25 février Thoay Noy à Long Xan Distance 57 km Dénivelé 916 m
Ce matin départ très tôt. Après une dizaine de kilomètres sur la grande route, nous mettons le cap au nord par une piste. Nous allons traverser un parc naturel qui paraît-il regorge d’animaux sauvages, léopards, éléphants, ours et même de oupiphères ! Mais voilà nous ne verrons rien de tout cela. Cependant des monstres en fer nous en avons entendu gronder de nombreux, mais ceux-là étaient à roues avec beaucoup d’essieux. En effet, la piste est en réfection, sans doute en vue d’un goudronnage prochain.
Mais les pourcentages sont terribles, ils ne connaissent pas le virage, il faut toujours que la chaussée parte droit dans la pente. Nous avons retrouvé le goudron et vers midi nous avons fait halte dans la petite bourgade de Long Xan, complètement ignorée du tourisme. Guest house agréable, petite rivière en contre-bas. Des gamins et gamines s’y baignent et y pêchent avec des petites épuisettes triangulaires sans manche. Les poissons attrapés ne dépassent pas quelques centimètres. Des petits enfants seuls de trois quatre ans maximum se laissent entraîner par le courant en rigolant. Certes il n’y a pas beaucoup de fond, mais en France on ne verrait jamais des enfants de cet âge seuls au milieu de la rivière entraînés par l’eau.
Joli petit marché, où l’on trouve de nombreux fruits très bons, mandarines, bananes, mangues. Ces dernières bien mûres et délicieuses. Il y avait aussi de jolis étals de poissons.
26 février Long Xan à Anouvong
93 km 2515 m de dénivelé
Cette étape va être terrible, nous nous en doutons un peu, car le Laos ce n’est qu’une succession de bosses et de trous, mais toujours de belle ampleur et pour économiser la longueur des routes ils préfèrent ignorer le virage, donc souvent un peu azimut brutal!
Les 25 premiers kilomètres jusqu’à Xiang Mi se passent au mieux, sur une route en assez bon état, des pentes qui ne sont pas excessives, jusqu’à 10%, vraiment rien qui ne mériterait le déclenchement d’une grève par le syndicat des transporteurs de gros baluchons à vélo. Ensuite bien que la route soit toujours acceptable, les villages ont disparu et la chaleur elle a fait son apparition. Et au milieu de nulle part à l’entrée d’un lieu regroupant trois baraques en mauvais état, un policier assis sur le bord de la route nous arrête et nous demande nos passeports. Il note tout cela consciencieusement sur un grand registre et nous laisse continuer notre chemin. Nous avons faim, mais manifestement ces quelques maisons en planche nous laissent peu d’espoir. Cependant l’une d’elle vend quelques victuailles en sac genre petits sachets de chips, mais très petits. En effet, Gérard dans l’un d’eux n’en comptera que 6. Pour des galériens de la côte, de la poussière et de la chaleur c’est pas top pas cool. Mais nous constatons que la tenancière vend des œufs. A grands renforts de gestes nous lui faisons comprendre que nous mangerions bien une omelette, mais elle ne fait pas restaurant. Je ne sais pas si nos mines déconfites lui ont fait pitié, elle va chercher une gamelle et nous demande combien nous voulons d’œufs dans notre omelette. C’est gagné. Son mari va chercher une table basse et nous voilà installés. de plus elle nous apporte une platée de riz et des herbes bouillies, goût un peu particulier, mais ce n’est pas le moment de faire les difficiles. Nous payons une somme dérisoire et nous répandons en grands remerciements.
Voilà cette gentille famille qui nous a fait à manger
Heureusement que nous avons pu faire un repas consistant, car le suite va nous conduire presque sur la lune.
Vers 14 heures nous rejoignons ce que la carte annonce comme une route principale. On la pense en fond de la vallée, notre carte au1/ 600 000 ne nous permet pas de bien percevoir les dénivelés. Manifestement de vallée il n’en est pas question. On se sent un peu fatigué, dans un village pour le moins très pauvre nous voudrions bien faire étape. Les seuls logements disponibles sont dans un état pas très reluisant et ils n’ont pas d’eau. On ne se sent pas encore l’âme de passer une nuit au goulag. Certes ce n’est pas beaucoup un après-midi et une nuit, mais nous reprenons notre courage à deux mains sur le guidon et deux pieds sur les pédales et sans le savoir nous lançons dans un enfer de dénivelé. Sur 17 kilomètres les parties à moins de 8 à 10 % nous sembleront en descente. Le brouillard commence à tomber et la nuit suit de près. Au crépuscule nous arrivons dans cette petite ville de Anouvong. Étonnamment, les gens ne sont plus aussi accueillants et souriants, certains montreraient même une attitude réservée à la limite de l’hostilité. Nous trouvons une guest house à l’entrée de cette agglomération juste devant un pont qui ne sert à rien, les véhicules passant à côté sur un vieil ouvrage en bois. Dans cet hôtel il fait froid et humide, pourtant la température est de 16 degrés, mais la fatigue couplée au grand écart de température de la journée nous donne cette sensation de froid, j’ai les doigts gourds. Une douche rapide dans une salle de bain presque en plein air nous motive à accélérer le mouvement. Nous nous jetons sur le lit et il fait si froid que nous sortons nos sacs de couchage afin de nous réchauffer.
C’est là que se situe l’épisode du fameux commissaire Lee.
Toc à notre porte. Je vois l’hôtelier entrer avec une silhouette qui se découpe derrière lui. Dans son anglais inexistant, il bredouille police. Il s’écarte et se présent à nous un homme jeune: I am police officer Lee. Un peu embarrassé il hésite sur la manière de nous aborder. Tout en restant couchés dans nos sacs nous lui faisons signe de s’approcher. Il s’approche et s’agenouille à l’arrière du lit sur lequel nous sommes couchés à l’envers, pour pouvoir bénéficier au moins mal de la lumière faible.Il commence à tourner autour du pot, et nous demande chacun notre tour nos passeports. Puis il nous demande où nous comptons aller demain. Je lui montre sur la carte l’itinéraire prévu et là il hoche la tête d’un air navré et se lance dans sa fameuse tirade: Sorry very sorry but it’s not possible for you to go ahead. Puis devant nos mines la séquence du boss confirmant le refus pour cause de sécurité. D’abord il est question de réparations de route dangereuse pour les cyclistes, puis d’insécurité pour les touristes, deux auraient été tués la semaine dernière, il s’agirait de Chinois. Il est vrai que nous sommes dans une zone contrôlée, des minorités y habitent qui ne seraient pas toujours d’accord avec le gouvernement. Cela me remet en mémoire que j’avais lu quelque chose à ce sujet. C’est vraiment dommage car nous devions passer juste au pied du plus haut sommet du pays qui culmine à plus de 2800 mètres. Mais nous n’allons jouer avec l’inspecteur Lee, car les perdants nous les connaissons. En effet, il ne faut pas oublier que chaque fois que flotte le drapeau laotien lui est associé un second rouge qui représente le marteau et la faucille de la grande époque. C’est assez dissuasif d’essayer de ne pas tenir compte des injonctions de la police, même si elle se dit very very sorry. L’entretien est terminé l’inspecteur Lee nous laisse son numéro de téléphone et nous dit de ne pas hésiter à l’appeler en cas de besoin.
Une fois notre commissaire Lee parti, nous réalisons que notre programme une fois de plus tombe à l’eau. Le demi-tour engage un changement majeur. Heureusement nous n’aurons pas à faire demi-tour sur les 140 kilomètres qui nous reconduiraient sur le Mékong. Une alternative se présente, il est possible de rejoindre le village de Natou au bord d’un lac de barrage et de prendre un bateau qui nous conduira 25 kilomètres plus loin à un chemin qui mènera sur l’axe Vientiane Vang Vieng.
Pour le moment partons manger, nous aviserons plus tard. Cette ville est triste et hostile. Différents restaurants où il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent font la compétition du plus gros raffut en mettant de la musique genre pop à fond. C’est extrêmement désagréable une telle cacophonie (je dirais bien cacaphonie). Nous en choisissons un et demandons à la jeune fille d’une douzaine d’années qui tient lieu de DJ de baisser le volume. Elle nous regarde d’un air hostile, la demande lui semblant inopportune. Cependant elle y consent en réduisant faiblement le son. Mais un consommateur vient lui faire la remarque que ce n’est plus assez fort, et c’est reparti. On a beau être dans un pays bien communiste, le capitalisme on s’en imprègne par ses côtés les plus tarés, c’est la mondialisation. On se contentera de parler plus fort pour tenter de nous comprendre. Puis après cette expérience, nous rentrons nous coucher. Cette ville que nous ne traverserons même pas, du fait de l’interdiction qui nous a été signifiée ne nous laissera pas un bon souvenir, contrairement à tout ce que nous avons connu dans ce pays.
27 février de Anouvong à Natou40 km 606 m de dénivelé
La nuit s’est assez bien passée bien emmitouflés dans nos sacs de couchage. Il nous faut donc rebrousser chemin. Nous constatons facilement qu’ils ont mis un Dupont pour voir ce que nous allons faire. Nous ne lui avons pas demandé si c’était un Dupont ou un Dupond comme dans Tintin. Mais il nous regardait de la même manière les yeux au ras du dossier du divan, nous fixant avec attention afin de bien rendre compte de nos faits et gestes. Ne pas trop rigoler non plus on ne sait jamais. Une fois nos sacoches bouclées, au lieu de partir directement par la gauche comme cela nous a été ordonné, comme il nous faut faire quelques provisions en particulier d’eau nous tournons à droite vers la ville et la zone interdite. Le téléphone doit chauffer dur. Nous nous demandons si nous allons atteindre le premier point de vente d’eau avant de nous faire intercepter par les sbires de notre ami l’inspecteur Lee. Heureusement nous ne faisons que deux cents mètres. Rien ne se passe et nous prenons alors sagement le chemin imposé. Dans un petit matin brumeux et tristounet nous nous mettons en route. Mais je sais de mon expérience de la traversée du Laos, que dans le nord la brume cède la place au soleil vers les 10 heures et qu’on la regrette, car elle génère des conditions de température beaucoup plus adaptées au cycliste que le soleil et ses rayons sans pitié.
Nous nous rendons compte, s’il en était besoin, que le chemin de la veille était vraiment difficile. Les 25 premiers kilomètres nous les connaissons, puis nous prenons une piste qui nous conduit à Natou, village disparu au bord d’un grand lac de barrage. L’inspecteur Lee nous avait dit que le bateau partait à 10 heures. Ne pensant pas pouvoir le prendre à temps, nous ne nous dépêchons pas et arrivons à l’embarcadère à midi.
Là nous apprenons que le bateau est parti à 11h30 . Grrr l’inspecteur Lee. Nous avons pratiquement 24 heures devant nous à méditer au bord du lac. Cela va me donner l’occasion d’utiliser la canne à pêche que je transporte depuis mille kilomètres, mais ce sera sans beaucoup de succès, un seul petit poisson va venir donner un coup de dent dans ma cuiller.
Nous nous installons pour bivouaquer au bord du lac et la patronne de l’embarcadère va nous faire de bonnes feee.
Dans le fond cette expérience à méditer au bout du monde est pour le moins intéressante. C’est là qu’à deux reprises au cours des 24 heures nous allons voir arriver un ingénieur occidental escorté de gardes armés et partir sur un hors-bord pour rejoindre l’autre rive. Nous discuterons avec le second qui est britannique. Il nous parlera du Brexit qui devrait être soumis au vote à court terme.
28 février Natou Houayamor 1h30 de baeau 26 km et 400 m de dénivelé à vélo
La nuit s’est bien passée. Les coqs et autres animaux en particulier les chiens ont fait des vocalises dès 3 ou 4 heures du matin. Tranquillement nous nous sommes levés vers 7 heures. Comme des poissons faisaient des bons juste à côté de nos tentes, j’ai une nouvelle fois tenté ma chance, une fois de plus sans succès. Nous avons attendu l’heure du départ au débarcadère. L’ingénieur anglais en attente de son hors-bord nous a permis d’improve our english, car notre laotien c’est dur dur et encore plus dur, même si Gérard a quelques mots de vocabulaire. Mais ils semblent parler du fond de la gorge sans articuler.
Vers 10 heures une première mobylette est arrivée, on commençait à se demander si le dimanche le patron « traverseur » faisait campo. A priori non. Vers 10 heures 30 ça a commencé à se précipiter, mobylettes, personnes arrivées en véhicule et en finale un petit transport en commun a déversé sa petite foule. Nous nous sommes retrouvés une vingtaine dont sept mobylettes, une moto et deux vélos. A 11heures trente le top départ est donné.
Une heure trente de traversée, puis arrivée dans une petite baie sur un embarcadère semblable à celui de départ. Il est 1h30 de l’après-midi, nous avons faim. Tous les Laotiens disparaissent aussitôt débarqués. Nous restons seulement, nous les deux phalangs. La patronne du lieu nous concocte une feee, pas terrible et au véritable goût de feu. Comme on a très faim on la mange, mais c’est limite.
Puis nous partons pour 26 kilomètres, la première moitié piste et la seconde route, très agréable.
Nous nous arrêtons une fois la grande route Vientiane Vang Vieng atteinte. L’ambiance n’est plus du tout la même entre le Laos profond et les axes de passage du tourisme. Nous n’allons pas y rester très longtemps. Demain nous rejoindrons Vang Vieng, où nous passerons deux nuits. Puis nous reprendrons l’axe touristique en direction de Luang Prabang sur une cinquantaine de kilomètres, puis nous mettrons le cap plein sud par des pistes ignorées en direction du Mékong sur environ cent cinquante kilomètres, puis nous changerons de vallée et nous remonterons par une autre piste d’une centaine de kilomètres pour couper l’axe Vientiane Vang Vieng. Alors nous longerons au plus près le grand lac de An Nam Gun. Une fois au bord sud du lac, une soixantaine de kilomètres nous mèneront au terme de notre escapade laotienne. Il sera alors temps de rentrer en France. Notre avion se posera le 11 mars à Roissy. il sera temps, car la pêche à la truite ouvre le douze!!
En prévision du 24 février
Il est 22H30, nous sommes prêts pour un départ matinal demain. Pour les 14 jours qu’il nous reste nous allons faire une boucle à partir de Vientiane que j’évalue approximativement autour des 800 km, en partie route en partie piste. Nous quitterons Vientiane vers l’est en longeant le Mékong sur une centaine de kilomètres par une piste facile, que je connais pour l’avoir parcourue en 2013. Puis nous partirons plein nord par une piste en direction de le plaine des jarres quelques centaines de kilomètres plus au nord. Ensuite nous irons plein ouest par une route et redescendrons sur Vien Vieng. De là nous prendrons des petites routes et pistes pour rentrer sur la capitale.
22 février
Notre retour sur Vientiane s’est poursuivi. Nous avons pris place dans un bus plus grand que celui de la veille. Le monde s »y est entassé jusqu’à plus que saturation, tous les strapontins utilisés, et les bagages un peu beaucoup partout sur le toit et sous les sièges et dans la travée centrale. Et puis une fois tout ce monde bien bourré le bus est parti. Il s’est arrêté un kilomètre plus loin et trois autres personnes avec gros bagages ont réussi à monter, mystère de la compression de la chair humaine. 9 heures de trajet au cours desquelles nous avons vu défiler la route que nous avions faite en sens inverse en 4 jours et 400 kilomètres.
Nous avons traversé le Mékong sur un bac à la mesure du bus, toujours à côté du pont en construction. Cela s’est déroulé rapidement dans un embouteillage, qui n’était qu’apparent sur le chemin de terre poussiéreux en pente qui conduisait à la berge.
On peut voir nos vélos
La zone karstique de 40 kilomètres qui avait essayé de nous garder prisonnier à l’aide de ces raidillons multiples infernaux et brûlants, a cette fois encore tenter sa chance. Mais c’était compter sans l’agilité du chauffeur. En effet il y avait un accident heureusement sans blessé, un énorme camion avait serré de très prêt un plus petit et les deux immobile bouchaient totalement la circulation. Un espace pour le moins minuscule sur la droite en bordure de précipice entièrement hors chaussée ôtait tout espoir de passer. Mais ce n’était qu’une appréciation de Phalang. Lui le chauffeur à quelques centimètres s’est faufilé avec parfois quelques secousses, qui m’ont fait regarder les trois Laotiens que je recevrais sur la figure au cas où nous basculerions.
Danièle tu aurais adoré les roues à la limite du ravin avec des petites secousses laissant imaginer que les dernières mottes de terre cèdent avant la bascule
Une fois arrivés à Vientiane nous avons retrouvé notre hôtel.
23 février
Départ à 8h30 destination le réparateur de vélo que je connais depuis trois ans, lorsque j’avais eu une défaillance d’axe de pédalier. Très vite nous constatons que contrairement à ma panne d’il y a trois ans, celle actuelle de Gérard le laisse complètement mais alors complètement perplexe.Notre affaire semble assez mal embringuée. D’abord dans ce magasin ils ne parlent pas un traître mot d’une quelconque langue à par le laotien. Mais le patron nous murmure Willy, nous comprenons tous les deux Billy. Aucun rapport avec « kill Bill ». mais cela me dit quelque chose. Il s’agit d’un Français qui répare les vélos et ont j’ai déjà entendu parler. j’avais même cherché son magasin il y a trois ans mais ne l’avais pas trouvé. Donc notre patron de magasin nous montre l’emplacement du magasin de Willy sur la carte. mais comme manifestement la lecture de carte ce n’est pas son fort, il nous envoie dans la mauvaise direction. Après avoir cherché en vain on revient le voir et là avec le doigt ils nous montre une destination par dessus les bâtiment. En contournant le patté de maisons et nous scrutons attentivement et miracle nous tombons sur un minuscule magasin, plutôt un couloir encombré de vélos. un homme est entrain de passer la serpillière. Gérard avec quelques hésitations lui demande s’il parle français. il lui répond: à priori oui; Gérard enchaîne: Vous êtes Billy réponse: non Willy.
Très vite le problème est expliqué et compris par Willy qui en dix minutes de différentes opérations de vidange et d’extraction de bulles d’air remet tout en place. Il nous suffira de repasser cet après-midi récupérer des plaquettes arrière en sécurité. mais le vélo devrait tenir pour notre prochain tour d’une douzaine de jours et de quelques 800 km. Il nous a expliqué que l’huile des freins hydrauliques dans des conditions de fortes contraintes que nous avons connues sur les pistes très raides du Nord Laos avait tendance à chauffer et de ce fait perdit ces qualités lubrifiantes, ce qui entraînait les problèmes constatés en particulier pour le frein arrière.
Ouf! ça roule. Visite d’un joli temple
Bonjour à toutes et tous et un grand merci à ceux qui nous ont mis un petit mot et aussi aux autres qui prennent la peine de nous suivre. En effet, on ne part pas un mois sans sa famille sans un gros pincement au cœur et un lourd nœud à l’estomac, donc des petits signes ça fait du bien.
21 février
Ce matin nous avons mis nos vélos dans le bus et sommes retournés à Sayanabouly, et demain 22 nous irons jusqu’à Vientiane. On espère bien pouvoir trouver de quoi réparer les freins hydrauliques de Gérard.
Pour le moment c’est tourisme forcé. Effectivement ça change de prendre son temps et de ne pas être le nez dans le guidon sur la piste ou le bitume du lever du jour à la tombée de la nuit.
Visite de monastère
Tu as vu Danièle je commençais à perdre ma petite bedaine. On espère réparer assez vite et on a programmé un tour de 800 km approximativement à partir de Vientiane jusqu’à la plaine des jarres.
Et puis il y avait la fête de l’éléphant qui se terminait.
Faire monter les éléphants dans un camion opération délicate, manifestement ils n’aiment pas ça du tout
Et aussi une fête un peu à la mode père fouettard des Vosges, grosse frénésie de la part des enfants, tout cela dans une ambiance de foule dense et nonchalante qui fuit en criant de temps en temps lorsque les pères fouettards les chargent sans agressivité, après avoir été nargués en cadence de plus en plus sonores par de longues files d’enfants, mais ils sont impressionnants avec leur grosse tête rouge et leurs grandes dents dans tous les sens.
Nouvelles des 4 derniers jours
Mercredi 17
Repos à Luang Prabang, visite de temples
Jeudi 18 Vendredi 19 et Samedi 20 de Luang Prabang à Hongsa 123 km de piste et 10 km de route 4240 m de dénivelé
Trois jours hors du monde sur une piste qui traverse les forêts impénétrables du Laos. Les côtes sont toujours supérieures à 15% et bien souvent supérieures à 20 ou 25%. Donc de longues séances de poussage dans une terre glissante pour les chaussures de vélo. Mais l’ambiance était tellement extraordinaire que je ne peux pas dire que j’ai trouvé le temps long. Le premier jour nous avons fait 45 km et 1140 m de dénivelé. Arrêt dans un village perdu avons dormi chez un garde forestier qui parlait quelques mots d’anglais. Les conditions de vie dans ces villages sont très rustiques. Tout le monde descend se laver à la rivière.
Le deuxième jour départ très matinal juste au lever du jour vers 6h30
52 km et 2060 m de dénivelé. Journée entière à essayer de rouler et bien souvent à pousser dans des pentes à l’infini. Avons croisé trois motards deux Suisses et un accompagnateur. Avons discuté une dizaine de minutes avec l’un d’eux de Lausanne. Arrêt le soir dans un village encore une fois perdu nulle part. Avons dormi dans une petite construction à même la route ouverte aux quatre vents. Encore une fois toilette à la rivière. Avons cependant bien mangé, deux bonnes soupes.
Troisième jours 25 km de pistes et 1040 m de dénivelé, puis 10 km de route. Sur le goudron on se surprend à rouler vite sans effort comparativement à la piste, même les côtes semblent faciles.
Nos tentes sur notre lieu de bivouac
On a été contrôlé alors que nous venions de nous coucher, on nous a demandé nos passeports, comment nous étions arrivés ici, et le maire ou le policier municipal qui nous interrogeait notait tout sur un cahier rouge. On se serait cru en Chine au temps de Mao! Mais là cette séance s’est bien terminée, car ils nous a serré la main et est parti se coucher.
Ce soir hôtel à Hongsa qui se trouve plein ouest de Luang Prabang
Le vélo de Gérard a un problème de frein, sans doute dû à la difficulté de la piste de ces trois jours, qui a sérieusement sollicité le matériel, et pas que le matériel. Demain nous essayons de prendre un bus pour retourner à Vientiane, car au Laos à part la capitale aucun espoir de trouver du matériel de vélo.
Mardi 16 février 5 ième étape
Sayabouli à Luang Prabang 116 km 1477 m de dénivelé
Départ à 6h50. Comme je l’avais déjà expérimenté au Laos, pas moyen de se faire préparer quelque chose de consistant le matin. Sur notre camping-gaz une petite gamelle de thé est vite chauffée, on mange avec une demi-minuscule brioche au goût étrange, et c’est parti. C’est donc la faim au ventre que je me mets en route. A vélo ce n’est jamais très bon d’avoir faim avant de commencer. Gérard ne semble pas avoir ce problème. La ville est calme. Une échoppe ouverte, nous achetons trois litres d’eau chacun, mais à manger nous ne trouvons rien. Les trente premiers kilomètres c’est avec des « gri-gri » dans l’estomac que je les parcours.
La brume est très présente. La vie s’éveille, en particulier les écoliers sont nombreux sur le bord de la route, prenant le chemin de l’école, à pied ou à vélo.
Nous traversons le Mékong et nous retrouvons sur sa rive est. Cette fois le pont est construit. Un petit étal sur le bord de la route, on achète des bananes, enfin de quoi se remplir le ventre. Après quarante kilomètres, nous quittons la route et entrons sur la piste qui va suivre le Mékong jusqu’à Luang Prabang.
Tout de suite l’ambiance change. Nous commençons par traverser de belles rizières et de grandes bananeraies.
Un premier village est atteint. Rien à acheter, et la piste va se poursuivre de nombreux kilomètres. Le paradoxe, même pas une banane, alors que nous sommes entourés de dizaines d’hectares de bananeraies. Nous faisons une erreur et notre piste monte très sec dans la montagne. Je termine un raidillon à pied. On aperçoit le Mékong loin au fond de la vallée. Marrant pour une piste censée le suivre. Nous redescendons et prenons le bon embranchement. Nous ne rencontrons jamais la moindre indication. Cependant avec un peu de réflexion nous aurions dû éviter cette erreur.
La piste se trouve à une cinquantaine de mètres au-dessus du fleuve et va de bosse en bosse. Quelques véhicules et mobylettes passent encore, donc nous ne sommes pas dans une impasse. La faim commence à être très présente. Dans un groupe de maisons je demande « kin kao » et miracle la femme à laquelle je m’adresse me montre du doigt la baraque juste au-dessus. Nous nous attablons et la patronne du lieu nous prépare une super feee accompagnée d’une gigantesque corbeille de riz bien gluant. Le chien au début très irrité de notre intrusion, devient vite notre copain et ne demande que des gros gratouilis.
Après ce super repas nous regardons un peu dubitatif le thermomètre. Il affiche plus de 41 degrés. Que faire à part se remettre en selle dans ce coin un peu pour le moins désolé. Donc, en avant et c’est reparti par bosses et creux. Mais nous souffrons moins que les jours précédents. Il y a même de jolies portions plates bien roulantes. Dans ces moments l’air relatif généré par la vitesse nous donne une illusion de fraîcheur, mais comme tout est dans la tête et le moral, tout va bien.
Nous avançons bien et les points de vue sur le fleuve sont magnifiques. Son cours est encore et toujours constellé de milliers de bancs de rochers. Rêveur je regarde en pensant à tous les poissons qui s’y cachent tapis dans cette eau terreuse et sombre. Le Mékong et l’un des plus importants écosystèmes d’eau douce de la planète, et les variétés de poissons qu’il recèle sont légion. Et de plus certains peuvent atteindre plusieurs centaines de kilogrammes. Stop au rêve, il fait très chaud, les bosses nombreuses et parfois assassines et les kilomètres eux-aussi sont légion!
A 25 kilomètres de Luang Prabang nous croisons nos premiers Phalangs à mobylette (Occidentaux) depuis 5 jours, bien entendu mis à part le Martien à deux roues au regard perdu dans un autre monde dont je vous ai déjà parlé. Nos congénères les Phalangs se reconnaissent tout de suite sur leur engin à moteur, car ils sont les seuls ou presque à porter des casques, et puis ils sont les quatre membres bien blancs exposés au soleil, à mon sens pure folie, quand on voit comme ça cogne, mais à chacun ses choix.
A 20 km du but nous retrouvons le goudron et c’est à un rythme efféné que nous entreprenons une course de vitesse contre la nuit qui tombe d’un coup vers les 18h30. Une dernière côre bien raide et bien longue nous conduit au point de départ d’une descente de 5 kilomètres qui nous ouvre les portes de la ville.
Bonjour tout le monde, nous venons de passer 4 jours dans le Laos profond, de phalangs (occidentaux) point. On en a vu un seul, un peu hirsute tout seul et sur un vélo un peu bizarre plus très propre mais il avait l’air épanoui et son regard rayonnait le bonheur dans la chaleur et la poussière, mais pas très causant nous nous sommes seulement croisés. lui n’était plus qu’à une centaine de kilomètres de Vientiane et il savait que son bonheur allait prendre fin avec un retour à la civilisation, où à chaque repas il serait sûr de trouver facilement quelque chose et non plus quémander au hasard de la route un bol de kao ou feee (accentuer le premier e et laisser ensuite traîner la voix en douceur). je vous expliquerez ce que c’est.
Donc nos 4 premiers jours de route prennent fin. 383 km et 3766 m de dénivelé. Le matin vers 6 heures tout va bien et puis le soleil apparaissant, la chaleur comme une marée irrémédiable s’amplifie et submerge tout, pour aller culminer vers les 35 degrés. Malgré les chapeaux qui ont remplacé les casques, les efforts surtout en côte deviennent assez difficiles, et puis de l’ombre ça n’existe pas. Tout les 5 ou 10 kilomètres un buisson ou une touffe de bambous plus élevés et on marque un arrêt éphémère histoire de faire tomber le rythme cardiaque et aussi le flot de transpiration qui dégouline. Mais les bêtes tiennent, et nous avons sans doute le même regard illuminé que le Martien à deux roues croisé le premier jour.
Je vais vous décrire un peu plus dans le détail ces quatre journées.
12 février Vientiane à Vang 110 km et 529 m de dénivelé
Départ vers les 8h30 de Vientiane d devant l’hôtel.
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Nous sommes partis plein ouest en longeant le Mékong sur une piste qui domine le fleuve. Après 6 kilomètres retour sur le goudron. Très vite la circulation s’évanouit. Après une quinzaine de kilomètres la route est à nous. Les conditions sont bonnes, cela veut dire pas de vent adverse et ds côtes modérées. Des vues superbes sur le Mékong, fleuve secret constellé de myriades d’îles.
Vers les 16 heures, nous demandons sans trop d’illusion à un homme s’il y a un lieu pour dormir afin de prendre une douche et si possible éviter la touffeur de la tente. Pendant qu’il nous explique comment rejoindre une Guest House son épouse nous offre à chacun un grand verre d’eau fraîche. un bonheur!
Nous y arrivons rapidement. c’est spartiate mais à l’abri de la grosse chaleur, et nous aurons droit à une superbe platée de riz pilaf assaisonnée d’une multitude d’herbes odoriférante. Tout va pour le mieux.
13 février Ban Vang Paklay 103 km 1560 m de dénivelé
Départ très matinal mais nous aurons droit à un café. La route prend fin à 200 mètres et la piste commence. Elle suit le Mékong mais passe sur de nombreuses petites bosses, dur pour les mollets mais le panorama embrasse le fleuve sur son immensité.
Vers 9 heures notre première feee (soupe) dans un petit établissement perché sur une hauteur d’où le Mékong apparaît toujours plus mystérieux.
Tout en dégustant notre première feee nous regardons cette eau qui coule tout autour de ces innombrables rochers. L’ambiance est d’autant plus étrange qu’une brume à l’opacité aléatoire danse devant nous. Mais la fee avec sa belle assiette de salades aux goûts multiples est absolument délicieuse. Elle se compose d’une bouillon bien relevé, d’une bonne quantité de pâtes de riz, de boulettes de viandes et toujours cette incroyable palette d’herbes aux goûts prononcés.
Puis nous reprenons la piste, qui parfois prend des allures de route de montagne, pas jamais sur de grandes distances.
Après 34 kilomètres la piste prend fin, mais nous allons la regretter notre piste qui nous offrait quelques belles bosses, mais point trop. Il est midi nous dégustons notre deuxième feu et à 12h30.
A l’annonce du menu Gérard avec le cri du cœur s’exclame » à non pas de feee ». Bon ben c’est très bien mais si pas de feee rien d’autre à manger. Donc ce sera feee pour tout le monde. Une fois de plus elle est excellente.
c’est reparti pour 50 kilomètres pensons nous. Ce sera plus et au milieu d’une zone karstique aux bosses innombrables et incroyablement raides. Toute descente se termine sur un mur bien trop pentu pour le passer en restant sur le vélo. Donc la patience apprise dans l’Atacama va servir. Par succession de 20 double pas je progresse le long de ces rampes , et cela jusqu’à 6 heures du soir, sous un soleil de plomb. Pour Gérard ça se passe un peu mieux mais à peine, lui aussi pousse son vélo, cependant sans marquer l’arrêt tous les 20 pas.
Au centre la zone karstique qui nous a mis à dure épreuve
A 18 heures alors que l’on commençait d’envisager de dormir sur le bord de la route, car cette zone karstique est déserte, la délivrance se concrétise par le Mékong. Le pont marqué sur la carte n’est pas encore fini, loin de là, à peine la moitié est construite. une barque nous fait traverser. En réalité deux pirogues associées sur lesquelles repose une petite plate-forme de planches. Nous montons avec nos deux vélo et une mobylette. Le coût de la traversée 50 centimes d’euro chacun.
Nous trouvons une superbe guest house, nous sommes seuls et nous avons droit à notre grosse platée de riz. Un jeune d’une dizaine d’années croyant nous faire plaisir met une sono très puissante à plein volume. Nous avons toutes les peines du monde à lui faire comprendre que nous préférons le silence. il finit par baisser le son. Se faire comprendre ans cette langue est mission impossible!
3 ème jour 14 février Paklay Namo distance 76 km dénivelé 800 m
La journée d’hier a été particulièrement éprouvante. La journée complète dans la chaleur à pousser nos vélo à l’infini dans une chaleur terrible, alors que nos organismes ne sont sans doute pas sortis de leur régime hiver en France. Donc départ tardif, vers les 8 heures et nous n’attaquerons pas par la piste montagneuse prévue. On préfère suivre la route, afin de récupérer et laisser à nos corps le temps d’optimiser la fonctionnement dans une atmosphère brûlante.Démarrer à 8 heures c’est déjà tard pour l’époque et la région, et ça se paye en fin d’après-midi si on ne s’arrête pas avant 13 heures.
Nous roulons jusqu’à 15 heures sous une chaleur terrible encore une fois et pratiquement pas d’ombre. m’arrête quand j’en vois une parcelle, mais elles sont rares et minuscules.
Vers les 15 heures nous trouvons un gîte pour la nuit. Il est un peu spartiate, l’eau est froide et les wc à la turque nécessitent des acrobaties. Mais n’oublions pas que cela nous coûte l’équivalent de 2,5 euros chacun.
Mais par contre pas moyen d’y manger. A la tombée de la nuit nous prenons nos vélos en direction du village le plus proche. Après maintes demandes et maintes réponses contradictoires nous tombons sur un petit estanco bien dans le style laotien. une gentille cuisinière nous ert une fois de plus une « feee » 4 étoiles sur le guide des feee.
4 ème jour Namo à Sayabouli 90 km 780 m de dénivelé
Lever 6 heures, pliage rapide de nos affaires. on se fait un thé sur le réchaud et à 6 heures 50 nous sommes sur la route. Tôt le matin c’est un régal de rouler. Rapidement du fait du ventre creux une petite fringale nous prend. Arrêt sur le bord de la route et Gérard se mue en sabreur de pastèque.
On peut aussi acheter des poissons chats ou des petits rongeurs conservés dans le congélateur pour esquimaux, mais la pastèque un café et quelques gâteaux au goût suranné nous suffisent.
Après cet arrêt intéressant à plus d’un titre nous reprenons notre route. Notre étape de 90 km va se passer sans problème, à part une crevaison pour Gérard, ce qui est rare avec les pneus schalbe. Nos corps commencent à s’habituer et nous souffrons moins, pourvu que cela dure. Quelques belles rencontres en route et une bonne feee.
11 février
Nous avons passé notre première nuit au Laos. Avec le décalage horaire cette première nuit n’est pas très facile, d’autant plus qu’un chien n’avait pas l’air d’avoir sommeil.
Hier nous avons changé 600 euros et nous avons obtenu plus de 54 millions de kips. Nous sommes millionnaires.
Nous avons trouvé facilement du gaz, car nous risquons au cours de notre périple de nous retrouver loin de tout sur les pistes montagneuses entre le Mékong et la frontière thaïlandaise.
Quelques photos du temple magnifique à côté de notre hôtel
10 février
Le trajet a été assez long, avec une halte de 5 heures à Bangkok. Paris Bangkok , trajet de 10 heures; pour la première fois je voyage en A 380. Cet avion est vraiment gigantesque, et en particulier l’aile est d’une dimension incroyable. Puis sur la dernière partie jusqu’à Vientiane nous avons pris utilisé un Boing 737. Il faisait tout petit.
Arrivée vers 13 heures locales, les démarches pour l’obtention du visa sont vite effectuées. On verse son dû de 30 dollars et le tour est joué. Les vélos n’ont subi aucune casse, c’est toujours un peu l’angoisse quand on ouvre nos emballages. Le remontage a pris une bonne heure Gérard a bataillé avec son porte-bagages et moi avec ma potence pour surélever le guidon.
Puis nous avons rejoint en quelques kilomètres la capitale et nous sommes installés dans un hôtel pas très loin du Mékong. Nous sommes allés y faire un petit tour. beaucoup de gens s’y promène, pas mal de Laotiens et aussi des touristes occidentaux.
Puis nous sommes allés manger en bordure de promenade l’incontournable platée de riz accompagnée du non mois contournable poulet rôti. Cependant nous avons agrémenté le tout avec des champignons locaux relevés d’une sauce somptueuse, juste suffisamment pimentée pour que les champignons à la chair ferme s’expriment complètement.
9 février
On vient d’arriver à l’aéroport de Roissy. La grosse galère avec les vélos. hier une fois déposé à la gare de Remiremont par Danièle, premier constat pas de train, donc transporter mon bardoa jusqu’à la gare routière. 3 heures de bus au lieu d’une heure trente de train. Ce matin le tram à Nancy, la navette pour la gare TGV Metz-Nancy, puis l’aéroport et enfin la délivrance du booking. le poids des bagages mon bagage à mains 14,5kk, mon vélo et sa housse 21,6 kg et mon bagage à maint 5,6 kg plus l’ordi. Je comprends pourquoi je trouvais dur de marcher avec tout ce barda sur le dos. Super sympa les hôtesse d’air thaï, bien que nous dépassions tous les deux les poids autorisés elles nous ont laissé passer. Gérard le vélo: 14,5 kg et le bagage à main 19 kg. dire qu’on va trimbaler tout cela sur les pistes? mais comme d’hab ça devrait faire.
Un mois au nord Laos à vélo
Avec Gérard nous partons pour un mois à vélo sur les pistes du nord Laos. Nous partons de Paris le 9 février. De Vientiane dans un premier temps nous allons remonter le Mékong lorsqu’il marque la frontière avec la Thaïlande. Puis lorsque le fleuve s’enfonce dans le territoire laotien, nous allons la traverser et rouler sur des pistes dans cette zone entre fleuve et frontière thaïlandaise. Puis nous allons traverser le fleuve monter encore au nord puis mettre le cap à l’est , et lorsque nous nous approcherons de la frontière vietnamienne nous partirons au sud jusqu’à intercepter de nouveau le Mékong, et nous rentrerons sur Vientiane.
Voilà en très gros notre projet. Mais les pistes au Laos ne sont pas faciles à trouver par endroits. Cette partie du pays est très montagneuse, il y pousse une véritable forêt vierge. Donc il est très vraisemblable que notre parcours se décidera au fur et à mesure en fonction des possibilités et des renseignements que nous glanerons. ans toute la mesure du possible nous essayerons de nous éloigner des grandes routes pour nous plonger dans le Laos profond. mais ce ne sera pas toujours possible et il est fort à parier que nous serons obligé d’emprunter des routes asphaltées. mais elles sont aussi jolies, j’en ai l’expérience, ayant traversé le pays du nord au sud sur 1700 kilomètres, cela fait maintenant trois ans.
Découvrez mes balades à pied, dans les livres et autrement…
- Boucle d’un mois au nord Laos à vélo - Fév 2, 2016
- yBoucle d’un mois au nord Laos - Fév 2, 2016
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