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Le Cimetière de Prague d’Umberto Eco : érudit et vaniteux (Litterature italienne)

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https://voyages.ideoz.fr/wp-content/plugins/wp-o-matic/cache/81a1b_51c0NUKSqVL._SL500_AA300_.jpgLittérature italienne. Quand Umberto Eco s’intéresse au fameux Protocoles des sages de Sion qui permit d’alimenter le mythe du « complot juif mondial », cela donne la matière de son 6ème roman, Le Cimetière de Prague (titre original : Il Cimitero di Praga).

Un homme se réveille dans un appartement parisien en proie au doute: il ne sait plus qui il est. Afin de remettre de l’ordre dans sa mémoire, l’homme décide d’écrire un journal. Après quelques heures d’écriture, il parvient à retrouver son identité: il s’appelle Simon Simonini et il est capitaine d’origine italienne. Poursuivant son journal, Simon constate avec stupeur qu’un autre homme écrit dans son carnet. Il s’agit d’un abbé, répondant au nom de Dalla Piccola. En prospectant dans son appartement, Simon découvre que ce dernier est directement relié à un autre appartement en tout point semblable où il retrouve les habits du prêtre. Simon décide de poursuivre son écriture, persuadé qu’en complétant son journal, il pourra découvrir qui est cet abbé, et s’il n’est pas victime d’un dédoublement de personnalité. De l’Italie de Garibaldi à la Russie des Tsars, en passant par le Paris franc-maçon, Simon refait le récit de sa vie où se mêle le goût du faux, la haine des juifs et des francs-maçons et l’attrait de l’argent.

A travers cet ouvrage, Umberto Eco revient sur l’origine des Protocoles des sages de Sion en allant plus loin dans la quête de la source originelle. Si le lien entre ces Protocoles et la Russie étaient connus depuis longtemps, Umberto Eco ajoute de nouvelles filiations en faisant remonter l’origine des Protocoles à un texte d’Eugène Sue, Le Juif errant, qui aurait servi de base au livre de Maurice Joly, Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu ou la politique de Machiavel au XIXème siècle, par un contemporain. Le roman d’Eco fourmille de détails historiques, de Garibaldi à l’affaire Dreyfus, à tel point que sa lecture est complexe. L’auteur a donc consenti à deux reprises à remettre un peu de clarté dans son texte (page 179 et page 497) et l’éditeur a même ajouté un plan détaillé du roman https://voyages.ideoz.fr/wp-content/plugins/wp-o-matic/cache/81a1b_Le-complot.jpgen faisant apparaître d’un côté ce qui relève de l’intrigue et de l’autre ce qui relève de l’Histoire. Cette postface, intitulée à juste titre « Inutiles précisions historiques » ne fait que souligner la richesse du roman et sa profonde faiblesse. Car arrivée à la fin du roman je me suis demandée si l’ensemble des références historiques étaient utiles et si la quête de Umberto Eco n’était pas vaine. Certes, la recherche est brillante, certes les connaissances de Eco sont impressionnantes mais pour quelle utilité?
J’en vois une, celle de pouvoir « briller en salon » en précisant que les Protocoles ne tirent pas leurs origines d’un texte russe, mais d’un roman d’Eugène Sue, reprit par un certain Joly. La belle affaire! Quant à l’habillage narratif, fait de cette double narration, je trouve là encore le procédé un peu vain.

Le livre d’Umberto Eco est donc brillant d’érudition, mais il est également vaniteux. Sur le même sujet, un excellent écrivain de bande dessinée, Will Eisner, avait publié un roman graphique sur les Protocoles, Le Complot. L’oeuvre de Eisner était certes plus simple (même s’il remontait aussi au texte de Joly), mais elle était autrement plus intéressante.

Pour aller plus loin :

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