Sergio Leone, inventeur du western spaghetti, était italien. Mais il a beaucoup tourné en Espagne. Ce pays est riche en décors de western : les Bardenas reales, le désert de Tabernas… et le Cabo de Gata.
Cabo de Gata ; la dernière région sauvage de la Méditerranée
Devenu parc naturel en 1987, ce petit coin préservé se situe à l’extrémité Sud-Est de l’Espagne. Il est souvent présenté comme la dernière région sauvage de la Méditerranée (côté Europe en tous cas !).
C’est un désert. Mais comme beaucoup de déserts, il n’est pas vide. Bien sûr, on y trouve des oasis, de vieux forts, des troupeaux de chèvres, et des canyons ; mais on peut aussi y voir une ancienne mine d’or, des villages blancs au pied d’un volcan, et des petits ports de pêche , peuplés de chats indolents…
Le parc de Cabo de Gata est parcouru par un sentier de randonnée, que nous avons suivi du Nord au Sud. La plupart du chemin se déroule en bord de mer. Je vous en propose ci-dessous quelques images.
Peu après Agua Amargua, une ancienne ferme fortifiée, vestige de l’époque où il fallait se défendre contre les pirates et autres barbaresques:
La seule descente un peu raide du parcours à Cabo de Gata : elle permet de rejoindre le « barranco » (ravin) de San Pedro. Celui-ci compte une poignée de maisons, habitées par quelques babas cool… On peut y trouver à manger et à boire, il y a une jeune allemande sympa qui fait resto (du moins à notre passage, en 2012).
Très zen, le point d’eau du barranco San Pedro…
Le deuxième jour, le sentier s’incurve dans les terres, pour atteindre le village de Rodalquilar. Celui-ci est entouré de mines abandonnées.
A Cabo de Gata, on pourrait se croire au Mexique !
Réunion au sommet dans une rue paisible de la Isleta del Moro (comme toutes les rues de ce petit port de carte postale). Vous avez peut-être déjà remarqué ce symbole si vous avez circulé dans le Sud-Est de l’Andalousie : inspiré d’une peinture préhistorique, il se nomme indalo, et représente un homme tenant un arc-en-ciel. On lui confie la protection des maisons contre les orages et les mauvais sorts.
Le petit village de la Isleta del Moro s’éveille dans le calme de l’aube. Les deux rochers qui ferment le port s’appellent les baleines. Au fond, les deux pics évoquent vaguement la silhouette de moines encapuchonnés : ils enserrent le cratère du bien nommé volcan « Cerro del Fraile » (pic du Moine), point culminant du parc naturel à 493 mètres d’altitude.
Plus à l’intérieur, un troupeau de chèvres au pied d’un volcan éteint.
Les figuiers doivent se battre pour survivre dans les ravins:
La nature volcanique du parc se révèle dans les couleurs et les rudes textures des roches.
Nous arrivons au Cabo de Gata proprement dit. Le cap est équipé d’un phare qui évite de se racler la coque sur les récifs, très aiguisés par ici.
La randonnée se termine par une longue ligne droite entre mer et lagune.
L’église de la Almadraba de Montevela.
Une noria restaurée de belle manière dans un petit village de l’intérieur, el Pozo de los frailes.
Comment aller à Cabo de Gata et y randonner?
La randonnée à Cabo de Gata peut se faire en quatre jours, ou même en trois si vous êtes bon marcheur et pressé. On peut en effet ne pas dormir à San José, une ville agréable, mais qui tient plus de la station balnéaire que du petit port de pêche « tipico ». En ce qui nous concerne, nous sommes partis d’Agua Amarga et nous avons choisi de marcher quatre jours, en faisant étape à Las Negras, La Isleta, et San José. Puis séduits par le lieu, nous sommes restés deux jours de plus pour profiter de l’arrière-pays.
Le sentier à Cabo de Gata est peu accidenté, assez facile à repérer, mais son balisage est discret. Mieux vaut avoir une carte pour les parties qui ne sont pas en bord de mer. Nous sommes partis avec un petit guide et une carte approximative, édités par Triangle postals, qui nous ont servi à repérer les endroits intéressants. Mieux vaut avoir son guide avant de démarrer ; on peut s’en procurer à Nijar, ou à San José, mais pas à Agua Amarga ni à l’arrivée, c’est-à-dire au cap lui-même.
Le plus compliqué avec le Cabo de Gata, c’est d’y arriver… en débarquant à l’aéroport de Malaga, on prend d’abord un bus pour Almeria, puis de là on peut aller à San José qui est relativement bien desservie, ou à La Isleta. Il y a aussi un bus Almeria => Agua Amarga trois fois par semaine. Une autre solution est de louer une voiture, ce qui est très bon marché en Espagne, et vous permettra en plus d’explorer l’arrière-pays, en particulier le gros village de Nijar à l’intérieur des terres. Pas mal de balades sont possibles, au hasard des lits de rivières à sec. On peut voir de temps en temps un « cortijo » , c’est-à-dire une ferme isolée, et le plus célèbre d’entre eux est le cortijo de los Frailes qui a inspiré à Federico Garcia Lorca ses Noces de Sang.
Les hébergements sont peu nombreux à Isleta del Moro, donc mieux vaut avoir réservé à l’avance. Las Negras est un tout petit mieux lotie, car il y a quelques appartements de vacances… Las Negras dispose d’une ambiance très baba cool, on peut s’y nourrir à très peu de frais dans un bar à tapas. San José est bien équipée en hôtels mais comme elle est beaucoup plus fréquentée, trouver son gîte peut être également délicat en période de pointe.
L’idéal est de ne pas y aller en été mais au printemps : le désert est fleuri et il y a moins de monde.
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