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Chalon-sur-Saône, la belle endormie: splendeurs de la capitale éduenne de la Gaule antique

aurelien hommage du conseil de la ville de Chalon

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Pas facile d’évoquer l’histoire antique de Chalon-sur-Saône quand on sait que notre belle endormie a abandonné toute prétention depuis que Lyon et Dijon lui ont ravi son rôle de capitale et Mâcon son titre de chef-lieu. Chalon-sur-Saône possède pourtant un joyau qui témoigne pour son illustre passé : sa cathédrale. Hélas ! Si c’est seulement pour montrer aux visiteurs un chapiteau représentant un soi-disant Alexandre le Grand, les chaînes aux pieds, il ne faut pas s’étonner de la désaffection des touristes et du péréclitement du commerce du centre ville.

 

Au Ier siècle avant J.C., Strabon nomme deux sites dans le pays éduen : une cité, Cabillo, et une forteresse, Bibracte. Les historiens se sont focalisés sur une Bibracte qu’ils ont située au mont Beuvray et ils ont négligé Cabillo, grave erreur ! Car si Bibracte fut, il est vrai, le siège du pouvoir, on peut tout aussi bien dire que ce n’était que la forteresse refuge de la cité de Cabillo. Force est de constater en effet que c’est le chalonnais Litavic qui a entrainé le pays dans le soulèvement contre César. Le seigneur Eporédoxix dont la famille siègeait sur le très haut lieu a bien été obligé de suivre. Et lorsque l’auteur des Commentaires ajoute que dans les temps anciens, les Éduens avaient la prédominance en Gaule, comment se fait-il que le touriste soit laissé dans l’ignorance des illustres origines antiques de notre cité chalonnaise ?

Voici, en quelques images, dix coups de projecteurs sur cette histoire tragiquement méconnue.

I. En 274, libération de Chalon-sur-Saône et du pays éduen par l’empereur Aurélien.

Aurelien empereurAprès le règne des empereurs gaulois, le pays éduen avait été envahi par les Gaulois rebelles de Trèves. Il avait été ensuite dévasté par les bandes bagaudes qui refluaient devant les barbares qui avaient franchi le Rhin. Les Éduens s’étaient enfermés dans leurs oppida et avaient souffert de la famine. Retranchée dans l’oppidum de Bibracte, à Mont-Saint-Vincent, Victorina avait fait appel au gouverneur romain d’Aquitaine, Tétricus. C’est aux champs catalauniques de Champforgeuil qu’eut lieu la bataille entre les légions du Rhin que commandait Aurélien et les légions de Tétricus dont les généraux ne souhaitaient pas, semble-t-il, revenir dans l’empire. Tétricus déserta en plein combat.

Dans ce tableau magnifiquement sculpté sur ivoire, Aurélien reçoit l’hommage du conseil de la ville de Chalon. Il est assis sur le trône du palais impérial de La Vigne-aux-saules, à l’ombre de leur feuillage. Un légionnaire dresse le baldaquin tandis qu’un autre montre les chaînes brisées. On voit au loin l’évocation de trois villes libérées. A droite, deux femmes/populations et un Ancien viennent remercier l’empereur tandis qu’à gauche, les barbares enchaînés sont sous la surveillance d’un légionnaire. Tableau à la gloire de la légion. Art chalonnais du III ème siècle. Admirez la force et la détermination du légionnaire qui tient le drapeau blanc. Remarquez l’enseigne romaine et les hallebardes que dressent les combattants.

aurelien hommage du conseil de la ville de Chalon

II. En 286, le sacrifice de saint Maurice, 12 ans après

L’intervention militaire des empereurs romains en Gaule ne s’est pas faite sans résistance ni sans répression. D’autant plus que dans la tétrarchie qui détenait alors le pouvoir, c’est Maximien qui conduisait les opérations et ce Maximien n’avait pas la réputation d’être un enfant de choeur. Des légionnaires avaient-ils alors le droit de discuter ou de refuser d’exécuter un ordre ? Depuis la restauration de la discipline par Aurélien, la réponse est non. C’est ainsi que pour avoir refusé d’exécuter un ordre contraire à leurs valeurs chrétiennes, des légionnaires de la légion thébaine furent condamnés à mort par décision impériale.
 
L’un de ces condamnés est représenté à gauche. Son casque lui a été retiré et un garde le maintient. Comme l’indique le grand, vieux et tortueux saule du tableau, l’empereur trône toujours dans le même palais impérial de la Vigne-aux-saules du tableau précédent. À droite, gisent à terre les hommes et femmes/populations innocentes, victimes d’une répression romaine aveugle. Le centurion – futur saint Maurice – qui a reçu l’ordre de mettre à mort les condamnés thébains est au centre du tableau. Face à l’empereur, il refuse d’exécuter l’ordre impérial. Vingt-huit ans plus tôt, Mutius Scaevola s’était volontairement brûlé la main sur les charbons ardents d’un autel pour se punir d’avoir tenté de tuer le roi. Sur un autel semblable, saint Maurice offre aux flammes sa main droite portant l’épée. A sa droite, un notable rappelle la vieille tradition militaire en montrant la statue d’un ancien légionnaire. À gauche de l’empereur, un autre notable. En contre-bas, une femme porte des objets liturgiques. Drapeaux blancs, hallebardes et lances agrémentent la scène. Art chalonnais du III ème siècle. Saint Maurice est un saint Chalonnais. Après Etienne, la cathédrale prit son nom avant de s’appeler Saint-Vincent. La légende donne une version un peu différente http://fr.wikipedia.org/wiki/Mauric… .
centurion ivoire
 
À droite, est représentée la ville de Chalon. Le port, non visible, se trouve entre les deux grandes tours rondes ; le vieux Chalon se devine entre elles, dans l’arrière-plan. Le grand et haut bâtiment crénelé, en sorte de donjon, est à situer à l’emplacement de la place actuelle du châtelet. La muraille se perd dans le lointain. On reconnaît une des tours caractéristiques de son enceinte. Au centre du tableau, sur la hauteur, il devrait logiquement s’agir de la tour de Taisey. Admirez, tout à droite, la hauteur de la muraille.
 
Chalon-sur-Saône en 1500, extrait d’un croquis de Max Josserand :
Josserand Chalon sur saone 1500
 
III. En 265, 21 ans plus tôt, apocalypse sur la tour de Taisey
 apocalypse sur la tour de Taisey

 

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Dans ce médaillon sculpté sur marbre, la statue du légionnaire du tableau précédent figure en bonne place, à gauche, mais dans une vision prophétique apocalyptique où le feu du ciel s’abat sur la forteresse de Taisey, alias Cabillodunum, alias Argentomagus (tour principale toujours existante). La tour de gauche prend feu tandis que le reste des bâtiments est magnifié. Par la violence du vent, le légionnaire est dépouillé de ses vêtements et son épée fond sous l’effet de la chaleur. Une autre statue, celle de Saturne, s’est mise en mouvement pour venir le déloger. A droite, l’empereur Posthumus, véritable Hercule, s’accroche à son saule tandis que Victorinus César, écartelé sur le Mont-Saint-Vincent, en perd sa culotte. Le feu se mélange aux flots de la Thalie, de l’Orbize et de la Corne, représentées par leurs nymphes. Art gaulois du III ème siècle. Il s’agit d’une sculpture polémique contre le pouvoir de Posthumus qui se trouve à Chalon.
 
IV. Comment était Chalon en l’an 177, 88 ans plus tôt ?
 
Il existe un texte qui peut nous donner une idée de ce qu’était Cabillo en l’an 177 après J.C. ; il s’agit des actes de saint Marcel. Ces actes nous relatent l’arrestation et les souffrances du martyr sous le règne de Marc-Aurèle Antonin.Les statues devant lesquelles saint Marcel fut exposé nous donnent une idée de ce que pouvait être Chalon-sur-Saône à cette époque. Une statue de Saturne se dressait au bord de la Saône. Une représentation du soleil était sculptée sur le mur de la porte séquane. Enfin, à deux mille pas de l’agglomération se trouvait le sanctuaire d’Ammon, le dieu d’Egypte. Sa statue toute en verre couronnait le faîte d’une colonne.
 
Sachant qu’Ammon était le dieu d’Egypte, dieu païen par excellence pour saint Marcel et ses disciples, on devine que le rédacteur des Actes a utilisé cette expression méprisante pour désigner la vieille forteresse de Taisey. Quant à la statue toute en verre placée en haut d’une colonne, ce ne pouvait être qu’un Jupiter, le Dieu du ciel que César dit être honoré par les Gaulois.
Cabillo Itineraire saint marcel 
Le rédacteur des Actes place la ville de Chalon à deux mille pas de ce sanctuaire. A deux mille pas de la tour de Taisey, nous tombons, en effet, sur le quartier du vieux Chalon. Il ne semble pas qu’à cette époque, cet embryon de ville ait déjà été ceinturé d’un rempart : il y avait une statue de Saturne au bord de la Saône, et saint Marcel a franchi la Saône par un gué probablement fréquenté puisque cela le conduisit directement à la villa du gouverneur romain qui se trouvait manifestement en terrain vague… au milieu des vignes et à l’ombre de quelques saules (La Vigne-aux-Saules).
 
V. À la recherche du palais impérial du Ier siècle
 
La maison du gouverneur Priscus ne pouvait se trouver qu’entre la Saône et le castrum de Taisey, à mi-distance entre le pont de Droux et ce castrum, en surveillance de l’entrée sud de Chalon et sous la protection de la garnison romaine installée sur le point haut.
Chalon sur saone Villa du gouverneur
Ce palais de gouverneur était facile à retrouver. Il s’agit de l’importante villa gallo-romaine de la Vigne-de-Saule (Vigne-aux-Saules) de Saint-Rémy dont les vestiges ont été mis au jour lors de la construction de l’autoroute A6. Mademoiselle Uffler, qui eut le grand mérite d’étudier les enduits peints de cette « villa », écrit dans les mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Chalon-sur-Saône (tome XLII) ceci : « Ce bel ouvrage indique le Ier siècle, avec une occupation particulièrement riche du site ; nous pouvons raisonnablement imaginer un occupant profondément romanisé, au moins dans ses goûts. Les ouvriers ayant œuvré à ces décors, s’ils n’étaient pas latins, étaient pour le moins parfaitement maîtres des techniques italiennes de la fresque et de l’enduit peint… L’occupation du premier siècle témoigne d’un raffinement certain. »
 
Il s’agit en fait du palais impérial où ont trôné, comme nous venons de le voir, les empereurs Aurélien et Maximien.
 
VI. En 260, fondation de la cathédrale par l’empereur Salonin
 
Sous un dais de parade semblable à ceux que nous avons vus, le jeune empereur Salonin trône dans l’entrée monumentale de son palais. A sa droite, une femme est à ses pieds et l’implore. A sa gauche, une autre femme est debout, l’épée au côté.
La scène évoque le célèbre jugement de Salomon que la Bible rapporte. 
 fondation de la cathédrale par l'empereur Salonin
 
La première femme (population de la ville de Chalon à genoux) dit à Salomon/Salonin : « Seigneur ! moi et ma compagne, toutes deux prostituées (?), vivons dans la même maison (le Chalonnais). J’ai accouché d’un garçon (d’un conseil que j’ai élu) et trois jours après, ma compagne (population de l’oppidum de Taisey) a également accouché d’un garçon (d’un autre conseil). Or, pendant la nuit, cette dernière a étouffé le sien en se couchant sur lui. Alors, elle m’a pris le mien pendant mon sommeil et elle a placé auprès de moi l’enfant mort. Quand je me suis réveillé, je voulus l’allaiter, et voilà qu’il était mort. Mais au matin, quand le jour se leva, je m’aperçus que ce n’était pas celui dont j’avais accouché. » (L’enfant mort est en bas, couché, peu visible car coupé par la photo).
La deuxième femme (à Taisey) lui répondit ainsi : « Non ! ton fils/conseil est celui qui est mort. Celui qui est vivant est le mien (et il faut donc qu’il vienne siéger sur l’oppidum à Taisey) 
 
Chalon colonne salomonSalonin/Salomon se tourna vers ses soldats et leur dit : « Prenez l’enfant/conseil qui est vivant et préparez-vous à le couper en deux, de façon à satisfaire ces deux femmes. »
Mais la première femme (de Chalon), aussitôt, s’exclama : « Non ! ne faites pas cela ! Donnez l’enfant à cette femme. » 
Quant à celle-ci, mettant sa main entourée d’un serpent sur le pommeau de son épée, elle s’écria : « Tuez cet enfant/conseil ! (d’autant plus qu’il n’est pas sorti de moi) »
  Alors, Salonin/Salomon jugea : « Donnez, dit-il, l’enfant vivant à cette femme qui se trouve à ma droite, car c’est elle la véritable mère. » (que le conseil élu qui, jusqu’à maintenant, siégeait dans la tour de Taisey, siège dorénavant en ville de Chalon).
 
Il faut monter sur la colline de Taisey et se retourner vers la ville pour comprendre la suite. Il s’agit d’un projet de rénovation et de reconstruction. À droite, la tour de Taisey est embellie. Au loin, apparaît la future cathédrale « judaïque » de Chalon qui s’élèvera sous les règnes des empereurs Posthumus et Victorinus, à peu près telle qu’elle nous est parvenue, évidemment sans les deux tours très bizarres qui, aujourd’hui, la défigurent. En fond de tableau, les murailles de Jérusalem. En bas, à droite, la colonne de Jupiter n’étant plus canonique, a été abattue. Plaque de cheminée en fer coulé du III ème siècle (technique perdue), art chalonnais.
 
VII. La cathédrale de Chalon, mère de toutes les grandes cathédrales, est le temple le plus beau de l’univers selon le rhéteur Eumène
 
Après le grand temple d’Hérode dont la construction a commencé en -19, il faudra attendre environ 279 ans pour voir s’élever à Chalon un monument religieux de ce style presque aussi important. Et c’est un temple judaïque où ne se trouve que du biblique et une espérance essénienne dans la venue d’un christ du ciel.
temple de cabillo
 
VIII. L’oppidum/castrum de Cabillo, plusieurs siècles avant J.C., premier de toute la Gaule celtique à Taisey
 
L’Occident a reçu de l’Orient toute sa culture comme par un effet de miroir. Phénicienne, cananéenne ou autre, mais sans aucun doute venue du Proche-Orient, la tour de Taisey ouvre encore aujourd’hui ses fenêtres vers les terres du Levant comme pour rappeler ses illustres origines. essai de reconstitution de la forteresse primitive
fenetre carree tour
 
IX. En 585, le roi franco-burgonde Gontran fait construire un monastère dédié à saint Marcel à côté de sa basilique, à Hubiliacum (Sevrey) ; et les deux monuments sont toujours là. Un monastère qui rayonnera sur toute la Bourgogne bien avant Cluny et qui hébergea le célèbre Abélard.
monastere saint marcel 
X. En 1422, Chalon est toujours la grande ville du duché de Bourgogne. Tableau de Van Eyck au musée du Louvre : « La ville fantastique du chancelier Rolin ».
 Chalon croquis tableau Van Eyck
 
XI. Un site internet du grand Chalon particulièrement laconique à ce jour.
 
Touristes, que faire ? que voir ?
Des vignobles de caractères, Chalon dans la rue, le carnaval, quelques musées, villages, églises et châteaux divers, promenades. http://www.legrandchalon.fr/fr/tour…
 
XII Dernières nouvelles
 
Rappel du discours de François Mitterrand prononcé au mont Beuvray :… Ma dernière citation viendra de Cicéron qui nous a rappelé que « la première loi qui s’impose à l’histoire est de ne rien oser dire de faux, la seconde étant de dire ce qui est vrai ».
 
Morvan. L’établissement public de coopération culturelle de Bibracte (fausse Bibracte) bénéficiera d’une subvention de l’Etat de 2 400 000 euros en 2014. 
115 000 euros seront versés par la région Bourgogne 
100 000 euros seront versés par le Conseil général de Saône-et-Loire 
100 000 euros seront versés par le Conseil général de la Nièvre 
31 000 euros seront versés par la D.R.A.C. / P.R.E.A.C (Pôles ressources pour l’éducation artistique et culturelle).
 
Chalon. M. le Maire lance une souscription pour restaurer la toiture de la pharmacie de l’ancien hôpital.
 
Toujours pas de directeur à la DRAC Bourgogne. La DRAC se fait belle. Dernière activité : pot de départ de l’ancien directeur.
 

Revenons aux deux tableaux sculptés sur ivoire de mon article précédent, incontestables chefs d’oeuvres que je date du III ème siècle après J.C. 

Aucune signature. Auteur inconnu. Me Cornette de Saint-Cyr, commissaire priseur, les a adjugés pour la somme de 600 000 francs de l’époque alors que mon épouse s’était arrétée à l’enchère précédente. Il était écrit ceci dans le catalogue : « Ces deux sculptures présentent une forte parentée avec l’oeuvre d’Antonio Leoni conservée au Bayer National Museum illustrant les mêmes sujets ». Voici ci-dessous, en haut notre tableau, en bas celui du musée auquel il est fait référence mais dont il est dit en réalité, non pas travail d’Antonio Leoni, mais travail de l’atelier d’Antonio Leoni.   Première constatation. De toute évidence, nous avons en haut l’original, en bas une copie. Dans cette copie, la composition est empruntée, les personnages sont plus grossièrement sculptés. Quant à la représentation de la ville de Chalon, le copiste s’en est écarté au point qu’on ne peut plus l’identifier comme sur l’original.

 oeuvre Antonio Leoni

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Deuxième constatation. Ce n’est pas non plus l’oeuvre d’un élève qui aurait copié son maître. Le style d’Antonio Leoni n’a rien de comparable. En revanche, notre original a probablement dû être en sa possession puisque lui ou un de ses élèves l’a copié. Le fait n’aurait rien d’étonnant sachant que cet artiste du XVI ème siècle était un grand collectionneur d’oeuvres d’art. Mais il s’ensuit que notre original ne peut pas étre daté du XVII ème ou XVIII ème siècle, comme le dit le catalogue, puisque la copie date de l’atelier d’Antonio Leoni et que l’original ne peut être qu’antérieur. Or, avant le XVII ème siècle, on ne voit pas quel artiste du Moyen âge aurait pu en être l’auteur.
 
Troisième constatation et conclusion. Nous sommes donc bien là en présence de deux chefs-d’oeuvres, non pas du XVII ème ou du XVIII ème, non pas du Moyen-âge, mais comme je l’ai expliqué en déchiffrant les scènes représentées, des chefs d’oeuvres du III ème siècle. Ces scènes évoquent l’histoire antique de Chalon. Et cela signifie que cet auteur ne peut avoir été qu’un artiste de notre ville.
 
Dans l’intérêt de la culture et du patrimoine, j’invite les personnes intéressées à me signaler toute oeuvre dont le style pourrait se rapprocher de celui de nos deux tableaux. Notre ville a la chance et l’honneur d’avoir hébergé un génie de la sculpture, un Léonard de Vinci du III ème siècle. Il importe qu’on puisse retrouver la trace de ses oeuvres afin qu’au minimum, on en expose les reproductions dans nos musées.
 
Le siège de Jérusalem par Titus.
 
Voici une autre sculpture sur ivoire dont on peut affirmer sans aucun doute qu’elle est de la main de notre artiste. J’en ai malheureusement perdu la trace après l’avoir copiée sur l’internet. Cette sculpture était présentée comme étant une évocation de la conversion de saint Paul. On y voit en effet un personnage central désarçonné qui « voit » un Christ lui apparaître dans le ciel. Le problème, c’est que cela ne correspond pas du tout à ce que disent les textes évangéliques. Saint Paul n’était pas à la tête d’une armée et c’est sur un chemin menant à Damas qu’il a eu sa vision. En outre, il était barbu alors que le personnage désarçonné est imberbe.  
siege de jerusalem titus
 
La vérité qui me semble évidente est qu’il s’agit du siège de Jérusalem de l’an 70. Le personnage désarçonné n’est pas saint Paul mais Titus lui-même, futur empereur, qui commandait l’assaut et il était glabre. On retrouve dans ce tableau le même génie dans la composition, le même génie dans la finesse de l’exécution. Également tous les détails que nous avons signalés dans nos deux précédentes sculptures. Drapeau, casques, lances, cottes de mailles miroitant à la lumière, et même là aussi, une hallebarde, tout cela, on le retrouve à l’identique, sans oublier le tronc tortueux d’une souche d’arbre.
 
La ville attaquée est Jérusalem, ou plutôt, son oppidum de Sion, un oppidum puissamment fortifié. On y voit la porte du cénacle, dite des Esséniens, le cénacle lui même, puis, plus loin, probablement les tours de David, apparemment surmontées d’un curieux clocher.
 
Quel est ce Christ qui apparaît dans les nuages ? Ce n’est pas Jésus de Nazareth dont les chrétiens espéraient le retour sinon on y verrait les marques de sa crucifixion. Il s’agit du Christ de l’Apocalypse auquel Jean avait dit, non pas « reviens » mais « viens ! ». Autrement dit, un christ du ciel dont les Juifs attendaient toujours la venue en l’an 70, et encore à Chalon-sur-Saône, au IIIème siècle de notre ère.
 
Ce christ du ciel est le même que celui de Sainte-Foy de Combe, rex judeorum, roi des Juifs, qui est dans le ciel, et dont les Juifs esséniens exilés en Gaule attendaient toujours la venue au III ème siècle. 
 
La question qu’il faut maintenant se poser est la suivante : l’auteur de cette sculpture étant dès lors identifié comme étant un juif essénien de la diaspora installée à Chalon, était-il du côté des assaillants romains ou du côté des assiégés ? Ayant été contraint à l’exil, donc éloigné et privé de la ville sainte, on peut penser qu’il n’était pas mécontent… à condition toutefois que Titus se convertisse à son christ du ciel. Ainsi pourrait s’expliquer le sens de ce tableau : espérance que Titus se convertisse au christ du ciel de Chalon-sur-Saône. Ainsi s’expliqueraient de vieilles légendes, souvenir diffus de conversions impériales miraculeuses qui n’ont pourtant jamais eu lieu, au moins jusqu’à Constantin.
 
Reste une autre question qui risque de troubler, hélas, beaucoup de nos concitoyens. La figure du Christ ? À quoi ressemblait-il ? Sa description ne nous vient ni des évangiles, ni de Palestine. Il faut se rendre à l’évidence ; son image nous vient de la Gaule. Elle apparaît d’abord dans un Cléopas espéré des fresques de Gourdon. Puis, elle se précise et même se fixe, à Chalon-sur-Saône, dans cette modeste sculpture jusqu’à aujourd’hui méconnue.
 
E. Mourey, 19 février 2014, photos Wikipédia, wikimedia, et catalogues de ventes aux enchères comme indiqué dans mon précédent article.
 
Renvois.
 
E. Mourey, 9 février 2014, photos et croquis de l’auteur. Photos bas-reliefs en ivoire : salle des ventes, Cornette de Saint-Cyr commisseur-priseur, le 8/12/1989 ; estimés travail flamand ou allemand, fin XVIIème, début XVIII ème, « La continence de Scipion » et « La détermination de Mucius Scaevola ». Tous mes articles sont visibles sur internet en faisant notamment une recherche à partir des mots-clés associés « Bibracte Agoravox » et « Gergovie Agoravox ».
 
Copie à M. le député-maire de Chalon-sur-Saône.
 

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