Brest, l’ancre noire est un recueil collectif de nouvelles noires sur Brest…
Les princesses de la piste (Marie Hélia)
La piste du samedi soir de Katia et Céline, c’est-à-dire la tournée des bars, elle commence par la recherche d’une bonne poire pour leur payer à boire : ce soir-là, c’est Jean-Marc, qui aimerait bien ramener l’unes des deux dans son lit. Et puis, la nuit ne va pas se passer comme prévu, évidemment.
Fond de cale (Caryl Férey)
Après trois ans à Paris, Marie revient à Brest, dans l’espoir de retrouver Pierrot, artiste peintre, spécialisé dans les collages de rues. Mais Pierrot a disparu, a peut-être quitté la ville. Ses dernières traces, Maria les trouve dans la prison désaffectée de Pontaniou, où il a squatté quelques temps et où elle va s’installer et se perdre.
Les mains qui s’ouvrent (Jean-François Coatmeur)
Qu’est-ce qui peut pousser une jeune infirmière, Christelle, à épouser Alain, un chirurgien de vingt-cinq ans son ainé, invalide depuis un grave accident de voiture ? L’argent, certainement ! Et non, il ne faut pas se fier aux apparences, et même Alain, alerté par des lettres anonymes, va lui même commencer à s’interroger sur les motivations de sa femme.
Un homme est mort (Gérard Alle)
« Un homme est mort » c’est le titre d’un film, tourné par René Vautier sur la répression des manifestations ouvrières à Brest en 1951. Le film a disparu, mais Mick, un cinglé, un habitué de la baraque à frites d’Ahmed près du pont de Recouvrance, Mick, donc, est persuadé que c’est faux. Il est sûr que ce film existe encore et il veut le retrouver et le visionner, obsédé par la certitude d’y apercevoir son père qu’il n’a pas connu. Et il est prêt à toutes les folies pour arriver à ses fins.
Sia, chandelle de Brest (Jean-Paul Jody)
Sia vient de Sierra-Leone, elle a fui la guerre et la misère et se prostitue en attendant son permis de séjour, avec l’espoir d’échapper à cet esclavage moderne. La police locale cherche à démanteler le réseau qui est à l’origine de l’arrivée de ces femmes africaines à Brest. Ludo, qui aimerait être autre chose qu’un client, voudrait aider Sia, qui a échafaudé seule un plan infaillible.
Un bon Dieu pour les ivrognes (Hervé Bellec)
C’est le petit monde de la place Guérin qui est évoqué ici : S’y côtoient les fameux joueurs de boules, les mères de familles venues accompagner leurs enfants à l’école toute proche et et les habitués jeunes ou moins jeunes des différent bistrots qui assurent l’animation diurne et surtout nocture de cette place mythique.
Aucune joie de vivre dans ces histoires : l’ambiance est noire, la ville est triste et glauque. Les quelques lueurs d’espoir qui surgissent sont vite éteintes : Pas de contes de fées, ici, juste la vie, une vie qui ne fait pas de cadeaux !
J’ai profité du week-end de la Pentecôte passé à Brest pour lire ce recueil de nouvelles. Quel contraste entre ces lieux familiers évoqués dans ces histoires sombres et sans espoir et les mêmes retrouvés quelques heures plus tard sous un soleil presque estival, même si la ville est en plein chamboulement en ce moment à cause des travaux du tramway.
C’est une vision bien noire de la ville et de sa population qui est présentée dans ce livre. J’ai malgré tout apprécié la qualité des écritures et des styles et la pertinence des observations.
Un seul bémol : On pourrait croire à la lecture de ce livre que ne vivent à Brest que des paumés et des poivrots !
Un extrait :
Pour Sia, ce qui n’allait pas à Brest, c’était l’océan. Présent partout, accessible nulle part. Au bout des longues avenues sans issue, on butait inévitablement sur une barrière militaire, une clôture électrifiée par la marine. La ville, enfermée derrière ses grilles, tournait le dos à son océan emprisonné. Même la rivière Penfeld, si joliment encastrée dans son vallon, coupait la cité en deux, cicatrice béante qui ne se laissait pas approcher. Il fallait courir des kilomètres pour sentir l’eau sous ses pieds. Rien à voir avec Freetown.
Bonne idée que cette collection « Romans d’une ville » chez Autrement.
Yvon a lu celui-ci, ainsi que ceux consacrés à Marseille, Paris, Lille, Lyon et Toulouse.
Brest, l’ancre noire – Collectif
Éditions Autrement (2003)
Collection Littératures / Romans d’une ville dirigée par Henry Dougier.
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