Petit compte rendu de lecture d’un ouvrage qui finalement m’a
laissée beaucoup sur ma faim. L’ouvrage est introduit par une préface de Jacques-Guy Petit, qui rappelle que du Moyen-Age à la Révolution, l’Abbaye est un monastère peuplé de
moniales et des moines qui se vouent à la prière et à la pénitence. De la fin de l’Empire jusqu’aux années De Gaulle, Fontevraud devient une prison pour délinquants et criminels.
Fin 1789, la Révolution décrète que les biens de l’église doivent devenir biens nationaux. A cette époque, l’Abbaye est déjà en déclin. Les habitants de Fontevraud souhaitent que l’Abbaye soit
« réutiliser » pour éviter que les bâtiments se dégradent encore plus. On parle alors de la transformer en hôpital, en un dépôt de mendicité ou en prison. Ce sera finalement la prison.
Au XIXème siècle, elle est la deuxième prison de France après Clairvaux. On y enferme des hommes, des femmes et des enfants (dès 7 ans). On trouve parmi les prisonniers des délinquants, quelques
criminels mais aussi des prisonniers politiques comme Blanqui et Maurras.
La transformation de l’Abbaye en prison va conduire souvent à une dégradation des bâtiments. Mais en devenant prison, elle sauva sauvée de la destruction.
L’avant-propos du livre, signé par l’auteur, rappelle que ce dernier a pour objectif de recueillir les témoignages des gardiens et des proches de détenus, sur la période
précédant la fermeture de l’Abbaye.
Le livre s’ouvre sur la description d’une journée type dans la prison, journée rythmée par le son de la cloche. Elle règle la vie de la Centrale entre le lever, le déjeuner, les
quarts-d’heure de fume, le travail dans les ateliers.
La population de la prison est répartie en galon: jaune pour les réclusionnaires, vert pour les relégués, rouge pour les travaux forcés. Tous n’ont pas les mêmes droits et il faut ajouter à cette
liste les « sans-galons ». Les dortoirs sont de deux types: les collectifs pour les droits communs, les individuels pour les peines lourdes.
L’auteur insite ensuite sur l’importance des ateliers. Ici tout est organisé selon le régime de l’entreprise générale: le prix de la journée pour l’entretien d’un détenu est fixé
par l’état à un entrepreneur qui va donc s’occuper des prisonniers et les faire travailler dans des ateliers mis à sa disposition gratuitement. Le bénéfice de la vente des produits fabriqués, une
fois les frais d’entretien déduits, reste à l’entrepreneur.
La Centrale de fontevraud produit des chaises, des tables, du tissu, des couvertures et pendant une période des boutons de nacre.
Pour leur travail, les détenus perçoivent un salaire (pécule), dont ils peuvent utiliser une moitié seulement pour améliorer leur ordinaire. Le reste de l’argent est gardé pour le jour de leur
libération.
Malgré l’omportance des travaux pour la mise en conformité de l’Abbaye, cette dernière pose des problèmes de sécurité et de salubrité. On parle de Fontevraud comme du bagne des
gardiens tant la surveillance y est difficile. Les surveillants ne sont pas armés, ils n’ont qu’un sifflet pour manifester tout désordre. Constamment surveillés par leur hiérarchie, ils
sont notés ce qui conduit certain d’entre eux à des comportements brutaux envers les prisonniers.
La vie quotidienne à Fontevraud se partage entre les cuisines où un prisonnier s’occupe de faire chauffer les marmites, le parloir (collectif à Fontevraud), les rats, les douches
imposées une fois par semaine, le prétoire (sorte de tribunal interne, saisi deux fois par semaine) et le mitard pour les sanctions internes lourdes. A cela il ne faut pas oublier les loisirs
comme le cinéma et la messe.
Des corvées sont organisées à l’extérieur de l’Abbaye, par exemple des travaux agricoles, des travaux d’entretien (commune ou cimetière) et le pire, le curage des égouts.
Des évasions ont eu lieu à Fontevraud. En général, les détenus s’évadent par les souterrains comme en 1945, par les fenêtres ou quelque fois par les toits.
L’ancienne abbaye reste un lieu de foi, même si l’aumônier admet que la participation des prisonniers à la messe est plus un acte de relâche par rapport à la routine quotidienne,
plutôt qu’un acte de foi.
Les dernières années, la prison va disparaître progressivement pour laisser la place aux restaurations. A partir de 1898, les Monuments Nationaux disposent de l’église abbatiale
pour la restaurer ; ils organisent notamment la démolition des planchers. Cette restauration durera de 1900 à 1930, elle concernera également les cuisines romanes. De 1930 à 1958, les parties les
plus anciennes seront restaurées. Seuls quatre détenus vont participer aux travaux à cette époque. En 1963, c’est une soixantaine de détenus, encore gardés dans l’Abbaye, qui participeront aux
travaux de restauration.
La Centrale de fontevraud ferme définitivement en juillet 1963. Il reste quelques détenus qui sont transférés ailleurs ou qui restent sur place à la Madeleine quand leur comportement est jugé
stable. Ceux qui restent à la Madeleine participent encore aux travaux de restauration et d’entretien. En 1975: le Centre Culturel de l’Ouest est crée. Début 1980, des détenus sont encore
présents dans l’Abbaye et participent à la vie culturelle de cette dernière (visite, organisation des concerts, etc.) Le dernier détenu quitte Fontevraud en septembre 1985, tirant un trait sur
cette période pénitentiaire de l’Abbaye.
J’ai peu de commentaires à faire sur cette lecture. J’ai lu vite, très vite car le livre est un concentré de témoignages plus ou moins intéressants. J’ai appris quelque éléments sur cette période
de Fontevraud (comme le fait que les détenus ont participé à la vie culturelle de l’Abbaye à une époque et que les touristes pouvait donc côtoyer les détenus à quelques occasions). Pour le reste,
le livre est profondément anecdotique.
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