Evry dans l’Essonne apparaît pour tout visiteur comme une sorte de cour des miracles aux portes des Paris. Ville multiconfessionnelle, Evry est devenue le centre spirituel d’au moins trois religions. Petite promenade dans Evry Essonne l’une des villes nouvelles de l’agglomération parisienne.
Je ne savais pas où se trouvait Évry. L’expérience était suffisamment rare pour que j’y prisse attention. Sollicité à la fin des années 1980 par le diocèse de Corbeil-Essonnes (j’étais à l’époque lorrain), j’ai répondu positivement à la souscription pour construire une nouvelle cathédrale : la cathédrale d’Évry !
J’ai dû envoyer cent ou deux cents francs pour cette œuvre de construction publique et j’ai reçu presque aussitôt… une attestation de bâtisseur de cathédrale. J’en étais très fier même si aujourd’hui, je serais bien incapable de la retrouver.
La cathédrale de la Résurrection Saint-Corbinien d’Évry est la seule cathédrale française bâtie au XXe siècle. Elle concerne le diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes (nouvelle appellation depuis 1989) et est située tout près du nouveau quartier, celui de l’Hôtel de Ville, de l’Université d’Évry et de la Chambre de commerce et d’industrie, en face d’un grand hôtel (le Mercure) et pas très loin de la gare RER et du grand centre commercial Évry-2 (Carrefour, Fnac etc.).
La cathédrale est constituée de briques rouges de Toulouse sous une forme cylindrique tronquée, ce qui est original et rompt le classique schéma en forme de croix. L’architecte, c’est Mario Botta qui a voulu faire un édifice sobre et circulaire inspiré des églises byzantines et romanes de Lombardie.
Le toit est surmonté d’un petit jardin avec des arbres plantés (hélas, inaccessible au public). La salle est très spacieuse mais est souvent remplie le dimanche car la ville nouvelle est habitée par de nombreux fidèles… aux trois quarts d’origine d’Afrique subsaharienne d’ailleurs (ce qui a valu une mésaventure au maire).
À Pâques 1991, la première pierre fut posée, et son ouverture eut lieu le 11 avril 1995. Le pape Jean-Paul II vint le 22 août 1997. Consécration : la messe de Noël 2008 y fut retransmise par France 2 en direct.
J’ai toujours une petite tendresse pour cette cathédrale.
Elle est tout sauf la cathédrale habituelle. Elle est un monument qui s’insère bien dans le quartier plutôt d’affaires.
Pas loin de là, d’ailleurs, on peut voir un minaret. La mosquée d’Évry est dressée pas loin de la Chambre des métiers et du centre des impôts, seul le centre commercial sépare les deux lieux de culte. La mosquée a été inaugurée en 1994, un peu avant la cathédrale. Elle est parmi les plus grandes d’Europe après Londres et Rome et a été construite sur les plans de l’architecte Henri Baudot.
C’est une mosquée assez fondamentaliste. Seuls les hommes (souvent barbus) y sont présents (j’y suis entré deux ou trois fois pour visiter) et on peut voir les femmes voilées attendant dans leur voiture, à la place du chauffeur, en train de lire ou pianotant sur leur téléphone mobile.
Ce qui sépare la mosquée et la cathédrale, ce sont aussi les Champs-Élysées. Et cela permet de faire ce genre de photo, totalement surréaliste, d’une boucherie halal aux Champs-Élysées. Oui, c’est possible ! Mais pas à Paris, un peu plus loin, à Évry.
Toujours à Évry mais bien plus loin, le long de la route nationale 7, la pagode Khanh Anh sera achevée cette année 2010 pour les bouddhistes et fut déjà inaugurée par le Dalaï Lama le 12 août 2008 au moment où les Jeux Olympiques avaient lieu à Pékin.
Évry est donc un grand centre spirituel pour au moins trois religions.
Évry, c’est une ville moderne. On a créé le Génopole pour attirer les entreprises de hautes technologies dans le domaine des biotechnologies. Cela fonctionne à ceci près que les chercheurs étrangers préfèrent nettement travailler à l’Institut Pasteur en plein cœur de Paris qu’à Évry, excentré par rapport à la gare RER, et une gare RER qui trône dans un ensemble de HLM relativement insécurisé et très bétonné.
Pourtant, j’aime bien cette ville. Je n’y suis jamais habité mais depuis une dizaine d’années, j’ai eu souvent affaire avec elle à des occasions diverses et variées. C’est peut-être le dernier centre urbain avant le début de la province réelle. Sur l’autoroute A6, c’est la jonction avec la Francilienne (N104). Dans le coin, il y a beaucoup d’hypercentres commerciaux, car Évry-2 n’est pas très loin ni de Villabé (Carrefour, Ikea etc.) ni de Carré-Sénart (Carrefour, complexe cinéma etc.).
Juste à côté, sur la frontière sud, il y a Corbeil-Essonnes. Ville industrielle (entre autres, la SNECMA s’y dresse ainsi qu’Altis), ville longtemps communiste qui a été conquise de haute lutte en juin 1995 par Serge Dassault (après trois tentatives).
Évry compte aussi quelques lycées dont un lycée professionnel à la pointe du progrès, tant pédagogique que technologique, le lycée Auguste Perret dirigé d’une main de fer par une femme énergique capable de maintenir une discipline parmi des élèves d’origines multiethniques appartenant pour certains à des « bandes » rivales (les Pyramides à Évry, les Tarterêts à Corbeil-Essonnes, La Grande Borne à Grigny etc.) pouvant faire de graves « dégâts » (mortels).
À vingt-cinq kilomètres de Paris, Évry est donc une ville particulière, préfecture d’un département assez riche, l’Essonne, pluriconfessionnelle, multiethnique, ayant un brassage social assez extravagant puisque sont mélangées des populations très peu aisées et des personnes cadres supérieurs et enseignants, chercheurs, de haute valeur ajoutée intellectuelle.
Le parc de Coquibus qui va de la cathédrale au Génopole permet d’aérer une zone urbaine très densifiée. C’est là que s’achève notre promenade.
Sylvain Rakotoarison (22 juin 2012)
http://www.rakotoarison.eu